L'économie du foot français en plein crash : quelques extraits d'un article paru vendredi de la Gazette des Communes - entretien avec Jérémy Moulard, docteur en management du sport professionnel à l’université de Lausanne (Suisse) et consultant (Match-day.ch) :
https://www.lagazettedescommunes.com/94 ... 7269&abo=1
Que dit la situation des Girondins de Bordeaux, du modèle économique du football professionnel français ?
Qu’il est totalement à bout de souffle ! Depuis des années, il est sous perfusion, que ce soit par l’intermédiaire des subventions des collectivités publiques à travers notamment les stades et surtout la bulle des droits TV, dont tout le monde savait qu’elle allait éclater à un moment ou à un autre. Nous y sommes aujourd’hui. Cette manne financière a littéralement fondu et c’est une catastrophe pour de nombreux clubs. A tel point qu’au-delà de Bordeaux, nous risquons de perdre peut-être deux ou trois autres clubs professionnels d’ici la fin de la saison…
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Comment les clubs ont-ils pu se retrouver dans une telle situation ?
Ils vivent au-dessus de leurs moyens ! La première raison nous ramène au tournant des années 2010, période au cours de laquelle, la France a raté la programmation sportive et économique des stades réalisés ou rénovés dans le cadre du championnat d’Europe 2016. (...)
La seconde raison nous ramène aux droits TV, un dossier géré par la Ligue nationale de football (LFP). Aujourd’hui, après de nombreux épisodes insensés, avec des opérateurs qui changent tous les 2-3 ans, le cas Mediapro et son milliard d’euro tombé à l’eau, le partenaire historique Canal Plus sorti du jeu, etc., les droits sont bradés faute de candidats. Ce qui est d’autant plus regrettable c’est que cette bulle spéculative a surtout été utilisée par les clubs pour augmenter les salaires des joueurs et les indemnités de transfert dans une course à la qualification européenne, incertaine et qui coute trop cher pour les clubs français.
A tel point que ces salaires représentent jusqu’aux deux-tiers du budget des clubs ! C’est irrationnel. Le château de cartes s’effondre. (...)
Comment peut-il sortir de l’impasse à court ou moyen terme ?
La première chose à faire selon moi serait de s’interroger sur les objectifs de la Ligue 1 et de mettre en place des outils de régulation permettant de les atteindre : un plafonnement des salaires et des indemnités de transfert, une nouvelle redistribution des droits TV, une limitation du nombre de contrats professionnels et une baisse du nombre de matchs…
Il faut acter que la course à l’Europe est déloyale pour les clubs français. Les clubs étrangers ont plus de droits TV et ne sont pas inquiétés par les déficits financiers, sans parler des charges sur les salaires qui sont sensiblement moins élevées dans les autres championnats. La qualification européenne coûte trop cher et, quand elle est jouée à fond par les clubs, est souvent énergivore et ponctuée d’échecs. Rendons déjà ses lettres de noblesse et son intérêt à Ligue 1. Il est essentiel de redonner de l’incertitude sur ce championnat et de valoriser ses points forts.(...)
Bûcher, guillotine ou peloton d'exécution : la méthode importe peu, du moment qu'on y envoie la VAR !