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C’est une vilaine histoire que je m’en vais vous conter. Celle du joueur le plus éphémère de l’histoire de l’AS Saint-Etienne...

Steed Malbranque débarque en ce monde un beau jour de janvier 1980 à Mouscron, en Belgique. Très vite, ses parents déménagent en France et voilà le gamin écumant les pelouses d’Oyonnax et de Montpellier, avant d’être repéré par la banlieue. Le jeune Malbranque va finir par gagner sa place dans le groupe d’un OL pré-septennat, participant même à quelques derbies époque Alex-Aloisio-Pédron.

Malbranque défie l'ASSE lors du derby 2000-01

Ce milieu offensif est tellement prometteur que dès 2001, la perfide Albion lui ouvre ses bras. Et pas n’importe quel club: Fulham. On l’a peut-être oublié, mais Fulham, c’est un peu l’ancêtre de Chelski, les résultats en moins. Le milliardaire Mohamed Al-Fayed veut en effet faire de son joujou à peine promu un club majeur Outre-Manche. Et il s’en donne les moyens. Presque 8 millions d’euros pour un espoir de 21 ans: les Vilains n’hésitent pas à libérer leur pépite qui sera pendant cinq ans un pilier des Cottagers, participant à 211 rencontres et marquant 44 fois. En parallèle, Steed réussit une carrière honorable avec les Bleuets, et atteint la finale de l’Euro Espoirs 2002, aux côtés (entre autres) de Julien Sablé et Sylvain Armand.

Steed découvre les joies et les rudesses du foot anglais à Fulham en 2001

En 2004, Malbranque rate peut-être à jamais son rendez-vous avec les sélections nationales. Appelé par Santini contre les Pays-Bas en amical, alors qu'il est également ciblé par les coaches belges et anglais (!), Steed ne rentre pas en jeu et voit les portes de toutes les sélections se fermer devant lui. Il ne décrochera jamais la moindre cape. Qu’à cela ne tienne: en club, il monte d’un cran en signant aux Spurs en 2006. Il reste deux saisons à Tottenham et y remporte la Coupe de la Ligue anglaise mais il ne satisfait pas totalement, et rebondit à Sunderland. Les trois saisons passées avec les Black Cats lui permettent de travailler sa polyvalence, et le montrent capable de jouer sur toute la largeur du terrain.


Malbranque poursuit son parcours brittanique
à Tottenham puis Sunderland dans les années 2000

C'est en 2011 que la bonne blague commence. Premier acte: Sunderland est en manque de liquidités et Malbranque coûte cher. Deuxième acte: l’ASSE est en pleine reconstruction et Christophe Galtier, qui veut instaurer un 4-4-2, se dit qu’il tient là le profil de rêve. L’accord est donc rapidement trouvé: résiliation à l’amiable entre le joueur et les Anglais, arrivée gratuite dans le Forez. Nous sommes le 4 août.


Avec le recul, la farce est quand même assez indigeste

Tout va alors très bien. Steed minimise son vilain passé ("Il y a prescription, cela fait dix ans que j’ai évolué en Angleterre. Lyon, c’est très très loin derrière moi. Je suis plutôt un joueur anglais qu’un ancien lyonnais"), réussit ses débuts en amical, séduit avec la réserve et porte enfin le plus beau maillot de sa carrière au Vélodrome, pendant un peu moins d’une demi-heure.
Puis patatras: le 5 septembre, on apprend que Steed Malbranque a résilié son contrat avec l’ASSE ! 32 jours après sa signature. Comme le disent les légionnaires d’Astérix et Cléopâtre: "Il est reparti comme il est venu ! Il faisait que passer"


L'unique match officiel de Malbranque en vert, face à l'OM en 2011

Fin de carrière subite ? Problème familial ? Les rumeurs se multiplient et aucune explication précise n'est apportée sur le moment. Le principal intéressé se fendra lui d’une explication beaucoup moins spectaculaire quelques mois plus tard: "Au bout de trois semaines, je me suis rendu compte que j’avais fait une erreur. Je n’avais plus de plaisir aux entraînements. Je n’étais pas bien, je préférais arrêter. Beaucoup de joueurs auraient fait une année blanche et touché leur salaire. J’avais un des meilleurs salaires de l’effectif et j’ai été honnête dans cette démarche."
Toujours est-il que l’ASSE est handicapée par ce forfait étrange et recrute en catastrophe (mais pas sans une certaine réussite) Max-Alain Gradel et Banel Nicolita pour compenser.


Malbranque retrouve vite son club de coeur en 2012

Si encore, cette histoire belge s’était arrêtée là ! Mais non, quelle ne fut pas la stupeur d’apprendre un an après que Steed Malbranque s’entraîne avec la réserve de l’OL… et pire: qu’il y reprend sa carrière et en une demi-saison devient un pilier de la banlieue, artisan remarqué d’une nouvelle désillusion ligérienne dans le Chaudron fin 2012 !
Il y dispute une saison pleine (39 matches, 2 buts) et rempile pour les deux saisons suivantes. En 2016, il fait une pige à Caen puis signe à Chasselay en National 2 (équivalent du CFA) puis à Limonest en National 3 ! 
En fait, à 40 ans, il semble avoir largement retrouvé le plaisir de jouer au football...

La carrière pro de Steed Malbranque en un clin d'oeil

Ah, Steed Malbranque, sois soixante-neuf fois maudit ! Vilain tu as été, vilain tu resteras. Et jamais tu ne seras acclamé par le peuple de Geoffroy !