« Je n’en peux plus d’expliquer aux malades qu’il n’y a plus de lits disponibles » : l’hôpital au bord de la rupture
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Extraits :
Lors de la première vague de contaminations, « es médecins et les soignants avaient pris le pouvoir. Nous avons pu gérer les choses comme nous l’entendions », se souvient Thierry Amouroux, porte-parole du SNPI CFE-CGC. Plus de réunions ni de projets « abscons », retient Guillaume, cadre aux urgences psychiatriques dans le Sud-Est. Matthieu a été marqué par « tous ces renforts » : « Il n’y a jamais eu autant de personnel dans le service », témoigne ce pneumologue, appelé pour l’épidémie dans un hôpital parisien. « J’ai eu un contrat en deux jours ! On nous a prêté un échographe cardiaque flambant neuf ! Du jamais vu... » Tous parlent d’une grande solidarité. Quand bien même ils peuvent dire aussi qu’ils étaient « soulagés » que « les personnels administratifs ne soient pas dans [leurs] pattes puisqu’ils télétravaillaient ».
[Illustration du fait que sans le New Public Management chers aux libéraux, ça tourne mieux]
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[Après cette parenthèse printanière, revenons à l'automne
![Dan.San :]](./images/smilies/8.gif)
Paule Bourret identifie « une peur latente, exacerbée par le Covid », estimant que « les cadres ont toujours un peu peur parce qu’ils savent que, dans les conditions de travail qui sont les leurs, dégradées, ils ne sont jamais complètement en règle. Cette peur aujourd’hui est moins celle de la maladie, qui est mieux connue, que de ne pas pouvoir assurer le management s’il y a un nouvel afflux de malades. Il n’y pas eu d’absentéisme pendant la première vague. Au contraire, les personnels ont prolongé leurs journées et sont revenus sur des repos. Mais cette fois-ci ? Les cadres ont peur de ce qui se passe à l’hôpital et qui est aggravé par l’épidémie. »
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Les hôpitaux sont repartis à la chasse aux candidats pour éviter de se retrouver avec autant de postes vacants qu’avant la première vague. Mais ils peinent toujours à recruter dans des métiers de moins en moins attractifs, tandis que, parmi les soignants en poste, les départs sont incessants. En septembre, 100 000 postes étaient vacants dans les établissements de santé, dont 34 000 d’infirmières et 24 000 d’aides soignantes, selon Le Parisien.
« L’augmentation de salaire de 183 euros ne nous aligne toujours pas sur le salaire infirmier de l’OCDE et surtout ne résout pas la question de la déshumanisation », renchérit Fabien Paris, membre du Collectif Inter-urgences (CIU)
Les soignants interrogés gardent en travers de la gorge le renoncement de l’exécutif à la promesse faite en juin de reconnaître automatiquement le Covid en maladie professionnelle pour eux.Finalement, seuls ceux qui ont été touchés par une forme sévère, « ayant nécessité une oxygénothérapie ou tout autre forme d’assistance ventilatoire », peuvent y prétendre.
selon une consultation de l’Ordre national des infirmiers, publiée par Le Parisien, 40% des infirmiers interrogés ont envie de changer de métier depuis la crise sanitaire. Plus d’un tiers travaillent en effectifs réduits, deux tiers déclarent que leurs conditions de travail se sont encore détériorées depuis le début de la crise. Enfin, 43 % ont le sentiment de ne pas être « mieux préparés collectivement pour répondre à une nouvelle vague de contaminations ».
« Chaque semaine depuis un mois, une ou deux personnes me demandent comment poser une démission ou prendre une disponibilité. Elles s’effondrent quand je leur dis que ça ne peut se faire qu’à une date fixée par l’employeur pour cause de nécessité de continuité de service », constate Céline Durosay. « En discutant, je me rends compte qu’elles ont avant tout besoin de prendre un arrêt maladie parce qu’elles sont à bout ».
« Dans mon secteur, on a perdu la moitié du personnel sur un an. Ils partent pour du privé, de l’intérim », raconte Éric, cadre de santé aux urgences dans le Sud-Est. « Ce sont des jeunes mais aussi des soignants après 20 ou 30 ans de carrière, ce qui ne se voyait pas avant »
Bûcher, guillotine ou peloton d'exécution : la méthode importe peu, du moment qu'on y envoie la VAR !