Nouvel entraîneur de Bourgoin-Jallieu (N3), Jérémy Clément rend hommage à son ami Loïc Perrin, qui fête ce vendredi ses 35 ans.


Jérémy, es-tu fier d’avoir fait partie des disciples de celui qu’on a surnommé Dieu sur P2 ?

Ah, c’est vous qui l’avez surnommé Dieu ? (rires) Je suis très heureux d’avoir été l’un de ses disciples. Je l’ai connu bien avant nos six années communes sous le maillot vert. On a joué l’un contre l’autre quand il était jeune. On est peu ou prou de la même génération, j’ai un an de plus que lui. On a le même agent, David Venditelli. J’ai eu de la chance de jouer à ses côtés. C’est forcément kiffant d’évoluer avec un joueur comme ça. C’était un partenaire très agréable et c’est devenu un ami.

Quelle image avais-tu de Loïc avant de signer à Sainté ?

J’avais déjà l’image d’un joueur fidèle à son club formateur. J’ai rejoint l’ASSE en 2011, cela faisait déjà sept ou huit ans que Loïc jouait en équipe première et près de quinze ans qu’il était au club, t’imagines ! J’avais aussi l’image d’un joueur très polyvalent. Loïc pouvait jouer arrière droit, central, milieu défensif, ailier droit. Je pense que si on l’avait mis attaquant il aurait été bon et si ça se trouve il aurait même brillé dans les cages ! (rires)

Loïc était endurant, il courait vite, il avait un bon timing, un bon jeu de tête, une bonne relance, une bonne qualité de passe, une bonne lecture du jeu, un sens du placement et de l’anticipation… Franchement, si on fait l’addition de ses qualités, c’est impressionnant ! Dans ma carrière, j’ai rarement vu un joueur aussi complet. Il n’y a que le dribble qu’il ne savait pas trop faire. Mais pour le reste… Vraiment, Loïc était un super joueur.

Loïc t’a bien accueilli malgré ton vilain passé ?

Ah oui, c’est vrai que vous avez surnommé les Lyonnais les vilains ! (Rires) Loïc m’a bien accueilli mais m’a pas mal chambré aussi en tant qu’ancien joueur de l’OL. On avait joué l’un contre l’autre pas mal de derbys en jeunes car je suis arrivé au centre de formation de l’OL dès 1997, l’année où Loïc est arrivé à l’ASSE. Loïc m’a aidé à vite prendre mes marques à Sainté, on a créé des liens plus forts en tant que coéquipiers. Il a facilité mon intégration.

Loïc t’a fait découvrir la région stéphanoise ?

En fait je connaissais déjà Sainté et ses alentours avant de signer à l’ASSE. J’ai grandi à Rives dans l’Isère. Bon, ce n’est pas Rive-de-Gier (rires) mais je connaissais déjà un peu la Loire, j’avais déjà eu l’occasion d’aller dans la région de Saint-Etienne avant de jouer pour les Verts. Mes années à Sainté, il y avait un super groupe, on s’entendait bien sur le terrain comme en dehors, on se retrouvait beaucoup chez les uns chez les autres. Et il nous arrivait aussi de sortir à la pizzeria La Grotte.

Comment était Loïc en tant que capitaine ?

Loïc n’était pas quelqu’un qui parlait beaucoup mais il avait un charisme, il dégageait quelque chose de fort. Je ne sais pas ce que les autres en pensent mais en ce qui me concerne, j’étais rassuré quand j’étais sur le terrain avec Loïc. Quand on a Loïc à ses côtés, on se sent plus fort, plus serein. Loïc était rassurant et en plus c’est quelqu’un qui pouvait marquer des buts. L’équipe avec ou sans Loïc n’était pas pareille. Moi j’étais plus en confiance quand il était là.

Vous faisiez partie tous les deux de la team tarot.

Bien sûr ! Mais pour le coup ce n’est pas Loïc l’instigateur, c’est moi. Si j’ai laissé une petite trace à Sainté – je pense que maintenant ça n’existe plus, ça ne doit pas trop parler à la nouvelle génération - c’est les parties de tarot. On était beaucoup à jouer. Loïc se débrouillait pas mal, mais le meilleur à ce jeu, en toute humilité, c’était moi (rires). Tu peux demander à JP Mignot et Fab Lemoine par exemple… Je leur ai pris un peu d’oseille ! (rires) Au départ je les ai plumés mais après ils ont progressé quand même !

