Ses souvenirs stéphanois, son expérience à Tours, ses imminentes retrouvailles avec les Verts : le Nancéien Julien Cétout nous dit tout avant de retrouver son club formateur en Coupe de France dimanche après-midi dans le Chaudron.
Allo, Julien sait tout ?
Oui.
On va le vérifier. Sais-tu quel célèbre ancien joueur ayant quitté Nancy pour l'ASSE, assistera au match dimanche à l'invitation du maire de Sainté ?
Pape Diakhaté ? Yohan Mollo ?
Non, Michel Platini !
Ah, d'accord !
Sais-tu combien de titres il a gagné avec ces deux clubs ?
Hou, c'est vilain ça ! (rires) Je ne sais pas du tout. Une dizaine peut-être ?
Fouilla, non, seulement deux ! Une coupe de France avec Nancy en 1978 et le championnat avec Sainté en 1981. Quand on est joueur de Nancy, on se dit avec fierté que Platini a porté ce maillot ? Est-ce que ça le fait aussi pour Romarin Billong ?
Platini, oui, bien sûr. Cela reste quelque chose d'assez marquant et significatif du club. Beaucoup de choses, ici, le rappellent. Rien que le nom du centre de formation de l'ASNL est éloquent : le centre Michel Platini ! Quant à Romarin Billong… Heu, c'est qui ?
C'est un ancien joueur, qui lui aussi a joué avec Sainté et Nancy.
Ah oui, il n'est pas devenu arbitre ?
Son frère Silas arbitre. Mais Romarin lui s'est orienté dans la finance, on t'invite à lire l'éphéméride qu'on lui a consacré. Continuons le test. Peux-tu nous dire quels sont les trois joueurs actuels de l'ASSE qui ont porté le maillot de l'ASNL ?
Brison, Mollo et Moustapha.
Bien joué Julien, ce n'était pas si évident ! Tu as pas mal évolué avec ce dernier en équipe réserve. Tu avais notamment été associé avec lui au milieu de terrain lors d'un derby remporté grâce à Ignacio Piatti. Quel souvenir gardes-tu de Mouss et que penses-tu du niveau qu'il a atteint ?
C'est l'un des tout meilleurs défenseurs de L1. J'ai eu la chance de le voir débuter. Il est remarquable de voir qu'il a évolué à ce point-là mais ce n'est pas plus étonnant que ça. Moustapha est un bosseur, il disposait d'une grande volonté, on se doutait qu'il allait atteindre ce niveau. J'ai un souvenir marquant, celui du jour de son arrivée, où il m'a dit « ça va ?». Je me suis dit : « c'est pas possible ! » C'était déjà un colosse ! (rires)
En juillet 2006, Ivan Hasek t'a fait jouer, au côté de Vincent Hognon, la seconde mi-temps d'un match amical remporté 5-2. Te souviens-tu contre qui c'était ?
Je me souviens de ce match, c'était contre équipe étrangère, mais laquelle… J'ai oublié !
Il s'agissait du Legia Varsovie. A propos de Vincent Hognon, on connaît bien le joueur, mais pas l'entraîneur-adjoint. Que peux-tu nous en dire ?
Il est d'une grande rigueur et se caractérise par un fort esprit de discipline. Vincent Hognon est méticuleux, perfectionniste. Il était un des tout meilleurs à son poste. Naturellement c'est lui qui conseille les joueurs défensifs. Il est à cheval sur pas mal de petites choses, mais c'est comme ça qu'on arrive à avoir des résultats. C'est un bon futur coach. Il a largement le potentiel pour.
Garde-t-il ses distances avec les joueurs ou en est-il proche, comme peut l'être Galtier ?
Vincent Hognon arrive à dissocier le travail et le reste. Je n'ai pas eu Christophe Galtier comme entraîneur mais je connais des joueurs qui l'ont eu et m'en ont un peu parlé. D'après ce qu'ils m'ont dit, je pense que Vincent Hognon n'a pas la même proximité mais il reste très ouvert et demeure un bon relais entre les joueurs et le coach. Il forme un bon binôme avec Pablo Correa, il lui arrive d'animer seul les séances. Il apprend aux côtés d'un entraîneur confirmé et expérimenté.
Tu as déjà joué à Geoffroy-Guichard, avec l'équipe réserve, en mars 2007, à l'occasion d'un derby remporté par les vilains 2-1. Tu étais titulaire aux côtés de quatre joueurs devenus pros comme toi. Peux-tu les nommer ?
Il y avait Eric, Alex, Jess... Je sèche pour le dernier !
Il y avait bien Jessy Moulin dans les buts et Eric Bauthéac ailier gauche. Mais Alex Barthe n'a pas pris part à ce derby. Un indice pour trouver les deux autres : le premier joue en Corse, le second en Angleterre.
