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J'ai l'honneur de vous présenter l'une des plus grandes figures du football français du XXe siècle: Robert Herbin, alias Le Sphinx !


Le Paris-Nice
Robert Herbin voit le jour le 30 mars 1939, à 05h35, à Paris. Le Soleil en Bélier et la Lune en Lion, avec ça, on est bien avancés !
Sa maman est bretonne. Merci pour l'info, on ne s'en serait pas douté ! Son père est trombonniste à l'Opéra de Nice.  Le Sphinx, parce que placide et museau !
Soyons sérieuse deux minutes en évoquant les vestiges égyptiens de l'ASSE.

Il passe sa jeunesse à Nice et est formé au Cavigal. Bob Rémond, celui qu'on surnomme le père spirituel d'Herbin, est son premier dirigeant. Mais ce petit bijou de la Côte d'Azur ne tape pas dans l'oeil des dirigeants du Gym. Pourtant à l'époque, il s'agit de l'une des toutes meilleurs équipes nationales. Tant pis pour eux, tant mieux pour nous !


Robert Herbin débarque à Saint-Étienne en 1957,
avec une mine peu convaincue

Sifflé au nez et à la barbe de l'OGCN
Car bien heureux Pierre Garonnaire qui le repère et l'enlève à Nice. Nous sommes en 1957, l'ASSE vient de gagner son premier titre et Robert a 18 ans. Il débarque un beau matin à Saint-Étienne et ne quittera plus jamais la ville.
Chez les Verts, il occupe le poste de demi-défensif, de milieu, d'attaquant. Un peu partout en fait ! Il évolue au départ dans un système en 4-2-4, très en vogue à l'époque sous Jean Snella, son premier entraîneur.


Herbin s'impose dans les airs face à Sochaux en 1961

En Vert et Bleu
Talentueux et décisif, il devient très vite un joueur indispensable de l'équipe de France. Il joue l'Euro 1960 où il est éliminé en demi-finale puis fait partie de l'expédition en Angleterre lors de la Coupe du Monde 1966. Il sera capé 23 fois entre 1960 et 1968. Mais l'équipe de France restera toujours sa plus grande déception: "Non pas à cause de la médiocrité des résultats enregistrés à l'époque où j'y jouais, mais en raison du côté "artisanal" que j'y ai rencontré. Un jour, MM. Sastre et Sadoul étaient venus me voir au stade Geoffroy-Guichard pour prendre la succession de Stefan Kovacs. C'était difficile à l'époque car Saint-Étienne était engagé sur le front de la Coupe d'Europe mais j'avais néanmoins exprimé mon idée de supprimer tout le folklore qui entoure notre équipe nationale... Je n'ai depuis jamais reçu aucune réponse"
C'est avec le vert comme couleur qu'il connaîtra les plus vives et les plus belles émotions.


Robby capitaine de la sélection nationale en 1967 face à la Pologne

Un joueur à qui rien ne résiste !
Pourtant, au tout début des années 60, rien ne va plus pour l'ASSE ! Roger Rocher prend les commandes du club en 1961 mais ce dernier est relégué en deuxième division à l'issue de la saison 1961-62. Pour autant, l'ASSE gagne la Coupe de France. Les joueurs restent et dans la foulée, ils enlèvent un titre de champion de D2 en 1963. Snella revient et en 1964, ils réussissent l'exploit d'enlever le titre de champion de France de D1 !
Robert Herbin est le meneur de jeu avec Rachid Mekloufi. L'année suivante, il est attaquant. Et il va marquer 30 buts dont 5 lors d'un match contre Cannes !


Robert Herbin impérial sur le front de l'attaque stéphanoise en 1965-66

Albert Batteux succède à Jean Snella en 1967, juste après le troisième titre de champion de France de l'ASSE. L'épopée est en marche, l'ASSE confirme qu'elle est sur le toit du championnat de France. En 1968, elle réalise même son premier doublé Coupe-Championnat. Herbin est de tous les matches et devient alors le capitaine de cette équipe verte qui sera championne de France quatre années de suite. En 1969, Batteux a la bonne idée de le faire glisser au centre, au poste d'arrière central, aux côtés de Bernard Bosquier. S'il excelle à ce poste avec l'équipe de Saint-Étienne, cela lui barre toutefois l'accès à la sélection nationale. Marius Trésor et Jean-Pierre Adams (la fameuse garde noire) deviennent en effet les titulaires indiscutables du 11 tricolore. Dans toute sa carrière, Herbin ne disputera que 23 matches en équipe de France (pour 3 buts).

