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Le "potentiellement" ex-meilleur arrière gauche du championnat fête son anniversaire ! L'occasion de revisiter sa carrière de près... enfin de 10 bons mètres....


Né un beau jour de 1982 à Kinshasa (République Démocratique du Congo), Hérita N'Kongolo Ilunga hérita dès sa naissance de capacités physiques et d’un sens du jeu hors norme. Dans sa tendre enfance, à la demande de ses parents qui identifièrent une maturité avancée en lui, Herita gardait son petit frère quand Papa et Maman étaient de sortie. Rapidement ils constatèrent que Herita développait une conception assez personnelle de la garde d’enfant: très souvent, il jouait dans une pièce pendant que son petit frère s’égayait à l’autre bout de la maison. Si ce dernier avait le malheur de manifester sa frustration d’être trop isolé, Hérita pouvait réagir assez brutalement, n’hésitant pas à baffer l’insolent qui avait osé brailler un peu trop fort.

Surpris par ce penchant pour une garde à distance mais néanmoins sévère, et qui éclaire d’un jour nouveau les analyses que ne manqueront pas de porter plus tard sur le jeu du petit Hérita (devenu grand) ses entraîneurs en France, les parents soucieux de calmer les ardeurs d’Herita décidèrent qu’il était temps qu’il se dépense un peu, la pratique d’un sport paraissait la solution. Le football, pour ses vertus collectives fut choisi et à la grande joie des parents, Herita afficha des qualités qui faisaient dire à ses entraineurs respectifs (à Sarcelles puis à Amiens) qu’il avait le potentiel pour être un des meilleurs de son quartier, puis de sa ville et un beau jour du pays.

Ilunga, un sage qui sait méditer sur la nature profonde des choses

Alertés par l’aubaine, les superviseurs rennais dont l’expertise en recrutement n’est plus à démontrer (toute l’Amérique du Sud vous en parlera bien mieux que moi) firent venir le jeune homme en Bretagne pour achever sa formation.
Rapidement condamné (pour des raisons obscures) à moisir en CFA, Herita, suivant le bel exemple de ses glorieux aînés Silvestre et Dabo prit ses jambes à son cou et partit goûter à la douceur du soleil catalan de l’Espanyol de Barcelone. Bizarrement, contrairement à celui des ainés sus-cités, le départ d’Herita ne fit pas de vague et on entendit aucun dirigeant breton se plaindre de la fuite des cerv.. des espoirs locaux.


Herita Ilunga à son arrivée à l'ASSE en 2003 (photo l'Équipe)

Nous sommes en 2002, Herita a 20 ans et malgré la douceur de vivre de la Catalogne, il ronge son frein, l’Espanyol ne le fait pas du tout jouer, si ce n’est dans son équipe B, la faute au licenciement précoce du coach qui l'avait fait venir.
Mais la bonne fée Anto se penche sur Herita et décide de prendre sa carrière en main. Repéré suite à une première sélection réussie avec les espoirs congolais, il atterrit un beau soir d’été 2003 dans nos vertes contrées. Et joue son premier match avec l’ASSE en D2 le 2 août 2003 à Châteauroux.
Bon, les Verts s'inclinent 2-0, il se blesse et rate dans la foulée les 2e et 3e journées qui voient les Verts battre Nancy 1-0 à Nancy et Lorient 2-1 à Geoffroy-Guichard. On peut dire que ses débuts ne sont pas flamboyants. Surtout que Sylvain Meslien assure alors un intérim efficace au poste d’arrière gauche. Oui, Meslien...

Mais selon un principe antonettien éprouvé, un titulaire décrété le reste contre vents, marées, et branlées… De retour de blessure, Herita reprend donc son poste et les Verts retrouvent illico le goût de la défaite à Créteil (1-0) puis à domicile contre Troyes (2-3) dans un match qui par contre est fatal à Fousseni Diawara.
Herita dispute malgré tout 32 matches cette saison et obtient le droit de goûter à la L1. D’aucuns s’inquiètent en constatant sa certaine propension à marquer l’adversaire direct à 10 mètres mais dans l’ivresse de la montée, on oublie vite certaines insuffisances.

Ilunga reste une valeur sûre chez les Verts en L1 (photo Le Progrès)

Ilunga participe dans la foulée à la première belle année en L1, jouant 37 des 38 matches de la saison, marquant même un but lors de la première victoire des Verts en championnat (3-1 contre Auxerre). Il est alors qualifié par son entraineur Élie Baup d’un historique: "Ilunga a le potentiel pour être le meilleur latéral gauche du championnat".

Lors de la saison 2005-06, Ilunga, toujours titulaire solide dans un groupe où il n’a guère de concurrence, ajoute un but à son compteur, celui de l’ouverture du score en début de match contre le Bordeaux d’un Ulrich Ramé distrait. Il joue 30 matches, seulement empêché par sa participation à la CAN sous le maillot de la RDC. La saison suivante, sa dernière en vert, le voit disputer autant de matches, Ivan Hasek le maintenant au même poste. Ce n'est qu'à Laurent Roussey qu'Ilunga ne plaira pas, celui-ci désirant faire partir trois emblématiques joueurs de la remontée: Hognon, Sablé et lui... Tandis que les supporters stéphanois font donc la connaissance de Cédric Varrault puis de David Sauget, Hérita lui, s'engage avec le TFC, pilleur historique de l'ASSE.

