Avant le match qui opposera ses 2 précédents clubs ce samedi soir au stade Marcel-Tribut, l'ailier gauche de Heerenveen (L1 néerlandaise) Maxence Rivera s'est confié à Poteaux Carrés. 


Maxence, tu supporteras qui samedi ?

Entre les deux clubs mon cœur balance. A Dunkerque, je me suis éclaté la saison passée, j’ai gardé pas mal de contacts là-bas. Sainté, c’est mon club formateur, j’y ai passé 8 ans. Je sais ce que je dois à l’ASSE, où j’ai démarré très jeune ma carrière professionnelle. Que le meilleur gagne ! J’espère que ce sera un bon match et que je me régalerai en le regardant.

Peux-tu nous rappeler le contexte de ton arrivée à l’ASSE en provenance de Bourgoin en 2016 ?

J'avais fait beaucoup de détections à l'OL, parce que Bourgoin était un peu plus dans la région lyonnaise. J'avais fait le concours d'entrée à Lyon, et après Saint-Etienne est venu me voir à un match quand j'étais à Bourgoin. Ils m'ont dit qu'ils voulaient me faire une détection, et du coup j'y suis allé. C’est Jean-Jacques Versaux qui m'avait repéré, il m'avait dit qu'il fallait que je vienne faire un essai à l’ASSE. J'y suis allé, ça s’est très bien passé et ils m’ont dit tout de suite que c’était bon pour eux. Ils m’ont fait signer une convention, je suis arrivé en U14 à Saint-Etienne avec Philippe Durieu comme premier entraîneur.

Tu es né dans la banlieue de la banlieue, à Vénissieux. A la base tu étais plus intéressé par l’OL ? Jean-François Vulliez avait expliqué au Dauphiné Libéré en janvier 2021 que tu n’avais pas été pris chez les vilains car ils avaient déjà des joueurs de ton profil.

L’OL, on sait très bien que c’est un club qui prend beaucoup de joueurs et qui en jette beaucoup. C’est toujours compliqué de sortir du centre de formation de l'OL. Après il y a eu l'opportunité de Saint-Etienne. L’ASSE, vu le grand club que c'est, c'était sûrement le meilleur choix à faire et aujourd'hui j'en suis très content.

Tu l’as rappelé, tu auras démarré ton expérience stéphanoise sous les ordres de Philippe Durieu. Tu auras connu ensuite beaucoup d’autres entraîneurs au centre de formation : Gilles Rodriguez, Christophe Chaintreuil, Jean-Luc Dogon, Razik Neder, Laurent Batlles… Quel aura été le formateur à tes yeux le plus marquant ?

Ce sont tous de bons coaches. Dans ma progression, tous ont joué un rôle différent. Si je ne devais ressortir qu’un seul nom, je dirais Gilles Rodriguez qui à l'époque était en U15. Il était assez strict et juste dans les choix qu'il voulait faire. Tous les autres entraîneurs que j’ai eus au centre de formation ont été super aussi mais c’est le nom de Gilles Rodriguez qui me vient spontanément à l’esprit.

Quels sont tes meilleurs souvenirs de tes années passés au centre de formation ?

Le centre de formation, c’est une période marquante de ma vie. C’est là où tout a commencé. On se fait beaucoup d'amis. Après il y en a qui partent, il y en a qui arrivent et je pense qu'on a tous été une famille. Et je pense que le club a été une famille avec tout le monde. Forcément, notre parcours victorieux en Gambardella me laisse de grands souvenirs. J’étais dans le groupe à partir des 8èmes de finale je crois. Je suis entré en jeu lors de la demi-finale contre Bordeaux. Etant de la génération 2002, j’étais un des petits jeunes de ce groupe dont l’ossature était composée de 2000 et de 2001. Je n’ai pas joué la finale mais ça reste un grand moment d’avoir soulevé la Coupe au Stade de France. Un autre bon souvenir c’est un match à Toulouse quand j’étais en U17 me semble-t-il. J’avais traversé tout le terrain et j’avais marqué.

Ta dernière saison sous le maillot vert, tu nous auras fait particulièrement plaisir lors d’un derby de N3 remporté 4-2 ….

Ah oui, je m’en souviens bien. C’était l’époque où j’étais dans le groupe pro mais où j’avais peu de temps de jeu en L2. Du coup je redescendais. J’avais délivré deux passes décisives et marqué un but lors de ce derby. Je tire le corner sur l’ouverture du score de Beres Owusu. Je lance Enzo Mayilla sur le but du break. J’avais marqué sur un centre de Jibril Othman et on avait célébré ce but devant nos supporters qui avaient mis beaucoup d’ambiance. Un derby, c’est un match qui sort de l’ordinaire. Quand on joue à Saint-Etienne et qu'on joue contre l'OL, forcément, il y a une rivalité quelle que soit la catégorie d’âge. A la base je suis natif du Rhône mais on joue pour un club. Ce derby reste un très bon souvenir. C’est important d’inculquer aux plus jeunes l’esprit du derby. Il faut que ça perdure, sans débordement bien sûr !



Tu auras marqué une dizaine de buts en 36 matches joués avec la réserve stéphanoise, dans laquelle tu as débuté alors que tu n’avais pas encore 17 ans.

Effectivement, Laurent Batlles m’a lancé à une époque où il a réussi à maintenir la réserve en National 2. Il m’a fait entrer en jeu à l’extérieur lors de l’avant-dernière journée de la saison 2018-2019 et il m’a titularisé à Aimé-Jacquet lors de la dernière journée contre Mont-de-Marsan. C’était un moment-clé pour moi. J'avais eu des contacts avec les dirigeants, ils m'avaient dit que mon profil était assez frêle. Ils s’interrogeaient sur ce que j’allais donner dans le football senior. J’ai marqué l’unique but de la rencontre… de la tête ! C'était un symbole pour moi parce que souvent on pointait mon petit gabarit.



