Il faut peu pour passer de la crise à la bonne passe. Et ce peu, qui s'appelle but en fin de match, et surtout défense retrouvée, permet aux Verts d'aborder avec un peu plus de sérénité ce match d'une importance déjà capitale contre l'équipe présumée la plus faible du groupe dans cette Europa League. Mais qu'est-ce que ça vaut vraiment, Oleksandriya ?


1- Le parcours

Pour placer les choses dans leur contexte, le Polihraftekhnika, le nom d'origine de notre adversaire du jour, est un jeune club. Fondé à l'époque de la fin de l'URSS, le club a longtemps végété en D2. De sa fondation à 2014, date à laquelle le club fusionnait avec le UkrAhroKom, le club n'avait connu la première division que durant trois saisons, avec une 13ème place pour meilleure performance. Profitant de l'état délabré du football ukrainien (disparitions du Dnipro et du Metalist Kharkiv, principalement, mais aussi de deux autres clubs constants de D1, le Metalurg Donetsk et le Kryvbas Kryvyi Rih), le club s'est installé dans l'élite depuis 2015. Pour ses quatre premières saisons, le club du centre de l'Ukraine n'a pas tardé à performé, se classant 6ème, 5ème, 7ème puis finalement 3ème la saison dernière, premier des autres, derrière les deux seuls ogres restants du foot ukrainien.

A l'échelle européenne, Oleksandriya en est donc à sa 3ème participation. Pour une seule victoire, il y a deux saisons, contre les Roumains de l'Astra Giurgiu (dont on se souvient, de notre côté, pour avoir été les tombeurs, fut un temps pas si lointain, de nos vilains voisins). Pour le reste, on retrouve trois nuls (contre ces mêmes Roumains, contre le BATE Borisov la même saison, puis contre Gand avant la trêve internationale) pour quatre défaites (contre le BATE à une reprise, contre le Dinamo Zagreb à deux reprises et récemment contre Wolfsburg), la plus lourde lors de leur première rencontre continentale, 0-3.

Cette saison, Oleksandriya a plutôt bien démarré la saison puisqu'ils pointent à la 4ème place du classement, à quatre points, seulement, du Dynamo Kiev, mais derrière Desna. On notera toutefois que les joueurs de Volodymyr Sharan comptent déjà quatre défaites, perdant contre les trois premiers mais également lors d'un déplacement sur la pelouse de l'Illychivets Mariupol. D'ailleurs, si cette équipe se débrouille bien sur sa pelouse, elle est plus en difficulté à l'extérieur où elle a également concédé un nul et où ses deux victoires ne l'ont été que d'un but. On notera aussi que cette équipe ne brille ni par son attaque, ni par sa défense, chacune 5ème, à respectivement cinq et six buts du 3ème de ces classements.

 

2- L’effectif

Comme la plupart des effectifs ukrainiens, à l'exception des deux gros, les joueurs connus ne sont pas légion, et l'expérience y est peu importante.

C'est dans les buts, justement, qu'on en retrouve un peu. Quoi que fautif contre Wolfsburg, Pankiv (34 ans) apporte une certaine assurance de ce côté. Au-delà d'approcher les 200 matchs en première division ukrainienne, il avait déjà connu l'Europa League avec le Metalurg Donetsk et l'Arsenal Kiev et était de la partie il y a deux saisons. Sa doulure, Bilyk n'a, lui, aucun match de l'élite dans les jambes.

En défense, on retrouve deux des rares internationaux de l'effectif. Dans l'axe, le jeune Bukhal (23 ans), une dizaine de matchs de D1 à son actif, côtoie, Dubra, 35 sélections avec la Lettonie et une vingtaine de matchs de Coupe d'Europe avec cinq clubs différents, dont la Champions League avec le BATE Borisov. A droite, c'est un international azéri (19 sélections) que l'on retrouve. Si la seule expérience européenne de Pashaev se résume à deux matchs avec le Dnipro, le garçon compte tout de même près de 200 matchs en D1 ukrainienne. Et se permet de pousser le latéral droit beaucoup moins expérimenté, Miroshnichenko, sur la gauche. Au rang des doublures, on retrouve, dan l'axe, l'expérimenté Shendrik (33 ans, déjà au club pour sa première campagne européenne) et le tout jeune Baboglo (20 ans, 21 matchs de D1) et, à gauche, Stetskov, 21 ans et 14 matchs en pro. Auxquels il faut ajouter Prokopchuk et ses 14' en pro.

