séléctionnez une date pour un autre éphéméride

Un dernier match à domicile, une relégation actée, un but assassin d'un ancien Lyonnais, dans un Geoffroy-Guichard résigné et abattu. Il était temps que cette saison 1995-96 s'achève...


La feuille de match
Samedi 11 mai 1996 - Championnat de France de D1 - Stade Geoffroy-Guichard
37e journée: ASSE 2-2 Martigues
Spectateurs: 16.735 - Arbitre: Pascal Garibian

Buteurs: R. Billong (46e sp) et L. Sandjak (69e) pour l’ASSE. O. Ichoua (14e) et M. Flachez (73e) pour Martigues.

ASSE: G. Coupet - S. Perez, P. Moreau, JP. Delpech, R. Billong, W. Sagnol - F. Mannucci, JP. Séchet, C. Ohrel (S. Flauto 46e), A. Chedli (F. Cuca 68e) - L. Sandjak. Entraîneur: Dominique Bathenay
Martigues: E. Durand - G. Petrucci, M. Flachez, D. Dubois, G. Bouisset - S. Odet (S. Zamfir 79e), B. Genesio, O. Ichoua, A. Boinaheri - J. Tiéhi, F. Mendy. Entraîneur: Patrick Parizon

Les Faits du match
En cette veille du 20e anniversaire de la finale de Glasgow, les Verts sont au bord du gouffre après une saison cauchemardesque. Le club, au plus mal financièrement, placé sous recrutement contrôlé lors de l’intersaison précédente, n’a pu enrôler que des joueurs libres ou prêtés et a vu partir la plupart de ses anciens cadres comme Laurent Blanc ou Titi Camara. Si le début de saison a laissé poindre l’espoir d’un maintien tranquille, la suite a malheureusement mis au grand jour l’état délabré du club, qui n’aura grapillé que 3 victoires lors des 30 dernières journées de championnat tout en subissant la plus grosse déroute de son histoire face au futur champion auxerrois lors d’un froid dimanche de décembre devant les caméras de Canal+.

Pour accentuer la catastrophe en cours, les hommes menés par Dominique Bathenay (qui a remplacé Elie Baup après un intérim rapide de Maxime Bossis) font face à des absents importants, comme le stratège slovaque Lubomir Moravcik ou encore Didier Timothée, auteur de 6 buts en championnat. L’équipe qui se présente face à des Martégaux déjà relégués affiche un visage jeune, très jeune, symbolisé par ses deux gros potentiels Sagnol et Chedli. L’objectif est simple: pour pouvoir encore espérer un maintien de plus en plus improbable, il faut à tout prix gagner.


L'effectif de cette lamentable saison 1995-96

Malheureusement, ce match va ressembler à beaucoup d’autres vécus à Geoffroy-Guichard cette saison-là, où les désillusions ont souvent douché de timides espoirs naissants. Devant une affluence faible mais qui espère toujours un miracle, les Verts vont rapidement concéder l’ouverture du score malgré deux parades préalables de Grégory Coupet, sur un corner qui hante encore mes yeux d’ado de 15 ans qui regardait le match à l’autre bout du terrain depuis le Kop Sud...
Guillaume Bouisset, au lieu d’envoyer le ballon dans la surface, choisit de le donner en retrait à 20 mètres. Le dangereux (mais totalement oublié) Olivier Ichoua ne se fait alors pas prier pour envoyer une praline à mi-hauteur qui trompe Coupet sur sa gauche. S’en suit alors une domination stérile des Verts durant laquelle Sandjak mais surtout Chedli tentent leur chance, sans succès. Dans une ambiance fébrile et tendue, Martigues fait passer des sueurs froides en contre et rentre à la pause avec un avantage tout autant mérité pour eux que désespérant pour l’ASSE.