Marama Vahirua ne peut lutter contre Ilunga en 2006 (photo Le Progrès)

A Toulouse, entraîné par son ex-coach Elie Baup, Ilunga a la possibilité de disputer la Champion's League que le club de la Ville Rose vient de réussir à atteindre à la surprise générale. Mais son élimination précoce au tour préliminaire face à Liverpool met fin à ses rêves européens. Il jouera néanmoins la Coupe de l'UEFA ainsi que tous les matches d'un championnat laborieux où le TFC frise la relégation. Ilunga marque également son premier but en sélection contre l'Egypte.
Mais c'est au début de la saison 2008-09 qu'il a l'opportunité de rejoindre son championnat de coeur: la PremierLeague. Le nouveau technicien toulousain Alain Casanova ne lui fait pas confiance et West Ham lui fait une proposition de prêt pour un an. Son sang ne fait qu'un tour: Herita sera un Hammer.


Petit intermède à Toulouse pour Herita en 2007

Pourtant, l'aventure britannique ne sera pas un conte de fée mais plutôt une lente descente aux enfers. Tout commence pourtant bien: il joue toute la saison dans la peau d'un titulaire, voit son option d'achat levée pour 3 saisons et marque deux buts. Malheureusement, une vilaine blessure va le handicaper durant la suite de sa carrière à West Ham. Ilunga ne dispute que 17 matches lors de la saison 2009-10 puis seulement 11 la saison suivante, perdant définitivement son statut. Il est prêté à l'automne 2011 au Doncaster Rovers FC, à l'étage inférieur.


Le rêve de PremierLeague d'Ilunga va tourner en eau de boudin

Quinze petits matches disputés et il est libéré en janvier 2012, son contrat étant également résilié à l'amiable avec les Hammers. Herita se retrouve donc au chômage. Certes, Doncaster l'engage bien à nouveau pour un mois en mars 2012, le temps que le titulaire Tommy Spurr, revienne de blessure mais le latéral navigue toujours en eaux troubles.
Durant cette période de vaches maigres, il ne peut même pas se consoler en sélection nationale, la RDC ne parvenant pas à se qualifier ni pour le Mondial 2010 ni pour les CAN 2010 et 2012.

Herita Ilunga (à droite) capitaine de la sélection de la RDC en 2010

C'est encore sans club qu'il attaque la saison 2012-13, s'entraînant avec le Stade Rennais, club de ses débuts. En janvier 2013, enfin, il y signe un contrat de 6 mois, peut-être annonciateur d'un renouveau sportif ? Las, il ne joue que 6 matches, voit la Coupe de la Ligue lui passer sous le nez en finale contre son ancien club, et se retrouve à nouveau au chômage à l'été.
C'est finalement lors du dernier jour du mercato d'hiver 2014, le 31 janvier, qu'il signe le contrat qui défrayera la chronique des journaux de transferts: une saison à Carquefou (National).


Le demi-saison d'Ilunga à Carquefou est un échec cuisant

Comme souvent depuis son départ en Angleterre, les choses ne se passent pas superbement bien et le club de Loire-Atlantique est bientôt relégué administrativement en DH. Désormais doté d'une nouvelle bonne réputation, Ilunga ne tarde pourtant pas à trouver un nouveau club: il signe à Créteil, en L2, où il retrouve son ami Frédéric Piquionne.
Finalement, le Congolais met un terme à sa carrière sportive à 34 ans en mai 2016 pour intégrer le Centre de Droit et d’Economie du Sport (CDES) de Limoges où il est retenu pour intégrer la 10e promotion de la prestigieuse formation de Manager Général de Club Sportif Professionnel. Il décroche son diplôme fin 2019.

Chez les Verts puis à Créteil, l'amitié plus forte que les années

Un temps approché par Dijon pour un poste de directeur sportif, Ilunga finit par rejoindre la commission technique et développement de la Confédération Africain de Football (CAF). Un emploi un peu nébuleux qu'il étrenne par... le confinement dû au COVID-19 lors duquel il s'illustre par quelques vidéos de remise en forme, clamant son intention de "démonter" le virus.
Mais le survêtement fait rapidement place au costume trois pièces: dès l'été 2021, Herita est élu président de l'UFC, le syndicat des footballeurs congolais dans lequel il s'impliquait depuis plusieurs années. Il doit rapidement s'y frotter à des problématiques difficiles comme le creux générationnel du football local, les difficultés d'ingérence du pouvoir congolais dans les affaires sportives ou encore la multiplication de cas de pédocriminalités dans plusieurs clubs professionnels..


Ilunga à l'UFC, une évidence diront certains !

Herita est désormais un homme mûr mais toujours attaché aux Verts lui qui n'hésitait pas à clamer à l'issue de sa riche carrière: "Saint-Étienne reste et restera à jamais dans mon coeur".
Il a rangé aux vestiaires ce fameux bagage sportif qu'il avait tant etoffé en se dotant d’une panoplie de tacles façon tenaille qui n’était pas sans nous rappeler la poésie roolienne ou dimécale de jadis. Cette poussée soudaine de violence que l’anecdote de ses parents éclaire trouve aussi sa source dans les mystères du langage Tshiluba, langue parlée dans le sud-est de la RDC. Dans ce dialecte, "Ilunga" est en effet un mot qui définit une personne prête à pardonner un affront une première fois et même le tolérer une seconde fois mais pas une troisième (véridique)

Ne nous reste plus qu’à identifier les trois forfaits dont se sont rendus coupables ses trois plus fameuses victimes: Niang, Maicon et Utaka…