tartifle74 a écrit : ↑10 avr. 2025, 09:10
Peut-être se renseigner auprès des Ligues Anglaise, Allemande, Espagnole, Italienne... pourquoi leurs modèles économiques fonctionnent chez eux alors que le notre est en souffrance ?
Chez nos voisins Européens, les joueurs pros sont-ils payé au smic ? je ne pense pas.. le problème est ailleurs.
Je lis souvent ce genre de messages : “Regardons l’Allemagne, l’Angleterre, l’Espagne… leur modèle fonctionne, pourquoi pas nous ?”
Mais est-ce qu’on regarde vraiment ce qu’il y a derrière ces modèles ? Parce qu’en réalité, la situation est bien plus complexe que juste “eux réussissent, nous non”.
Prenons l’Espagne.
Tu parles d’un modèle qui fonctionne ?
Le Barça a été à deux doigts de la faillite, avec plus d’un milliard de dettes. Valence est en crise chronique. Même le Real Madrid, malgré sa puissance, a dû faire très attention à sa gestion ces dernières années. Le modèle espagnol repose sur des clubs qui vivent très au-dessus de leurs moyens, souvent sous perfusion de droits TV déséquilibrés (bonjour les 50% pour les deux géants), et d’investisseurs étrangers ou de montages douteux. Si c’est ça un modèle qui “fonctionne”, je suis pas sûr qu’on veuille le même.
L’Italie ?
Même combat. Beaucoup de clubs vivent sous l’eau financièrement. L’Inter Milan a changé plusieurs fois de propriétaire, et le modèle repose sur des dettes restructurées et une exposition importante à des fonds étrangers qui misent sur le foot comme un produit spéculatif. Les stades ? Vides ou vétustes pour la plupart. Le modèle économique n’est pas si sain qu’on veut le croire.
L’Allemagne est un cas à part, avec sa règle du 50+1 qui empêche les clubs d’être vendus n’importe comment. C’est un modèle plus vertueux, mais il a ses limites aussi : la Bundesliga perd ses talents chaque année au profit de la Premier League.
Et justement, parlons de l’Angleterre : la Premier League, c’est un OVNI. C’est l’équivalent de la NBA du foot. Une ligue surfinancée, avec des droits TV délirants, une marque mondiale, et des investisseurs prêts à brûler des centaines de millions sans attendre de retour immédiat. On ne peut pas copier ce modèle. C’est hors d’atteinte pour n’importe quel autre pays.
Alors pourquoi ça ne va pas en France ?
Parce qu’on est entre deux mondes.
On n’a ni la puissance économique de l’Angleterre,
Ni la structuration vertueuse de l’Allemagne,
Ni la capacité à prendre des risques fous comme en Espagne ou en Italie.
Ajoute à ça :
Des clubs qui n’ont pas leurs stades (donc peu de recettes les jours de match),
Un manque d’investissements dans les infrastructures,
Une fiscalité plus lourde qu’ailleurs,
Une Ligue incapable de valoriser correctement ses droits TV (le fiasco Mediapro reste un traumatisme),
Une culture où on vend nos meilleurs jeunes à 20 ans pour survivre au lieu de construire des équipes.
Et enfin… un manque de vision globale.
Donc oui, les joueurs ne sont pas payés au SMIC, et non, ce n’est pas une question de salaires.
Le vrai souci, c’est qu’on a un modèle fragile, coincé entre ambition et réalité, sans stratégie claire pour l’avenir. On navigue à vue depuis trop longtemps.
Vouloir “faire comme les autres”, c’est une belle idée.
Mais encore faut-il comprendre ce que “les autres” font vraiment — et surtout ce que ça leur coûte.