Yoann Andreu et Manu Rivière !
Bien joué ! Tu vas revenir dans le Chaudron dans un tout autre contexte ce dimanche. Que t'inspire ce stade ? Content d'y retourner ?
Ah oui carrément ! Comme vous l'avez relevé dans les potins, je suis un des seuls de l'ASNL à être content du lieu de la rencontre. Cela me rappelle plein de souvenirs, forcément ! Quand j'étais au centre de formation, j'allais voir tous les matches à Geoffroy-Guichard. Ma dernière saison à Sainté, on s'est régalé, c'était l'année de la qualification pour la Coupe d'Europe. Le public stéphanois reste le meilleur en France, n'importe quel joueur aimerait évoluer dans une telle ambiance ! Je n'ai pas eu la chance de jouer en match officiel avec les pros à Geoffroy-Guichard, je ne peux donc pas trop parler de ce que l'on ressent sur le terrain. Mais côté tribune, j'adorais !
Lors de ta dernière saison, Laurent Roussey t'avais mis sur le banc à GG pour un match amical en octobre 2007 contre une sélection africaine. Quelle était cette équipe ?
La sélection à Pascal, non ?
Oui, exact ! Avec Feindouno, la Guinée s'était imposée 2-1. Féfé, c'est le joueur qui t'a le plus marqué à l'ASSE ?
En terme de talent, oui, c'était le plus impressionnant. Le must. Puis, il y a eu Dimitri. Mais Pascal, c'était Pascal quoi. Quel talent ! Il changeait un match à lui tout seul. Ce joueur, c'était vraiment du top niveau. Faut pas oublier non plus Fred Piquionne, Mouhamadou Dabo, Bafé et tous les autres. Pascal était bien entouré, y'avait une sacrée équipe quand on y repense !
Julien, tu ne sais pas tout mais presque. On te laisse bosser le palmarès de Platoche et on revient maitenant avec toi sur les conditions de ton arrivée à Sainté en 2004.
Merci ! (rires) Damien Comolli, qui venait d'arriver à l'ASSE, m'avait supervisé pour Arsenal, où il travaillait avant et moi, je sortais de Clairefontaine, ça ne s'était pas fait avec Arsenal. Du coup, il m'avait fait une proposition, à mon agent et moi, qu'on a acceptée car il y avait pas mal de perspectives. Ma période stéphanoise avait super bien commencé, mais ma blessure au genou m'a fait prendre pas mal de retard. Cela s'est produit l'été 2005, au début de ma deuxième saison à Sainté. J'avais 17 ans et demi mais je m'entraînais déjà régulièrement avec le groupe pro dirigé par Elie Baup avec son adjoint Daniel Sanchez. Ils préparaient un match donc je suis redescendu avec la réserve et à un entraînement, sur un contact assez anodin avec Toto Losilla, ça a fait "clac". Je me suis fait les ligaments croisés du genou droit. Du coup, j'ai eu huit mois d'arrêt.
Cette blessure a contrarié ta progression, forcément…
Oui, cette blessure a changé pas mal de choses car si, cette année-là, ça se passait aussi bien que la première année, il y avait vraiment de belles perspectives qui s'offraient à moi. Je suis revenu, je n'ai pas retrouvé le niveau que j'avais avant, j'ai pris du temps à le retrouver. Après, il y a eu un changement de coach, Ivan Hasek a succédé à Elie Baup. Je suis parti en stage avec les pros. Ça s'est bien passé mais je n'avais toujours pas retrouvé le niveau que j'avais pu avoir. Ivan Hasek avait, et c'est normal, quelques petits doutes me concernant. Il me disait de continuer et qu'on allait voir ce qui se passerait. Mais lui aussi est parti. C'est Laurent Roussey qui est devenu entraîneur. En fin de saison, j'ai eu une conversation avec lui, il m'a dit que ma progression n'était pas encore assez importante pour pouvoir me faire signer pro.
Tu as senti le coup venir ?
Bien sûr. La blessure a entravé ma progression mais il n'y avait pas que ça. J'étais assez jeune, c'était assez compliqué. Je ne m'étais pas mis dans les meilleures dispositions pour pouvoir retrouver mon niveau plus rapidement. Du coup, ça a pris un peu de temps et je ne l'ai récupéré que quand je suis arrivé à Tours. Je reconnais que je n'ai pas mis tous les moyens pour décrocher mon contrat pro à Sainté. Sans ma blessure, ça serait peut-être passé, mais j'étais un peu jeune et un peu indiscipliné. Quand je suis revenu sur le terrain, j'ai pensé que ça allait être comme avant, que ça allait revenir assez rapidement. Mais ça a été un peu plus compliqué.