Mais il se console facilement avec son club. Certes, surtout au niveau national dans un premier temps. L'Europe, il connait en tant que joueur mais l'ASSE a du mal à cette époque à se hisser sur le toit de l'Europe. En 1970, c'est le deuxième doublé Coupe-Championnat pour les Verts, qui s'offrent même le luxe de battre Nantes 5-0 en finale de la Coupe de France (record inégalé). En joueur irremplaçable qu'il est, Herbin ne peut pas manquer d'apporter son but à cet historique succès stéphanois.


Le but de Herbin en finale de Coupe de France 70 contre Nantes

1972 : le joueur devient entraîneur
En 1971-72, c'est l'affaire Carnus-Bosquier qui éclate. Batteux a le tort de prendre parti pour ses joueurs et Roger Rocher ne lui pardonne pas ce qu'il considère comme une trahison. Son contrat s'achève en 1972, il ne sera pas renouvelé.
Le Président sait déjà à qui il va proposer de conduire l'ASSE à présent: Robert Herbin. Mais l'homme ne va pas être facile à convaincre. Il est joueur à l'heure actuelle. Il ambitionne d'être entraîneur mais il n'a que 33 ans, il se sent en forme et veut encore jouer pendant deux ans.

C'est à un stage d'entraîneur organisé par l'Institut National des Sports de Vincennes que Roger Rocher vient faire sa proposition à Herbin en juin 1972: "Je comprends ton hésitation, lui dit Rocher. Mais moi, je ne peux pas attendre. Batteux s'en va. Si j'embauche un autre entraîneur, ce sera un homme de qualité et il restera au minimum quatre ou cinq ans. Pour toi, ce sera trop tard. Prends ta chance."

Coup de poker ou pas ? Huit jours (sous une benne) plus tard, Robert Herbin accepte la proposition de son président, à la condition de prendre des jeunes et de reconstruire une équipe. Il exige également un contrat de quatre ans, et non trois comme le lui propose Roger Rocher. C'est le temps qu'il estime nécessaire pour bâtir une vraie équipe solide et gagner un nouveau titre.

Au final, il ne lui faudra que deux ans...


Herbin devient entraîneur de l'ASSE en 1972

L'équipe et le club se restructurent
Il est vrai que de nombreux départs saignent l'ASSE: outre Carnus et Bosquier, Durkovic quitte la France, Hervé Revelli et Camerini vont à Nice, Salif Keita s'enfuit à Marseille... Pierre Garonnaire est chargé de recruter Ivan Curkovic, le gardien international yougoslave du Partizan et Osvaldo Piazza, un excellent défenseur argentin peu connu. Avec Larqué, Farison, Bereta et Jacquet qui sont toujours au club, les cadres sont désignés.
Les partants seront remplacés par la jeune génération montante, celle qui a gagné la Gambardella en 1970 et qui a été finaliste en 1971 (contre Lyon à chaque fois): Patrick Revelli, Jacques Santini et Alain Merchadier sont prêts à être lancés dans le grand bain. Les Christian Lopez, Sarramagna et Synaeghel arrivent.

Garonnaire, encore lui, fait également venir deux jeunes joueurs et non des moindres: Dominique Rocheteau et Gérard Janvion. En à peine un an, l'équipe de l'Épopée des Verts est mise en place.
Le club se structure: Charles Paret administrateur, Roger Rocher et Garonnaire les hommes d'expérience, Robert Herbin l'entraîneur tout frais aux idées déjà bien arrêtées, une équipe de surveillance médicale qui se met en place...
Certes les idées d'Herbin ne feront pas le tour du monde mais elles ont le mérite de lui appartenir. Et il ne faudra au Sphinx que dès 1974, l'ASSE réalise le doublé Championnat-Coupe !


Robert Herbin aime à s'entraîner avec ses joueurs,
comme ici devant Jean-Marc Schaer

Des débuts prometteurs
S'il a ses idées à lui, Robert Herbin est un grand amateur du jeu de l'Ajax Amsterdam. Il le voit ainsi le football: porté vers l'offensive !
La saison 1972-73 se solde par une quatrième place mais est plutôt mitigée. L'ASSE alterne les larges victoires et les lourdes défaites (victoire 5-0 contre Angers, défaite 4-0 contre Nîmes, 64 buts marqués, 47 encaissés...). C'est au cours de l'une de ces lourdes défaites, une raclée 4-0 à Nancy, que Robert Herbin comprend une chose: la charnière centrale Lopez-Piazza sera celle qui permettra à l'ASSE d'aller plus loin. Les deux joueurs mettront six mois à se trouver, mais à partir de là, cette défense centrale sera la meilleure d'Europe. Et je ne pèse plus mes mots ! C'est trop lourd à force les mythes !!!
Quatrième et quart de finaliste de la Coupe de France, voilà le bilan de l'ASSE à l'issue du premier exercice de Robert Herbin. Les bouleversements de l'effectif tiennent sur une ligne à la rubrique transferts: départ de Jacquet à Beurk-Lès-Lyon et retour de Hervé Revelli.


