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De Leffrinckoucke à Saint-Hilaire-Cusson-la-Valmitte, retour sur un joueur de l'ombre amateur de noms imprononçables...


Comme son futur sélectionneur Michel Hidalgo, Christian Synaeghel voit le jour à Leffrinckoucke, dans la banlieue de Dunkerque. Le jeune Ch'timi joue à l'USL, le club de sa ville natale avant de rejoindre l'ASSE en 1968, juste après les fameux événements du mois de mai (sous les pavés, le premier doublé de Saint-Étienne). Aux côtés des Christian Lopez, Alain Merchadier, Jacques Santini, Patrick Revelli et Christian Sarramagna, Synaeghel gagne la finale de la Coupe Gambardella 1970 aux tirs au but face à l'Olympique Lyonnais de Raymond Domenech et Bernard Lacombe. Agé de 19 ans, il fait ses grands débuts en D1 contre Nantes en août 1970. Successeur d'Aimé Jacquet au milieu de terrain, il disputera 210 matches avec les Verts, quasiment tous sous la peau d'un titulaire.


Christian Synaeghel (à droite du gardien Migeon)
avec les espoirs de l'ASSE en 1970 (photo l'Équipe)

Dans ses bagages, Christian apporte les qualités légendaires du Nord: le souffle, l'opiniâtreté, l'endurance, la solidarité, l'efficacité. Comme le souligne fort justement Bernard Pivot: "dire qu'il jouait milieu de terrain est une erreur: il était au milieu, à l'arrière et à l'avant, il était au départ des actions et à leur terme. Tant de présence ne lui a jamais valu d'être une vedette. Mais sans sa présence, les autres eussent été de moindres vedettes"

En 1974, Synaeghel contribue activement au 3e doublé de l'histoire du club, en inscrivant notamment un but de la tête en finale de Coupe de France contre Monaco. Sa complémentarité avec Oswaldo Piazza force l'admiration: pendant que le bel Argentin tombe les filles à grands coups de chevauchées fantastiques, Christian tombe... dans la surface de réparation. Lors du fantastique 8e de finale retour de la Coupe d'Europe des Clubs Champions contre Split, Synaeghel a la banane lorsqu'il s'écroule à la 71e minute dans les 16 mètres des Yougos. Bereta transforme le pénalty et laissera le soin à "Tintin" de finir le boulot.


Synaeghel quitte Ibrox Park après avoir battu les Rangers en 1975.
Mais il n'ira pas à Hampden Park (photo l'Équipe)

En 1975, Synaeghel remporte son second doublé avec les Verts et marque le premier but de l'ASSE contre Bastia lors d'un match de championnat resté dans les annales: menés 2-0 à Geoffroy Guichard à 10 minutes de la fin de la rencontre, les Stéphanois s'imposent 3-2 après un violent orage. Synaeghel est un des acteurs de la fameuse épopée européenne de la saison 1975-76. En bon Dunkerquois, il participe à l'opération Dynamo et décroche son ticket pour Glasgow. Las! Victime d'une bande de méchants Crocodiles nîmois, il doit déclarer forfait pour la grande finale.

Synaeghel joue encore deux saisons sous le maillot vert, faisant notamment partie de l'aventure stéphanoise 1977 qui se termine tragiquement à Liverpool en 1977. La même année en septembre, trois ans après son but contre le Sporting Lisbonne, il est le premier joueur français à marquer contre Manchester United mais les Anglais éliminent les Verts de la Coupe des Coupes. 


Dans l'enfer d'Anfield Road, Synaeghel fera bien
des misères aux Reds de Liverpool en 1977

Comme la plupart de ses coéquipiers, il tire profit de ses belles prestations sous le maillot vert pour jouer en équipe de France. En octobre 1976, Synaeghel dispute le match éliminatoire de Coupe du Monde contre la Bulgarie aux côtés de Dominique Bathenay, Christian Lopez, Gérard Janvion et Michel Platini, la star montante du football français. Mais comme Monsieur Foote est un salaud, le meilleur souvenir en bleu de Synaeghel restera le match amical à Lens, près de chez lui, contre la Pologne de Boniek, Szarmach et Kasperczak.


Synaeghel en Bleu lors du fameux match de 1976 en Bulgarie

Il retrouve ce dernier comme coach à Metz, deux ans plus tard. Synaeghel porte le maillot grenat pendant 4 ans. Dans le club lorrain, il a pour coéquipiers de futurs joueurs verts comme Patrick Battiston et Philippe Mahut. Il met un terme à sa carrière professionnelle à l'issue de la saison 1981-82.
Lassé de devoir protéger ses bijoux de famille en se plaçant dans le mur, Christian se reconvertit alors dans une vraie bijouterie familiale. Il habite aujourd'hui dans un tout petit village à côté de Saint-Bonnet-le-Château: Saint-Hilaire-Cusson-la-Valmitte, où il coule des jours heureux après avoir gére les stocks du magasin à Veauche jusqu'à sa retraite au début des années 2010.


Synaeghel dans bijouterie en 1996

Son fils Yann, conçu en février 1976 après une probante victoire contre Lille (3-1), porte également le maillot vert de 1995 à 1998. Moins doué que son père, il écume les clubs amateurs en CFA (Sète, Béziers, L'Île Rousse), en National (Saint-Maur, Cherbourg, Brest, Wasquehal) et en Belgique (Renaix). Après avoir mis un terme à sa carrière à Issy-les-Moulineaux (CFA2) en 2013, il se reconvertit dans le secteur du bâtiment, tout en se lançant dans la musique en parallèle avec son groupe eponyme.


La carrière de Synaeghel (père et fils) en un clin d'oeil