Le match contre Guingamp a été similaire tactiquement, mais pas identique, à celui contre Rennes une semaine plus tôt - la nouvelle approche semble donner satisfaction au staff stéphanois.


Comme le changement tactique de la semaine dernière contre Rennes a été prometteur, même sans victoire au bout, le staff stéphanois a suivi la même approche tactique contre Guingamp. C'est-à-dire, un 4-3-3 avec un triangle à pointe basse (Selnaes) au milieu, deux ailiers (Hamouma et Corgnet) qui attaquaient seulement dans l'axe, laissant les couloirs pour des latéraux très offensifs (Maiga et Malcuit). Mais il y avait quand-même quelques différences par rapport au match de la semaine dernière, qu'on illustrera avec quelques exemples.

 
 

Moins se jeter pour ne pas s'exposer aux contres

 
Le style de jeu des adversaires entre en compte quand on choisit une approche tactique. Dans ce cas, Guingamp est une équipe de contre, qui se projette très vite vers l'avant et qui a deux avant-centres avaleurs d'espaces. Attaquer avec le trio offensif, le trio des milieux axiaux et les deux latéraux en même temps - situation déjà mise en évidence contre Rennes - aurait été un sacré risque. Alors le choix stéphanois a été de "sacrifier" un latéral, qui ne monte plus, laissant donc toujours au moins 3 défenseurs derrière. Si les deux latéraux ont pu alterner, c'est Maiga, à gauche, qui a été celui le plus offensif, en montant et en proposant beaucoup plus que Malcuit à droite. Pourquoi lui ? Pour une raison assez simple : il était moins à l'aise avec le rôle de défenseur, n'étant pas son poste habituel - s'il faut garder un des deux derrière, mieux vaut que ça soit celui avec plus d'expérience.
 
Si Hamouma et Corgnet jouaient dans l'axe, Maiga prenait le couloir gauche et Malcuit ne montait pas, alors on jouait sans excentré droit ? Parfois oui, parfois c'était Veretout qui s'y collait - cette image montre à elle toute seule le positionnement offensif des Verts :
 
 
On distingue bien le triangle pointe basse au milieu, mais avec Veretout très à droite, pas dans l'axe, la position très axiale du trio offensif et la montée de Maiga. Il faut aussi noter qu'il y a 9 adversaires sur l'image, un seul des deux avant-centres restait haut et l'autre venait aider ses milieux (il est à côté de Pajot) - ce détail aura son importance par la suite.
 
 
Bref, on attaque comme contre Rennes, mais avec un joueur de moins, Malcuit, de peur de se faire contrer. Est-ce que ça a marché ? Si on juge par le nombre des tirs stéphanois et des contres guingampais en 1MT, la réponse est clairement négative et la raison est que les adversaires du jour savaient vraiment profiter des espaces. A titre d'exemple, à la 13ème minute, un dégagement adverse est gagné de la tête par KTC et remis en arrière par Veretout à Selnaes :
 
 
On remarque de nouveau la position de nos joueurs, l'appel de Maiga dans son couloir, et les 9 Guingampais qui défendent. Selnaes trouve magistralement Hamouma entre les lignes, mais sa combinaison avec Corgnet échoue et le ballon est récupéré :
 
 
Le latéral droit adverse a le ballon et son milieu latéral est dans le dos de Maiga, monté trop haut comme prévu. On a une sentinelle, Selnaes, et comme le jeu est évidemment dans le couloir droit adverse, dans l'espace laissé par notre latéral, on peut s'attendre qu'il couvre cette zone. Au contraire, il court dans l'axe, vers notre but, ce qui est intelligent vue l'animation en contre :
 
 
C'est un des deux avant-centres adverses qui fait l'appel dans le couloir droit, attirant avec lui Perrin. Et comme l'autre reste dans l'axe, ça ouvre une porte entre nos deux centraux, dans laquelle s'engouffre le milieu latéral. Selnaes n'est pas assez rapide pour le suivre, mais on voit tout l’intérêt de garder Malcuit en défense : KTC glisse pour aller au duel contre le milieu et Malcuit prend l'avant-centre restant. On n'a pas pris de but sur ce genre de contre, mais il y a eu un sacré nombre en 1MT, tous très similaires, avec des appels dans le dos de Maiga, souvent en attirant Perrin et donc créant des espaces dans l'axe.
 
 

Profiter des espaces laissés par l'adversaire

 
Après la pause, les Verts ont commencé à être plus patients, en jouant plus bas et en prenant moins de risques et le nombre des contres a naturellement diminué. L'ouverture du score après un quart d'heure a complètement changé la donne, c'était à Guingamp d'attaquer et de s'exposer aux contres stéphanois. Mais sans parler des contres, même sur les attaques placées il y a eu un léger changement par rapport à la 1MT.
 
