Danish a écrit : ↑24 févr. 2023, 15:30
Je suis manager depuis une dizaine d'années et selon moi, le management à la Galtier n'est qu'une facette de ce genre d'activité.
On peut être un très bon manager sans avoir à faire de beaux discours comme Ted Lasso, ca ne marche d'ailleurs pas tant que cà dans le monde de l'entreprise qui s'apparente plus à un marathon perpétuel, avec sa routine de course, qu'à une saison de football avec ses grand messes du week-end où il faut être à 200%.
La comparaison avec la parentalité est très vraie parce que sans paternalisme aucun, comme quand on devient parent:
- on apprend à devenir manager sur le tas, souvent en copiant un modèle
- on adapte notre management à notre personnalité
- on adapte notre management aux collaborateurs
- on adapte son management au contexte autour de nous
En ce qui me concerne, sans aller dans la grande théorie, j'attache surtout de l'importance à:
- la transparence. On a affaire à des adultes qui verront très vite si tu les enfumes ou pas et qui n'ont pas envie de l'être. Que ce que tu dises/fasse leur plaise ou non, l'important c'est qu'ils comprennent pourquoi.
- la délégation. Un manager doit déléguer autant que possible en respectant les trois principes de la délégation (acceptation, autonomie et suivi) afin à la fois de valoriser ses collaborateurs, développer leur autonomie et leurs compétences et développer une relation de confiance entre lui et eux. Cela passe par se réserver les tâches ingrates quand elles ne peuvent pas être déléguées, une façon de partager la charge de l'équipe, de ne pas être "à part".
- la charge de la responsabilité: Même si ce n'est pas toujours de son ressort, un manager doit avant tout ASSUMER les décisions de la hiérarchie. Il est manager pour çà, il est payé pour çà, il l'a choisi. Rien de pire qu'un manager qui se cache derrière des décisions qui ne sont pas les siennes. Tu dois annoncer à quelqu'un qu'on met fin à son contrat contre ton avis ? Ben ce n'est pas son problème, ca lui fait une belle jambe d'apprendre que toi, tu l'aurais gardé. Tu assumes et tu encaisses la colère ou la tristesse ou le mépris de la personne en face de toi.
- la motivation: Ca vient après tout ce qui précède, en ce qui me concerne. C'est très personnel comme notion. Moi, j'essaye de construire un environnement de travail conforme aux attentes de mes collabs afin qu'ils soient en bonne condition mentale pour travailler. De la motivation passive en quelques sorte. Perso, ca ne m'a pas trop mal réussi puisque je n'ai eu encore à virer personne de mon équipe. Touchons du bois.
Ta vision du Management et ton expérience dans ce domaine sont respectables et ton résonnement est intéressant.
Le 1er élément que tu mets en avant est la notion de "management à la Galtier qui n'est qu'une facette de cette activité". Peux-tu m'éclaircir un peu s'il te plaît ? Est-ce par rapport aux beaux discours ? N'ayant pas vu la série Ted Lasso je n'ai pas tous les éléments de comparaison, mais je regarderai la série du coup
Lorsque tu évoques:
"le monde de l'entreprise qui s'apparente plus à un marathon perpétuel, avec sa routine de course, qu'à une saison de football avec ses grand messes du week-end où il faut être à 200%."
Je partage cette comparaison tout en ajoutant que tout dépend de l'Entreprise, de sa taille, de son secteur d'activité, de son organisation, de sa politique en matière de RH, de ses valeurs etc...
Certains secteurs d'activité comme le textile, la décoration, la mode, l'art de vivre etc... fonctionnent en mode "projets" dont les échéances, plus ou moins courtes, peuvent s'apparenter aux grand messes du week end lors du match de football. Cet événement qui valide ou non le travail effectué en amont. Tout dépend des objectifs, de leurs échéances et des ressources (humaines, matérielles, financières) qui peuvent y contribuer.
La marge de manœuvre dont dispose le manager en matière de prises d'initiative est également importante dans la réussite d'un management.
Certains dirigeants sont plus naturellement tournés vers le classicisme et d'autres vers l'innovation, c'est pareil dans le management.
En ce qui concerne ton concept de parentalité / paternalisme forcément présent dans celui du Management...
