Assou-Ekotto hors des clous et afro

01/03/2016
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La Pravda a publié aujourd'hui un long entretien de Benoît Assou-Ekotto. Extraits.

 

"Après avoir passé dix ans en Angleterre, tu vois la France différemment. Niveau club, c'est nettement moins business et vachement plus humain. Même si je le savais et que je le concevais comme ça, c'est ce que j'avais oublié dans le football. Le jour ou j'ai signé à Saint-Etienne, le président était là. Pareil quand on est allé faire une séance de dédicaces dans un géant Casino. A Tottenham il a toujours été absent. C'est l'autre face de l'iceberg qu'un supporter ne voit pas et qui fait qu'il ne peut pas comprendre quand un joueur n'est pas content. J'ai d'ailleurs rarement été compris.

 

J'ai déclaré : "Mon job de footballeur, je le fais pour gagner de l'argent". En Angleterre, les gens ont adhéré à mon discours. "Enfin un joueur réaliste et honnête !" Pour ça, c’est pro. En France, ils n’étaient pas prêts à entendre ça. C’est plutôt du genre : "Les footballeurs sont trop payés !" C’est ce que dit un collègue de ma mère qui œuvre avec elle dans une association aidant les migrants à parler français. Elle lui a répondu : "Pourquoi tes fils ne jouent pas au foot ?" Il croit quoi, lui ? Qu’on a un bac -4 et que des gens au-dessus de nos têtes sont assez stupides pour nous payer à perte ? Non. Le mec, il met ses billes dans le sport pour les récupérer et gagner du fric.

 

J'ai été suspendu trois matches et j'ai pris une grosse amende pour avoir soutenu Nicolas Anelka dans l'affaire de la quenelle. Je l’ai félicité sur Twitter pour son geste anti-establishment. Si son geste était, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, antisémite, je ne l’aurais pas fait. En Angleterre, ils ont des spécialistes anglais d’un problème français… Si j’étais quelqu’un de mauvais, j’aurais dit : "J’assume. Ne me donnez pas à manger." Mais je ne le suis pas. Pas plus que raciste. Je ne regrette donc pas mon soutien car Nicolas Anelka n’a pas fait un geste antisémite. Aujourd’hui, avec la mondialisation, on a des amis de toutes les races et de toutes les religions. C’est encore plus con d’être raciste.

 

J'ai refusé de porter un brassard noir en hommage aux victimes des attentats de Paris. Un peu avant, il y a eu un attentat dans le nord du Cameroun et on m’a refusé le droit de porter un brassard noir pour un match de Ligue Europa. Je connais le principe du "mort au kilomètre" : un assassin qui tue deux personnes dans le 16e arrondissement de Paris fera plus de bruit que s’il en tue cent à l’autre bout du monde. Mais comme je suis quelqu’un de très droit, je ne vois pas pourquoi je devrais porter un brassard pour des morts à Paris et pas au Cameroun. Je ne suis ni blanc ni noir, à part ma couleur de peau. Pour moi, il n’y a pas de morts VIP.

 

Si je n'avais pas été footballeur, j'aurais aimé travailler dans le septième art. Pour jouer la comédie. Quoique, on la joue déjà plus ou moins tous les jours. Quand tu vois ton patron, tu ne l'aimes pas et, pourtant, tu lui lâches un sourire. Quand la police t'arrête, c'est "Oui, monsieur." Après, moi je rigole de mes blagues, même quand elles sont nulles. Ce n'est pas comme Alain Chabat ou Franck Dubosc. Eux ce sont de vrais acteurs, ils arrivent à sortir des blagues en gardant un visage de marbre.

 

Pourquoi je suis devenu ambassadeur de bonne volonté pour l'ONU ? On m'a forcé, avec un gun sur la tempe. L'avantage d'être métis, c'est que tu dois aller en Afrique. En Europe, tu as des problèmes qui te paraissent de premier ordre, comme de changer ta voiture alors qu'elle peut encore rouler 200 000 km. Une fois là-bas, tu te dis : "Comment faire pour sortir de ce pays si t'as pas le sou ?" C'est déjà un problème monstrueux. Un jour, en Tanzanie, je croise un enfant de quatre ans et je lui offre une glace, il ne savait pas ce que c'était. Il la glisse dans sa poche en me faisant un sourire jusqu'aux oreilles. L'une d'elles était bandée, souvenir d'un coup de machette reçu pour avoir volé un truc sur un étal. Alors quand je reviens, un frigo plein, un canapé, la télé et ma fille suffisent à mon bonheur.

 

J'ai conscience de passer pour une grande gueule. J'ai conscience que ça ne va pas m'aider dans ma vie et surtout d'être un des rares honnêtes. Ce qui m'inquiète, c'est la majorité de ceux qui ne le sont pas. C'est pour ça que je ne pourrai jamais commenter un match ou être sur un plateau télé pour ne pas parler de tel joueur car c'est un ami ou à l'inverse démonter des joueurs pour faire mon buzz de journaliste.

 

Je ne resterai pas dans le milieu du foot après ma carrière, je suis trop honnête pour ça. Et puis les mentalités évoluent et je ne veux pas y adhérer. Tenez, par exemple, je ne conçois pas les crêtes sur la tête. Cristiano Ronaldo se fait un trait sur le coin de la tête, et, le lendemain, tout le monde l'imite. Mes coupes de cheveux ne répondent pas à un effet de mode. C'est ça le truc. L'afro, c'est une coiffure culte. Pareil pour les dreadlocks."

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