Anfield, des frissons (4)

08/05/2019
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Avant l'extraordinaire et renversant succès des Reds contre le Barça hier soir à Liverpool, l'excellent magazine italien L'Ultimo Uomo avait rappelé la verte origine du mythe d'Anfield. Extraits.

"L’Encyclopédie Treccani définit le mythe, du grec mỳthos ("mot, histoire") comme "une narration d'actes particuliers accomplis par des dieux, des demi-dieux, des héros et des monstres pouvant expliquer les phénomènes naturels, légitimer des pratiques rituelles ou des institutions sociales et, plus généralement, pour répondre aux grandes questions que se posent les hommes ".

Liverpool est l’une des rares équipes au monde à pouvoir associer le mot mythe à son propre stade. Cela se répète souvent dans l'atmosphère magique qui règne à Anfield dans les nuits européennes, tout le monde le répète. Un nombre incommensurable de joueurs s'accorde à parler d'"atmosphère spéciale" . Comme n'importe quel mythe, celui d'Anfield a une origine précise : la performance extraordinaire des Reds dans la soirée du mercredi 16 mars 1977, lors du retour des quarts de finale de la Ligue des champions contre Saint-Etienne.

Champion de France en titre et finaliste de la saison précédente, l'ASSE était considérée comme la plus forte formation de la compétition en raison d'une solide défense, d'une attaque éclatante et de la présence de Dominique Bathenay et Dominique Rocheteau, considérés à l'époque parmi les talents les plus prometteurs du football français, encadrés par des joueurs établis tels que Gérard Janvion, Christian Lopez et Jacques Santini. A l'instar de Liverpool, Saint-Étienne était également convaincu qu'il s'agissait d'un millésime spécial, à encadrer.

Les Reds ont perdu 1-0 à l'aller sur un but de Dominique Bathenay. Sur le chemin du retour, cependant, ils savaient qu'ils pourraient compter sur le facteur Anfield. L'attente du match est devenue un mélange d'anxiété et d'espoir, combinée à la certitude que le reste de la saison dépendrait du résultat de ce défi. Le 16 mars 1977, les gens ont quitté le travail et l'école tôt, commençant à envahir le stade dès l'après-midi. Le coup d'envoi était prévu à 19h30, mais deux heures plus tôt, le Kop était si rempli que la police a été obligée de fermer les portes plus tôt.

Alors que des centaines de spectateurs sont restés à l'extérieur - bien que certains aient réussi à forcer l'entrée - à l'intérieur d'Anfield, il y avait un pandémonium d'attentes, d'enthousiasme et d'excitation, dans le contexte du bruit généré par les chœurs des 55 043 spectateurs qui devenaient de plus en plus assourdissants. Peut-être déclenchée par l'une des plus fortes fréquentations jamais enregistrées - bien au-dessus de la moyenne de cette saison - une telle atmosphère n'avait encore jamais été ressentie. Elle a grandi avec le temps, dans un climat de tension et de confiance directement proportionnelles à ce qui se passait sur le terrain.

Lorsque Liverpool attaquait, le stade semblait littéralement pousser le ballon et les joueurs vers le but adverse. Quand les Reds devaient se défendre, il restait presque muet et silencieux. Le Kop, quant à lui, consistait en un balancement continu de têtes et de corps enlacés, surveillés par un petit nombre de policiers qui arpentaient la ligne de touche. Dans cette marée humaine perpétuelle, les enfants avaient été placés dans les premiers rangs, pratiquement assis derrière de petits parapets ou même sur les lignes de touche, à tel point qu’ils devaient s’écarter sur les corners pour permettre aux joueurs de tirer.

Après seulement deux minutes, Liverpool a pris l'avantage, Kevin Keegan a surpris le peu réactif Ivan Curkovic. Un premier rugissement a secoué Anfield. Il ne pouvait y avoir de meilleur départ. Mais cela ne suffisait pas: il devait marquer un autre but pour passer. Saint-Etienne n’a pas accusé le coup et s'est procuré les meilleures occasions de la première période. Au quart d'heure de jeu, l'arbitre a annulé un but de Rocheteau pour hors jeu. Cinq minutes plus tard, Clémence devenait le protagoniste d'une double intervention, d'abord sur une tête de Synaeghel, puis sur un tir de Rochereau.

Les efforts de Saint-Étienne ont été récompensés au début de la seconde mi-temps, lorsque Bathenay est parti du centre du terrain, a résisté à une charge de Case avant d'envoyer le ballon sous la barre d'une frappe des 30 mètres. Un but célébré par les 5000 supporters stéphanois rassemblés dans le parcage. Les chants "Allez les Verts" semblaient avoir pris possession d’Anfield. Liverpool paraissait abasourdi, il était nécessaire de marquer deux autres buts. Dix minutes plus tard, Kennedy a redonné l'avantage aux Reds en ne laissant aucune chance à Curkovic. Mais cela ne suffisait pas et les aiguilles de l'horloge continuaient à tourner.

Paisley a eu l'intuition de faire rentrer Fairclough. A 20 ans, ce dernier avait déjà gagné le surnom de supersub justement à cause de cette capacité à influer et à être décisif lors de ses entrées en jeu. A la 84e minute, sur une ouverture de Kennedy, il a pris le meilleur sur la défense des Verts pour marquer le but de la qualification. Le Kop est littéralement descendu, comme une avalanche humaine. Dans le tumulte général, Keegan a dit Fairclough: "Supersub, tu l'as encore fait!"

Dans les dernières minutes, les fans n'arrêtaient pas de chanter et, tandis que Liverpool se défendait avec ordre face aux attaques désespérées et confuses de Saint-Etienne, le choeur partait des gradins. "We shall not be moved", "Que sera, sera, whatever will be, will be, we're going to Italy". Les chanceux présents cette nuit-là venaient d'assister au match le plus excitant, le plus mémorable et le plus déterminant de l'histoire séculaire de ce stade et de ce club. Ce succès a eu un impact énorme sur le moral de l'équipe: Liverpool a battu facilement Zurich en demi avant de remporter la finale le 25 mai contre le Borussia M'Gladbach.

Ce 3-1 contre Saint-Etienne a défini un héritage que Liverpool parvient à conserver encore aujourd'hui lors des soirées européennes. L'atmosphère d'Anfield, ses vagues d'enthousiasme, semblent se fondre parfaitement dans le style de jeu hyper vertical de l'équipe de Klopp, capable, comme peu d'autres, de déterminer l'issue d'un match en quelques minutes avec une intensité maximale. Au point qu'il est difficile de comprendre dans quelle mesure l'un est lié à l'autre."

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