Les Verts ont poursuivi à Angers leur catastrophique série, 6 matchs sans victoire, dont 4 défaites. 


L'inquiétude est un sentiment qui revient souvent dans les analyses de ce match. Le capitaine : "la fébrilité nous a paralysés et fait déjouer. (...) Est-ce que je suis inquiet ? Aujourd’hui, oui, je le suis", mais aussi son entraîneur, inquiet pour le club, par pour son futur personnel, qui semble scellé. Surtout que les joueurs semblent l'avoir lâché : "je n'ai pas d'explication sur la différence entre la première et la deuxième mi-temps de mes joueurs. Sur la première je me sens encore écouté. Sur la deuxième, non".

Un petit retour rapide sur la différence entre ces deux périodes.
 
 
 

1MT : De prometteur...

 
Comme le match précédent avait prouvé qu'une défense à 5 n'apporte pas plus de garanties défensives, les Verts sont revenus à un système plus classique, un 4-2-3-1 :


Avec Perrin, Cabaye, Khazri et Hamouma au repos sur le banc et avec 11 absents, les Stéphanois (ici avec Boudebouz et Zaydou Youssouf qui ont inversé) ont été opposés à un bloc 4-1-4-1 bien en place. Ils ont privé leurs adversaires de ballon en début du match (65% de possession le premier quart d'heure), mais ils ont bien reculé ensuite (75% de possession pour Angers sur le quart d'heure suivant !). Et les attaques angevines ont cherché à exploiter les nombreuses failles dans le bloc défensif de l'ASSE, comme dans cet exemple à la 16e :


Le bloc stéphanois en 4-4-2 est bien en place et Angers fait circuler le ballon de droite à gauche entre ses quatre défenseurs. Les joueurs ne sont pas forcément à leur place (l'ailier gauche est en position de "10" et un milieu central est excentré à gauche), mais il n'y a pas de déséquilibre créé :


Le ballon arrive de nouveau sur le côté gauche de la défense stéphanoise, le bloc coulisse bien, mais...


... Bouanga se fait avoir facilement par un une-deux entre les deux joueurs de couloir d'Angers. Trauco est sorti sur son ailier, un milieu adverse plonge dans son dos, suivi par M'Vila, qui ne peut pas compenser pour Bouanga. Avant de continuer l'action, il faut remarquer les joueurs côté opposé, où Debuchy est au marquage de l'ailier et Nordin du milieu central excentré. Le latéral droit angevin monte donc balle au pied dans l'axe, comme s'il n'y avait pas eu de bloc défensif...


... et si de ce côté il n'y a pas vraiment de décalage, Nordin n'a pas suivi son adversaire. Qui est trouvé par une passe au dessus de la défense, mais heureusement il n'arrive pas à bien contrôler le ballon. C'était la première d'une série d'attaques angevines qui ont toutes commencé par une percussion dans l'axe qui élimine la ligne des milieux et qui oblige la défense à reculer.


La demi-heure de jeu passée, le match s'est rééquilibré et les Verts ont pu prendre l'avantage grâce à une très belle construction :


Ruffier relance avec Moukoudi, qui s'appuie sur Boudebouz, qui décroche très bas avant d'ouvrir avec Kolo côté gauche. Le central stéphanois échange des passes avec M'Vila :


Le bloc d'Angers est en place, Boudebouz et Youssouf sont assez bas, pendant que Nordin est axial, à côté de Beric et Bouanga bien collé à la ligne de touche. Sauf que ce dernier se déplace vers l'axe aussi, pour offrir une solution de passe à Kolo et pour libérer le couloir, où Trauco peut monter. Il est servi et les deux joueurs de couloir gauche combinent dans un petit périmètre avant de perdre le ballon, qui est dégagé jusqu'à Ruffier. 30 secondes plus tard, les Verts reconstruisent une attaque :


Ruffier - Kolo - Moukoudi - M'Vila à gauche. Youssouf propose une solution plus axiale et il est servi, avant de s'appuyer sur Boudebouz...


... qui fait la même chose. Le bloc adverse est en place, les milieux stéphanois gardent le ballon dans leur moitié pour bien préparer l'attaque. Ils sont tous les 3 très bas, sur la même ligne :


Si à gauche la paire Trauco - Bouanga est de nouveau collée à la ligne de touche, à droite Debuchy est seul dans son couloir, Nordin ayant comblé le décrochage de Boudebouz en se plaçant entre les lignes. Il y est trouvé, élimine la sentinelle adverse avec un contrôle orienté, monte balle au pied et décale son latéral droit...