Même si ton expérience stéphanoise ne s'est pas achevée comme tu l'espérais, gardes-tu de bons souvenirs de tes quatre années sous le maillot vert ?
Bien sûr, carrément ! Bien sûr, j'ai des regrets, j'aurais voulu signer pro et jouer là-bas. Après, on ne sait jamais dans le foot, je n'ai que 26 ans, qui sait... En tout cas j''ai vécu de belles années à Sainté. J'y ai passé de super moments, notamment avec les coaches David Guion et Jean-Philippe Primard, mais aussi avec tous les joueurs que j'ai côtoyés. Aujourd'hui, bien sûr, il n'en reste plus beaucoup. Il y a Jessy et Mustapha. Loïc aussi, bien sûr. J'ai gardé des contacts avec Jess, je l'ai de temps en temps. J'ai également gardé contact avec Raphaël Lecomte, qui joue en Belgique. Avec Yo Benalouane, qui joue à Parme. Et récemment j'ai revu avec plaisir Hérita Ilunga lorsqu'on a affronté Créteil.
Non conservé par Sainté, tu n'as pas tardé à rebondir en signant pro à Tours.
Oui. Daniel Sanchez, que j'avais connu à Saint-Etienne quand il était l'adjoint d'Elie Baup, a fait la démarche de contacter mes conseillers quand il a appris que je n'avais pas signé. But ! ou un magazine de ce style avait annoncé que j'avais déjà signé alors que je n'avais pas encore signé, un mois et demi avant la fin. Il a pris la peine de contacter mes conseillers pour leur dire qu'il me voulait. C'est grâce à Daniel Sanchez que j'ai signé mon premier contrat pro. C'est lui qui m'a fait débuter, c'est lui qui m'a fait progresser. Mais déjà, à Sainté, on s'entendait assez bien. Je pense qu'il avait pu repérer mes qualités quand j'étais là-bas.
A Tours, tu as côtoyé Fousseni Diawara.
Ah, c'est mon pote, Fouss ! Il m'a appris beaucoup de choses. Je le connaissais un peu car il était proche de nous. A un moment donné, il ne jouait plus trop alors on a fait pas mal de matches ensemble avec la réserve à Sainté. Je le connaissais déjà assez bien mais à Tours, j'ai appris à le connaître encore mieux. C'est un mec génial, un mec en or. Il est gentil comme tout. Il est toujours en train de donner des conseils, un peu par ci, par là... Il est toujours aussi sympa et disponible qu'à l'époque où il jouait en vert.
A Tours, tu as aussi évolué sous les ordres d'un ancien milieu de terrain de l'ASSE : Olivier Pantaloni.
Ah bon, il est passé à Saint-Etienne ? Je l'ignorais ! Lui, c'est ma plus belle expérience de joueur à coach que j'ai pu avoir. A ce moment-là de ma carrière, c'est la personne qui me fallait vraiment. Si j'avais pu continuer avec lui, je l'aurais surement fait parce que c'est assez rare de trouver un coach avec qui on a les mêmes attentes, les mêmes conceptions du foot. Ça reste vraiment une bonne expérience. On est encore en contact, on s'envoie des messages de temps en temps. Il est parti au cours de la présente saison. C'est vrai que c'est assez compliqué, il y avait pas mal de choses bizarres qui se passaient à Tours. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais c'est quelqu'un d'assez droit et honnête, il respecte sa parole. A partir du moment où une tierce personne ne la respecte pas, il prend les décisions qu'il faut. En tout cas, c'est un super entraîneur qui a vraiment compté beaucoup pour moi.
T'avais quitté le club quelques mois avant lui. Pour quelles raisons ? T'en avais fait le tour ?
Oui, j'avais besoin de quelque chose de plus attrayant, avec des perspectives différentes. J'ai eu la chance de parler avec mon coach actuel, dans ce qu'on s'est dit, notamment sur les ambitions de l'équipe, on s'est bien entendu et il n'y a pas eu d'hésitation.
Selon France Football, l'ASSE avait gardé un œil sur toi lors du dernier mercato estival. As-tu vraiment eu des contacts avec Sainté ?
Faut voir avec mon agent. Il me tenait au courant très brièvement, moi je ne voulais savoir que le concret. Peut-être que l'ASSE s'est simplement renseignée sur moi. Je ne peux vous en dire plus !
Penses-tu avoir le niveau requis pour évoluer à l'ASSE ? Si ce n'est pas le cas, qu'est-ce qui te manque encore aujourd'hui ?
Pour tout vous dire, je ne sais pas. Dire oui serait se vanter, dire non serait se sous-estimer... Après, si je suis amené à être dans cette équipe, on verra ! Je pense que oui, quand même, sans me vanter ! (rires) Je me sens capable de pouvoir m'adapter et de me mettre au niveau. A 26 ans, je pense avoir encore pas mal d'années devant moi. J'ai l'ambition d'évoluer en Ligue 1 et de m'y imposer.