A ce propos Maxence, tu mesures combien exactement ? Selon Wikipédia, tu fais 1m65. Selon Transfermarkt, tu fais 1m68. Selon la Pravda, tu fais 1m71.

Ils ont tous faux (rires), ma taille réelle est 1m67.

En équipe première, sous le maillot vert, tu auras fait 40 apparitions mais seulement 7 en tant que titulaire. Tu n’auras été décisif qu’une seule fois, quand tu as ouvert le score en Coupe de France contre Bourg-Péronnas, une équipe de N2. Avec le recul, qu'est-ce qu'il t'a manqué pour t'imposer dans l’équipe fanion à Sainté ?

Je pense qu’il m’a manqué un peu de maturité. Quand j'ai commencé en équipe professionnelle, on m'a lancé tout de suite dans le grand bain contre le Paris Saint-Germain. On a les étoiles qui brillent, on a les yeux qui brillent. Et puis après, on rentre en cours de jeu, 20 minutes par-ci, 10 par-là, 5 minutes. Sur ce laps de temps-là, je pense avec le recul que je n'avais pas la maturité d’oser prendre le ballon, dribbler, etc. J’étais plus dans une optique de garder le ballon sur le côté, de ne pas le perdre. Je pense que ça a été un petit défaut de ma part. Si j'avais montré mes qualités de percussion, j'aurais pu avoir des passes décisives et beaucoup plus de statistiques. Mais bon, c’est comme ça, il n'y a pas de regrets à avoir.

Quelques jours après avoir signé ton premier contrat professionnel, tu as fait ta première apparition en pro en tant que titulaire au Parc face au QSG. Claude Puel t’a remplacé à la mi-temps par Charles Abi et les Verts ont perdu 6-1 ce match de Coupe de la Ligue. Dur apprentissage !



Quand tu es en U17, il n’y a pas vraiment de mise en place. Tout est allé très vite pour moi car ça ne faisait qu’une semaine que je m’entraînais avec l’équipe première. J’ai découvert lors de la mise en place que j’allais démarrer titulaire. Le jour du match, quand tu vois ton nom dans les titulaires, tu te dis : « Hou là ! » Après, il n'y a pas le temps de cogiter. C'est un match contre le Paris Saint-Germain. Je pense qu'il n'y avait rien à perdre. Perdre contre Neymar, Mbappé, etc, quelque part, c’est normal. Il n'y a rien à dire. C'était une super première. Au moins, ça te montre qu'il y a du chemin à faire pour rivaliser avec ce genre de joueur.

Tu as pris une branlée pour ta première en pro mais tu n’as pas tout perdu car je crois que tu as récupéré le maillot de Kylian Mbappé à l’issue de la rencontre.

Oui, j’ai récupéré le maillot de Mbappé et aussi celui de Cavani !

Tu auras décidément connu des premières compliquées en équipe une. Ton premier match à Geoffroy, tu as perdu à l’issue d’un triste match contre les Canaris.

Oui, j’étais entré en jeu à, la place de Franck Honorat. Pour une première à Geoffroy-Guichard, j’aurais rêvé d’un tout autre résultat et d’une toute autre ambiance. Ce jour-là, le stade était à huis clos. Le Chaudron n’était pas vraiment le Chaudron du coup !

Quand ça veut pas, ça veut pas : ta première titularisation en L1, qui est également ta dernière, tu as été remplacé au bout d’un quart d’heure suite à l’expulsion de Timothée Kolodziejczak à Bollaert. T’en as voulu à Kolo et au coach sur le moment ?

Titulaire contre le PSG, j’avais les yeux qui brillent. On se dit que la carrière est lancée. J’entre une vingtaine de minutes contre Nantes, je me dis : « c’est bien, t’es dans le projet ». Ma titularisation à Lens, je l’ai vécue à la base comme étant une continuité. Il y a eu ce fait de match à Bollaert. Forcément, on sait que c’est le jeune qui va sortir. Je pense que c'est le destin. On ne peut rien y changer. Je ne peux pas en vouloir à Kolo d’avoir fait ce tacle synonyme d’expulsion. Je ne peux pas en vouloir au coach, il doit faire des choix. Mais à partir de ce match-là, tu cogites. Quand tu ne rentres plus en jeu ou que tu ne joues plus trop, tu te dis « qu'est-ce que j'ai fait de mal ? »

Tu as pris part ensuite à 18 autres matchs dans l'élite, mais avec un faible temps de jeu. Avec le recul, quel souvenir gardes-tu de ta collaboration avec Claude Puel. Tu fais partie des 19 joueurs qu’il aura lancés en pro sous le maillot vert…

Forcément, je ne peux en retenir que du bon de Claude Puel personnellement. Quand il arrive, il me fait signer pro au bout d’une semaine. Il me lance contre le Paris Saint-Germain donc je ne peux pas rêver mieux. Après, je pense qu'il y a eu sans doute un manque dans la façon dont j'ai été « géré ». J’ai été lancé directement dans le grand bain et après je n’ai pas pu avoir le temps de jeu voulu dans la dynamique ou dans la rotation. Mais bon, c'est dû aux résultats et je serai toujours reconnaissant envers le coach. C’est lui qui m'a lancé et aujourd'hui peut-être que j'en suis là grâce à lui. Même si les résultats n'ont pas été bons, même si le temps de jeu a été faible, j'ai pu peut-être me montrer quelques fois.

Dans une interview accordée au Progrès en juillet 2020, Denis Bouanga avait dit de toi : « Maxence Rivera, je l'appelle notre petit Grizou. Il a la même dégaine et en plus, c'est un bon joueur technique. J'ai vu aussi qu'il tapait bien les coups francs. Dans le futur, ce sera un bon joueur, surtout s'il prend du muscle. » Est-ce que tu es devenu un bon joueur ? Est-ce que tu as pris du muscle ?

