Les Verts finissent l'année 2019 avec une nouvelle défaite à l'extérieur, qui les place à mi-championnat à égale distance du podium et de la place de barragiste.


Comme toutes les années de Coupe d'Europe, la série avant Noël est la plus difficile, avec 9 matchs en 4 semaines. Et les Stéphanois ont été à la peine dans cette série, avec seulement 2 victoires. Une seule victoire lors des 5 derniers matchs de championnat, 3 défaites consécutives à l'extérieur en L1... des mauvais résultats qui les placent à la 14e place à la fin des matchs aller, avec seulement 25 points. Tout n'est pas perdu, la 5e place ne se trouve qu'à 4 petits points et on peut tout à fait assister à une deuxième moitié de saison bien meilleure que la première.

Mais pour cela il faudra produire des matchs plus maîtrisés que ce dernier, à Strasbourg. Même si le staff stéphanois a voulu être rassurant en conférence de presse ("on a essayé de jouer, de faire des décalages (...) on avait fait une bonne mi-temps (...) au fil du match, on s’est améliorés techniquement"), les Verts ont manqué trop de cartouches offensives pour se montrer dangereux ("il a manqué un peu plus de percussion devant et de petits détails dans le dernier geste").

Et comme les exemples suivants le montrent, c'est aussi au milieu que la différence n'a pas été faite.

 

1MT : Le trio au milieu


Pour ce match, le staff stéphanois a reconduit une défense à 3, avec M'Vila au centre et Debuchy et Fofana à ses côtés :


Palencia-Trauco en pistons, un triangle pointe basse au milieu, Camara-Benkhedim-Youssouf, et Nordin et Boudebouz en attaque : un 3-5-2 donc. Sur cette action, le ballon dégagé par Ruffier est gagné par un Stéphanois, mais il sort en touche. Et Strasbourg construit une attaque :


La défense passe le ballon de la gauche vers la droite, le 5-3-2 des Verts est en place, Trauco monte sur le latéral adverse, le jeu est déplacé dans l'autre sens, et avec Palencia ils illustrent bien pourquoi on les appelle des "pistons" dans ce système :


Jusqu'ici tout va bien, tout le monde est à sa place. Un avant-centre adverse s'excentre pour combiner dans le couloir, suivi par Debuchy...


... et les trois milieux stéphanois sont trop disciplinés. Le triangle est toujours en place dans l'axe, mais leurs adversaires n'y sont pas. Ils combinent simplement et un milieu, excentré à gauche dans le dos de Debuchy est servi. Son centre trouve un coéquipier au deuxième poteau, mais heureusement le contrôle est approximatif et il n'en profite pas.


Passées les premières minutes pendant lesquelles ils ont subi, les Stéphanois ont mis le pied sur le ballon. De la possession, mais très stérile - ils ont eu du mal à construire des attaques, comme on peut le voir dans cet exemple à la 16e minute :


Ruffier joue un 6 mètres avec M'Vila, qui passe à Fofana. Les 3 défenseurs ne sont pas pressés par les attaquants adverses, mais les trois milieux subissent un marquage individuel qui les empêche de jouer. Fofana joue avec M'Vila et le pressing adverse se met en place :


Les milieux sont toujours intouchables, les deux avant-centres pressent la défense, les pistons sont surveillés de près par les latéraux adverses... Ruffier dégage loin :


Nordin n'a aucune chance en duel aérien contre un défenseur central, mais le ballon arrive dans les pieds de Debuchy. Qui voit l'appel excentré de Boudebouz et joue long à son tour :


Boudebouz et Nordin se trouvent ainsi à 2-contre-4, le deuxième essaye de provoquer balle au pied et obtient un coup franc à l'entrée de la surface. Le mur repousse la tentative de Boudebouz, mais elle est importante : il s'agit du seul tir tenté par les Verts avant la 70e minute !


