Michel-Ange a écrit : ↑11 oct. 2022, 12:55
J'ai du mal à comprendre comment on peut considérer qu'il n'y a pas là annihilation d'une occasion de but. D'autant que le même défenseur s'en sort de nouveau en évitant le carton jaune sur le péno. Incompréhensible. Les mystères de l'arbitrage.
Effectivement, l'image interroge. Après, c'est une image arrêtée. Dans l'action, je pense que l'arbitre juge que l'autre défenseur peut encore intervenir, une impression qui va être renforcée par la chute et donc l'arrêt de la course de Krasso qui fait qu'il est rattrapé dans l'instant par le Sochalien.
Après, et c'est sans doute la raison pour laquelle on a tous l'impression d'un arbitrage dégueulasse en L2, il n'a simplement pas l'occasion d'y réfléchir parce qu'il est immédiatement mis sous pression par les Chochaliens. C'est un comportement qu'on observe à chaque match à ce niveau. L'auteur de la faute a le front de la contester, ses coéquipiers viennent en masse détourner l'attention.
Sur le péno, c'est pareil. Je ne sais pas s'il envisage ce carton, mais il n'a juste aucun temps pour y réfléchir car la meute est immédiatement sur lui. Et Faussurier vient tout à fait volontairement chercher un carton pour détourner l'attention et protéger Aaneba.
Dans l'ensemble, toutes les équipes qu'on a rencontrées en Ligue 2 procèdent ainsi et je ne pense pas qu'on se rende compte de la charge mentale que ça représente pour les arbitres. Bien sûr, c'est une fonction qui nécessite une résistance à la pression et ça fait aussi partie de la formation mais chacun a sa limite et personne n'est à l'abri de l'atteindre, y compris un mec ultra solide comme Howard Webb en finale de la CDM 2010. À un moment donné, tu prends les abeilles, c'est humain.
Hier, je pense qu'il perd le fil de son autorité sur l'enchaînement carton à Palencia / non détection de la charge volontaire puis de la semelle de Sissoko. Le début du match est plutôt propre et à partir de là, on sent une vraie montée de l'intensité et il n'en a peut-être pas pris la mesure suffisamment tôt. S'il aligne Sissoko (qui le méritait totalement), la suite de la mi-temps est probablement plus facile à gérer car il envoie un signal d'équilibre qui convenait tout à fait au match. Là se pose une question assez importante dans la gestion de l'arbitrage actuel : le manque d'expérience des arbitres dans les niveaux nationaux sous la L1. Le grand public n'en a sans doute pas conscience, mais l'évolution des arbitres doit aujourd'hui impérativement se faire vite car le système a été conçu pour promouvoir à marche forcée les jeunes talents. Les limites d'âge sont très vite atteintes, stagner plusieurs années à un niveau peut entraîner une rétrogradation automatique et il est de moins en moins fréquent de remonter après être descendu d'un niveau. C'est "monte ou crève" car l'enjeu principal est la vitrine du très-très haut niveau : avoir des arbitres de niveau international suffisamment jeunes pour obtenir une réputation assez importante auprès de l'UEFA et de la FIFA. Des parcours comme celui de Turpin étaient exceptionnels, ils sont devenus la norme. Pour illustrer et si les stats que j'ai trouvées sont fiables, Guillaume Paradis a 29 ans, est dans sa 3e saison en L2 et compte moins de 50 matchs à ce niveau et il doit pourtant être dans la moitié la plus expérimentée des arbitres F2 (et encore, cette année, il y a du vétéran à ce niveau). Je ne dis pas que les jeunes sont nécessairement moins bons, mais l'expérience a quelques vertus, dont la multiplication des situations vécues qui permettent de mieux gérer une situation similaire.
Honnêtement, si on regarde la copie d'ensemble et même si je n'ai pas apprécié sa gestion globale de la discipline (opinion, pas analyse), il ne fait pas un mauvais match. Ce n'est pas parfait, évidemment, et même loin de l'être, mais il n'y a pas d'erreur dont on peut se dire qu'elle a influencé le résultat ou montré une partialité. Il y a des décisions grises qu'il a prises d'un côté comme de l'autre : ne pas siffler de péno pour Sochaux s'entend tant l'amplification est ridicule et la faute légère, pas de rouge pour Aaneba sur la première action (beaucoup moins sur la seconde). La volonté aussi de laisser jouer et de ne pas siffler chaque contact, vite confrontée au fait que les deux équipes refusent de jouer la plupart des avantages laissés. En fait, c'est juste que la Ligue 2, c'est inarbitrable en l'état parce que les joueurs et les entraîneurs ont tous des comportements de merde,
à chaque action, du début à la fin d'un match. Tout est bon pour faire disjoncter l'adversaire et l'arbitre : amplification ridicule des fautes, contestation d'évidences, agressivité, gesticulations, le gardien qui gagne du temps à partir de la 15e minute, sans doute beaucoup de trash talking sur le terrain, joueur qui convulse et se relève comme si de rien n'était... Le pompon hier, c'est Faussurier qui ose dire au micro que l'arbitrage les a désavantagés. Mais on peut prendre un autre exemple pour être équilibré : vous avez vu le langage corporel de Monconduit quand il vient râler auprès de l'arbitre vers la fin de la première mi-temps. Est-ce l'attitude de quelqu'un qui vient demander des clarifications ? Non, il gueule dans un premier temps, se reprend puis écoute l'arbitre avec une ironie palpable. Il vient demander une explication, on lui donne, mais il s'en fout ! Vous sauriez gérer ça dans votre boulot, vous ?
Qu'on soit d'accord, ces comportements existent à tous les niveaux, mais c'est leur fréquence qui est frappante en Ligue 2. Hier, il faudrait revoir tout le match sous cet angle, mais je ne serai pas surpris qu'on compte plus d'une cinquantaine de comportements anormaux de ce type, dont chacune repose in fine sur le dos de l'arbitre, jusqu'à ce qu'il craque car c'est l'objectif de tout le monde : obtenir un avantage d'une erreur de l'arbitre sous pression. J'avais le souvenir d'un championnat âpre, rugueux, parfois violent mais ce n'est plus le cas. Il n'y a aucune intensité physique, très peu de gestes hors limite dans le jeu. Mais, pour caricaturer, arbitrer en Ligue 2 aujourd'hui, c'est comme passer le code avec un examinateur qui te mettrait des petites claques derrière la nuque toutes les 30 secondes. Ça vient de ce tourbillon notre impression de manque de constance dans les décisions prises. Hier soir, l'arbitre à la 95e, il a qu'une envie, c'est d'en finir !
Après, je ne vois pas de solution sans une prise de conscience et une sévérité renforcée des instances (et pas juste faire les gros yeux 5 minutes et mettre une suspension à un joueur au hasard pour faire un exemple). Ça passe sans doute par beaucoup plus de temps passé à analyser les matchs en intégralité, coller la pression aux joueurs et aux entraîneurs en leur montrant leurs comportements (indépendamment des cartons et des suspensions), pourquoi pas par une commission indépendante (pas l'arbitrage, ni la discipline). Mais on sait très bien que ça n'arrivera pas, car personne n'a intérêt à ce que ça change car on a un bouc émissaire. Qui se souvient du nom du Havrais qui simule la mort pour obtenir l'exclusion de Cafaro vs qui était l'arbitre ce jour-là ?
Et, évidemment, ça ne dispense pas l'arbitrage de s'améliorer dans la préparation mentale, la gestion de la prise de décisions dans des situations de stress, l'attitude apaisante...