Robert Herbin passe ses consignes à Osvaldo Piazza
face à Split en 1974 (photo l'Équipe)

L'épopée verte, deuxième volet
La première il l'a vécue en tant que joueur. La deuxième il la vivra en tant qu'entraîneur.
Jean-Michel Larqué devient à son tour le capitaine d'une équipe irrésistible qui file vers les sommets. 1973-74, premier doublé Coupe-Championnat (le troisième pour le club). 1974-75, nouveau doublé Coupe-Championnat, avec cette victoire en finale face à Lens (2-0) et la fameuse volée en extension de Larqué que tout le monde voit et revoit dans sa tête.

C'est aussi la saison de Split. Split et cette défaite 4-1 au match aller. Split, le match retour qui symbolise bien l'esprit stéphanois, l'esprit Herbin: on ne renonce pas ! Jamais ! Et on s'arrache jusqu'au bout ! Larqué, Bathenay, Béréta, Triantafilos et encore Triantafilos à la 115e minute des prolongations. Cinq buts qui font entrer l'ASSE définitivement au panthéon des grands. Geoffroy-Guichard est devenu le Chaudron. Les Stéphanois sont maintenant les Verts pour toute la France et l'Europe.

Pour cette fois, l'aventure européenne s'arrêtera au stade des demi-finales... face au Bayern de Munich. Mais je digresse je digresse. Concentrons-nous sur Robert Herbin.


Interview accordée au populaire Thierry Roland

"Une équipe, ce n'est pas une grande famille"
Voilà ce qu'il aime dire: "La concertation avec les joueurs ça n'existe pas. Chacun doit prendre ses responsabilités, l'entraîneur comme les joueurs." Comprenne qui pourra...

Robert Herbin, c'est l'humilité dans le jeu: "Mes joueurs ne sont pas des robots. Je fais appel à toute leur intelligence. L'inspiration intervient lorsqu'ils ont le ballon. Je suis un adepte des passes courtes redoublées, pour un jeu instinctif mais je peux affirmer qu'aucun joueur de Saint-Étienne n'est capable de me satisfaire d'une action d'éclat. Il y a des joueurs auxquels il faut mâcher le travail mais à force d'insister sur les principes collectifs, de parler de l'intérêt de tous, on respecte l'esprit de ce jeu et une discipline de vie. Tout cela compte."

Robert ! Épouse-moi ! On gagne à l'EuroMillion et on rachète le club ! Ses propos ont plus de 40 ans. Mais qu'est-ce qu'ils donnent envie d'être lus aux joueurs d'aujourd'hui !
Surnommé le Sphinx pour son impassibilité sur le banc de touche et devant les médias, il force l'admiration de joueurs comme Curkovic ou Rocheteau qui dans leurs biographies évoquent avec respect le nom de ce grand entraîneur.

"Pour ce qui est de la communication avec les joueurs, j'évite de chatouiller leur amour-propre, dit Herbin en 1976. J'adresse mes critiques à la collectivité. Il est toujours bon de rappeler les principes fondamentaux du jeu. J'estime que la défaillance d'un joueur dépend d'autres joueurs... Lorsque j'ai quelque chose de délicat à dire à l'un d'entre eux, je lui dis en tête à tête. J'ai souffert comme joueur de certaines fautes de tact.
Avant un match, je m'adresse aux joueurs vers treize heures. Je fais la préparation du match à travers les forces et les faiblesses de l'adversaire. A partir de quatorze heures, les joueurs partent par petits groupes. Je les laisse. Je ne reviens que vingt minutes avant le coup d'envoi. Je n'ajoute rien sinon: "Ne dites rien à l'arbitre" (...) Enfin, j'essaye de ressentir ce qui se passe dans l'équipe à travers certains joueurs"


Herbin reste un entraîneur proche de ses joueurs comme Ivan Curkovic

Glasgow, le début de la fin
1976, c'est aussi Glasgow. Glasgow, le nom qu'Herbin donnera à son cocker noir. Lui (Herbin, pas le cocker) que tout le monde maudit de n'avoir pas fait entrer Rocheteau plus tôt. Pourtant, cela aurait pu payer... Rocheteau était blessé, il était d'accord pour jouer un quart d'heure... Mais la victoire était allemande, le sort en a décidé.