Je pense que j'ai beaucoup travaillé sur moi-même. Je pense aussi que le mental a beaucoup joué. Ce n'est pas facile quand on voit tous les autres joueurs jouer et que tu es « frêle » et que tu dois te renforcer musculairement. Il y a eu une période où je jouais beaucoup moins. Il me semble que c'était la période de Pascal Dupraz. Tous les jours, j'allais en salle. Tous les jours ! À partir de ce moment-là, j'ai pris beaucoup de muscle. Après, je resterai toujours assez petit ! (sourire) Mais j’ai pris du muscle. Maintenant, pour me bouger sur mes jambes, c'est difficile. Regarde Ilan Kebbal à l'heure actuelle avec le Paris FC. On n'en parle pas beaucoup, mais c'est un super joueur. Je pense qu'à cause de sa taille, il n'a pas percé plus tôt. C’est le football français qui veut ça. Je me suis renforcé musculairement. Maintenant, je pense que j'ai encore des progrès à faire dans le monde du foot parce que je commence à être un adulte. Maintenant, c'est le moment de montrer ce que je vaux.

Ton prêt concluant au Puy t’aura permis de muscler ton jeu. Tu t'attendais sans doute à avoir plus de temps de jeu à ton retour à Sainté sous les ordres de Laurent Batlles !

C'est sûr que quand je suis allé au Puy, je pensais que j'allais revenir beaucoup plus fort. Mon prêt au Puy a été très concluant, j'ai joué presque tous les matchs là-bas. Je commençais à marquer des buts mais j'ai eu une grosse blessure à la cheville en mars 2023 qui m’a rendu indisponible un mois et demi. Ça m’a déçu de me blesser alors que j’étais en pleine bourre mais c’est le destin, c’est comme ça. Je m’en suis remis et j’ai vite regagné ma place de titulaire pour les trois dernières journées de la saison de National 1.

Je suis revenu à Sainté en me disant que maintenant j'avais un bagage. Je leur avais montré que je pouvais jouer dans le monde senior, en National, un championnat réputé pour être très dur, très physique. Au final, quand on regarde, j'ai fait plutôt de bons matchs en N1.
Ça montre aussi que ce n'est pas que parce qu'on est petit, parce qu'on n’est pas costaud, qu'on ne peut pas jouer dans le monde professionnel.

C’est sûr que je pensais avoir plus de temps de jeu que je n’en ai eu cette saison 2023-2024, ma dernière sous le maillot vert. Quand j’étais revenu du Puy, j'avais eu des discussions avec Laurent Batlles avant le mercato. Il m'avait dit qu'il n'allait pas m'assurer du temps de jeu. Je savais à quoi m'attendre. Je voulais montrer que j'avais les qualités pour jouer. Il m’a titularisé quatre fois mais il y avait des joueurs d'expérience devant moi et le coach voulait s’appuyer sur eux. Il voulait des résultats. Sur les quatre matches où il m’a titularisé, à chaque fois à Geoffroy-Guichard, je n’en ai gagné qu’un, contre Angers. J’ai perdu contre le Paris FC et aussi contre Guingamp.

C’est suite à cette défaite contre l’EAG que Laurent Batlles a été limogé et remplacé par Olivier Dall’Oglio après un bref intérim de Laurent Huard, qui t’a fait jouer une grosse demi-heure lors de la défaite en Coupe de France contre Nîmes. ODO ne t’aura fait jouer que 42 minutes en tout et pour tout… Comment tu l'as vécu ?

C'est sûr que c'est dur à vivre. En première partie de saison, j’ai quand même eu du temps de jeu et je pense avoir fait des prestations assez bonnes, très correctes. J’étais en confiance après ma bonne saison ponote. Je me disais que je n’avais rien à perdre, j’étais déterminé à montrer ce que je valais. J’ai été titularisé contre des grosses équipes comme Angers, le Paris FC, Guingamp. Je montrais que j’étais présent, que j’étais là. J’avais le sentiment qu’à défaut d’être tout le temps titulaire, j’allais avoir un temps de jeu assez conséquent, avec des entrées en jeu avoisinant une demi-heure.

J’avais bon espoir d’enchaîner mais les résultats n’étaient pas là avec Laurent Batlles. Olivier Dall’Oglio a fait des recrues, Irvin Cardona et Nathanaël Mbuku notamment ont débarqué au mercato d’hiver. Les dirigeants ont fait des recrues aussi. Pour moi, c'est devenu un peu plus compliqué, forcément, j’ai reculé dans la hiérarchie. Dans le foot, si on n'a pas le mental, on ne peut pas réussir. Je n’ai rien lâché mais j’ai été très peu utilisé. On vit dans le groupe, dans le quotidien du groupe. On essaie de s'entraîner encore mieux, de faire des efforts aux entraînements.

La fin de cette saison a été belle collectivement car ponctuée d’une montée. Mais personnellement, j’aurais aimé avoir plus de temps de jeu. J’étais sur le banc lors du barrage aller contre Metz, je n’étais pas sur la feuille de match au retour mais présent avec le groupe pour le barrage retour à Saint-Symphorien. Les scènes de liesse à notre retour à l’aéroport, cette communion avec les supporters stéphanois, ça restera pour moi des grands souvenirs. J’ai quitté le club sur une montée. Je n’aurai pas beaucoup contribué à ce retour dans l’élite mais j’étais content de finir mon aventure stéphanoise dans cette ambiance festive.

Avec quel coéquipier stéphanois de ta génération avais-tu le plus d’affinités sur le terrain ou en dehors ?


Le premier joueur qui me vient en tête, c’est Marvin Tshibuabua. Quand on était au centre, on était vraiment tout le temps ensemble. J’étais aussi très souvent avec Yanis Bourbia. On ne s’écrit pas souvent avec Yanis mais ça restera un ami. J’échange de temps en temps avec Saïdou Sow. Parmi tous ces joueurs de ma génération 2002, celle des Louis Mouton, Dylan Durivaux, Lucas Calodat, Abdoulaye Sidibe, Abdoulaye Bakayoko, Bryan Djile, etc., il n’y a plus personne à l’ASSE. Chacun a suivi son chemin et mène sa carrière. Personnellement, je me suis toujours bien entendu avec tout le monde. Dans tous les clubs où je suis passé, ça a toujours été ça.

