Fabulo a écrit : ↑19 août 2024, 19:11
Pour ce qui est de l’arbitrage, ce qui me semble problématique, c’est justement la trop grande part à l’interprétation qui amène un sentiment d’arbitrage à la tête du client.
J’aimerais d’ailleurs savoir comment les matchs sont préparés par les arbitres dans la semaine. Ont-ils des réunions de débriefing pour regarder les matchs de leur compères et tenter de voir comment harmoniser les réactions des arbitres. Ont-ils des stages uniquement axés sur l’universalité des décisions. Par exemple, un fait de jeu est présenté et les arbitres doivent donner leur réaction et à la fin tous les arbitres doivent s’accorder sur la décision à prendre ?
Car le fait qu’une main soit sifflée ou non dans la surface, ce n’est pas un problème si la même situation est toujours suivie de la même décision.
Si c’était le cas, la var deviendrait très vite désuète.
La réponse à tes questions est deux fois oui (et des séances de vidéo sont organisées dans les séminaires de recyclage d'avant-saison dès le niveau district, depuis facilement 25 ans). Et, sans que tout le monde s'en rende forcément compte, il y a eu en réalité une grande progression dans cette uniformisation depuis les années 90, je dirais.
Aujourd'hui, beaucoup de situations sont réellement arbitrées à 99% de la même façon. Prenons l'exemple de la faute qui coupe une action prometteuse : il n'y a pas si longtemps, c'était un peu aléatoire selon l'endroit sur le terrain, si c'était la première faute, voire la minute du match ; aujourd'hui, c'est carton jaune systématique, de la première à la dernière minute, même s'il y a 4-0.
Les points noirs qui subsistent correspondent à des zones grises dont j'ai peur qu'elles soient un peu incompressibles parce que chaque décision doit être prise dans des conditions et avec des paramètres qui sont systématiquement variables. C'est compliqué de se projeter en tant que spectateur/supporter, mais ce qu'on voit comme deux actions identiques le sont rarement : la vitesse perçue d'un tacle peut transformer une non-faute (le fameux "j'ai joué le ballon") en geste sans contrôle passible d'un rouge ("oui, tu prends le ballon mais à un cm près, tu lui cassais la jambe"). Parfois, c'est le positionnement de l'arbitre qui va influer sur sa vision d'un événement : la même action pourra être envisagée différemment sur une attaque placée vs sur une contre-attaque rapide ; souvent, être tout proche d'une action est la meilleure option, et parfois, être plus loin permet de mieux évaluer la situation. Et je suis d'accord que le jugement des mains est un vrai problème, créé par la volonté de la FIFA d'en faire une situation binaire, en pariant sur le fait que la vidéo solutionnerait tous les cas. La vérité est qu'on est passé d'actions où l'arbitre tentait dans la mesure du possible de faire preuve de bon sens (est-ce que je détecte une volonté de jouer le ballon de la main ?) à des configurations encore plus difficiles à juger tant les paramètres sont nombreux. Je le redis, mais ce qu'on perçoit comme deux actions identiques en tribune ou devant la télé ne le sont généralement pas et nous avons en plus le miroir déformant de la mémoire sélective du supporter.
La solution sur le terrain va passer par la pédagogie, comme toujours et même si c'est un voeu pieux. Les arbitres doivent être aussi de meilleurs communicants (crois-moi, expliquer ce qu'on vient de décider dans une situation de stress/adrénaline/essoufflement, ce n'est pas évident). J'espère sans trop y croire que de bonnes habitudes vont naître des intentions formulées cette année à propos des contestations. Si on arrive vraiment à instaurer un tout petit peu plus de sérénité dans les échanges, ce sera toujours ça de gagné.