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Aperçu de la carrière d'un meneur de jeu ultra-rapide, sur le terrain comme dans sa carrière...


Mustapha El Haddaoui voit le jour le 28 juillet 1961 à Casablanca (Maroc) dans le quartier de Derb Sultan: "Je jouais au football, je faisais de la peinture et du théâtre... Tout était accessible pour nous. Nos voisins de quartier m’ont beaucoup marqué. C’est au stade El Fida où j’ai commencé à jouer du football sur un grand terrain avec des joueurs qui ont fait carrière et d’autres qui ont choisi d’évoluer vers d’autres créneaux. Il y avait plein de matches de quartiers que nous organisions à l’époque pour voir quel quartier aura la suprématie. Des fois, les matches se terminaient par des querelles ou des bagarres, mais après on fraternisait"

Repéré lors de l'un de ces championnats inter-quartiers, Mustapha est recruté par le fameux Raja Casablanca, club dans lequel il fait ses débuts professionnels lors de la saison 1979-80 et avec lequel il remporte la Coupe du Maroc en 1982. Son talent de meneur de jeu ainsi que ses aptitudes de buteur lui valent de rapidement frapper aux portes de la sélection nationale. Il s’y fait définitivement une place de titulaire à l’issue des Jeux Méditerranéens de Casablanca, durant lesquels le Maroc remporte le tournoi de football. Ses performances, tant en club qu’avec les Lions de l’Atlas attirent les recruteurs européens et c’est finalement Lausanne qui fait la bonne affaire. Le club suisse accueille le meneur de jeu marocain pendant deux saisons (1985 à 1987) avant de devoir le laisser partir à Saint-Étienne.
"Mouss la foudre", son surnom tiré de ses qualités de vitesse, va alors voir sa carrière décoller.


Le carte ASSE d'El Haddaoui en 1987

C'est en 1987 que Saint-Etienne découvre Mustapha El Haddaoui. Cette saison 1987-88 est celle des retours: Robert Herbin et Pierre Garonnaire rejoignent l’ASSE et font naître l’espoir d’obtenir un meilleur classement que la piteuse seizième place obtenue la saison précédente. Au chapitre des retours, on peut ajouter Patrice Garande qui, formé à l’ASSE, rejoint les Verts en provenance de Nantes. Un recrutement judicieux permet de renforcer sensiblement l’équipe. Derrière, John Sivebaek, international danois en provenance de Manchester United, apporte son physique et son expérience. Devant, Philippe Tibeuf, transfuge de Monaco, vient compléter la doublette offensive stéphanoise. Et pour servir ses deux buteurs, le staff stéphanois choisit donc Mustapha El Haddaoui, meneur de jeu international marocain, fraîchement débarqué de Suisse.

Le début de saison est très délicat et l’ASSE pointe à la dernière place du classement après deux semaines. Le déclic intervient lors de la 3e journée lorsque les Verts, alors menés 0-1 par Nantes à Geoffroy Guichard, parviennent à égaliser dans les dernières minutes par l’intermédiaire de… El Haddaoui qui joue là son premier match en D1 ! Ce but donne confiance à l’équipe et à Mustapha qui marque lors des trois matches suivants (à Nice, face à Metz et à Niort). La machine est en route et laisse entrevoir de belles promesses.
Ainsi, la très nette victoire 4-0 face à Brest lors de la 19e journée, avec un nouveau but de Mustapha, place les Verts à la cinquième place du classement à la trève.
La deuxième partie du championnat confirme la bonne tenue des Stéphanois lors de cette saison 1987-88, et seul un petit manque de régularité les empêche de viser encore plus haut. Mustapha marque son dixième et dernier but de la saison le 21 mai 1988 lors de la 36e journée pour une victoire 4-3 à Geoffroy Guichard face au LOSC. Quatrièmes après ce match, les Verts le seront également à la fin du championnat.