A Sainté, tu avais joué milieu défensif, avec Cyrille Noyer notamment, mais aussi en défense centrale, que ce soit avec Mouss' ou Yo Benalouane. Après, tu as évolué latéral droit. Est-ce à ce poste que tu te sens le plus à l'aise ?
Aujourd'hui, je joue au milieu. J'ai participé à quelques rencontres en latéral droit. Mais, c'est du dépannage. Ce rôle du milieu me convient le mieux. Je suis milieu à 90% et latéral à 10%. Pablo Corréa me fait plutôt jouer au poste de milieu défensif. Cela me plait, à cette position on allie le défensif à l'offensif, on est au cœur du jeu.
Tu évolues régulièrement sur du synthétique. Que penses-tu de cette surface pour défendre ? Ne préfères-tu pas évoluer sur une pelouse naturelle pour tacler ?
Ah si, carrément ! Après, je n'ai pas été pris en traître, je savais à quoi m'attendre en signant à Nancy! J'ai fini par m'y faire, mais c'est vrai que rien ne remplace une bonne pelouse !
Justement, dimanche, tu vas en fouler une. Au frais, va doucement, Cétout bon ! Il faudra y aller mollo, hein, et pas qu'avec Yohan ! Quel est le joueur que tu crains le plus, côté vert ?
Franchement, il n'y en a pas un que l'on ne craint pas ! On n'aborde pas cette rencontre avec un complexe d'infériorité mais on sait pertinemment que ce sont sont tous de bons joueurs. On se méfie de tout le monde mais on craint personne
Apprécies-tu un joueur en particulier à l'ASSE ?
Il y a mon ami Kévin Monnet-Paquet Nous avons été en sélection ensemble. J'aime bien Romain Hamouma et Fabien Lemoine, que j'ai eu l'occasion de côtoyer un tout petit peu.
Que penses-tu de la saison de l'ASSE ?
C'est pas mal ! Ils s'installent dans le top 5, ça devient vraiment une belle référence. Les Verts confirment cette année ce qu'ils ont réalisé les années précédentes. Ce n'est pas une surprise pour moi, connaissant un peu le club et les présidents. Je suis assez content pour eux, ça fait plaisir de voir les Verts jouer les premiers rôles.
Quel joueur nancéien est susceptible de mettre à mal la défense verte, réputée comme la meilleure de L1 ?
Notre attaquant Mana Dembélé ! Il marque beaucoup de buts.
Quelles sont ses qualités premières ?
Je ne vais pas tout vous dire ! (rires) C'est un bon finisseur, assez physique.
L'ASSE est un club qui compte pour toi ou pas plus qu'un autre ?
Je suis content de l'évolution positive de ce club depuis quelques années et il m'arrive de regarder certains matchs des Verts. Dès qu'ils affrontent Lyon, je les soutiens encore plus ! Le dernier derby, c'était extraordinaire ! J'ai crié toute la soirée. Cette victoire m'a fait vraiment plaisir, surtout pour les supporters après tellement d'attente. Enfin, c'était fait !
A ton avis, Nancy peut-il retrouver la L1 cette saison malgré ses sept points de retard sur le troisième (Brest) à la trêve ?
Il existe une chance, si on retrouve le niveau que l'on avait au début de saison. Parce que là, nous restons sur quatre défaites consécutives en championnat... C'est difficile d'expliquer cette mauvaise série. Quand on l'habitude de gagner, on trouve ça normal de l'emporter. Mais au final on est un peu retombé sur terre en cette fin d'année 2014, on n'est pas les meilleurs, loin de là. On a repris l'entraînement avec beaucoup d'envie pour aborder au mieux cette deuxième partie de saison, on espère que ça va aller beaucoup mieux.
Julien, on est d'accord, ta priorité c'est le championnat, hein ! La seule coupe qui t'intéresse est celle que tu vas soulever pour le nouvel an !
Je ne bois pas d'alcool. (Rires) C'est vrai que la grosse priorité est le championnat. Ce serait bien de monter pour le club, pour les joueurs, pour les supporters. Mais on ne va pas pour autant lâcher ce match contre Sainté ! Si on lève le pied, c'est qu'on n'est pas professionnel. Dimanche, la priorité, ce sera la coupe !
Quels sont tes vœux pour 2015 ? Si on te dit : une montée pour Nancy et la coupe de France pour Sainté, tu signes ?
Oui, je signe ! Et bonne santé à tout le monde.
Bonne santé et bon Sainté !
Merci à Julien pour sa disponibilité et à Naar et Friteuse77 pour la retranscription de l'entretien