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Une moustache, une dégaine, un nom imprononçable... Bon anniversaire Janusz Kupcewicz !


Né le 9 décembre 1955 à Gdansk, ville rendue mondialement célèbre grâce à l'action du leader moustachu de Solidarnosc Lech Walesa, Janusz Bogdan Kupcewicz aura, tout au long de sa carrière, roulé sa bosse sur de nombreux terrains européens.
Sa carrière professionnelle commence en 1969 dans le petit club polonais de Stomil Olsztyn (à vos souhaits), équipe qu'il quitte en 1974, à 19 ans, pour rejoindre jusqu'en 1982 l'Arka Gdynia. Ce petit club de Poméranie (nord de la Pologne) connu pour avoir fait éclore un autre Polonais moustachu et émigré en France, Andrzej Szarmach, n'a qu'une seule ligne au palmarès: la Coupe de Pologne en 1979 que Kupcewicz l'aide à remporter.
Parallèlement, ce dernier entame sa carrière d'international polonais à partir de 1976 et un match contre l'Argentine. S'ensuivront 19 autres sélections avec notamment deux Coupes du Monde en 1978 et 1982, cette dernière étant particulièrement réussie et ponctuée par une 3e place aux dépens de... la France.


Kupcewicz dans ses oeuvres face à la Belgique lors du Mondial 82
 
En effet, après la terrible désillusion sévillane, les Français (du moins les remplaçants principalement) affrontent le 10 juillet 1982 une équipe polonaise éliminée en demi-finales par d'opportunistes Italiens. Dominique Baratelli, le gardien n°2 tricolore, vexé de son statut de remplaçant et ayant décliné la convocation, c'est donc le Stéphanois Jean Castaneda (encore un moustachu) qui encaisse les 3 buts concédés par la défense française... dont un de Janusz, celui de la victoire.
Sur le score de 3-2, la Pologne de Kupcewicz ravit aux tricolores la médaille de bronze de ce Mundial, empêchant de fait aux coéquipiers de Michel Platini d'égaler la performance française de 1958.


Ouais bon Castaneda, c'était pas trop cà...
 
Sept semaines plus tard, Janusz recroise, toujours avec succès, le chemin de l'équipe de France, lors d'un match amical au Parc des Princes, qui se solde par une cuisante défaite pour la France (4-0) et dont le bourreau n'est autre que Kupcewicz, auteur de deux buts en deux minutes.
Profitant de son statut et de sa bonne Coupe du Monde espagole, Janusz rejoint en 1982 un des clubs phare en Pologne, Lech Poznan. Il n'y restera qu'une année au cours de laquelle il sera quand même champion de Pologne, concluant également conclut sa carrière internationale en 1983 contre l'URSS, avec à son actif un maigre total de 5 buts (3 contre la France donc, 1 contre l'Algérie et 1 contre la Finlande).

Auréolé du titre national, Janusz tente sa chance dans ce pays qui lui réussit si bien, la France. Il débarque à Saint-Étienne au début de l'été 1983 en même temps que Gilles Simondi (Tours), Robert Sab (Nice) et Carlos Diarte (Betis Seville), des noms quand même bien plus faciles à prononcer.
Ces arrivées ne compensent pas les départs aussi nombreux que regrettables des deux espoirs du club que sont Laurent Roussey (Toulouse) et Laurent Paganelli (Toulon) mais aussi de Battiston (Bordeaux), Janvion (PSG), Genghini (Monaco), Rep ou Larios. L'ASSE vient juste de tourner la dernière page de son épopée...


Kupcewicz à son arrivée à l'ASSE en 1983
 
Du coup, forcément, c'est un peu compliqué pour Kupcewicz et ses partenaires d'infortune. Janusz joue 30 matchs au cours de cette saison et marque 2 buts en D1, ainsi qu'un autre en D3 dans le seul match qu'il livre avec l'équipe réserve. L'ASSE de Jean Djorkaeff navigue toute la saison dans les dernières places du classement de D1, avec en point d'orgue d'une saison cauchemardesque, une mémorable dérouillée prise à Bordeaux (7-0 dont 5 buts encaissés en 14 minutes). Les Stéphanois termineront à la peu enviée place de barragiste.
Ah... ces barrages !!! Qui ne se souvient pas de ces douloureux moments qui virent Sainté toucher le fond?
Les Verts de Kupcewicz affrontent le Racing Club de Paris de Ben Mabrouck et de Madjer. L'espoir est permis après un match aller nul et vierge à Paris alors que Janusz est seulement rentré à 3 minutes de la fin de la rencontre.


Kupcewicz (à gauche) et l'ASSE échouent à se maintenir en D1 à l'issue des barrages
 
Le retour à Geoffroy Guichard s'annonce brûlant, mais les quelques 45.000 spectateurs présents ce soir-là, assistent à la défaite des Stéphanois sur le score de 2-0. Catastrophe: l'ASSE est reléguée seulement 8 ans après sa finale de Glasgow, à peine 3 ans après son dernier titre ! Cest donc en D2 que Kupcewicz entame sa deuxième saison au sein de l'effectif forézien.
Une saison tronquée pour le Polonais qui ne dispute que 7 matchs. Il est remplacé 4 fois lors de ses 5 titularisations et rentre 2 fois en cours de match. Il ne dispute en fait qu'un seul match complet de la saison, et sans marquer.


Janusz Kupcewicz en D2 en 1984
 
Pire, il n'apparait plus dans l'équipe au-delà de la 10e journée du championnat. Son expérience stéphanoise se termine non seulement en D2 mais en plus sans jouer (exceptés 5 matchs disputés avec la réserve). Après avoir quitté Sainté en 1985, il s'offre du coup l'occasion de voyager.
Larissa en Grèce (1985-86), Lechia Gdansk pour son retour en Pologne (1986-88), puis pour finir Adanaspor en Turquie (1988-89) sont alors ses destinations footballistiques, clubs qui ne pourront cependant lui permettre d'étoffer son palmarès.
 

Ca sent la fin de carrière pour Kupcewicz à Larissa (1985)

Après sa retraite en 1989, on le retrouve consultant sportif à Arka Gdynia, le club de ses débuts puis sélectionneur de l'équipe nationale polonaise de futsal. Résidant à Gdynia, en Poméranie, où il enseigne l'éducation physique à l'école et dirige le club amateur du Radunia Stezyca, il échoue à plusieurs reprises lors d'éléctions locales avant de finalement briguer le poste de conseiller régional de 2014.
Le football professionnel semble bien loin de sa vie lorsqu'il décède subitement d'une attaque cardiaque le 3 juillet 2002, à l'âge de 66 ans.
Son fils prononcera ces mots lors de son oraison funèbre, un discours qui associera pour toujours sa mémoire à celle de son époque stéphanoise: "Nous avions l'habitude d'aller jouer près du stade Geoffroy-Guichard à Saint-Étienne, tu lançais le ballon si haut qu'on restait bouche bée en attendant qu'il tombe. On avait l'impression que ça durait plusieurs minutes. On avait dit à nos copains à l'école que notre père était si bon qu'il frappait le ballon jusqu'au ciel, jusqu'aux nuages."


Janusz Kupcewicz en 2014