Parmi les 2001, j’ai gardé des contacts via les réseaux avec Victor Petit et j’échange régulièrement avec Bilal Benkhedim. On n'a pas beaucoup joué ensemble avec Bilal, mais sur la fin, quand j'étais avec la réserve, avant qu'il parte, on était tout le temps ensemble. Il fait une belle saison actuellement au Luxembourg, il marque pas mal de buts et délivre de nombreuses passes décisives. Je pense que ça peut lui ouvrir des portes pour jouer dans un championnat plus relevé, il a le talent pour. On en revient à ce que je disais sur Ilan Kebbal. On se demande pourquoi on ne l’a pas fait jouer à ce niveau avant. Le championnat français, que ce soit en L1 ou en L2, ne permet pas assez de faire briller ce genre de profils, des petits gabarits techniques. Bilal est pétri de qualités, je pense qu’il peut trouver un championnat supérieur.

De toute ta période stéphanoise, quel est le joueur qui t'aura le plus impressionné ?

Forcément, les deux premiers noms qui me viennent en tête, c’est William Saliba et Wesley Fofana. Le club a sorti en même temps deux défenseurs centraux de très haut niveau, qui brillent en Premier League comme en Ligue des Champions. Wesley n’a pas été épargné par les blessures mais il est revenu au top niveau. William est toujours aussi fort et serein, il s'est imposé en équipe de France et c’est l’un des patrons d’Arsenal qui a de bonnes chances d’être champion cette saison. Il y a d’autres joueurs qui m’auront marqué à Sainté. Je pense à Ryad Boudebouz – il était vraiment facile - et Denis Bouanga. Dans les équipes de jeunes, je mentionnerai Bilal Benkhedim. Il était supérieur à tout le monde. C’était un régal de le voir jouer !

Il n’aura fait qu’une dizaine d’apparitions en équipe première avec les Verts et aura été titularisé 3 fois, notamment à Nîmes où il avait marqué en Coupe de la Ligue. De ton côté, tu auras dû aussi partir de Sainté pour t'imposer dans le monde professionnel. Peux-tu nous rappeler le contexte de ton arrivée à Dunkerque ?

J’étais en fin de contrat avec l’ASSE en juin 2024, je ne jouais quasiment plus en équipe première, je devais me contenter de matches avec la réserve en N3… Dunkerque a appelé mon agent et leur a exposé un peu le projet du club. C'était deux ou trois mois avant la fin de saison. A l’époque l’USLD n’était pas assurée de se maintenir en Ligue 2. Dunkerque savait très bien que je n’allais pas aller là-bas si le club retombait en National. Il est resté en Ligue 2 et j’ai été séduit par le discours de Demba Ba et Romain Decool. J’ai senti qu’ils comptaient vraiment sur moi. En tant que joueur, c’est ce genre de choses qu'on veut entendre. Du coup ça s'est fait tout naturellement.

Loin du Forez, tu as vécu la première saison pleine de ta carrière dans le monde professionnel.

Oui, j’ai joué en 35 matchs toutes compétitions confondues, la plupart en tant que titulaire. J’ai mis un doublé contre Lorient qui a fini champion de L2, j’ai aussi marqué contre Rodez et en play-off contre Guingamp. Ma saison dunkerquoise a été très bénéfique. Ça change beaucoup de choses quand tu as beaucoup de temps de jeu pour montrer tes qualités. J’ai pris de l’expérience, forcément. J’ai eu la chance tomber sur un coach qui était extraordinaire. Avec son staff, Luis Castro a fait un travail exceptionnel. Il nous a apporté beaucoup de choses.

On finit 4ème, on gagne contre Guingamp en pré-barrage. On a failli jouer les barrages contre Reims mais on a perdu à Metz sur un coup du sort, un csc dans le temps additionnel. On a été vraiment à deux doigts de pouvoir espérer une montée en Ligue 1. On aura vraiment fait une grosse saison, sachant que peu de monde s’attendait à nous voir jouer les premiers rôles en L2. Deux saisons plus tôt, le club jouait encore en National. Je garde de supers souvenirs de ma saison à l’USLD. A Dunkerque, il y avait une très bonne ambiance dans l’équipe, on s’entendait tous bien.

Dans quel domaine as-tu progressé à Dunkerque ?

J’ai progressé dans les duels, je pense que c'est dur de me bouger. Je me suis amélioré aussi sur mes appels de balle, je pense que c'est beaucoup plus tranchant. Je pense que c'est un tout. En ayant aussi la confiance d'un coach, forcément, tu te lâches un peu plus petit à petit et tu prends beaucoup plus de plaisir. Tu te dis : « si je suis titulaire à chaque fois, c’est que ce que je fais, c'est bien. » Tu continues à travailler et il ne faut jamais lâcher. A mon retour des vacances d'hiver, j’ai commencé à moins jouer avec Dunkerque. Moi, directement, je suis allé voir le coach pour lui demander pourquoi. Il m’a expliqué tout de suite que c'était un plan de jeu. Sur la deuxième partie de saison, les équipes venaient beaucoup moins nous presser. Nos adversaires jouaient beaucoup plus bloc bas donc il voulait des plus grands sur le flanc de l'attaque. Je me suis dit qu'il n'avait pas tort, que c’était à moi de travailler. Comme ça quand il a fait appel à moi je lui ai montré qu’il devait me mettre titulaire.

Tu as occupé plusieurs postes offensifs dans ta carrière, quel est ton poste de prédilection ?