Ces moments de convivialité étaient symptomatiques de l’ambiance qui régnait à l’époque dans l’équipe.

Tout à fait. On dit souvent "le groupe vit bien" mais là ce n’était pas qu’une formule, je n’ai jamais connu une ambiance aussi bonne dans toute ma carrière de footballeur. Personnellement cette belle aventure stéphanoise est arrivée à une période de ma vie où j’étais plus mature, où je me rendais plus compte des choses. On avait un groupe, que ce soit les joueurs ou le staff, où on entretenait des relations extraordinaires. C’était top ! On était content de se voir tout le temps. On avait constamment des fous rires, on respirait la joie de vivre, on avait des moments de partage inoubliables. Ce n’est que positif pour après avoir des résultats !

Loïc est plus qu’un simple pote à tes yeux ?

Oui, Loïc est devenu un ami proche. Je pense qu’on a la même mentalité, le même état d’esprit. On a un peu la même philosophie de vie. Il était bien sûr à mon mariage il y a cinq ans. Avec Loïc, on a créé des liens. Pour te faire une petite confidence, on lui a fait une petite surprise le lendemain de son dernier match en finale de Coupe de France. Il y avait sa famille et des très proches. Bien sûr je n’aurais pas raté l’occasion de marquer le coup après cet épisode un peu triste au Stade de France. Je tiends d'ailleurs à dire que sa sortie prématurée en finale n’enlève rien à sa longue et riche carrière. Loïc reste un joueur exemplaire qui incarne toutes les vraies valeurs du football.

A ce propos, je ne te cache pas que ça m’a vraiment contrarié qu’on lui soit tombé dessus pour son tacle sur Mbappé. Je n’aime pas parler de moi mais j’ai eu une grave blessure et jamais je n’en ai voulu à Valentin Eysseric. Ça m’agace que beaucoup de personnes se soient permis de critiquer Loïc pour son geste malheureux sur Kylian. Les personnes qui connaissent vraiment Loïc savent très bien que son geste n’était pas intentionnel et qu’il fait partie du jeu. Kylian est d’ailleurs le premier à le reconnaître. Je trouve ça injuste qu’on tombe sur Loïc un peu facilement. Tous les week-ends il y a des joueurs qui se blessent. Je sais l’importance qu’a Kylian mais il faut remettre le football dans son contexte.

Je suppose que Loïc a été l’un des premiers à te soutenir après ta grave blessure à la cheville.

Tu supposes bien ! (rires) Loïc fait partie des joueurs sur lesquels on peut compter. Loïc, au-delà d’un capitaine, c’est quelqu’un qui agissait pour le groupe, qui parlait pour le groupe. Il était dans le partage et tourné vers les autres. Loïc est attentionné et généreux. Je me souviens qu’il est venu dès le lendemain de mon opération avec sa femme et mes parents. Il m’avait apporté une belle bouteille de vin. C’était sympa. Loïc est un passionné de vins, c’est un vrai connaisseur et il a une belle cave. Le grand public le connaît comme étant quelqu’un de réservé, mais Loïc est aussi un bon vivant, un déconneur. Il est de très bonne compagnie, c’est quelqu’un de très agréable. Loïc est une personne intelligente et intéressante.

Loïc est bourré de qualités, tu l’as rappelé, mais a-t-il un petit défaut ?

Il a eu des cheveux blancs dès vingt ans. C’est quand même emmerdant, nan ? (rires)

Ouais mais Papy Lemoine en a eu bien avant lui alors qu'il a presque deux ans de moins !

C'est pas faux ! (rires)

Quand Loïc sera président de l’ASSE, tu seras son entraîneur ?

(Rires) Forcément que j’espère un jour retravailler à ses côtés. Entraîner un club qu’il préside, je ne dirais pas non, c’est envisageable ! (rires) En tout cas je ne me fais pas trop de soucis quant à la reconversion de Loïc. Il faut lui laisser le temps d’apprendre et de voir ce qui l’intéresse, je suis convaincu qu’il peut encore apporter beaucoup à l’ASSE.

 

Merci à Jérémy pour sa disponibilité