Circonstances exceptionnelles je mets l'article complet du Parisien.
Rachat de l’AS Saint-Étienne : échanges Caïazzo-Romeyer, match NBA, jet privé… Les secrets de la vente des Verts
L’AS Saint-Étienne devrait être enfin cédée au groupe canadien Kilmer. Ce dernier, porté par l’ancien patron de l’AC Milan, a promis de ne rien révolutionner à la tête du club.
C’était un serpent de mer, ou plutôt le monstre du Loch Ness. Beaucoup de gens en parlaient, mais personne ne la voyait arriver. On parle de la vente de l’AS Saint-Étienne. Depuis plusieurs années, le duo de dirigeants Roland Romeyer-Bernard Caïazzo avait vu défiler les candidats les plus improbables au rachat de l’ASSE. Des locaux sans grands moyens, des fonds de pension venus pour tout sauf l’amour du foot ou des candidats avec des ressources d’origine douteuse. En plus, le duo Romeyer-Caïazzo n’était pas toujours d’accord sur le profil de l’acheteur. Ni sur le prix.
Mais cette fois, le feu, évidemment vert, à la vente du club, est donné. Une offre de reprise du groupe canadien Kilmer sera examinée ce mercredi par le Comité social et économique (CSE) du club. Preuve que les négociations exclusives sont entrées dans l’ultime ligne droite.
Ivan Gazidis, ex-DG d’Arsenal, devrait arriver aux manettes
Kilmer Group est une société de Toronto spécialisée dans les placements privés, l’immobilier et le secteur des sports et médias. Elle est dirigée par son fondateur canadien, Lawrence Tanenbaum, 79 ans. Ce dernier est impliqué depuis plusieurs années dans le monde des sports (basket, hockey et foot).
Dans le rachat de l’ASSE, Tanenbaum sera la seule partie prenante puisque, selon son entourage, il ne sera associé à aucun autre entrepreneur. Le Canadien va complètement déléguer la direction du club au Sud-Africain Ivan Gazidis. À 59 ans, Gazidis peut se targuer d’une grande expérience dans le football puisqu’il a été le directeur général d’Arsenal pendant dix ans puis le patron de l’AC Milan durant quatre saisons à partir de 2018.
Selon la version officielle, c’est Tanenbaum qui a décidé d’investir dans le football il y a près d’un an et est allé à Rome afin de convaincre Gazidis d’être son homme de confiance. Après avoir étudié plusieurs dossiers, les deux hommes ont décidé que le profil de l’ASSE, grand nom du football français, grande ferveur populaire mais aux finances exsangues, était le bon choix.
Invitation express en Floride
En novembre dernier, Tanenbaum a fait venir Caïazzo de Floride, où il se trouvait en villégiature, jusqu’à Toronto en lui affrétant son propre avion privé. Il l’a ensuite invité à assister, au premier rang, au match de NBA de son équipe des Toronto Raptors face aux Minnesota Timberwolves de Rudy Gobert. A priori, le courant humain serait passé assez vite.
Caïazzo, qui explique depuis des années chercher non pas l’acheteur qui lui offrirait le plus d’argent pour ses parts mais celui qui mettrait le plus de moyens dans le club, a ensuite essayé de convaincre Roland Romeyer. Ce dernier, qui réside à Saint-Étienne contrairement à Caïazzo, a une gestion plus émotive du dossier. Amoureux depuis toujours de l’ASSE, Romeyer était plus réticent.
Selon certaines sources, le prix touché par les deux dirigeants, Roland Romeyer et Bernard Caïazzo (ici en 2016), serait assez faible.
Il aurait aussi souhaité vendre ses parts assez cher avant, finalement, de se laisser convaincre. Selon certaines sources, le prix touché par les deux dirigeants serait finalement assez faible. Mais le déficit structurel annoncé, supérieur à 15 millions d’euros, n’autorisait personne à négocier à la hausse.
Le club, qui ne sait pas encore s’il réussira à accrocher la montée en Ligue 1 ou devra rester en Ligue 2 (même si la tendance est à l’optimisme), n’a pas de temps à perdre. Très rapidement, les nouveaux dirigeants veulent rencontrer le grand patron de la Direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG) du foot afin de les convaincre du sérieux de leur arrivée. Bien sûr, une enveloppe pour le recrutement qui s’annonce obligatoire, quelle que soit la division, est prévue.
« Pas question d’arriver avec des idées toutes faites »
Mais Kilmer Group, qui enverra deux collaborateurs de Gazidis travailler dans le Forez tandis que ce dernier restera en retrait tout en décidant de tout, a décidé de ne procéder à aucun coup de balai dans la direction. « Pas question d’arriver avec des idées toutes faites sans s’appuyer sur l’expertise locale », confie-t-on. Jean-François Soucasse, le président délégué, restera à son bureau. Ainsi que Loïc Perrin, le directeur sportif.
Gazidis, qui se souvient de la difficulté qu’il a eue à se faire accepter à ses débuts à Milan, veut jouer la carte de l’humilité et de la patience. Il répète à ses proches qu’il ne faudra le juger que dans quelques années et que le but n’est pas d’empiler beaucoup de joueurs d’expérience mais, au contraire, de miser sur des jeunes en devenir qui feront rejaillir la fierté verte dans quelques années.
Kilmer Group va évidemment rencontrer les salariés et surtout les clubs de supporters avec un message simple : le club est d’abord à vous. Ces derniers qui réclamaient une vente depuis près de quatre ans devraient dans un premier temps accueillir Ivan Gazidis comme un sauveur.