Le poste que j’ai occupé et que j’occupe le plus souvent, c’est ailier gauche. Après, je pense que je peux jouer en tant que numéro 10. Celui qui se balade un peu de partout, qui fait tourner un peu la tête, qui déstabilise ses adversaires. Qu’ils se demandent : « qui c'est qui le prend, qui c'est qui ne le prend pas ». Être un peu l'électron libre, on va dire ! Au fur et à mesure, j'ai trouvé ma marque de fabrique. Je pense que maintenant, je suis un ailier gauche qui percute, qui a envie de faire mal à l'adversaire.

Dunkerque a vécu une intersaison très compliquée. 17 joueurs sont partis – toi notamment – et 16 autres sont arrivés. L’entraîneur Luis Castro est parti et celui qui l’a remplacé, son compatriote portugais Gonçalo Feio, s’est barré au bout de 2 semaines. L’Espagnol Albert Sanchez a débarqué 8 jours avant le début du championnat. Ces turbulences expliquent le début de saison très poussif de l’USLD. Mais Dunkerque est monté depuis en puissance et reste sur une série d’invincibilité de 7 matches (5 en L2, 2 en Coupe de France).

Pour avoir regardé quasiment tous les matches de Dunkerque cette saison, je pense que t’as bien résumé la situation. Quand je ne joue pas au même moment, j’essaie de regarder les rencontres de l’USLD parce que j’ai encore des amis là-bas comme notre capitaine Opa Sangante, Gessime Yassine, Marco Essimi, Geoffrey Kondo. J'en oublie d'autres, qu’ils me pardonnent.

Je pense que ça a été compliqué parce qu'il y a eu un changement de coach. Il fallait que le club trouve un nouvel entraîneur. Le temps que le coach mette en place ce qu'il avait envie de faire, il y a eu beaucoup de joueurs qui sont partis, qui étaient en fin de contrat aussi. Je pense que tout ce mélange-là a fait que le début de saison a été un peu compliqué. Quand on regarde la situation maintenant, on se rend compte à nouveau à quel point Demba Ba et Romain Decaulle font un travail extraordinaire à Dunkerque. Ils avaient fait venir des coachs portugais, ils font confiance à un coach espagnol qui entraînait la réserve du Barça. C'est quand même rare dans la Ligue 2 ce genre de profils. C’est assez remarquable je trouve !

Je pense que les dirigeants dunkerquois veulent mettre en place un football qui était le nôtre l'année dernière. Alors que le club n’a pas des moyens énormes, ils prônent un jeu audacieux, tourné vers l’avant. Ils ont envie de jouer au foot. Ils n'ont pas envie d'être l'équipe qui va bétonner et balancer des longs ballons. Ils ont vraiment un projet sur le long terme. Je pense que ça peut aboutir. Dunkerque, c’est une équipe plaisante à voir jouer. Ils cherchent à jouer au ballon. Je ne dis pas que tout est parfait, mais ils ont de vraies intentions de jeu. C’est l’équipe de L2 qui a la plus grosse possession derrière Sainté, qui dispose de tout autres moyens. Comme la saison passée, je pense que Dunkerque peut se mêler à la lutte pour la montée.

Suivi par l’ASSE, Enzo Bardeli est le joueur le plus décisif cette saison en L2 (6 buts et 4 passes décisives). Que peux-tu nous dire sur lui ?

Enzo est un joueur très intelligent. Il se met tout le temps dans les bonnes zones pour être libre. Il regarde beaucoup ses coéquipiers, ce qu'ils font. Il sent le jeu, il sait comment se positionner. Quand on regarde ses matchs, on se dit qu'il est tout le temps là au bon endroit. La saison dernière, il avait déjà fait une très grosse saison. Cette année, il a encore plus de statistiques. C'est ce qu'on regarde maintenant mais ça fait déjà 3 ou 4 ans que je le trouve très bon. On se met à en parler maintenant. Il a de grosses qualités. Il était déjà passeur, il devient buteur.

La saison passée, il avait un petit défaut : il ne tirait pas assez donc il ne pouvait pas marquer. Cette saison, il tente davantage sa chance et il score. J'ai vu que Sainté était dessus. Franchement, ça ne peut être que du bien. C’est un joueur qui a le potentiel et l’intelligence de jeu pour évoluer dans l’élite. Quand on regarde en Espagne les joueurs comme Pedri qui sont super intelligents, qui se placent tout le temps au bon endroit, que personne n'arrive à toucher… Enzo, c’est un peu ça je trouve. Je pense qu'il peut aller dans l'élite, bien sûr.

Dans l'effectif actuel de Dunkerque, quels autres joueurs ont le potentiel pour jouer au niveau au-dessus ?

Si je dois en sortir un, c’est évidemment Gessime Yassine. Je pense qu'il a un potentiel énorme. Il est très jeune, il vient tout juste d’avoir 20 ans. Il a eu un parcours assez atypique. Gessime n’est passé par un centre de formation. Il a joué à Istres puis avec les U19 de Marignane je crois, où Romain Decool est allé le chercher. A la base il devait jouer avec la réserve de Dunkerque mais au bout de deux entraînements Luis Castro l’a mis titulaire en Ligue 2. Ça montre que Gessime avait la dalle. Aujourd’hui il montre toutes ses qualités, il a remporté le mois dernier la Coupe du Monde U20 avec le Maroc. C’est un joueur très technique qui peut te faire des différences à n'importe quel moment.

Heureusement il ne les fera pas samedi car il est suspendu. Quels autres joueurs dunkerquois se mettent en évidence cette saison ?

Marco Essimi est en train de faire une très bonne saison. Il a mis un triplé contre Amiens et il a également marqué contre deux bonnes équipes de L2, le Red Star et le Stade de Reims. Marco a également délivré quelques passes décisives. Il est en confiance et peut déséquilibrer toute une défense par ses dribbles. Il peut dribbler n’importe qui. Antoine Sekongo s’est également mis en évidence, lui aussi à mis plusieurs buts et des passes décisives [4+2, ndp2]. C’est un milieu box to box qui a un gros volume de jeu. Il est dans les deux surfaces, il tacle.

