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Après Abbes et Llense mais avant Curkovic, Bell, Janot ou Ruffier, une autre figure avait contribué à la légende des grands gardiens de but de l'AS Saint-Étienne. Son nom: Georges Carnus...


Georges Carnus voit le jour le 13 août 1942 à Gignac la Nerthe (13). Formé à l'US Marignane, il signe sa première licence d'apprenti footballeur en juniors à Aix-en-Provence (1959-61) pour s'imposer dans l'équipe professionnelle dès sa première saison. Il travaille énormément dans l'espoir de réussir une carrière professionnelle. Après 77 matches de haut niveau, ses efforts sont récompensés, il est rapidement repéré par les dirigeants du Stade Français qui engagent le jeune prodige de 20 ans en 1961.


Le jeune Georges Carnus (au centre) en 1954


Carnus s'impose en D2 à Aix en 1961

Sa première saison en D1 à Paris est trés difficile, le Stade ne termine que 15e avec 70 buts encaissés mais Georges conserve la confiance du staff parisien. Malheureusement pour lui, les quatre saisons suivantes sont tout aussi peu glorieuses. Pourtant, malgré cette série d'échecs, le talent de Georges Carnus, souplesse, réflexes, sûreté de tenue de balle, qui n'enlèvent rien à son élégance, est récompensé: Georges Carnus succède à Pierre Bernard en disputant son premier match avec les Tricolores le 28 avril 1963 à Colombes. Il a pour le couvrir dans la zone de défense, Rodzik, Lerond, Chorda, Maryan et... Robert Herbin. Mais en face il y a un certain Pelé qui lui inscrit les trois buts de son équipe. le lendemain, les gazettes sportives titreront: "Pelé 3 - France 2".


Carnus en Bleu en 1966 aux côtés de Jean Djorkaeff, futur Stéphanois

Suivront 35 autres sélections en Bleu: portier de classe internationale, calme, athlétique, Carnus est sélectionné à 36 reprises en Equipe de France (il subit la rude concurrence de Marcel Aubour) sur la période 1963-1973. Il y dispute 20 matchs amicaux, 7 matchs qualificatifs pour la Coupe du Monde et 9 matchs qualificatifs pour le Championnat d'Europe. Et puisqu'il ne fait pas les choses à moitié, Carnus prend également la place de Pierre Bernard... à l'ASSE, lorsque son président Rocher décide de l'engager en 1967. Il participe alors au règne des Verts de cette fin des années 70.


Carnus-Revelli: un duo d'adversaires désormais réuni en 1967

En 1967-68, le club décroche son quatrième titre de champion de France et remporte également la Coupe de France. La saison suivante, c'est encore un nouveau titre de champion mais la Coupe de France est enlevée par l'OM.
En 1969-70, Saint-Etienne et Marseille se battent pour le titre. Très vite le calendrier propose une rencontre électrique: le 27 aôut 1969 avec 44.813 spectateurs, le stade Vélodrome est plein... De nombreux incidents ont lieu mais la rencontre se joue et l'ASSE s'impose 3-2. Le duel tourne à l'avantage des Verts qui décrochent un doublé Coupe-Championnat. Georges Carnus est le portier titulaire de l'ASSE, un acteur majeur de cette période dorée et l'OM du truculent président Leclerc l'a bien compris.


Georges Carnus s'impose brillamment dans les buts
de l'ASSE durant les années dorées des 60s

En 1971, les premiers contrats à temps arrivent à expiration et le président Rocher, bien que peu volontaire sur cette question, n’a pas son mot à dire: les présidents proposent, les joueurs choisissent. Carnus en bénéficie et se justifie: "C’est une bonne chose et c’est normal. Dans les autres secteurs, un cadre peut choisir son entreprise selon le salaire proposé et ses propres affinités". Conséquence de l'évènement: l'OM se positionne pour le recruter, lui ainsi que le libéro stéphanois Bernard Bosquier, alors que le championnat n'est pas terminé: "J’ai choisi dès que Marseille s’est mis sur les rangs. Les propositions de M. Rocher étaient très acceptables mais j’avais l’occasion de me rapprocher de ma famille avec les mêmes avantages. Je peux prendre un but idiot mais je fais confiance à l’intelligence d’un public composé en majorité d’anciens footballeurs. Il doit savoir que ça arrive".
Problème, lors d'un match important face à Bordeaux, les Verts, qui tenaient la victoire, la laissent échapper suite à des prestations très mauvaises des deux hommes. Bordeaux s'impose 3-2 et le public se déchaîne: "Après ce match, j’ai dû me battre pour monter dans ma voiture. Certes, je n’avais pas été très bon mais toute la semaine, on m’avait répété: "Surtout ne prends pas un but bête… Attention au but idiot". Et bien sûr, j’ai pris trois buts"


Les prémices de l'affaire Carnus-Boquier en 1971

Pour éviter que cet incident ne se reproduise, Rocher tranche dans le vif: il écarte Carnus et Bosquier de l'équipe, contre l'avis de l'entraîneur Albert Batteux et des joueurs. L'ASSE ne s'en remettra pas et laissera le titre à l'OM. Le président Leclerc réussit son coup à la perfection et enrôle dans la foulée le portier stéphanois. Ce dernier remporte en 1971-72 un nouveau doublé Championnat-Coupe de France. A 30 ans, c'est déjà son troisième doublé. A cette même période, il joue son dernier match sous le maillot tricolore contre l'Eire au Parc des Princes en 1973.


Larqué et Carnus sont désormais adversaires après son départ à l'OM

A 32 ans, sa fin de carrière approche. Elle sera tristement et brutalement précipitée par un terrible accident de voiture, fin juin 1974 en Ille-et-Vilaine qui décime sa famille. Grièvement blessé, Carnus s'en sort mais sa femme et ses trois filles. Il lui faudra énormément de courage pour reprendre goût à la vie et réussir une belle reconversion: le président fondateur d'Adidas, Adi Dassler lui promet, sur son lit de douleur, qu'un poste l'attend le jour où il sera physiquement et psychologiquement apte. Deux ans plus tard, l'ancien gardien des Verts et des Bleus débute sa carrière de représentant pour la marque aux trois bandes. Il travaille pour Adidas pendant 25 ans et participe activement en 1998 à l’organisation de la Coupe du Monde à Marseille.


Georges Carnus lors de son jubilé en 2006

Après quelques années galère, Georges Carnus s'installe définitivement à Nice et fraîchement retraité, sombre dans une certaine mélancolie: "Pendant un an, j'ai vécu comme un désoeuvré. Heureusement, Bruno Bini m'a appelé et m'a demandé de le rejoindre pour entraîner les gardiens de la Ligue Méditerranée. Ça m'a sauvé"
S'occupant quelques temps de superviser les adversaires du club de la principauté monégasque, il profite de la vie tout en faisant partie de l’Amicale Paris-Île-de-France des Éducateurs de Football, distillant par là même quelques conférences sur le thème de sa vie.

Sources :
OM4Ever
Les Cahiers du Football
Wikipedia