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Venu de la volcanique île de la Réunion, la carrière de ce jeune défenseur fut aussi cahotique que le relief de sa ville d'adoption. Mais c'est finalement sur son sol natal que Dafreville aura su faire son trou...


Christian Dafreville commence à jouer au football au FC Ouest, l'un des clubs de sa ville natale, Saint-Pierre de la Réunion. A l'âge de 18 ans, il quitte son île pour la métropole et rejoint le centre de formation du FC Martigues où, après six mois d'adaptation, le jeune défenseur central arrive à s'imposer. Titulaire régulier, il garde de bons souvenirs de ses deux saisons en D2 et prend du plaisir à jouer dans une équipe composée de jeunes joueurs prometteurs (dont Eric Cantona) encadrés par quelques vieux briscards comme les internationaux Saar Boubacar (Sénégal) et Mahmoud Gendouz (Algérie).


Dafreville (5e dans la rangé du milieu) sous le maillot martégal en 1985

Lors du match d'ouverture 1985-86 contre Saint-Étienne, Dafreville se montre intraitable au marquage de Roger Milla et tape dans l'oeil de Pierre Garonnaire. Sollicité par Aimé Jacquet (Bordeaux) et Francis Borelli (PSG), Christian préfère signer un contrat de 4 ans avec l'ASSE car les Stéphanois le font rêver depuis son adolescence. Il faut dire que la Réunion avait vibré lors de la fameuse Épopée des Verts.


Dafreville au duel aérien sous le maillot martégal en 1985

Lorsqu'il rejoint Saint-Étienne à l'été 1986, Dafreville découvre la première division mais ne parvient pas à gagner une place de titulaire: barré par Georgi Dimitrov et Jean-Philippe Primard, il fait ses débuts à Auxerre lors de la 9e journée mais son ex-coéquipier Éric Cantona lui en fait voir de toutes les couleurs et les Verts s'inclinent 3-0. Cette humiliation le dessert pas mal lors de sa première saison stéphanoise, il ne dispute que six autres matches dont seulement trois en tant que titulaire. C'est en décembre qu'il joue contre Lens son meilleur match sous le maillot vert en dominant l'attaquant Sang et Or William Njo Léa, le fils d'Eugène. Malgré cela, on ne le revoit plus jusqu'en avril 87 lors d'un fatal déplacement à... Martigues, son ancien club, pour une défaite 2-0 en Coupe de France.


Dafreville à son arrivée à l'ASSE en 1986

La saison suivante sera hélas sa dernière sous le maillot Vert. Il joue (et perd) son seul match de championnat contre les Chamois Niortais de Patrick Parizon en août 1987. Un mois plus tard, lors d'un match de D3 contre l'INF Vichy, il est victime d'un tacle que l'on peut qualifier d'affreux, vil...
Bilan: rupture des ligaments postérieurs du genou. Opéré avec succès par le professeur Imbert, Dafreville doit toutefois se rendre à l'évidence: sa carrière de footballeur professionnelle est finie. Il n'a alors que 23 ans !

Admiratif de son entraîneur Robert Herbin, qui l'a beaucoup soutenu, Dafreville résilie son contrat en accord avec le président Laurent et retourne sur son île natale. Après avoir joué une saison à Saint-Pierre de la Réunion, il rejoint la Saint-Pauloise en 1989. Dans ce club où il retrouve Roger Milla, son entraîneur est un ancien Vert comme lui, qui comptera beaucoup dans sa vie: un certain Laurent Roussey. Ce dernier donne envie à Dafreville de devenir entraîneur: "J’ai toujours eu en tête l’idée de devenir éducateur, même lorsque j’évoluais en métropole. Laurent Roussey a été le déclic: il m’a fait pleinement prendre conscience de mon potentiel". Christian Dafreville décroche un triplé local (Championnat - Coupe de la Réunion - Coupe de France) avec Saint-Pierre en 1989 puis prend le temps de reconstruire sa vie.


Derniere apparition de Dafreville (debout au centre) à Saint-Pierre en 1989

Après avoir passé ses diplômes d'entraîneur, il dirige alors la sélection de la Réunion (1999-2000) puis l'équipe de la Saint-Pauloise de 2000 à 2008. Une équipe qui aura le mauvais goût de conclure un partenariat avec le vilain club de l'OL et pire: de porter son maillot !
Il retourne ensuite, à Saint-Pierre, toujours comme entraîneur, de 2008 à 2010, donnant notamment un titre de champion à son club, après 14 ans de disette, et ce, lors de sa première saison.
Mais à partir de 2010, il traine de nouveau ses guêtres d'entraîneur sur le banc de Saint-Paul, où il réalise en novembre 2011, un doublé coupe-championnat totalement inédit. Notons que Saint-Paul, apôtre de la patience, attendait le titre depuis 25 ans ! Christian brise ainsi les affres de tant d'années de palmarès vierge.


Dafreville en 2006 sous le (vilain) maillot de la Saint-Pauloise

En 2012, il remporte la coupe Régionale de France, face au club des pucelles, la Jeanne d'Arc. Il (ho) hisse même son club au 7e tour de la Coupe de France, ne se faisant éliminer que par Dunkerque (3-2 ap).
Issu du quartier défavorisé de Sanannah, Christian est devenu, au fil du temps, l'un des personnages les plus représentatifs du football réunionnais. En janvier 2013, il se fait même réélire pour trois ans à la tête de l'AREF (Amicale Réunionaise des Éducateurs de football).


Christian Dafreville en 2010

Malgré sa blessure fatale, Christian garde de bons souvenirs de ses deux années à Sainté. Marqué par la ferveur des supporters stéphanois, il a également apprécié l'ambiance au sein de l'équipe. Les joueurs qui l'ont le plus impressionné sont Georgi Dimitrov et Mustapha El Haddaoui.
Alternant les bancs de la Saint-Pierroise et de la Saint-Pauloise avec une régularité de métronome, Christian coache avec le cœur en se remémorant avec délectation les matches amicaux qu'il a disputés contre le Dynamo de Kiev de Belanov et contre le Bayern de Munich de Matthaüs. Souvenirs d'une autre vie...