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Quatre ans après sa dernière participation à une finale de Coupe de France, l’ASSE renoue avec les honneurs du Parc des Princes et tente de réussir un cinquième doublé coupe-championnat...


La feuille de match
Samedi 13 juin 1981 - Coupe de France - Parc des Princes
Finale: Bastia 2-1 ASSE
Spectateurs: 46.155 - Arbitre: M. Georges Konrath

Buteurs: Marcialis (50e) et Milla (58e) pour Bastia, Santini (72e sp) pour l'ASSE

Bastia: Hiard - Cazes, Orlanducci, Lacuesta, Marchioni - Desvignes, Fiard, Henry - Marcialis, Milla, Ihily. Entraîneur: Antoine Redin
ASSE: Castaneda - Battiston, Gardon (Primard 18e), Lopez, Janvion – Santini, Elie, Platini – Zimako, Roussey (Paganelli 86e), Rep. Entraîneur: Robert Herbin

Le contexte du match
Alors que la saison 1980-1981 arrive à son terme, l’heure des bilans approche…
Sur le plan sportif, les résultats de l’ASSE sont remarquables: les Verts ont décroché lors de l’ultime journée de championnat leur 10e titre de champion de France, et ont réalisé un joli parcours en Coupe de France. Par contre, c’est en coulisses que la situation s’est considérablement dégradée et les critiques réciproques entre Rocher et Herbin commencent même à devenir publiques.

Quoi qu’il en soit, après avoir écarté Saint-Dié en 32e, puis successivement éliminé Valence, Nancy, Montpellier et Strasbourg en matches aller-retour, les Verts se retrouvent en finale de la Coupe de France face à Bastia. Malgré une saison longue et éprouvante, et bien que diminuée par l’absence de Larios, récemment opéré d’une pubalgie, l’ASSE paraît suffisamment armée pour réussir un nouveau doublé et part favorite de cette rencontre.


Les 11 Stéphanois du jour pour décrocher la 7e Coupe

Les faits du match 
Après la traditionnelle cérémonie protocolaire, qui offre à Roger Rocher l’occasion de présenter ses joueurs à François Mitterrand, le tout nouveau président de la République, le match débute avec une grosse domination bastiaise. Beaucoup plus déterminés, les Corses prennent ainsi rapidement l’ascendant dans le jeu sur une équipe stéphanoise étrangement prudente.

Le premier événement du match survient au bout de 20 minutes de jeu: Bernard Gardon doit quitter le terrain. Le stoppeur stéphanois souffre d’une entorse du genou, suite à un contre malchanceux sur une puissante frappe de Fiard. Contraint de changer son schéma tactique, Herbin fait rentrer le jeune Primard au poste d’arrière gauche, Janvion repassant dans l’axe.


La lutte est âpre sur le terrain à l'image du duel Rep-Fiard

Les occasions continuent alors de se succéder pour des Bastiais toujours aussi enthousiastes: une frappe de Cazes heurte la transversale tandis qu’une tête de Milla oblige Castaneda à se détendre.
Aussi, les Stéphanois peuvent s’estimer heureux d’atteindre la mi-temps sur le score de 0-0, tant la différence de comportement entre les deux équipes est flagrante. Le maire de Saint-Etienne, Joseph Sanguedolce, déclarera même: "Saint-Étienne jouait un match de championnat, Bastia une finale de coupe".


Le meneur de jeu Michel Platini n'est pas au top de sa forme.
Il quittera le terrain en larmes

C’est donc logiquement que Bastia prend l’avantage au retour des vestiaires, grâce à une superbe percée de Marcialis conclue par un tir croisé. Submergés, les Verts ne semblent pas avoir les ressources pour réagir et, toujours sans surprise, Bastia double rapidement la marque grâce à Roger Milla. Après avoir contrôlé en pleine course une longue ouverture d’Orlanducci depuis la ligne médiane, le Camerounais accélère, dribble Jean Castaneda et évite le retour de Janvion avant de marquer tranquillement dans le but vide.


Roger Milla crucifie Castaneda et double la mise à l'heure de jeu

A 30 minutes de la fin du match, tout le monde s’attend alors à une victoire facile des Bastiais, mais c’est sans compter sur une réaction d’orgueil du nouveau champion de France: après deux belles occasions pour Roussey et Elie, Zimako s’enfonce dans la défense adverse et, stoppé irrégulièrement par Cazes, obtient un penalty. Santini se charge alors de le transformer, Hiard ne pouvant qu’effleurer son tir.


Jacques Santini réduit la marque malgré le plongeon précoce de Hiard

Hélas, cette réaction stéphanoise s’avère trop tardive. Au coup de sifflet final, les joueurs bastiais peuvent laisser exploser leur joie avant de brandir la coupe et d’entamer leur tour d’honneur, après cette victoire méritée. Les Verts viennent de laisser échapper leur 5e doublé...

Le Saviez-vous ?
- C'est à l'époque la 3e finale de Coupe de France perdue par l'ASSE qui restait pourtant sur 6 victoires consécutives ! Les précedentes défaites en finale dataient de 1941 (face à Toulouse 0-1 en finale de la zone libre) et 1960 (face à Monaco 2-4). La 4e aura lieu à peine un an plus tard face au PSG (2-2, défaite aux tirs au but), la 5e en 2020 (encore face au PSG, 1-0)

- Malgré quelques finales nationales et européenne, cette Coupe de France est l'unique trophée majeur jamais remporté par le SC Bastia. L’entraîneur corse Antoine Redin avait d'ailleurs déjà remporté la Coupe de France avec Nancy en 1978, avec dans son équipe un certain Michel Platini. En revanche, il ne disposait pas de Claude Papi pour jouer cette finale, le meneur de jeu corse étant forfait sur blessure.


Roger Milla soulève la Coupe sous les yeux de Marcialis.
De faux Verts... (photo l'Équipe)

- Ce match perdu voit la 324e et dernière apparition de Jacques Santini sous le maillot Vert. En marquant son 50e but pour l'ASSE le milieu stéphanois part sur une note positive avant de passer les deux dernières années de sa carrière à Montpellier. Il reviendra à Saint-Étienne en 1992 pour coacher l'ASSE durant deux saisons.

- Pas moins de huit joueurs stéphanois portent le maillot de l’équipe de France lors de cette saison 1980-81: Battiston, Larios, Platini, Zimako, Roussey, Castaneda, Janvion et Lopez. Côté bastiais, le gardien Hiard honorera sa seule sélection cette année-là également.

- Parmi les joueurs de cette finale, deux Bastiais avaient déjà évolué Saint-Étienne au cours de leur carrière: Jean-Louis Cazes (1974-75) et Félix Lacuesta (1974-77). Roger Milla par contre y jouera plus tard (1984-86). A l'inverse, trois Stéphanois, Johnny Rep (1977-79), Jacques Zimako (1972-77) et Jean-François Larios (1977-78), venaient justement de Bastia

Sources
Le livre d'or du football 1981
(Charles Bietry)
ASSE, Histoire d'une légende (Frédéric Parmentier)
On m'appelle le Sphinx (Robert Herbin)
Blog Up and Down