Prenez Garde, Monseigneur ! (2)

22/06/2014
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Avec son air d'enfant de choeur, l'ancien entraîneur des vilains s'est entretenu comme prévu avec l'évêque de Saint-Etienne en fin de matinée dans Le Jour du Seigneur. Vous avez encore raté l'émission dominicale de France 2 ? Non seulement on vous pardonne mais on vous propose une petite retranscription !

 

Rémi Garde : Je suis un homme de valeurs, elles sont ancrées en moi depuis longtemps. Le respect, le travail, l’humilité font partie des valeurs qui me décrivent. Ce sont celles que j’essaye de transmettre à ceux qui sont autour de moi car j’y crois beaucoup. Moi j’ai beaucoup de respect pour tous les gens  [ndp2 : sauf pour les Stéphanois manifestement !]

 

Mgr Lebrun :  En 1985, j’ai entendu un appel, qui ne venait pas de Dieu mais de la FFF qui disait qu’on manquait d’arbitres. J’ai toujours aimé le foot et je me suis pris au jeu. Jusqu’en 1998, j’ai fait l’arbitre à un niveau modeste, district et Ligue régionale. Je suis supporter de l’ASSE. Rémi vous me pardonnerez ? (rires)

 

Rémi Garde : Je vous pardonne, il n’y a pas de problème ! (sourires) Lyon et Saint-Etienne, on est très proches. On est rivaux plutôt qu’ennemis.

 

Mgr Lebrun : On va dire qu’on est frères ennemis. Le foot lui-même est plus que le foot. Ça concerne l’humain, la vie collective. Il faut deux équipes qui se rencontrent. Il y a des lois, les lois du jeu, mais il y a aussi un esprit. Ce n’est pas très loin de la vie chrétienne. On a des règles, des lois un chemin à parcourir, on a reçu une identité profonde humaine faite pour aimer, pour être aimé. Mais en même temps il faut faire vivre cela dans le geste concret.

 

Rémi Garde : On a affaire à de jeunes joueurs. Même lorsqu’ils sont professionnels, on l’oublie parfois, ils n’ont qu’une vingtaine d’années.

 

Mgr Lebrun : Pour avoir côtoyé le club de Saint-Etienne, je pense qu’il ne faut pas opposer le sport amateur et le sport professionnel. Il y a un continuum d’éducation. Moi je crois que vous avez un rôle y compris envers les joueurs professionnels. On les prend parfois pour des extra-terrestres mais ce sont des hommes comme tout le monde.

 

Rémi Garde : Tout à fait, il est bon de le leur rappeler assez souvent car leur environnement les portes aux nues.  Le rôle de l’entraîneur, c’est de rappeler qu’on doit aller vers un but commun. Pour ça il faut avoir de la solidarité, de l’entraide, des valeurs chrétiennes. L’image qu’une équipe dégage, qu’un club dégage, est très importante sur une immense population puisque le football est un sport très populaire. C’est pour ça qu’on se doit d’être le plus possible exemplaire.

 

Mgr Lebrun : Quand je vais à Geoffroy-Guichard, je porte une écharpe mais je ne laisse pas ma croix au vestiaire. On vient volontiers vers moi pour me dire « vous êtes là, donc vous êtes d’accord avec tout cet argent dans le foot ? » Ça me renvoie aussi à ma conscience. J’ai la chance d’être dans un club qui essaye – le président Romeyer est connu pour cela – de mettre des limites, des freins. On pourrait dire qu’on est complice en y allant, de temps en temps je me le demande. Ne suis-je pas un peu complice en venant applaudir ? Mais je crois profondément que ce serait vouloir être pur. Mais qui suis-je pour dire que je suis pur ?

 

Rémi Garde : On parle de cet argent qui rentre à flots dans le football mais je crois qu’on peut voir aussi le football sous un autre angle avec les valeurs que je défends : la solidarité, le dépassement de soi, de sacrifice pour l’autre pour le bien de l’équipe. Moi j’ai souvent ce discours-là avant un match.

 

Mgr Lebrun : Si le foot est si populaire, c’est aussi parce que les joueurs sont des artistes. Ils réussissent à faire avec un petit ballon un spectacle qui réjouit. Il faut voir la joie des spectateurs.

 

Rémi Garde : Il faut du talent au départ, il y a beaucoup d’enfants, de jeunes qui en ont. Ils y a ceux qui exploitent leur talent par leur travail, et ceux qui ne l’exploitent pas par manque de travail. Avant d’avoir les gros contrats dont on parle, il y a beaucoup de travail.

 

Mgr Lebrun : Les joueurs doivent travailler, et ils ont aussi comme toutes les femmes et tous les hommes des besoins spirituels. Je pense que chacun dans sa situation, a le besoin d’être aidé. Et ça je ne sais pas si nous le faisons assez.  On n’est pas assez nombreux, on n’a pas le temps, sans doute aussi parce que l’on n’ose peut-être pas. Il ne faut pas hésiter à investir tous les terrains humains. Je crois fondamentalement que Dieu s’est fait homme. Jésus a investi tout le champ de l’humain. Il aurait pu jouer au foot, il a peut-être joué à ce qui ressemble au foot. C’est un terrain où l’humanité se manifeste, y compris dans son échec, dans ses déceptions.

 

Rémi Garde : Le foot est un reflet de tout ce que l’on peut vivre dans la société avec une exposition médiatique importante.

 

Mgr Lebrun : L’arbitre lui-même doit accepter de se tromper, il ne doit pas se croire tout puissant.

 

Rémi Garde : On est tous amené à faire des erreurs. Cela permet de tester le pardon de l’autre. On a tous besoin de ça dans la vie.

 

Mgr Lebrun : Dans la religion chrétienne, il y a une homélie pascale qui parle de « bienheureuse faute ».  Je crois que c’est là que l’humanité surgit dans ce qu’elle a de meilleur. Je ne souhaite pas bien sûr aux joueurs et aux arbitres de la Coupe du monde et d’ailleurs de se tromper. Mais on doit découvrir que l’on va au-delà du résultat.

 

Rémi Garde : C’est là aussi qu’apparait la notion de tolérance. On n’est pas infaillible. Tolérer l’erreur de l’autre, c’est aussi important [ndp2 : sauf quand l'arbitre siffle contre les vilains manifestement !]

 

Mgr Lebrun : Il y a aussi des liens de fraternité, d’amitié qui se créent. Moi je vois des anciens joueurs de l’ASSE qui continuent d’avoir des relations, qui viennent à Saint-Etienne même s’ils sont dans un club très concurrent. Il y a des liens qui se tissent, qui sont finalement plus importants que les résultats de la Ligue 1 ou de la Coupe du monde. Saint Paul a dit qu’il avait couru pour gagner une couronne qui ne se flétrit pas. Je souhaite ça à tous les joueurs, à tous les entraîneurs : il faut gagner la couronne mais celle qui ne flétrit pas, c’est-à-dire celle du cœur.

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