... avant de se projeter dans la surface. Comme à son habitude, Beric ne participe pas au jeu et ne touche pas souvent le ballon, mais ses appels sont utiles : il fait reculer toute la défense angevine et Nordin est tout seul au point de penalty, où il est trouvé par le centre (que Debuchy a eu le temps de soigner).

Un "10" qui descend bas pour participer à la construction, un excentré qui prend sa place dans l'axe, entre les lignes, et laisse la sienne à un latéral offensif, des courses sans ballon pour créer des espaces... Bref, une vraie animation offensive, comme celle de la saison dernière, et ça fait plaisir à voir !


2MT : ... à catastrophique


Malheureusement ce jeu collectif et maîtrisé a disparu après la pause. La faute à des Angevins bien motivés par la gueulante de leur entraîneur à la mi-temps ? Possible, mais c'est clair que les Stéphanois ne sont pas ressortis avec la même motivation, comme on peut le voir sur cette action très peu après le retour des vestiaires :


Dégagement de Ruffier, duel aérien gagné par le défenseur, M'Vila est sur le 2e ballon et, avec l'aide de Beric, il écarte à gauche avec Nordin. Qui perd rapidement la possession, c'est une phase de transition, mais forcément dangereuse :


Les 4 défenseurs et 2 milieux centraux stéphanois sont en place et ils ont devant eux seulement 4 adversaires. L'avant-centre est trouvé entre les lignes, mais il garde le ballon et finalement joue en arrière...


... avec un défenseur, qui écarte sur l'aile droite. Il n'y absolument aucun déséquilibre, avec 3 Angevins disposés sur la largeur et deux autres dans l'axe devant la paire M'Vila-Youssouf (aidés en plus par Nordin). Et pourtant...


... l'excentré adverse repique vers l'axe balle au pied et passe entre Trauco, Nordin et M'Vila, aucun de ses 3 joueurs n'arrivant à l’arrêter. C'est Kolo qui couvre et qui le bloque, illicitement, mais le reste de la défense est très apathique et personne ne suit le ballon, ni Moukoudi, ni Debuchy, ni Ruffier. Sauf l'ailier opposé, qui y croit et qui égalise.


Comme lors des matchs précédents, les Verts ont encaissé un but qui n'a rien à voir avec une quelconque disposition tactique, mais qui montre leurs limites en terme de motivation et investissement. La suite de la 2MT a été plutôt équilibrée (53%-47% de possession lors des premières 20 minutes), sans grosse occasion, aucune équipe ne prenant réellement le jeu à son compte.

La paire Boudebouz-Beric a été remplacée par Khazri-Hamouma, avec plutôt le dernier en avant-centre et le premier en "10" :


Dans un match fermé, la différence peut être faite sur les coups de pied arrêtés. Khazri en a mal joué 3 - les seuls ballons qu'il a touchés lors du petit quart d'heure entre son entrée en jeu et le 2e but angevin... arrivé suite à un coup franc adverse. Ça a été un sacré coup sur la tête pour des Stéphanois déjà pas très rassurés, qui ont ensuite craqué dans les dernières minutes encaissant deux autres buts coup sur coup, sur des phases de transition. Une des forces de cette équipe d'Angers, tout comme les CPAs...

Entre temps, Abi avait fait son début avec les pros cette saison - entré à la place de Nordin, il a pris le rôle d'avant-centre et Hamouma s'est excentré à droite :

 
 
 

Conclusions

 
Cette défaite a été qualifiée de "honteuse" par Ghislain Printant, qui a clairement pointé du doigt l'investissement de ses joueurs en 2MT. Il est très menacé et sera probablement remplacé assez rapidement, payant ainsi les pots cassés. Entre le manque de structure et d'organisation au club, des arrivées tardives au mercato, une préparation physique décalée pour certains et mal gérée par d'autres et un mental très friable des joueurs pourtant expérimentés... dans ce contexte, il sera compliqué de réussir pour n'importe quel entraîneur. Ce qui est frustrant, parce qu'il y a clairement du talent dans cette équipe, elle est pas mal du tout quand elle se met à jouer. Le problème apparaît quand elle se met à douter, ce qui arrive trop souvent ces derniers temps..