Au milieu, un trio se détache. Les deux plus défensifs du lot sont également plus expérimenté. D'un côté, Banada est un ancien de la maison, déjà présent lors des deux précédentes campagnes européennes du club et qui a connu la D2 avec Oleksandriya, de l'autre Grechyshkin, vieux briscard de la D1 urkainienne qui a connu la Coupe d'Europe avec deux autres clubs ukrainiens auparavant (dont 13 matchs avec le seul Zorya Luhansk), qui avoisine les 150 matchs en D1 et a même joué au Shakhtar lors d'une courte période et en sélection nationale à deux reprises, en 2013. Enfin, la pointe haute, Kovalets et moins expérimentée mais en est, tout de même, actuellement à sa 5ème saison de D1. Derrière eux, Dovgyi (9 saisons en D1, pas d'expérience européenne) et Zaporozhan (toutes les campagnes du clubs, 6 saisons en D1, dont une lors du passage de 2011-2012 d'Oleksandriya en D1) sont les seuls qui ont eu la chance d'être titulaires cette saison.

Sur les côtés de l'attaque, on retrouve deux joueurs qui ont su s'exiler par le passé. D'une part, à gauche, Tretyakov qui revient tout juste d'une saison en Slovaquie, à Dunajska Streda où il avait découvert la Coupe d'Europe. D'autre part, à droite, Luchkevych qui revient du Standard Liège où il avait si peu joué (21 matchs de D1, aucun en Coupe d'Europe), lui qui avait connu l'Europa League avec le Dnipro, dont 27' contre les Verts, déjà, à l'occasion d'une défaite 3-0 et qui a 23 ans approche, malgré ce passage à vide belge, les 100 matchs en pro. A ce poste, les doublures sont très nettement identifiés, avec Zaderaka et Protasov, peu expérimentés et habitués à ne pas jouer les premiers rôles. En pointe, en revanche, la donne est moins claire. En effet, Bezdorodko est le plus titularisé en championnat mais ne compte que 9' de jeu en Europa League. C'est en effet Sitalo qui a été titularisé à chaque fois dans cette compétition, alors qu'il est le moins utilisé en championnat. Seul Shastal semble un peu en retrait, à peine plus titularisé que le dernier cité en championnat, et avec moins de temps de jeu, et comptant seulement 35' en Coupe d'Europe. Pour les trois, malgré des âges différents, l'expérience est limitée puisque seuls cinq matchs de Coupe d'Europe avaient été disputés avant cette saison pour ces trois joueurs, dont quatre par Sitalo avec Oleksandriya il y a deux saisons.

 

La compo probable : L'équipe était au complet ce week-end à Kiev et devrait encore l'être à Geoffroy-Guichard. Peu de raisons, donc, de différer de l'équipe habituelle présentée au-dessus

Pankiv – Pashaev, Dubra, Bukhal, Miroshnichenko – Banada, Grechyshkin – Luchkevych, Kovalets, Tretyakov – Sitalo

 

3– Souviens-toi la dernière fois

Vu le passif d'Oleksandriya, les Verts n'ont, sans surprise, jamais affronté cet adversaire. Ils connaissent toutefois les adversaires ukrainiens. D'une part, parce que cela a forgé en partie la légende des Verts. L'une des remontadas les plus célèbres de l'histoire du foot français, avant même que l’expression ne soit à ce point populaire, contre le Dynamo Kiev du grand Blokhine grâce à un Rocheteau perclus de crampes.

D'autre part, parce que, plus récemment, le Dnipro s'est présenté deux fois sur la route des Verts. Pour aucune victoire dans la Loire. Si les Ukrainiens avaient réussi à se qualifier aux dépens des Verts en 2014, ils n'avaient obtenu qu'un nul 0-0 à Geoffroy-Guichard. Et la saison suivante, ils chutaient deux fois contre les Verts, encore en phase de poule, dont une lourde défaite à Saint-Étienne grâce à des buts de Beric et Hamouma et surtout à une ouverture du score de Kevin Monnet-Paquet.

 

4- Le joueur à suivre

Difficile, évidemment, de pointer un joueur en particulier dans une équipe si méconnue. On pourrait bien sur citer les internationaux, mais être international azéri ou, pire encore, letton n'apporte que peu de garanties de niveau. Alors, nous nous limiterons au stats. Et mettrons en avant deux joueurs.

Tout d'abord le buteur maison. Avec trois buts depuis le début de saison, Sitalo est ainsi le seul meilleur buteur du club. Avec une passe décisive, il est même, ex æquo, le joueur le plus décisif de l'effectif ukrainien. On parle toutefois d'un attaquant qui ne compte que 10 buts en D1 dans l'ensemble de sa carrière, ce qui montre les difficultés offensives de son équipe.

A ses côtés, on retrouve Kovalets qui, bien que pas attaquant, compte déjà deux buts et deux passes décisives. Le garçon est d'autant plus dangereux qu'il était, la saison dernière, même plus prolifique que l'avant-centre précédemment cité.

Mais, finalement, en dehors de toute stat, le vrai joueur attendu de cet effectif, c'est Luchkevych. Si son passage en Belgique n'a pas été à la hauteur des attentes, le joueur était porteur d'espoirs à ses débuts. Et s'il n'est toujours pas international, c'est bien lui qui possède le potentiel le plus affirmé et le plus observé. Et qui devra être le plus surveillé.