Je pense que la comparaison entre Gasset et Horneland devrait s'arrêter là.
Des Jean-Louis Gasset sont très rares, ce genre de personnalité étant atypique, mesurer la qualité d’un entraîneur, comme Horneland,, à l’aune d’un Gasset n'est pas très juste. La majorité des entraîneurs ne passeraient pas le cut alors.
Parce qu'il ne suffit pas d'un Jean-Louis Gasset pour que ça matche... pour preuve toutes ces équipes qui performent sans un Jean-Louis Gasset, ou un type charismatique à la Jean-Louis Gasset, à leur tête... et parfois même (rarement, c'est vrai !) sans entraîneur (cf France CM 2006

).
Parce qu'un Jean-Louis Gasset ne réussit pas non plus partout et tout le temps (sans que ses qualités ne soient remises en cause). Bordeaux il y a 4/5 ans, la Côte d’Ivoire à la CAN ou le Montpellier relégué la saison dernière en même temps que l’ASSE en témoignent.
Gasset à l’ASSE, c'est une fusion assez exceptionnelle entre un coach et ses joueurs ! Une recette miracle que seul un "Gasset " peut réussir... mais qu’il ne réussit pas à tous les coups... Gasset a marqué tout le monde sur son passage dans le football (j'ai même retrouvé un "formidable" commentaire d’Ibrahimovic himself à son sujet !) mais ses passages dans les clubs n'ont pas tous été marqués par la réussite.
Gasset à l’ASSE a été exceptionnel mais cela restera de l’exceptionnel. Une fois la parenthèse Gasset refermée, le soufflet est vite retombé. Les lions, qui "partaient à la guerre avec lui", se sont transformés pour la plupart en gros minous un jour d’hiver au coin du feu. Pour affirmer cela, et afin de ne pas jeter de l’huile dans ce feu de cheminée si complaisant, je n’invoquerais pas le sournois et incertain "peignoirs-claquettes" d’un autre Lyons, qui n’est en fait qu’un mynous paresseux et intriguant, qu'il aurait entendu, on ne sait par quel biais, d’un certain C.P.. Mais j’attirerai plutôt l’attention sur une interview du très référencé et reconnu Mathieu Debuchy en décembre 2019 au Parisien qui déplorait que certains de ses équipiers ne s'étaient pas impliqués et n’avaient pas vraiment été corrects avec le successeur (je dirais "naturel ") de Gasset, Ghislain Printant.
Horneland n'est pas Gasset : OK . Il n’a pas la même personnalité, pas la même origine, pas le même vécu, on est d'accord. Mais sa mission n’a pas non plus la même temporalité que celle de Monsieur Jean-Louis.
Le premier (Horneland) a pour mission de construire une équipe en devenir avec des joueurs à développer dans une culture tactique pré définie. L’équipe est encore en construction, la tactique en cours d’acquisition. Oui ça patine, oui ça grince ! Mais faut être réaliste, c'est logique, c'est normal. Certains se sont vus très beaux à l’arrivée de Kilmer (des sous, des ambitions). Ils ont peut-être cru trop tôt que l’équipe serait performante tout de suite. Ils tirent aujourd'hui à boulets rouges sur le coach (et/ou la direction). Alors, oui, ça met un peu de temps à prendre (un petit peu plus qu'un peu, je le reconnais), il y a des ajustements à faire et de bons réglages à trouver encore. Mais c'est normal. Je vois l’ASSE aujourd'hui comme une nouvelle écurie de Formule 1 ambitieuse. Il y a un investisseur fortuné qui a décidé de monter un projet de A à Z. Il recrute un directeur d’équipe renommé, un Jean Todt, qui engage à son tour tout un tas de techniciens référencés pour crée un nouveau prototype performant. Il mise aussi sur un pilote différent des vieux briscards en quête d'un nouveau volant, qui la jouera moins à l’expérience mais apportera un autre style de conduite plus basé sur l’enthousiasme et le spectacle, et qui devrait permettre à la nouvelle écurie de se distinguer. Pour moi, peu de chance qu'ils soient champions du monde dès la première saison. Peu de chance qu'ils fassent un podium, ni même qu'ils marquent un point la première année. Il y a plus de chance que le championnat se déroule en fond de grille, qu'il y ait de la casse de moteur, des sorties de route... Parce que, tout spécialistes qu'ils sont, quand on applique de nouvelles recettes, il faut du temps pour que tout se mette en place, pour que tout prenne forme. L’expérience s’acquiert par l'expérimentation, la performance par la formation. Il faut trouver la bonne alchimie et de fil en aiguille, avec un matériel toujours plus performant remonter dans la hiérarchie. Le pilote Horneland est encore en recherche des bons réglages, il teste les différents pneus... (Je laisse les spécialistes de ce sport corriger et affiner l'analogie).
Le second (Gasset), lui, avait été engagé comme "pompier de service" (comme cela a été souvent le cas par la suite avec l’ancienne direction) avec la possibilité de recruter des joueurs confirmés et expérimentés de son choix. Il a pu appliquer ses recettes avec des joueurs qui pour certains se sentaient redevables envers lui et d'autres étaient au summum de leurs capacités (ou même à l’apothéose de leurs carrières dans certains cas). Ici je comparerai plutôt la situation à une ancienne écurie à bout de souffle parce que le monde de la F1 a profondément changé et qui mise sa survie sur un homme, un pilote chevronné qui connaît le milieu comme sa poche. Celui-ci a carte blanche et choisit, grâce à ses relations, de récupérer d’occasion (ça a malheureusement un prix) le moteur encore solide du mulet utilisé la saison précédente par une autre écurie. Il en équipe sa voiture peu performante et grâce sa science de la mécanique et de la course, il réussit et rate d'un cheveu le podium final du championnat qui aurait peut-être pu sauver ses proprios de la faillite. La saison suivante, la voiture se révélera ingouvernable pour son successeur au volant et même rapidement obsolète sur la piste sur certains aspects.
Donc, pour finir court, quand je lis que Horneland n’est pas un très bon tacticien et un piètre entraîneur parce que Gasset...
naah !
