___ a écrit : ↑28 oct. 2020, 17:26
sam42 a écrit : ↑28 oct. 2020, 12:20
___ a écrit : ↑28 oct. 2020, 08:52
A propos des capacités d'hospitalisation...
https://drees.solidarites-sante.gouv.fr ... es2019.pdf + stats INSEE
Globalement, les capacités d'accueil de l'hôpital (public + privé) ont largement baissé pour les hospitalisations à temps complet : - 15% en 15 ans, de 468 000 places en 2003 à 400 000 en 2017 (baisse des longs et courts séjours, hausse des moyens séjours).
Les hospitalisations à temps partiel ont au contraire largement augmenté (+ 25 000), mais le dynamisme est surtout lié au privé à but lucratif (dont les actes coûtent, au passage, nettement plus cher que ceux de l’hôpital public).
Solde net : - 43 000 places en hôpital sur 15 ans, alors que sur la même période la population française :
- augmente : + 5 millions
- vieillit : l’âge moyen est passé de 39 ans à 41,3 (il est presque à 42 aujourd’hui) ; et l’âge médian a lui aussi progressé de manière spectaculaire : de 37,1 à 40,4 (presque 41 aujourd’hui). Pour donner un ordre d’idée : en 1991 (donnée la plus ancienne du tableau), âge moyen : 36,9 ; âge médian : 33,7. C'est spectaculaire.
- Vit de plus en plus longtemps (+ 3 ou 4 ans selon le genre), mais pas plus en bonne santé (beaucoup de volatilité d’une année sur l’autre, mais globalement ça stagne avec peut-être une légère tendance haussière chez les hommes, mais de quelques mois seulement)
Autrement dit : on est toujours plus nombreux, toujours plus vieux, toujours aussi fragiles passé la soixantaine, mais on a toujours moins de capacité d’hospitalisation.
Cherchez l’erreur.
Ce qui est dommage dans ton analyse, c'est qu'elle ignore certains paramètres qui sont malgré tout important pour mieux appréhender la situation.
Quand on rentre dans le détail de la suppression des lits à temps plein, on voit sur ce document :
Médecine, Chirurgie et Obstétrique -30000 lits
Long séjour -48000 lits
Psychiatrie -3500 lits
Soins de suite et réadaptation +14000 lits
Ces suppressions sont liés à plusieurs facteurs et sont souvent compensées par d'autres formes d'hospitalisation ou de structure.
Pour les longs séjours, qui ont subit la plus grande quantité de lits supprimés, on doit le mettre en parallèle avec l'évolution d'autres structures comme les EHPAD. Je n'ai pas les chiffres pour la même période, mais entre 2009 et 2017, le nombre de places a augmenté de plus de 100000, ce qui semble largement compenser les suppressions des lits de long séjour à l’hôpital. ça va aussi dans le sens du vieillissement de la population.
Pour les autres, MCO et Psy, on voit que les prises en charge sont différentes en grande partie liées aux améliorations des techniques chirurgicales, anesthésies et soins. Du coup, le transfert va se faire sur de l'hospitalisation à temps partiel.
En psy, la suppression des temps plein est presque équilibrée avec la création des temps partiels.
Là, où les changements sont plus important, c'est sur les lits MCO, on perd 30000 lits temps plein mais c'est compensé par 14000 lits de rééduc à temps plein + 14000 lits MCO à temps partiel + 8000 lits rééduc temps partiel. Soit une augmentation de lits de 6000 places.
Les taux d'occupation des lits sont aussi à prendre en compte :
En MCO : 77%
En long séjour : 95%
En psy : 87%
En SSR : 88%
Soit un taux global à 83%.
Après ce qui serait intéressant, c'est d'avoir l'évolution de ce taux d'occupation sur une année complète car ce taux évolue forcément avec les saisons et aussi une vue sur les différentes régions ou hôpitaux. Par exemple dans la Loire, tu as des personnes qui préfèreront venir se faire hospitaliser ou soigner à Saint Étienne que dans les hôpitaux du centre du département.
Je suis bien incapable d'aller dans le détail des types de lits, et je n'étais allé jusqu'au taux d'occupation

Cependant sur ce dernier, je ne sais pas si l'étude en parle, mais il faut voir si la marge de manœuvre est dû à un manque de patients ou au fait que les lits ne puissent pas être ouverts faute de personnel.
Après, l'autre point qui m'interroge (et ça me permet de répondre à Michel-Ange en même temps) : quid de cette dynamique pas vraiment haussière face à la hausse globale de la population, et au sein d'elle de la catégorie des vieux à qui ont peu encore épargner le placement en EHPAD ? On n'est même pas au milieu du gué du papy-boom. Si c'est comme pour l'école, on ne peut pas dire que les fluctuations démographiques soient anticipées.
Pourtant le taux d'occupation des lits est au début

Pour ta question sur le manque de patients ou de soignants, il ne me semble pas qu'il y ait la réponse dans l'étude.
Le détail du type de lits et connaitre l'évolution de la prise en charge des malades est, à mon sens, important pour une meilleure analyse de la situation. Comme ça devant les chiffres, je ne suis pas choqué de la situation et elle me semble cohérente. Ce qui ne veut pas dire que cette cohérence corresponde à tous les hôpitaux ou cliniques.
Pour avoir connu des services de long séjour et un EHPAD, je préfère la 2ème structure. Alors ma vision du long séjour est sûrement biaisée par les locaux en mauvais état, mais c'était vraiment des mouroirs. Après comme chaque établissement est différent, il est possible que les expériences soient tout autre pour d'autres personnes.
J'imagine que la hausse de population est prise en compte mais là encore, il faut prévoir avec l'évolution de la prise en charge des patients et ça, peu de personnes, ici, est capable d'avoir cette vision.
Concernant les infirmier(e)s, on dit souvent que le problème vient des 35h ou des politiques plus financières, mais le malaise est beaucoup plus lointain déjà dans les années 80, la durée de vie à l'hôpital des infirmier(e)s était courte (entre 3 et 7 ans dans mes souvenirs).
Ce métier n'est pas vraiment considéré (d'où mon sentiment d'hypocrisie quand je voyais les gens applaudir les soignants pendant le 1er confinement), il est très difficile physiquement, moralement, mal payé (faut pas déconné, c'est un métier essentiellement féminin) et souvent avec des conséquences sur la vie de famille entre les horaires et les week-end travaillés.
Pour contrer ces fuites d'infirmier(e)s, ils ont essayé de plusieurs approches comme sur le changement de recrutement (baisse de niveau ?), interdire de s'installer en libéral avant d'avoir travaillé au moins 3 ans à l'hôpital... mais on voit bien que ça ne fonctionne pas puisqu'on ne s'attaque pas au vraies causes du malaise.