Dunkerque sera encore privé contre les Verts de plusieurs joueurs dont Felipe Abner et Gassime Yassine. Cela peut impacter le match qui se profile samedi ?

C'est difficile à dire. Je pense que Dunkerque a les armes aussi sur le banc. Le recrutement est bien pensé à l’USLD, ils font des recrues pour que tout soit homogène, que les remplaçants donnent satisfaction quand ils ont l’opportunité de s’exprimer. Bien sûr que ça sera un peu plus difficile sans quelques habituels titulaires mais l’USLD n’est pas démunie. L’entraîneur fait tourner de temps en temps, ce ne sont pas tout le temps les mêmes joueurs qui jouent. L’effectif a été bien pensé par le directeur sportif et le responsable du recrutement. Dunkerque, c’est un vrai groupe je trouve !

Suis-tu autant les matchs de Sainté que ceux de Dunkerque ? T’as moins d’anciens coéquipiers à l’ASSE qu’à l’USLD, forcément…

J’essaie de regarder la plupart des matches des Verts, quand je peux. Il ne faut pas que je sois pris les samedis soir, du coup ! (rires) Effectivement, il n’y a plus grand monde de mon époque qui joue encore à l’ASSE. Beaucoup de joueurs sont partis après la montée. Il reste juste Gautier Larsonneur, Mickaël Nadé, Aïmen Moueffek et Florian Tardieu, sans oublier Irvin Cardona qui est revenu à Sainté.

Je trouve d’ailleurs que le retour d’Irvin a fait beaucoup de bien à Sainté. Je le sens très investi, on sent qu’il aime l’ASSE et qu’il est déterminé à faire remonter le club. Il avait été déterminant lors de la dernière montée en marquant de nombreux buts, notamment lors de son renversant doublé en fin de match contre Bordeaux. Il a l’amour du maillot, on le sent épanoui à Sainté.

Gautier, c’est le capitaine, un vrai cadre de l’équipe. Un gardien qui a été l’un des grands artisans de la dernière montée et qui a à cœur de ramener de nouveau l’ASSE dans l’élite. C’est un bon gardien et il a du tempérament, il sait pousser des coups de gueule quand il le faut. On l’a vu l’année de la montée après la défaite à Dunkerque et cette saison après la grosse défaite à Annecy.

Mickaz, ça fait des années qu'on le connait. C’est un joueur très agressif, très important dans la ligne défensive de Saint-Etienne cette année. Et ça fait plusieurs saisons que ça dure ! Je trouve que c’est un joueur sous-côté. On n’en parle pas assez, c'est un joueur qui tient tout le temps la baraque, qui fait souvent des bons matchs.

Flo, je pense que cette année c'est le métronome. C'est le plus ancien de l'équipe, il est là pour montrer aux autres que cette saison il faut remonter. Flo remet un peu en place les jeunes joueurs, il leur donne des conseils, des consignes. Je trouve qu'aujourd'hui ça marche plutôt bien. C’est l’un des tauliers de l’équipe, avec Mickaz je crois que c’est le joueur de champ qui a le plus joué cette saison. J’ai vu qu’il a remporté le trophée du meilleur joueur de L2 du mois d’octobre. C’est un super joueur qui donne le tempo du match.

Quant à Aïmen, moi je le surnomme "le Buffle". C'est vraiment le joueur box to box. Il est là, il ne lâche jamais rien. C'est aussi un peu le symbole de Saint-Etienne. Il est là depuis très longtemps. Il est issu de l’école de foot de l’ASSE. Il défend les couleurs des Verts depuis qu’il a 9 ou 10 ans si je ne dis pas de bêtises. Forcément, il aime le club et il a envie aussi de remonter avec Saint-Etienne. C'est un très bon joueur, c’est dommage qu’il ait souvent des pépins. Sans eux, je pense qu’il ne serait plus à Sainté à l’heure où on se parle. Je trouve qu’il a une qualité de percussion impressionnante.

Quel regarde portes-tu sur la saison actuelle de l’ASSE ? De nombreux médias mais aussi pas mal de supporters s’attendaient à voir les Verts dominer assez aisément la L2. Ce n’est pas tout à fait le cas…

Les Verts sont dans les clous. Certes, ils ne sont pas leaders actuellement mais ils occupent  la deuxième place à 2 petits points de Troyes. Ils se sont d’ailleurs imposés là-bas récemment alors que l’Estac était invaincue à la maison depuis le début de saison. La saison où on est monté, on était loin du podium à la fin de la phase aller. Ce n’est parce parce que tu es premier après 15 ou 20 journées que tu vas finir premier. Une saison, c’est long et il ne faut pas se mettre de pression.

Les médias en font beaucoup, s’étonnent que les Verts ne soient pas premiers. Mais ce qui compte, c’est le classement final. Quand bien même Sainté finirait deuxième, l’objectif serait atteint car le club remonterait directement sans même devoir passer par les barrages. Je pense qu’il faut être un peu relax. A mon avis sur la durée les Verts sont supérieurs à la Ligue 2 même s’il faut se méfier de certaines équipes. On sait que la L2 est un championnat compliqué. Même si tout n’est pas parfait, je trouve que les Verts pratiquent gloablement un bon jeu et je considère qu’ils ont un bon coach.

Un coach qui ne fait pourtant pas l’unanimité chez les supporters, certains pointant ses difficultés à faire progresser une équipe qui n’a que la 14e défense du championnat…

… mais de loin la meilleure attaque si je ne m’abuse ! L’ASSE prend certes pas mal de buts mais c’est le style de jeu qui veut ça aussi. Tu ne peux pas demander à jouer très haut, à avoir la possession, et dans le même temps demander que tout le monde soit en défense. A mon sens il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Je pense que le coach sait ce qu’il fait. Sa philosophie de jeu, c’est d’avoir la possession, de ne pas se précipiter. Après, c’est sûr qu’en Ligue 2 il y a beaucoup d’équipes qui vont jouer les contres. Je pense que toutes les équipes ont « peur » de Saint-Etienne.

