séléctionnez une date pour un autre éphéméride

Hommage à celui qui a bien failli prendre sa place au monument Janot...


Dans la famille Viviani, René gardait les Sceaux, Jody garde les buts. Logique d'être N°1 quand on a un prénom qui fait référence à un champion de F1. Né sans crier gare à la Ciotat, Jody préfère sa bonne mère à la justice, et le football à la pétanque. Comme il a le nez camus et fait une tête de plus que tous ses petits camarades, on met cette grande perche entre les perches. Jody joue dans les deux clubs ciotadens, l'ASPTT et l'Étoile. Mais les toiles font peur à Viviani, qui rejoint Aubagne, la ville natale de Marcel Pagnol et Chistophe Pignol.


La carrière de Jody Viviani en un clin d'oeil

A 16 ans, Jody devient pensionnaire du centre de formation de Montpellier. Moins de deux ans plus tard, il fait ses premières apparitions en CFA. En juin 2002, il atteint son Graal en signant son premier contrat pro avec le club héraultais et le 17 août de la même année, il fait ses grands début en Ligue 1 à la Mosson contre le Bordeaux d'Elie Baup.
Face à un tel adversaire, Jody ne veut pas prendre de but casquette. A créditer d'une bonne prestation, il doit néanmoins s'incliner sur un tir de Smertin et les Girondins s'imposent 1-0. Doublure de Rudy Riou, Viviani gardera les cages de Montpellier à deux autres reprises cette saison-là.


Jody découvre les joies de la D1 à Montpellier en 2002

Pourtant, malgré la vaillance de Bruno Carotti et l'arrivée de Robert Nouzaret, Viviani ne peut éviter la relégation du MHSC la saison suivante: après avoir été sauvé par ses poteaux, il doit s'incliner deux fois face aux buteurs strasbourgeois à l'avant-dernière journée et les Montpelliérains sont relégués en Ligue 2.
Fort de ses 8 matches en Ligue 1, Viviani est titularisé en Ligue 2 par Robert Nouzaret, puis par son successeur et ennemi Jean-François Domergue. Courtisé lors du mercato par Anderlecht et quelques clubs anglais, le portier héraultais dispute 29 rencontres la saison 2004-05, avant d'être relégué sur le banc pour avoir refusé une prolongation de contrat.


Barré à Montpellier, Viviani arrive comme doublure à l'ASSE en 2005

Sélectionné en équipe de France Espoirs par Raymond Domenech, Viviani signe en juin 2005 un contrat de 3 ans avec l'ASSE, car même un cascadeur comme Jérémie Janot a besoin d'une doublure. Jody Viviani succède ainsi à Ronan Le Crom dans le rôle du grand chevelu cireur de banc. Contrairement à son prédécesseur, il ne connaîtra pas le bonheur de la traditionnelle élimination au premier tour de la Coupe de France. En revanche, il réussira à devenir calife à la place du calife.
Cela fait deux ans et demi que Jody porte les bouteilles en jouant un match par-ci par-là, lorsque Jérémie Janot se blesse. Nous sommes au début de l’année 2008 face à Rennes. Pour fêter ses 26 ans, Viviani est donc titularisé pour les 9 rencontres qui précèdent le retour de SpiderJanot. Mais fin mars, le grand gars du 13 a réussi son intérim: Laurent Roussey lui maintient sa confiance. Viviani devient donc le portier titulaire de la fin de saison boulet de canon qui propulse les Verts en UEFA. Ce que ni Kaméni, ni Debec, ni Guillaud, ni Perraud, ni Le Crom, ni plus tard Planté ne sont parvenus à faire, Viviani l'accomplit: il pique sa place à Jérémie Janot ! Preuve en est: il commence la saison 2008-09 titulaire dans les bois.