Pour mieux illustrer, deux exemples, un négatif et un positif. A la 56ème, le ballon est récupéré par les Verts dans leur moitié du terrain et ils vont vite vers l'avant :
 
 
On ne peut pas parler d'un contre, la défense est largement en place, même les milieux y sont, mais le ballon est vite remonté et Pajot se trouve au centre du terrain avec plusieurs options devant lui :
 
 
Beric entre les défenseurs centraux, Hamouma et Corgnet à leur place, dans l'axe entre les lignes, Veretout en tant que 8 et Malcuit qui prend son couloir (Maiga étant resté derrière). Est-ce que Pajot décide d'ouvrir sur le côté abandonné par le milieu latéral adverse ? Ou bien de jouer entre les lignes pour Veretout, derrière ce milieu ? Voire de chercher un des deux faux ailiers dans l'axe, même s'ils sont couverts par la paire des milieux axiaux adverses ? Malheureusement la bonne réponse est la dernière et le ballon est facilement récupéré par Guingamp. Cet exemple illustre parfaitement le point faible des attaques stéphanoises dans ce match. En s'obstinant à jouer dans les petits périmètres et pas dans les espaces laissés libres, les Verts ont vraiment eu du mal à se créer des opportunités. Par la présence des deux leaders techniques Hamouma et Corgnet dans l'axe, le jeu était naturellement attiré vers eux. Et vu qu'on n'étirait pas le bloc des deux côtés, c'était difficile d'y parvenir.
 
 
L'ouverture du score a créé plus d'espace dans le bloc adverse, qui a aussi été déstabilisé par un changement juste après le but de Pajot. Mais surtout, on a su s'adapter et profiter des espaces laissés. L'exemple positif commence à la 78ème avec une relance de Ruffier pour Perrin, qui prolonge sur le côté gauche à Maiga, qui remet dans l'axe à Selnaes :
 
 
Du classique... mais tout est sur cette image. On joue avec trois milieux axiaux contre deux, on a la supériorité numérique au centre du terrain. Si les deux avant-centres adverses ne pressent pas Selnaes, leur coéquipiers dans l'axe prennent l'eau. Et le changement guingampais à la 64ème a introduit un nouvel avant-centre, replaçant un ancien vilain en milieu gauche - lui il défendait beaucoup en 1MT, aidant son bloc, le nouveau ne l'a pas fait. Le résultat ? Un des milieux axiaux adverse est pris entre Selnaes et Saivet :
 
 
L'autre milieu surveille Veretout, mais maintenant Saivet n'a pas d'opposition devant lui pour avancer. Une solution pourrait être le défenseur central, qui hésite à monter sur lui... il n'y a personne d'autre pour le prendre, mais ça signifie que Beric est laissé en un-contre-un derrière. Et le pire pour Guingamp, c'est que Corgnet se place intelligemment sur le côté, pas dans l'axe comme d'habitude, attirant le latéral sur lui.
 
 
Saivet a donc du champ libre devant lui et il monte avec le ballon. Le central hésite toujours et comme le latéral doit rester sur le côté, Beric fait l'appel qu'il faut dans le dos du central... attirant l'autre central avec lui. L'autre milieu axial abandonne Veretout pour couper la course de Saivet et maintenant deux options s'offrent à notre relayeur :
 
 
Deux espaces créés, un à droite, pris par Veretout, un dans l'axe entre le central qui a suivit Beric et le latéral, pris par Hamouma. Saivet choisit la deuxième option et lance parfaitement Hamouma, qui rate malheureusement son face-à-face avec le goal adverse. En étirant le bloc adverse sur la largeur et en profitant de la supériorité numérique dans l'axe, des espaces se sont créés et les appels intelligents dans ces espaces ont fait le reste d'une action collective rondement menée.
 
 
 

Conclusions

 
Cette "nouvelle" approche tactique des Verts a bien marché contre les Bretons (même si contre Rennes le score a été nul), mais on ne peut plus compter sur l'effet surprise par la suite. Le prochain adversaire, Bordeaux, possède un milieu à trois expérimenté et un trio offensif très remuant et dangereux. Comme on a pu le voir contre Guingamp, il n'est pas facile de déstabiliser l'adversaire en prenant des précautions défensives et même en le faisant on peut subir les contres adverses. La clé du match suivant sera probablement de trouver l'équilibre nécessaire pour se créer des occasions sans trop se découvrir. Mais cette tactique est prometteuse, elle s'appuie sur des points forts de nos joueurs actuels et il faut en continuer dans cette direction au moins contre Bordeaux, même si ça payera pas. Parce que lors des prochains deux matchs (Paris et Monaco), on subira, on n'aura pas la possession et elle sera beaucoup plus difficile à peaufiner.
 
 
 

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