En 1977, le titre échappe à l'ASSE qui doit se contenter d'une place bien terne... Mais les Verts gagnent in extremis la Coupe de France, face à Reims. Ils se sont surtout rendus coupables d'un match retour héroïque gagné 5-1 face aux Canaris, alors qu'ils avaient perdu le match aller 3-0.
Cette même année, ils échouent au stade des quarts de finale de la Coupe d'Europe... face aux Reds de Liverpool. Malgré une victoire 1-0 à l'aller, le match retour se solde par une défaite 3-1, lors d'un match mythique et dramatique, que les enfants et les petits enfants des supporters d'Anfield Road racontent encore à leurs enfants !
A l'intersaison, une brouille insurmontable survient entre Jean-Michel Larqué et Robert Herbin. Le joueur quitte alors le club pour le Paris Saint-Germain.

L'ASSE va devoir attendre 1981 avant de gagner un nouveau titre de Champion de France. Le 10e et le dernier. Seuls Santini, Janvion et Lopez restent de la grande équipe de 1976. Le climat s'est dégradé, notamment entre l'entraîneur et son président dont les visions ont radicalement divergé.


Les échecs européens et la politique de vedettariat finissent par opposer
Rocher et Herbin à la fin des années 70

La machine s'enraye...
Pourquoi ? La politique des jeunes passée au second plan ? La folie des grandeurs ? Des erreurs de recrutement pour satisfaire aux exigence d'un public persuadé que tout le problème réside dans l'absence d'un véritable avant-centre (une critique qui ne vieillit jamais) ?

Interrogé sur le sujet, Herbin répondra: "Je ne peux pas parler de tout ça, c'est la vie privée du club, du groupe et j'ai trop de respect pour elle pour qu'elle puisse être étalée au grand jour. S'il y a eu des erreurs de commises, je suis le premier à en accepter la responsabilité mais je préfère les garder pour moi et essayer d'en tirer la leçon. J'ai toujours considéré que lorsqu'on dépend d'une collectivité, trop parler finit par porter préjudice à autrui. Une équipe de foot, c'est comme un être humain, elle a besoin de sa vie privée et de son intimité. Sa réussite tient à très peu de choses et l'équilibre entre les différents éléments qui la composent est extrêmement fragile. Pour un rien, tout peut être déréglé, alors je ne porte jamais en public un jugement sur mes joueurs. Partant de ce principe, je suis parfaitement conscient que mes rapports avec la presse sont loin d'être toujours enrichissants."

C'est en effet souvent l'image d'un homme froid, voire insensible, hautain qu'il renvoie. Il n'est rien de tout cela. Il est un amoureux du club, de cette ville laborieuse, du travail.
Il n'empêche qu'il est licencié suite à une conseil d'administration extraordinaire début 1983 et remplacé par l'entraîneur du centre de formation, Guy Briet.


Robert Herbin est licencié le 10 janvier 1983: reportage d'époque

Une conception du football qui s'oppose à celle de son Président
Tout le conflit qui l'opposera à Roger Rocher et qui aboutira à son départ et à la période tragique que connaîtra le club (et sur laquelle je ne reviendrai pas, ça devient trop douloureux à force) tient dans cette déclaration faite en 1980: "J'ai toujours maintenu qu'une équipe se bâtissait plus avec des joueurs formés au club qu'avec des pros confirmés cherchés ici ou là. Assurer un recrutement de choix, faire signer à ces jeunes un premier contrat professionnel à 20 ans et quatre saisons plus tard renouveler la même expérience à partir d'une autre promotion en gardant bien sûr chaque fois les éléments de valeur, tant morale que sportive pour servir de cadres, c'est à mes yeux la vraie voie à suivre aujourd'hui. Je suis persuadé que c'est celle que nous devons à nouveau prendre à Saint-Étienne. Il y a de très bons jeunes qui arrivent à maturité et nous pouvons recommencer l'aventure tentée en 1972. Bien sûr, l'ASSE risquera de connaître, en optant pour cette solution, des moments difficiles, mais ça ne serait finalement pas une mauvaise chose que de nous sortir de l'engrenage du succès dans lequel nous nous trouvons aujourd'hui plongés et de l'excès de popularité dont nous sommes devenus prisonniers (...) Si je dois quitter Saint-Étienne, ce ne sera pas pour des problèmes financiers. J'y suis aujourd'hui depuis vingt ans et j'y suis extrêmement attaché de coeur et d'esprit. Mais je ne cache pas que j'oublierais mes sentiments si un jour je ne trouvais plus cette liberté de m'exprimer que j'ai toujours eue"

La classe non ? Néanmoins, la lutte de pouvoir qu'il entretient avec son président aura raison des deux. Rocher finira en prison, lui à Lyon...