Jean-Philippe Séchet est l'une des rares
satisfactions de cette fin de saison

Visiblement secoués par leur entraineur à la mi-temps, les joueurs stéphanois entament la seconde période par le bon bout: Jean-Philippe Séchet se fait crocheter à la limite des 16 mètres à l’intérieur de la surface par Didier Dubois et obtient un pénalty. Ce dernier est étrangement tiré par l’ancien Lyonnais Romarin Billong, lequel égalise malgré un tir en plein sur le gardien, qui le laisse passer par-dessous. Remise en selle, l’ASSE va accentuer sa domination sur le match et finir par prendre l'avantage sur une longue ouverture de Sébastien Perez pour Liazid Sandjak (photo), parti à la limite du hors-jeu. Le meilleur buteur stéphanois de la saison parvient à crocheter Éric Durand et à marquer dans le but vide d’un petit extérieur du droit à 25 minutes de la fin du match.
Le fol espoir d’un dernier match à enjeu pour le maintien se met alors à enfler dans les tribunes de Geoffroy-Guichard, mais comme un symbole de cette saison décidément bien cruelle, cet espoir va être réduit à néant à peine 5 minutes plus tard par une frappe puissante et lointaine d’un autre ancien Lyonnais, Maxence Flachez, qui déchire les filets d’un Greg Coupet abattu par l’apathie de sa défense. Moralement au fond du trou, l’ASSE va même frôler la défaite suite à une dernière frappe martégale sur la barre transversale.
C’est fini, dans un silence de cathédrale, les Verts descendent en D2 après 10 saisons passées dans l’élite...

Le Saviez-vous ?
- Après une 18e et ultime défaite 2-0 à Nice lors de la dernière journée, les Stéphanois termineront la saison 19e avec 34 points et seulement deux victoires lors de la phase retour. Triste conclusion à une saison cauchemar durant laquelle la seule série positive n’aura duré que 4 matchs estivaux, entre la 5e et 8e journée (trois victoires à domicile contre Bastia, Guingamp et Gueugnon entrecoupées d'un nul méritoire chez le champion en titre nantais).

- Fin de parcours également pour le FC Martigues, lanterne rouge qui emmène donc l'ASSE dans sa chute en D2. Le club provençal disputait sa 3e saison en D1 après son accession historique en 1993 sous les ordres de Christian Sarramagna. Martigues avait d'abord terminé 18e et préservé sa place dans l'élite grâce à la relégation forcée de l'OM puis obtenu une 11e place la saison précédente, grâce à l'apport de nombreux anciens Verts (Chaintreuil, Tholot, Bouquet...). Revenu en D2, le FCM surnagera quelques saisons avant de couler pour de bon en 2003. Il ne retrouvera le monde professionnel qu'en 2024.

- Lancé par Maxime Bossis lors du derby retour, Willy Sagnol jouera ensuite l’intégralité des matchs jusqu’à la fin de la saison, avant d’enchainer 36 matchs la saison suivante. Il rejoindra ensuite l’AS Monaco où il sera champion de France en 2000 puis le Bayern de Munich, devenant un des piliers de l’équipe allemande et remportant 5 titres de champion d’Allemagne et une ligue des champions. Il compte en outre 58 sélections en équipe de France dont 44 en tant que titulaire, notamment en finale de la Coupe du Monde 2006.


C'était le 9e et dernier but de Liazid Sandjak en Vert

- Suspendu lors de ce match, le défenseur Salem Harchèche rejoindra justement l'effectif du FC Martigues à l'issue de la saison. En revanche, le Frédéric Mendy qui évolue sous les couleurs martégales n'est pas du tout le même que le jeune Frédéric Mendy formé au club qui inscrira le but de la remontée en L1 en 2004.

- Pour de nombreux joueurs, ce match est leur dernier à Geoffroy-Guichard sous le maillot vert. Mais si on ne reverra plus Séchet, Sandjak ou Ohrel, Patrick Moreau (Nancy), Jean-Philippe Delpech (Beauvais) ou Flavio Cuca (Mulhouse) reviendront à Saint-Étienne dans la peau de futur adversaire des Verts. 

- Ce match est l’occasion de voir s’affronter deux entraîneurs ayant porté la mythique tunique verte dans les belles années même s’ils n’ont finalement jamais joué ensemble: Patrick Parizon, double champion de France et 1968 et 1970, avait quitté le club en 1973 tandis que Dominique Bathenay intégrait l’effectif professionnel la même année. Stéphanois durant 5 saisons, Babatte y fut notamment triple champion de France.

- Le soir même de cette funeste défaite, la pelouse de Geoffroy-Guichard est arrachée par les jardiniers du stade en vue des travaux de rénovation prévus pour le Mondial 98.
Comme un air de fin du monde...