Episode 5 : 31 mai 1970, Absolu et approuvé !


On reprendrait bien une coupe (Episode 5) !
En Coupe de France, comme en championnat, elle est riche notre histoire. Elle est belle, elle est grande, elle est mouvementée. Pour meubler la longue et incertaine attente qui nous sépare de notre 11ème finale de Coupe de France, P² vous propose de revenir sur les 10 qui l’ont précédée :
1941, 1960, 1962, 1968, 1970, 1974, 1975, 1977, 1981, 1982.
Dix finales dont les dates, si on y regarde de près, disent tout de notre domination sur le football français pendant deux décennies.
En 23 éditions, entre 1960 et 1982, les Verts sont en effet montés 9 fois à Paris. Sur cette même période ils devancent … les Vilains (6 finales), et Monaco et Nantes (4 finales chacun).

31 mai 1970 : ASSE 5-0 Nantes

Ce match est un symbole. Un cap ? Un pic ? Que dis-je ? Un apogée.

Le triomphe absolu pour les hommes de Batteux qui bouclent avec le plus gros score d’une finale de Coupe de France à ce jour une saison qui est peut-être la plus belle de l’histoire de l’ASSE, au moins sur le plan de la domination nationale.
De quoi rentrer dans la légende, de quoi écrire une grande page du grand livre de la grande histoire des Verts. De quoi la lire à ses enfants, le soir pour les laisser s’endormir avec cette délicieuse idée au cœur qu’on est vraiment un club à part. Cette victoire, on la transmet aussi fièrement de génération en génération que Split, Kiev ou les treize buts claqués aux Vilains lors de cette même divine saison 1969-1970. Les Verts en 1970, c’est une certaine idée de l’absolu. Il y a ces cartons contre Lyon, contre Nantes, contre tous ceux qui n’osent même plus espérer être, à défaut d’un rival, un adversaire présentable. Il y a ces cartons, et il y a cette domination sans limite apparente, qui s’étire depuis quatre ans.
En championnat, les Verts ont claqué 88 buts en 34 matchs. Mis à part le 7-1 à l’aller et le 6-0 au retour à Lyon, ils ont tapé Rouen 5-0, triomphé 5-1 au Red Star et 4-1 à Bordeaux ou encore explosé Rennes 8-2.
Le titre n’était pas un objectif, ni même une promesse, mais juste une évidence. Il y a bien eu trois petites défaites, il faut bien en laisser un peu aux autres, mais Marseille, deuxième finira comme Nice en 1968 à 11 points des Verts. Hervé Revelli et ses 28 buts trônent au sommet du classement des buteurs et Salif Keita, avec 21 buts, campe sur la troisième marche.
Ce sera donc en juin 1970 un quatrième titre de champion d’affilée pour Sainté, ce que personne n’avait fait à ce jour.
Cette saison, c’est également celle d’une renversante victoire en coupe d’Europe contre le Bayern. On l’oublierait presque, car ce n’était qu’en 1/16ème de finale, mais les Verts, défaits 0-2 au Stade Olympique avaient gentiment remis les Bavarois à leur place au retour (3-0), Keita délivrant les Verts d’une tête parfaitement placée à la 82ème. Dans la cage, dont les poteaux étaient d’un rond parfait,  Sepp Maier avait assisté impuissant à ce premier exploit vert.

Pour achever l’œuvre de cette magnifique saison, il reste ce dernier jour de mai une coupe à décrocher. Il sera toujours temps après de boucler les affaires courantes avec les cinq derniers matchs de championnat.
En face, Nantes 10ème du championnat n’est pas débordant de confiance, mais il peut se vanter d’avoir tenu les Verts en échec à Marcel Saupin, 2-2 en championnat. Le Nantes de Roger Lemerre, Philippe Gondet, Georges Eo et Henri Michel y croit donc sans doute un peu. Après tout, les Canaris sont les seuls, avec leurs deux titres de champion de France 1965 et 1966, à avoir brisé la série verte initiée en 1964 et reprise en 1967.
Ces Verts, qui seront bientôt éternels, sont déjà un peu immuables. Pour leur dernière visite à Colombes, seuls 3 titulaires ont en effet changé au coup d’envoi par rapport à la finale jouée deux ans auparavant contre Bordeaux. Et encore, les 3 nouveaux n’en sont pas vraiment : Parizon, Larqué et Keita étaient à Sainté et membres à part entière du groupe à défaut d’en être déjà des piliers en mai 1968.
Batteux aligne donc Carnus, Herbin, Bosquier, Polny, Durkovic, Jacquet, Larqué, Parizon, Revelli, Bereta, Keita et la manita sera l’œuvre dans l’ordre de Parizon, Bereta, Herbin (dont la tête lobée fait suite à une action collective à donner le tournis aux Canaris), et Revelli par deux fois.
N’en jetez plus la coupe est pleine ? Ben non justement, pas tout à fait ….

Puisque cette saison 1970 décrit une certaine idée de la perfection, au deuxième doublé coupe championnat de leur histoire les Verts ajouteront, comme  une énième cerise sur le gâteau, une deuxième Coupe Gambardella, contre les Vilains pour ne rien gâcher, suggérant ainsi à leurs supporters que s’ils peuvent savourer ce divin présent, il ne leur est pas interdit de s’emballer en pensant au futur.


Auparavant….

Auparavant, les Verts ont parfois tremblé et dû jouer 9 matchs avant d’arriver à Colombes.
Cela avait commencé gentiment par une victoire 4-0 contre le FC Saint Louis Neuweg, pensionnaire de CFA, en 1/32ème, puis par une victoire sur un terrain supposé neutre (à Gerland…) contre Grenoble (alors en d2) 4-2.
La victoire contre Nîmes en 1/8ème fut épique avec une courte défaite 0-1 chez eux et une victoire 2-1 au retour à GG. Le but ALEX térieur fatal ? Que nenni, pas à cette époque. 2-2 sur l’ensemble des matchs, on eut droit à un match d’appui remporté 2-0 au Parc des Princes.
En quart, ce fut nettement plus simple contre Metz avec une belle valise 5-0 infligée à GG aux Grenats au retour (dont un triplé de Keita en 15 minutes) après un nul 1-1 à Saint Symphorien.
Enfin, les Verts étaient passés ric rac il y a 40 ans en demi-finale contre Rennes … 2-1 déjà. 2-1 sur l’ensemble des deux matchs pour être précis, avec une victoire au stade la route de Lorient 1-0 grâce à Keita, et un nul au retour à Geoffroy (au but précoce de Larqué les Rennais avaient répondu par une égalisation à la 79ème).
Durant cette campagne, avec 6 pions, la panthère Salif Keita fut notre meilleur buteur.