En 2007-08, Viviani profite de la blessure de Janot
pour s'imposer dans les buts (photo le Progrès)

Mais cet âge d’or ne dure pas: l’ASSE s’effondre et commence une déprime de deux ans qui ne sera pas loin de la renvoyer dans les tréfonds de la L2. Nous n’en sommes pas encore là lorsque le 9 novembre 2009, Rennes vient gagner 3-0 à GG au terme d'une rencontre calamiteuse. Les Verts sont relégables et Viviani est pris à parti par le public. Laurent Roussey saute, Alain Perrin atterrit. Et l’une de ses premières décisions est de redonner les clés à Janot: on ne reverra plus Jody en L1 sous le maillot Vert. L’été suivant, il quitte la Loire pour l’Isère, avec ce commentaire: "De l'extérieur, on voit bien que Grenoble construit, que son projet est intéressant. Ce n'est évidemment pas une régression"...


Viviani entre dans un Stade des Alpes vide: les années galère à Grenoble

Bien vu Jody: Ronan le Crom (encore lui) lui pique sa place pas loin d’une demi-saison plus tard, le GF38 prend l’ascenseur et Viviani se retrouve enfin titulaire indiscuté en 2010-11... dans un club en décomposition qui réussit l’exploit de finir dernier de L2 un an après avoir décroché la lanterne rouge de la L1. Dépôt de bilan. Jody rebondit en Grèce au Skoda Xanthi, où il peut alors parler de ses vertes années avec Nicolas Marin.
Et puis délogé des cages par la concurrence, il fait ses bagages à l'été 2013 et se rapproche de sa mère patrie en rejoignant à 31 ans le Royal White Star de Bruxelles (D2 belge)... pour y redevenir doublure.


Au Skoda Xanthi, Viviani se fait un nom (en alphabet grec)

En juin 2014, il revient en France pour rejoindre l'équipe de Boulogne-sur-Mer, qui évolue en National où il est vite rejoint par son copain Marin Le club reste en milieu de tableau mais effectue un joli parcours en Coupe de France, qui l'emmène en quart de finale face... à l'ASSE. Maintenant son équipe à flot, Jody repousse les Verts jusqu'à la séance de tirs au but (1-1 au terme des prolongations) mais s'il arrête la tentative de Loïc Perrin, il est battu dans son duel à distance avec Stéphane Ruffier qui, lui, stoppe deux tirs au buts adverses.


Viviani ne pourra pas empêcher Corgnet d'égaliser
en fin de match et d'arracher les prolongations (photo ASSE)

A l'issue de cette belle saison boulonnaise, Jody et Nico décident ensemble de faire ce que font de nombreux pré-retraités de France: partir vivre dans le sud. Cet héliotropisme emmène alors nos deux inséparable à Toulon, en CFA2: "C'est un club avec une vraie histoire qui mérite le plus haut niveau. Le projet est intéressant, c'est un super challenge. J'ai vraiment envie de m'inscrire dans la durée en azur et or" (La Voix du Nord)


Jody Viviani et Nicolas Marin, compères en rade de Toulon en 2015

Dans le Var, non loin de sa Ciotat natale, Viviani dispute les quatre dernière saisons de sa carrière de joueur, enchaînant deux montées consécutives de N3 à N1. Et la cinquième année, il intègre à 37 ans le staff aux côtés de son ami Luigi Alfano, en tant qu'entraîneur des gardiens. Mais l'expérience ne le branche pas assez pour poursuivre dans cette voie alors il intègre une société d'agents et trouve sa nouvelle vocation en se spécialisant dans le recrutement, la détection et le scouting. Particulièrement actif en Afrique, il y découvre notamment Boubacar Fall et El-Hadji Dieye, deux joueurs qui feront leur premier match professionnel à Saint-Étienne.

 Si on peut espérer pour lui qu'il s'est amélioré en pronostics depuis son épisode grenoblois, Viviani reste pour autant lucide sur sa période stéphanoise. Dans une interview donnée à Poteaux-Carrés en 2009, il se disait d'ailleurs "fier d’avoir porté le maillot vert. L’ASSE est un club qui marque dans une carrière. Ce club mérite d’être en haut de l’affiche".
Toujours dans la même interview, Jody Viviani déclarait qu’il aimerait se réincarner en… José Mourinho. Fort heureusement pour sa côte de sympathie, la réalité est parfois plus heureuse que les fantasmes.