El Haddaoui à la lutte avec le Messin Franzel lors d'un amical en 1987

Mais ce but face à Lille est finalement le dernier de Mustapha sous le maillot vert. En effet, à l’issue de cette saison pourtant réussie, L'OGC Nice souhaite le recruter. Robert Herbin et André Laurent, ambitieux, décident de le laisser partir pour trouver mieux et El Haddaoui prend donc la direction de la Côte d'Azur. En deux saisons sur la Baie des Anges, il joue 58 matches de D1 et marque 4 buts avant de changer quelque peu de climat... en posant ses valises à Lens. Il participe lors de sa première saison artésienne à la remontée du RCL avant d’enchaîner deux saisons en D1. Au total, Mustapha joue 84 matches et marque 14 buts pour les couleurs Sang et Or.
Il termine sa carrière héxagonale en douceur en jouant deux saisons pour le SCO d’Angers (65 matches, 9 buts). De 1995 à 1998, on le retrouve à La Réunion, à la Jeanne d'Arc et enfin à Sour, dans le sultanat d'Oman où il met un terme définitif à sa carrière de joueur en 1999.


La carrière d'El Haddaoui en un clin d'oeil

Il aura entre temps disputé la bagatelle de 46 rencontres internationales sous le maillot du Maroc dont deux fois en Coupe du Monde: il est titulaire lors du Mondial mexicain en 1986 et parvient en 8e de finales avec les Lions de l'Atlas, grosse surprise du premier tour. Hélas la Mannschaft, éternelle briseuse de rêve s'impose 1-0 grâce à un coup franc tardif, comme à sa triste habitude de l'époque.
En revanche, la Coupe du Monde 1994 est moins festive: le Maroc boit la tasse dans un groupe pourtant accessible (Pays-Bas, Belgique, Arabie Saoudite) et rentre à la maison après 3 défaites. El Haddaoui ne joue que le premier match, face à la Belgique (défaite 1-0), qui sera également son dernier sous le maillot national. Malgré ses 46 capes, il n'aura inscrit que 5 buts avec le Maroc, le dernier remontant à 1988.


El Haddaoui en Coupe du Monde: de 1986 à 1994

Son parcours comme entaîneur et dirigeant sera plus chaotique: il est d'abord président de l'association Foot Stars puis on le retrouve sélectionneur Olympique (U21) pour son pays d'origine, poste qu'il cumule avec celui de sélectionneur national de l'équipe de beach soccer du Maroc. Promu sélectionneur de l'équipe nationale du Maroc des joueurs locaux (une spécificité africaine), il occupe ce poste jusqu'en juillet 2010 où il est démis de ses fonctions pour mauvais résultats.


El Haddaoui sélectionneur des jeunes marocains en 2009

Du coup, en septembre de la même année, il crée l'Association Marocaine des Footballeurs, inspirée de l'UNFP, dont il est toujours président du syndicat des joueurs: "L’idée a émané des membres de la Fédération internationale des footballeurs professionnels (FIFPRO) que je connaissais pendant ma carrière de footballeur en France et qui travaillent à l’Union nationale des footballeurs professionnels en France (UNFP) à laquelle j’adhérais. Les objectifs de notre association sont nombreux et ambitieux. On est là pour aider les joueurs, les orienter, les défendre, les assister et les aider dans leur formation et leur reconversion. On s’est fixé l’objectif d’avoir un nombre très intéressant de joueurs et de membres dans notre association afin de la consolider et la mettre en valeur. Déjà on a eu pas mal d’adhérents et qui ont commencé à être nos porte-paroles pour passer le message et l’information sur l’AMF. Parmi nos objectifs, c’est aussi de travailler en harmonie et en parallèle avec la FRMF et le ministère de la jeunesse et des Sports et les accompagner dans tous les chantiers et les projets qui sont en marche pour le bien de notre football."
L'AMF deviendra l'UMFP (Union Marocaine des Footballeurs Professionnels) en 2015, histoire de mieux coller à son modèle, l'UNFP, fondée également par un ancien Vert africain, Eugène N'jo-Léa.


El Haddaoui président de l'UMFP en 2022

Malgré ces belles intentions, en 2012, Mustapha est victime d'une histoire de Fès: nommé entraîneur du Wydad de Fès, il est limogé aprés 7 matches seulement (pour aucune victoire) et met un terme à sa carrière de technicien, préférant se consacrer à la présidence de l'UMFP, à son rôle d'instructeur CAF/FIFA et aux responsabilités inhérentes à son statut de légende du football marocain.

International reconnu ayant disputé deux Coupes du Monde, titulaire de ses diplômes d’entraîneur, père de quatre enfants, très impliqué dans l’action humanitaire, l’homme est aujourd’hui aussi apprécié que l’a été le joueur. Pour les supporters stéphanois, il restera surtout l’un des grands artisans de l'une des meilleures saisons de l’ASSE depuis la grande époque…