Barbon a écrit : ↑06 janv. 2022, 15:23
Je ne sais pas si tu as fais une étude spécifique de cet aspect des choses de l'armée ou si tu as tiré cela de ta propre expérience en faisant ton service militaire, mais cette analyse sur les comportements des groupes (ultras et militaires) est très pertinente...
Après, je me demande quand même si les groupes ultras adoptent ces méthodes délibérément ou si ces méthodes s'imposent d'elles mêmes en quelque sorte, dés lors que des personnes revendiquent l'appartenance à un groupe?
Non aucune étude spécifique, juste le fait de ma propre expérience et du besoin de comprendre les choses. J'observe qu'à la constitution d'un groupe de supporter, le choix est ouvert, soit tu te reconnais du mouvement ultra et à ce moment tu dois t'inscrire dans les règles de ce mouvement, soit tu refuses parce que ton idée est d'échapper à ces règles. Dans le premier cas, créer un groupe ultra implique que celui-ci prendra une importance tout aussi déterminante dans ta passion que l'équipe sur le terrain. Il te faudra défendre l'honneur de ce groupe et cela pourra rapidement devenir plus important que les résultats de l'équipe sur laquelle ton groupe est greffé. Cela devient une autre compétition parallèle, bien entendu se sentir acteur est plus attirant que rester dans le rôle de simple supporter. Le problème est que le jeu est organisé de telle manière qu'il faut accepter la confrontation physique avec les adversaires des autres groupes ultras. Si le gars à la création du groupe s'aperçoit que cette aspect le rebute, et bien il a fait le mauvais choix et son groupe ultra disparaîtra assez rapidement car sa faiblesse sera vite exploitée par les autres.
Par contre celui qui rejoint le groupe ultra ne le fait pas le plus souvent avec ce genre de considération, suivant sa personnalité, il pourra sans doute s'il est entré par simple amour de mettre l'ambiance au cours du match, rester dans cette position. Tu es supporter, un groupe existe, tu as envie de participer, tu adhères. Bien que l'on commence à voir régulièrement des échauffourées dans le stade, attaqué par un autre groupe, le réflexe sera de te mettre avec les tiens contre l'assaillant. C'est ce genre de personnes qui peuvent se retrouver à l'insu de leur plein gré dans un engrenage les conduisant à faire des choses qui ne sont pas dans leur nature, c'est l'effet de groupe. D'autres à l'inverse, entrent en pleine connaissance et sont en demande de l'adrénaline que peut engendrer le phénomène de bande et des affrontements en découlant, ce sont des bagarreurs et ils trouvent un formidable jeu pour exercer leurs talents. Il me semble que dans leur vocabulaire, ils parlent de motivés. A l'intérieur même il y a différents corps il me semble, on le voit sur les banderoles, vieille garde, jeune garde etc... La garde sauf erreur je le comprends comme ceux en charge d'assurer la défense physique du groupe.
Alors il n'y a aucune personne derrière la création de ces règles, elles se sont développées dans une société donnée et sont à son image. Ce n'est pas le siècle des Lumières, c'est principalement dans l'Italie de la fin des années 60 et 70. Les années de plomb, du terrorisme politique, des groupes armés secrets d'extrême gauche et droite, de la mafia , de la répression policière, de la corruption, un gloubiboulga détonnant avec une grande perméabilité entre le civil et le militaire. L'action politique a besoin de l'organisation militaire. Alors je ne suis pas spécialiste et ne sais si cela est du mimétisme ou si les tribunes de foot sont devenues manipulées par d'autres enjeux que la simple confrontation sportive, mais le résultat est là. Des groupes prennent l'opportunité de rencontres sportives pour se mesurer et se mettre en valeur. Entre ces groupes pour faire monter la sauce rien de mieux qu'ajouter une dimension politique, une rivalité locale etc...