L'impensable survient en janvier 83: Robert Herbin est licencié

On s'est connus, on s'est reconnus, on s'est perdus de vue, on s'est r'perdus d'vue, on s'est retrouvés, on s'est réchauffés, puis on s'est séparés
C'est le tourbillon de la vie qui emporte notre crinière de feu...
Deux ans à l'Olympique Lyonnais (qu'il ne peut sauver de la relégation ouf !) où il prend notamment une branlée mémorable à Gerland face aux Verts, puis entraîneur en Arabie Saoudite, à Strasbourg...
Il revient au club entre 1987 et 1990, avec Pierre Repellini. Mais malgré une honorable 4e place en 1988 et un très bon parcours en Coupe de France 1990, son retour n'est pas triomphant. L'heure de l'ASSE est passée et lui passe la main à un autre de ses anciens joueurs, à qui il ne faisait pas de cadeau pourtant, Christian Sarramagna. Puis il signe un contrat de 4 ans au Red Star (D2) en 1991, en tant que manager général, pendant que Pierre Repellini est nommé entraîneur. Et c'est toujours en collaboration avec Pierre Repellini qu'il reviendra à l'ASSE en 1997 en tant que manager, pour une saison. Le club est à l'agonie. Il terminera 17e de D2, à l'issue d'une saison où tout le monde aura tremblé...


Robert Herbin avec Yann Synaeghel et Stéphane Santini en 1997

C'est l'heure de la retraite pour Robby. Il reste à Sainté, cette ville qu'il aime. Il va au stade régulièrement et publie des billets dans le Progrès. De loin, de dos ou de face, tout le monde reconnait sa chevelure rousse incomparable, bien qu'elle se dégarnisse progressivement. Même ma copine Marie qui n'y connait rien en foot (elle est de Bourgoin et déjà elle a du mal avec le rugby), l'a reconnu quand je lui ai montré mes magazines. Tout le monde sauf un stadier qui l'a refoulé devant les grilles de GG dans les années 2000. Pincez-moi j'hallucine ! C'était le premier match de la saison et Herbin n'avait pas encore reçu son abonnement...
Lassé de cet univers de strass et de paillettes, le Sphinx termine sa vie reclus dans sa maison de l'Étrat et meurt dans la solitude le 27 avril 2020, en pleine crise du COVID-19. Il avait 81 ans.


Ultime apparition publique de Robert Herbin à
l'occasion de ses
80 ans en 2019 (photo le Progrès)

Les hommages affluent et le club, qui a déjà renommé son centre de formation Robert-Herbin annonce dans la foulée une fresque et une statue en son honneur devant Geoffroy-Guichard. La marque des légendes...

Parole de Sphinx !
"Le football et le sport en général sont de nature à procurer à l'homme toutes les vertus essentielles pour une vie que j'appellerai "pleine". Au-delà des résultats, je souhaite que tous les jeunes joueurs que je dirige aujourd'hui soient armés pour la vie lorsqu'ils arrêteront le football. Ce sera peut être ma plus belle satisfaction d'entraîneur."
Un homme froid et hautain vous disiez ?


Robert Herbin emmène ses joueurs à la mine en 1972

Le plus beau palmares de France ?
Jugez plutôt.

Joueur:
- Cinq titres de Champion de France de D1 (1964, 1967, 1968, 1969 et 1970)
- Un titre de Champion de France de D2 (1963)
- Trois coupes de France (1962, 1968 et 1970)
- 23 sélections en équipe de France

Entraîneur:
- Quatre titres de champion de France de D1 (1974, 1975, 1976 et 1981)
- Trois coupes de France (1974, 1975 et 1977)
- Finaliste de la Coupe d'Europe des clubs champions en 1976, demi-finaliste en 75, quart de finaliste en 77
- Quart de finaliste de la Coupe de l'UEFA en 1980 et 1981


La Une posthume de l'Équipe du 28 avril 2020

Sources
"Les Verts - Super Star", éditions Star System, 1976.
France Foot2, vendredi 2 mai 1980, interview de Robert Herbin.
"Glasgow 76 - Le défi des "Verts"", Jean-Claude Hallé, éditions L'Aventure Vécue Flamarion, 1976.
Wikipedia