En conférence de presse, Galtier a souligné la différence entre la première et la dernière partie du match contre Lorient : "En ce moment, l'équipe qui démarre nous permet d’être assez solide, alors que celle qui finit nous permet de gagner". Mais d'où vient cette différence ?


Qui joue au ballon ?

 
Le changement le plus important dans les style de jeu des Verts pendant ce match est intervenu à la 60ème minute. Non seulement on est entré dans la dernière demi-heure, le moment parfait pour commencer à mettre la pression, mais un changement a été effectuer par Galtier en ce moment aussi: Eysseric est entré à la place de Cohade. Si on regarde le pourcentage des ballons stéphanois touchés par chacun de nos joueurs pendant les premières 60 et les dernières 30 minutes, voilà ce qu'on obtient :
 
 
 
La première chose qui saute aux yeux est qu'on a joué beaucoup plus haut dans la dernière demi-heure: la charnière centrale a joué moins des ballons, c'est les milieux qui ont pris le contrôle à partir de ce moment là - ce qui nous a permis de trouver l'avant-centre plus facilement. La proportion de jeu sur les côtés à été la même tout au long du match. 
 
La différence des ballons touchés par Cohade et Eysseric est impressionante : le jeu est clairement passé plus par Eysseric dans les 30 dernières minutes que par Cohade avant. Cet aspect est encore plus souligné si on regarde le passes qui les concernent. En 60 minutes, Cohade a reçu 26 passes de ses coéquipiers, dont 8 de Clément et Lemoine ensemble. Dans la moitié du temps, Eysseric a reçu 20 passes de ses coéquipiers, dont 9 de Clément et Lemoine ensemble. Cohade a tenté 26 passes, Eysseric "seulement" 21 (dans la moitié du temps!), mais les deux ont réussi 18 passes chacun. 
 

Cohade et Eysseric

 
Cette différence entre Cohade et Eysseric n'est pas donnée par la qualité des joueurs, mais par leur rôle dans le système de jeu, par leur positionnement. Ceci peut être remarqué si on regarde sur fourfourtwo.com l'influence de chaque joueur, donc le positionnement moyen :

 

 
On peut voir que Hamouma a piqué vers l'intérieur plus que KMP, que BAE a joué un cran plus bas que KTC, mais le plus impressionnant c'est que Cohade a joué très haut, à la même hauteur que Roux, pendant que Eysseric a joué plus bas, créant un vrai triangle avec Clément et Lemoine. Ce sont bien sur des positions moyennes, mais quand on revoit le match, on trouve plein des phases de jeu qui illustrent ce positionnement.

 

Voilà une capture d'écran en première période (on attaque de gauche à droite). On voit bien le 4-4-2 lorientais et la relance stéphanoise avec Clément (C)  descendu au niveau de la défense et Lemoine entre la ligne de 2 et celle de 4 :
 
 
Roux (R) et Cohade (Co) sont tous les deux sur la même ligne, en train d'occuper la défense adverse. Il est très difficile pour eux de recevoir le ballon, la première ligne de 4 coupe les angles de passe, le jeu doit passer par les côtés. Notre formation ressemble plus à un 4-4-2 ou un 4-2-3-1 avec un 10 qui ne prend pas l'espace entre les lignes.
 
Et voilà une capture d'écran en deuxième période (on attaque de droite à gauche). On voit toujours le 4-4-2 lorientais, et la relance stéphanoise avec Clément (C) descendu au niveau de la défense et Lemoine (L) entre la ligne de 2 et celle de 4 :
 
Par contre, maintenant Roux (R) est tout seul avec la défense centrale et Eysseric (E) il descend chercher le ballon dans le bloc lorientais. Notre formation ressemble plus à un 4-3-3.
 

Conclusions

 
Le positionnement de Cohade, régulièrement à côté de Roux, ne peut pas être le fruit du hasard, surtout que ce n'est pas un endroit où il est le plus à l'aise et où il a plus de mal à recevoir le ballon. Une explication possible (peut-être pas la seule ou la bonne) serait que le plan de jeu de Galtier en première période a été de jouer bas pour user le bloc adverse : Cohade a été dans ce sens "sacrifié" pour faire des courses dans le vide, d'une ligne à l'autre, obligeant ainsi les milieux lorientais à se repositionner ou à le suivre. Et ça a ouvert ensuite la porte à Eysseric, frais, qui a trouvé plus facilement l'espace dans le bloc lorientais, qui n'était plus bien en place. Les derniers résultats des Verts prouvent que c'est un plan de jeu qui marche... au moins pour l'instant. A voir contre des équipes qui mettent plus d'intensité physique (Toulouse) ou qui ont une plus grande maîtrise de l'entre-jeu (Nice).