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Ah Marseille, son arbitrage maison, ses contrats sur le meneur de jeu adverse, son président tout-puissant... Des légendes ? Cette saison-là, c'était pourtant bien réel...


La feuille de match
Samedi 21 mars 1992 - Championnat de France de D1 - Stade Vélodrome
32e journée: Marseille 2-0 ASSE 
Spectateurs: 35.000 spectateurs. Arbitre: M. Poulain, il a mis un carton jaune à Pagal et pas de rouge à Boli ! Sodomite ! 

Buteurs: Papin (54e) et Pelé (88e)

Marseille: Olmeta - Amoros, Boli, Mozer, Angloma - Steven, Deschamps, Casoni, Pelé - Waddle, Papin. Entraîneur: Raymond Goethals
ASSE: Bell - Pagal, Cyprien (Primard 69e), Haon, Deguerville - Chaintreuil, Bouquet, Lambert, Moravcik (Tholot 40e) - Corroyer, E. Mendy. Entraîneur: Christian Sarramagna

Les faits du match
Je sais rien mais j'dirai tout ! Débarquée à Sainté en 1991, ex-supportrice nantaise repentie, je n'ai pas assisté à cette rencontre ! Mais je vais faire comme si !
J'ai en revanche assisté au match aller à rejouer le 29 janvier 1992, sur ce terrain à moitié enneigé. Déjà la Ligue était docilement soumise à un président de club à l'époque...

Alors le match... Les Verts sortent du tunnel du Vélodrome. Des menaces en tout genre volent. Et c'est Lubo qui en fera les frais !!! Je vous cite ce passage du livre de Basile Boli. Édifiant !!!
"Je sais rendre les coups, en donner, je sais faire mal pour me venger ou venger un partenaire, et de manière efficace encore (...) Un match de foot est aussi une guerre entre deux bandes. Une guerre de talent, de génie, d'envolées, d'accord - parfois une guerre tout court. Avec intimidation, dissuasion, mesures de rétorsion, agression et riposte graduée... A Marseille, nos attaquants, Chris Waddle, Abedi Pelé, Papin mettront au point un code pour signifier aux chiens de garde de la défense qu'il est temps de montrer les crocs...

Le parcage stéphanois avec l'un des derniers déplacement des Fighters

Papin est taclé. Il lève le bras. Et aussitôt, un des "fondus de l'arrière", s'en va châtier, précis et sévère, l'adversaire qui a agressé une de nos flèches d'attaque. Nous avons la réputation d'être durs, à l'OM, et nous en jouons... Un jour, Carlos Mozer et moi terrorisons un jeune attaquant adverse qui nous titille un peu trop, par un simple dialogue:
- Je m'en occupe, Carlos ?

- Non, j'y vais, moi, je m'en charge.
- Non, laisse le moi...
Le malheureux n'ose plus se frotter à nous de toute la partie. Simple dissuasion...

Nous affrontons, un jour, la Tchécoslovaquie. En face, Lubomir Moravcik, beau technicien, qui joue à Saint-Étienne. Les Tchèques sont coriaces. Moravcik s'amuse. Il se moque de nous aussi, il chambre, comme on dit sur les terrains. Nous sommes vexés. Platini (alors sélectionneur) lui-même s'énerve: "Ce type-là, si on peut le choper, on y va", proclame t-il. Michel sait que la beauté du foot ne se conçoit pas sans quelques tâches moins nobles. Donc il faut punir Moravcik. Quelque temps plus tard, à l'occasion d'un Marseille-St-Étienne, en championnat, je retrouve le Tchèque. Son genou apprend à me connaitre. Rien ne se perd. Il faut respecter les autres, camarade..."


Lubomir Moravcik est la cible des violents tacles marseillais

La première mi-temps n'est donc pas achevée que Lubo (qui n'a rien de tchèque, Basile devrait réviser sa géographie) sort sur civière. La saison est finie pour lui ! La méthode OM a encore frappé ! Boli n'a même pas pris un jaune pour ce coup. Un arbitrage à la maison ? Bien évidemment ! La bonne vieille méthode OM, c'était (c'est ?) aussi ça ! "Marseillais l'arbitre !", c'était l'insulte classique en Henri Point (avec "fumier de lapin" et "couilles de loup"), même quand on jouait contre d'autres équipes. Mais là, au Vélodrome, c'est un pléonasme.

Privés de leur meneur de jeu et leader technique, les Verts deviennent plus déconfits qu'un canard aviéreux et subissent le pressing marseillais. Après avoir préservé un score vierge jusqu'à la pause, il prennent leur premier but seulement huit minutes de jeu après la reprise. Par sa majesté Papin elle-même.

Et d'un, comme à la parade

Les Verts ne reviendront pas. Les Verts subiront les coups marseillais.
Putain d'OM tout puissant ! Putain de Tapie tout auréolé d'une gloire qui heureusement touche à sa fin ! Putain heureusement que j'y étais pas !!!
J'ai même plus envie de parler de ce match tiens ! Chuis colère !
Y'a Abedi Pelé qui nous en plante un deuxième vers la fin. Voilà. Merci hein ! Merci de me rappeler cà !!


Et de deux, comme dans du beurre

Le Saviez-vous ?
- A l'issue de cette journée, les Verts sont 10e. Ce qui est moins bien que le classement moyen des Verts à ce stade du championnat entre 1948 et 1992 (9e place en moyenne). Signe de la prochaine dégringolade stéphanoise...

- Ce classement sera aussi le classement final de l'ASSE. Là aussi moins bien que la moyenne des saisons des Verts passées en D1 de 1948 à 1992 (8e en moyenne). L'OM finira champion de France, comme souvent à cette époque là.

- Les Verts avaient battu l'OM à l'aller, mi-octobre. Mais le match avait dû être rejoué à cause de la fameuse histoire de la canette sur la tétête à Papin ! Cette 14e journée ne sera redisputée à Geoffroy Guichard que le 29 janvier et se soldera sur un score nul 1-1. Bouhhhhh...

- Si aucun marseillais ce soir-là n'aura jamais porté le beau maillot vert, deux Stéphanois ne sont pas étranger au maillot blanc: Joseph-Antoine Bell avait en effet gardé les cages olympiennes de 1985 à 1989 tandis que Jean-Pierre Cyprien ira y passer 6 mois (catastrophiques) en 2000.

- Enfin si, y'a bien une sardine qui avait passé un peu de temps à Sainté, c'est Abedi Pelé, la pépite ghanéenne de l'OM. Il avait été proposé à l'ASSE à l'été 1986 et avait même disputé deux matches de Coupe de la Ligue (quand ce n'était encore qu'une compétition d'été amicale). Mais à l'époque, les dirigeants lui ont préféré le Bulgare Slavkov, qui ne fera jamais rien trembler d'autre que les nerfs des supporters...