Les Verts doivent jouer leur jeu, et s’il faut marquer à la 80e sur une action litigieuse ou quoi, il faut prendre. Perso je n’ai jamais cru que Sainté allait se balader et gagner chaque match sans trembler. Toutes les équipes ont envie de battre Saint-Etienne, toutes les équipes ont un surcroît de motivation contre les Verts. C’est une réalité ! Toutes les équipes qui viennent dans le Chaudron se disent : « waouh, on joue dans un stade magnifique, dans une ambiance de fou, il faut se sublimer ». Ça met un peu la pression sur Sainté mais je pense que c’est une bonne chose.

Des supporters sont déçus que les Verts ne maîtrisent pas tous leurs matches, que l’équipe soit parfois déséquilibrée, laisse parfois des boulevards. Mais je pense que c’est un risque à prendre, que c’est un déséquilibre assumé. Si le coach fait ça, c’est qu’il a une bonne raison à mon avis. Les supporters stéphanois sont exigeants, quelque part c’est normal. Quand t’es supporter, t’aimerais que ton équipe gagne à chaque fois avec de la maîtrise. Mais même si tu t’appelles Saint-Etienne, dans ce championnat, il faut parfois accepter de gagner à l’arrache ou de connaitre quelques défaites.

OK, Sainté a perdu 4 matches cette saison. Mais c’est aussi l’équipe qui a décroché le plus de victoires. Comme Troyes, l’ASSE a gagné 9 matches en 15 journées. Ce n’est pas rien ! Franchement, je suis vraiment optimiste quant à l’issue de cette saison pour les Verts. Ils sont sur une bonne dynamique actuellement. Certes, ils ne sont pas à l’abri de rechuter ponctuellement mais ils sont bien évidemment armés pour atteindre leur objectif.  C'est tout le mal que je leur souhaite !

On espère qu’ils ne rechuteront pas dès samedi à Dunkerque, que tu as quitté pour Heerenveen l’été dernier. Peux-tu nous en dire plus sur les circonstances de ton départ aux Pays-Bas ?

On sortait d’une très grosse saison avec Dunkerque mais on avait appris via beaucoup de médias que le coach Luis Castro allait sûrement partir. Il y avait beaucoup de joueurs qui étaient en prêt. On ne savait pas vraiment ce qu'allait devenir Dunkerque, pour être honnête. La proposition d’Heerenveen m’a fait tout de suite réfléchir. La Eredivisie, c’est l’un des 6 ou 7 plus grands championnats européens. Il y avait une grosse part d’inconnue à Dunkerque. Alors que Heerenveen, c’est un club de l’élite néerlandaise qui finit à chaque fois milieu de tableau ou haut de tableau.

Dunkerque ne m’a pas vraiment retenu, les dirigeants de l’USLD savaient que beaucoup de joueurs allaient partir, qu'ils allaient être sollicités par rapport à la saison. Au final, je ne pense pas m'être trompé, même si je me rejouis de constater que Dunkerque a encore une équipe vraiment compétitive cette saison. Je suis très content d'être à Heerenveen à l'heure actuelle. Pour ma carrière, je pense que c'était bien aussi de grandir en tant qu'homme. Quand on arrive dans un club où on ne parle pas la langue, qu’on ne parle pas forcément anglais, tout de suite, on doit s'adapter. Je pense que c'est une très bonne opportunité pour moi.

D’autres clubs étaient sur toi après ta belle saison dunkerquoise ?

Oui, il y avait notamment Qarabag qui me voulait, le club d’Azerbaïdjan où jouait Ibrahima Wadji avant de venir à Sainté. Un club que connaît d’ailleurs l’ASSE pour l’avoir affronté en Europa League à une époque où je n’étais pas encore stéphanois. Qarabag joue cette saison la Ligue des Champions mais évolue dans un championnat qui ne fait pas rêver. A part ce club qui est très bon, le niveau n’est pas ouf. Après en avoir discuté avec mon agent et ma famille, j’ai décidé de décliner cette proposition. Je suis encore assez jeune et je ne me voyais pas partir là-bas. Heerenveen, ça m’attirait beaucoup plus.

C’est un club très connu aux Pays-Bas mais peu connu des supporters stéphanois. Tu peux nous le présenter ?

C’est un club qui a une histoire, qui est depuis plus de 30 ans dans l’élite néerlandaise, qui a gagné la Coupe des Pays-Bas il y a une quinzaine d’années. Un club où sont passés des attaquants internationaux comme Van Nistelrooy, Huntelaar…

… Lasse Nilsson !

Ah, lui je ne le connais pas.

Rassure-toi, on le connaît très peu. Quand l’ASSE a recruté cet attaquant suédois en 2007 pour 3 M€ en provenance d’Heerenveen, il venait de claquer 27 pions en deux saisons avec ton club actuel. A l’ASSE, il n’aura joué que 5 matches et claqué 0 pion…

Ah d’accord !

Qu’est-ce qui t’a attiré dans le projet d’Heerenveen ?

C’est un club qui aime prendre des joueurs à fort potentiel, des jeunes qui s’illustrent en Ligue 2 ou qui ne sont pas forcément en lumière. C’est un club qui essaie de les faire progresser pour les transférer à des top clubs européens. Je pense que c’est ce qui s’est passé avec Osame Sahraoui, qui est désormais à Lille. Il a d’ailleurs brillé la saison dernière en Ligue des Champions aux dépens d’un grand club néerlandais, Feyenoord. Ce soir-là, les Dogues ont gagné 6-1, il a marqué un but et délivré trois passes décisives ! Martin Odegaard est passé par Heerenveen. C’est également à Heerenveen qu’Hakim Zyech a été formé et a réalisé ses premières saisons en pro. Heerenveen est un club très familial, un peu comme Saint-Etienne.

Est-ce que tu as appris le néerlandais ? Elle n’a pas l’air évidente cette langue !