Si je suis d'accord avec toi sur les 4 comparaisons que tu fais en les transposant au management, je ne suis pas forcément d'accord avec l'amalgame Parentalité / Paternalisme. Déjà, ce qui pour toi relève de "la parentalité", relève pour moi de "l'apprentissage". Un bon Manager doit apprendre à apprendre. Lorsque tu évoques qu'un manager apprend sur le tas, oui en effet, comme dans beaucoup de métiers c'est le quotidien qui nous permet de nous améliorer et de devenir performant. Mais aujourd'hui des solutions existent aussi pour compléter les axes d'amélioration de chacun, que ce soit les collaborateurs et les managers.
Exemple: Un Manager qui ne se forme pas de temps en temps, pour développer ses compétences ou les actualiser, n'est pas crédible lorsqu'il demande à ses collaborateurs de se former.
En ce qui concerne la notion de parentalité, celle-ci renvoie forcément à la notion de lien émotionnel profond et indéfectible entre un enfant et son parent. C'est en opposition avec le manager qui doit être en mesure de prendre facilement de la distance émotionnelle vis à vis d'un collaborateur, avec empathie certes mais avec toute l'objectivité nécessaire. C'est différent du paternalisme qui utilise les leviers de la carotte et du bâton. Quand certains patrons utilisent ces codes comme une certaine génération de parents pouvaient le faire à une époque, mais il n'y a aucune émotion dans la finalité du paternalisme. On joue sur les émotions, mais sans les éprouver. C'est ce qu'on appelle "Une gestion en bon père de famille"...
Je suis entièrement d'accord avec toi sur la nécessité d'être transparent avec ses collaborateurs. Idem en ce qui concerne la notion de délégation, qui est une capacité que chaque manager doit avoir, ou acquérir. Il y a plusieurs critères qui peuvent expliquer une incapacité à déléguer, l'égo en fait parti. Attention avoir de l'égo n'est pas forcément négatif, au contraire un bon manager doit parfois s'appuyer sur son égo pour atteindre ses objectifs.
Il en faut mais comme souvent, il s'agit d'une question d'équilibre.
Je partage également ton opinion sur la notion de responsabilités du Manager et le fait qu'il se doit de les assumer. Je partage moins tes propos sur la nécessité qu'il assume les décisions de sa hiérarchie. Il ne faut surtout pas que ce soit le cas justement. Un manager doit appliquer les décisions de sa hiérarchie non pas les assumer. Seuls les dirigeants sont responsables de leurs décisions, ce n'est pas à leurs collaborateurs d'en assumer la responsabilité. D'ailleurs, certains dirigeants cherchent des managers qui ne sont pas forcément d'accords avec eux tout le temps. J'ai déjà recruté pour des clients qui souhaitaient des personnes avec du caractère, des idées et qui sont capables de fédérer, analyser, critiquer, proposer, convaincre, conseiller...
D'autres dirigeants cherchent des managers qui managent et qui appliquent les décisions, ils ne doivent pas leur demander d'en porter la responsabilité, d'autant plus dans le cas d'un licenciement décidé par la hiérarchie et dont le manager n'est pas à l'origine. Que le manager soit d'accord ou pas c'est un autre problème. S'il a en effet l'obligation de ne pas contredire sa hiérarchie, il est libre aussi d'informer sa hiérarchie qu'il n'est pas d'accord pour telle ou telle raison mais que cela ne l'empêcherait pas d'appliquer la demande. Et puis un manager peut, comme tout salarié, démissionner s'il est en désaccord avec sa hiérarchie. Aujourd'hui se sont les bons candidats qui sont rares pas les bons postes. Des postes de managers sont à pourvoir de partout, ce n'est pas ce qui manque.
Et puis entre nous, un manager qui applique des décisions qu'il ne partage pas, ça ne dure pas longtemps généralement.
Je suis tout à fait d'accord avec toi sur la place importante de la motivation dans le management et le fait que sa source est propre à chacun. L'enjeu est en effet de s'adapter, comme souvent.
Tu réalises les entretiens d'évaluation et les autres entretiens professionnels ?
Je trouve que ce sont des outils et des moments très importants pour bien manager. En plus de formaliser un moment en face à face, un moment privilégié entre le manager et son collab, les entretiens permettent de collecter des données extrêmement importantes dans la mise en perspective de la corrélation entre le projet professionnel des collaborateurs et celui de l'entreprise.
Bref on peut en parler des heures...