L'épopée d'un supporter des Verts (2)
20/04/2025
Prof d'espagnol au Puy-en-Velay et auteur de L'Epopée d'un supporter des Verts (paru aux éditions du Joyeux Pendus), Eric Chouvier se confie dans la dernière édition du quotidien Ouest-France. Extraits.
Les Verts, c'est dans la joie comme dans la peine, dans la richesse et dans la pauvreté, pour le meilleur et pour le pire. C’est un peu comme Obélix. Quand j’ai découvert Geoffroy-Guichard, à l’âge de 10 ans, je suis tombé dans un chaudron magique. Ça a changé le cours de ma vie. C’est l’amour foot. La passion va bien au-delà de la raison quand ça concerne l’ASSE. Je n’ai pas raté un match depuis 1994. Amicaux comme officiels, à domicile comme à l’extérieur. Même pendant le Covid, je faisais la route du Puy-en-Velay jusqu’à Geoffroy-Guichard et je restais devant le stade à écouter France Bleu Saint-Étienne Loire. J’avais même trouvé un endroit où je pouvais avoir un œil sur un des buts.
Personne dans ma famille ou mon entourage ne suivait le football en particulier. Mais aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu un ballon avec moi, et j’ai toujours adoré l’ASSE, qui était à l’époque au crépuscule de sa gloire mais où jouait encore Michel Platini. J’ai commencé à faire les déplacements, d’abord en championnat. Puis l’équipe s’est mise à jouer régulièrement la coupe d’Europe entre le milieu des années 2000 et la fin des années 2010, donc j’ai fait tous les déplacements européens à l’extérieur.
Il n’y a qu’une seule fois où j’ai fait un déplacement en compagnie d’un groupe, c’était pour ma sécurité quand on a joué à Lviv, en Ukraine, contre Oleksandria. C’était très dangereux parce que c’était la guerre. Il fallait même déclarer sa présence au gouvernement français en tant que ressortissant en transit sur le territoire ukrainien, se souvient Éric. Sinon, dès le départ, j’ai tenu à conserver mon indépendance pour faire mes déplacements de mon côté, ce qui me permet de visiter les lieux où l’ASSE joue. Ce qui n’est pas le cas pour les ultras, qui font l’aller-retour pour le match.
Pour le match des Verts en Moldavie contre Milsami Orhei, je devais prendre un bus de Lyon vers Iasi, au nord de la Roumanie, sauf que le bus avait été volé dans la nuit. C’est donc un bus de substitution qui est venu nous chercher à Lyon pour nous emmener en Suisse, avant un trajet de trente heures de car jusqu’à Bucarest. Et comme la compagnie de bus était responsable du changement d’itinéraire, elle avait mis à ma disposition un taxi qui m’avait emmené de nuit jusqu’à Iasi, cinq heures plus au nord.
Une fois arrivé à Iasi, je n'avais aucun moyen d’aller à Chisinau, la ville moldave où les Verts devaient jouer ce match. C’est alors qu’un Roumain me tape sur l’épaule et propose de m’y conduire. C’est mon seul moyen d’y aller donc je l’ai suivi, mais je n’étais pas très rassuré, d’autant plus que le coffre de la voiture est rempli de bouteilles d’alcool et de paquets de cigarettes. J’avais peur d’être mêlé à un trafic de contrebande. En plus, je me sentais épié, les autres passagers de la voiture discutaient entre eux. Je me suis dit, si le véhicule s’arrête en campagne, je vais me faire dépouiller.
Arrivé à Chisinau, Christophe Galtier a fait arrêter le bus de l’équipe et m’a fait monter à l’intérieur, avant de me laisser assister à la séance d’entraînement et de me donner une invitation pour le match le lendemain, puis de me raccompagner à mon hôtel. Il m’a pris sous son aile et il a fait la même chose pour moi en Grèce, en Israël et en Azerbaïdjan. Une belle récompense pour un trajet très mouvementé avec 50 heures à l’aller et 53 heures au retour, parce que mon bus est tombé en panne à Mulhouse.
À l’époque, les joueurs étaient beaucoup plus proches des supporters. Maintenant, l’Étrat est devenu une sorte de bunker. Je n’ai pas connu la bonne époque, malheureusement, puisque je fais partie d’une génération qui a connu des saisons galères. Mais on est toujours là, et il faut maintenir le lien entre le public et son équipe. Je trouve que le club a profité de l’effet Covid pour se couper du public, une grosse erreur à mon sens.
J’ai rencontré Lubo au cours d’un été où j’étais parti visiter la Slovaquie. L’idée, c’était simplement de découvrir le pays d’où il était originaire. Je suis arrivé à Nitra, sa ville natale, avec l’idée de dénicher quelque chose sur lui, une photo, un poster ou encore un maillot. Dès l’ouverture d'un magasin, je me suis précipité vers le maillot que j'ai repéré. J’ai discuté avec le vendeur, lui expliquant que je venais de France exprès pour voir Lubo. C’est là qu’il a sorti son téléphone et composé son numéro de téléphone avant de me le passer. Il m’a convié à la terrasse d’un bar où on a parlé de sa carrière pendant deux heures. Il était sidéré du fait que j’avais traversé l’Europe pour le voir. Au final, il m’a fait visiter la ville sur son scooter. Deux ou trois semaines plus tard, il m’a envoyé un maillot après un match de charité et c’est comme cela qu’on est devenu amis. Je le verrai d’ailleurs dimanche au derby.
En plus des matches, je fais aussi le tour de la France à la rencontre des anciens Verts. Il y a un contact qui se crée et c’est même moi qui les mets en relation les uns avec les autres. J’adore, ce sont mes idoles. Ils ont porté le maillot vert, c’est sacré. Le prochain que j’espère aller voir, c’est Philippe Tibeuf, en Bretagne ! Mon livre, je l’ai sorti pour mes 50 ans d’amour avec les Verts. Je parlais de noces d’or, et c’est ça, avec l’ASSE. C’est un choix qu’il faut assumer dans la vie personnelle et professionnelle. Je ne fais pas partie d’une génération qui a connu les belles années de l’ASSE. C’est aussi pour ça que j’ai voulu écrire un livre qui rend hommage à ces supporters qui, comme moi, veillent à ce que la flamme verte ne s’éteigne jamais. C’est une passion, difficile à comprendre, mais ce qui est sûr, c’est que ça ne changera pas."

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