Quand je suis arrivé, j'avais les bases de l'école en anglais. C'était un peu compliqué, parce que je n'arrivais pas forcément à communiquer. Et puis, eux, ils parlent normalement, assez rapidement. Pour écouter, pour se comprendre, c'était compliqué. J'ai eu peut-être un ou deux mois difficiles. La préparation a été compliquée, même si le coach m'a donné la confiance. J’ai pris des cours d'anglais. Je suis encore en train d'en prendre. Et j’apprends aussi le néerlandais avec 6 autres joueurs. On va à l'école, comme des étudiants normaux.

Franchement, je pense que c'est quelque chose de bien parce qu'ils essayent de nous donner la culture du pays. C’est une langue très dure à apprendre. Je pense que c'est pareil pour les gens qui ne parlent pas français et qui doivent apprendre notre langue. Je parle surtout en anglais avec mes coéquipiers et avec le coach. Il parle anglais pour annoncer les séances. Tout le monde parle en anglais. Sauf les Néerlandais quand ils parlent entre eux bien sûr.

Un peu comme à Sainté depuis l’arrivée de KSV et Horneland, sauf quand les Francophones parlent entre eux bien sûr ! Tu te plais dans ton nouvel environnement ? Tu te les frises dans la Frise ?

Oui, je me les frise ! (rires) J’ai découvert cette région et je m’y plais bien. Franchement, c'est super. Heerenveen, c’est une petite ville, mais il faut dire aussi que Pays-Bas, c'est très petit. Tu peux aller te balader n'importe où dans les Pays-Bas. Heerenveen est une petite ville, c'est très familial. Quand on sort dans la rue, tout le monde te dit bonjour. Les gens sont sympas.

En termes de jeu, as-tu retrouvé un peu ce que tu avais connu à Dunkerque ?

Franchement, je ne pouvais pas rêver mieux parce que je suis dans une équipe qui essaye de jouer. Depuis que je suis arrivé, j’ai remarqué que toutes les équipes aux Pays-Bas essayent de jouer. C'est très rare qu'une équipe balance des grands ballons devant et essaye de jouer les duels. On n'en parle pas beaucoup en France, mais la Eredivisie est un championnat hyper attractif, très plaisant. On peut vraiment s'éclater dans ce championnat.

Toi qui as connu la Ligue 1 et la Ligue 2, tu la situes comment la Eredivise. Entre les deux ?

C’est difficile à dire parce que ce n'est pas du tout le même football. C’est au-dessus de la Ligue 2 et c’est assez proche de la Ligue 1. C'est sûr que si on va jouer contre le Paris Saint-Germain, ce sera compliqué... Mais je pense que ça peut être quasiment équivalent à l'élite française. C’est comme ça que je le ressens en tout cas. Je pense vraiment que la Eredivisie est un très bon championnat. Ça vaut le milieu de tableau de Ligue 1 je pense.

Depuis que tu as rejoint Heerenveen, tu as joué tous les matches officiels de ton équipe en tant que titulaire (14 en championnat, 1 en Coupe) mais tu n’as pas encore trouvé le chemin des filets et tu n’as délivré qu’une passe décisive. Comment juges-tu ta saison actuelle ?

Je pense que ma première partie de saison est plutôt bonne. 80 à 90% de mes matchs sont bons. Après, c'est sûr qu'on fait toujours une fixette, surtout dans le football actuel, sur les statistiques. Il faut marquer, il faut faire des passes décisives. Certes, je suis clairement en déficit en termes de stats. Mais je suis quand même très dangereux. J’ai fait des avant-dernières passes, je mobilise des joueurs adverses, j’en fais profiter mes coéquipiers. Bien sûr, j'aimerais mettre beaucoup de buts et délivrer beaucoup de passes décisives. Mais ils m’ont toujours dit ici : « les buts vont venir, vu tous les efforts que tu fais ».

Je pense que ça va venir. Moi, je suis un joueur de collectif. Peut-être que des attaquants ne vont pas forcément défendre, vont faire semblant de défendre. Mais moi, je serai toujours là à vouloir aider mon équipe, à faire les efforts jusqu'à mon défenseur gauche pour l'aider. Après, peut-être que c'est pour ça que je perds en lucidité aussi devant le but... Quand je vais commencer à marquer, je vais être beaucoup plus en confiance et après, je pense que ça va s'enchaîner. On a un avant-centre ici qui n’arrivait pas à marquer alors qu’en pré-saison il mettait 15 buts par match. Les 5 premières journées, Dylan Vente n’a pas marqué mais il a claqué 6 pions sur les 9 dernières journées.

On te souhaite d'ouvrir ton compteur buts ce week-end contre le PSV et on t’invite à regarder cette vidéo pour te donner des idées.



Qui sait, tu marqueras peut-être un but aussi beau que celui que tu avais inscrit avec Le Puy contre Villefranche en National 1.



C’est vrai qu’il était pas mal !

A moins que tu ne remettes celui que tu avais isncrit avec les U17 stéphanois contre Valence :



C’est un de nos fidèles potonautes, thomas99, qui l’avait immortalisé.

Ah oui, je m’en souviens que Poteaux Carrés avait mis à l’honneur ce but. J’ai d’ailleurs appris que vous fêtez vos 20 ans, c’est cool ! Je continue d’aller sur le site de temps en temps pour me tenir informé, parfois il y a des nouvelles de mes anciens coéquipiers. Quand j’étais à Sainté, je lisais beaucoup Poteaux Carrés. Je lisais les résumés des matches, ce qui se disait… Mes parents aussi lisaient beaucoup le site, les comptes rendus des matches de jeunes. Y’avait parfois des lives de matches de jeunes qui se déroulaient loin de Sainté, ça permettait à nos proches de nous suivre à distance ! Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de clubs, beaucoup de sites qui font ça. C’est beau de suivre les jeunes, leur évolution, leur parcours. Bravo à vous et continuez comme ça ! 

 

Merci à Maxence pour sa disponibilité