Le marquage individuel au centre du terrain a vraiment empêché toute construction stéphanoise. C'était une bonne idée de placer M'Vila en défense pour organiser le jeu, comme Gasset le faisait reculer aussi en phase de construction. Mais s'il n'a personne avec qui combiner, ça ne sert à rien. Par exemple, à la 27e, il reçoit le ballon de Ruffier, via Debuchy :


Même positionnement de la défense, absence du pressing des attaquants, mais marquage individuel au milieu. M'Vila attend un peu pour avoir une solution et Youssouf lui en propose, décrochant pour s'éloigner de son adversaire direct :


Mais sur la pression de celui-ci, il joue en arrière avec Fofana... qui redonne à M'Vila. Qui cherche de nouveau une solution...


... et maintenant c'est Boudebouz qui décroche. Et qui joue en arrière avec Debuchy, qui redonne à Ruffier, qui dégage loin.


2MT : Réveil tardif

 
La deuxième période a continué sur les mêmes bases que la première et à l'heure de jeu le staff stéphanois a procédé à un changement tactique. Palencia a laissé sa place à Abi, les Verts sont passés en 4-2-4, avec Debuchy en latéral droit :
 
 

Il n'y a plus que deux milieux axiaux, mais ils sont toujours pris en marquage individuel. Sur cet exemple à la 61e, Camara décroche, est servi par M'Vila... et joue en arrière avec Fofana, qui redonne à M'Vila, qui joue un long ballon vers les attaquants.


Boudebouz perd le duel aérien, Benkhedim récupère le ballon, il décale Debuchy à droite, mais il perd la possession. Et le contre strasbourgeois est très rapide :


On a fait sortir un défenseur pour un attaquant, mais les défenseurs centraux continuent de jouer comme s'ils étaient trois. M'Vila s'excentre pour suivre un avant-centre, Fofana reste au marquage de l'autre et ne joue pas le hors-jeu, la sentinelle (Camara) ne couvre pas l'espace entre les deux, où un milieu fait l'appel parfait, pour marquer le but du 2-0.


Les ajustements tactiques ou des joueurs n'ont pas changé la physionomie du match, mais le penalty obtenu par Abi et transformé par Boudebouz à la 72e a tout modifié. Les Verts ont commencé à y croire, leurs adversaires ont perdu la confiance. De 57% de possession et un seul tir (le CPA de Boudebouz) en 72 minutes, les Stéphanois sont passés à 75% de possession et 4 tirs tentés dans les 20 dernières minutes, poussant souvent leurs adversaires à la faute (44% de passes réussies !).

Mais sans succès, malgré l'entrée de Beric à la place de Boudebouz :


Toujours un 4-4-2, avec Beric-Abi devant et Nordin-Benkhedim sur les ailes. Sur cet exemple à la 77e, Debuchy gagne son duel pour récupérer le ballon dégagé par le gardien adverse. Il attend un appel...


... et choisit celui de Beric, en profondeur. Le Slovène prépare son centre, attend les appels de ses coéquipiers et cherche Abi au premier poteau :


Le gardien repousse, mais dans les pieds de Benkhedim - malheureusement, le jeune Stéphanois voit son tir contré par un défenseur.


En tout fin de match, Youssouf est sorti après avoir reçu un coup au genou - Perrin est entré en défense et M'Vila est monté d'un cran, au milieu :




Conclusions


Pendant 70 minutes, les Verts n'ont rien proposé offensivement, leur seul tir tenté étant un coup franc tiré dans le mur. Il a suffi que l'adversaire fasse un marquage individuel au milieu du terrain pour anéantir complètement la construction stéphanoise, et ceci dit tout sur le fond du jeu. Il y a bien sûr les excuses des blessés (très nombreux, surtout les attaquants), de la fatigue (neuvième match en quatre semaines) et d'une équipe toujours en construction. Et quand on voit la différence d'envie entre avant et après la réduction du score, on peut se dire que le manque de confiance y était pour quelque chose aussi. La trêve arrive au meilleur moment pour casser cette spirale négative - on ne peut qu'espérer de voir un tout autre visage des protégés de Claude Puel avec les retours de l'infirmerie et après une régénération physique et morale...