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"Ce soir, on joue a la maison
Et Johnny Rep demande le ballon.
Ce soir, la pluie trempe les blousons
Mais Johnny Rep a marqué, c'est bon..."


Avez-vous fait l’expérience de taper le nom de Johnny Rep sur un grand moteur de recherche, juste pour voir ? Vous y trouverez des références à la chanson de Mickey 3D jusqu’à satiété. Il faut en effet bien sélectionner ses résultats pour trouver de substantifiques renseignements un peu sérieux sur le bonhomme du jour. Car Johnny Rep est vintage. À l’adresse des jeunes générations, je le certifie: Johnny Rep a existé en vrai. Cela remonte à loin.


Non, Johnny Rep n'est pas qu'une chanson aux paroles simplistes

Né le 25 novembre 1951 à Zaandam, cité proche d’Amsterdam, notre Batave effectuera pourtant sa carrière de footballeur professionnel essentiellement en France.
Il débute le foot en 1972 à l’Ajax en tant qu’attaquant et se forge très vite un gros palmarès: dès 1972, il est sacré champion des Pays-Bas, s'adjuge la Coupe des Pays-Bas, remporte la Coupe d'Europe des Clubs Champions et est l’auteur de 2 buts permettant à l’Ajax de s'imposer en finale de la Coupe Intercontinentale contre l'Independiente Buenos Aires (3-0 au retour après un nul 1-1 à l’aller en Argentine). Dès ses débuts, il a déjà tout gagné !
L'année suivante, à nouveau champion national, il remporte la SuperCoupe d'Europe et fait gagner à l’Ajax sa seconde Coupe d’Europe des Clubs Champions consécutive face à la Juventus de Turin, en marquant l’unique but de la rencontre à la 4e minute de jeu.


Johnny Rep en belle compagnie lors d'un Ajax-Bayern de C1 1973

Déjà sur le toit de l'Europe à 24 ans à peine, il reste à Johnny Rep à conquérir le monde. Malheureusement, la Coupe du Monde 1974 se refuse à lui lorsque malgré ses 7 matches de haute volée (ponctués de 4 buts), il échoue en finale face à la pragmatique NationalMannschaft (défaite 2-1). Un véritable traumatisme pour ce chantre du football total, camarade du grand Johann Cruyff qui décide rapidement de quitter son pays bas pour aller plus haut.
En 1975, après 135 matches et 79 buts avec l'Ajax, Johnny Rep signe deux ans au FC Valence (Espagne) alors qu'il est pourtant convoité par le Real Madrid.
Il n'y fait pas de miracles malgré un rendement très satisfaisant (78 matches pour 37 buts, excusez du peu). Mais c'est là qu'il est repéré par Bastia en 1978, un club qui réussit le recrutement parfait en lui faisant visiter la Corse sans lui montrer son stade !


Rep échoue face à Maier en finale de la WC 1974.
Tout comme la sélection Oranje

Sur ce terrain pourri de Furiani, gorgé de grosses flaques, Rep marche sur l'eau, inscrit une floppée de buts (44 en 75 matches) et atteint la finale de la Coupe UEFA sans pouvoir malheureusement décrocher ce graal qui le fuit depuis ce terrible jour de juillet 1974. Après un nul 0-0 en finale aller face à son ennemi héréditaire, le PSV Eindhoven, le match retour est sans gloire et s'achève sur une défaite logique 3-0. Deuxième finale, deuxième déception.


Encore raté en finale pour Rep et Bastia (C3 1978)

La troisième ne tardera pas. En Argentine, cette fois, c'est sûr, les Pays-Bas décrocheront ce titre mondial qu'ils méritent tant. Cruyff n'est certes plus là mais Johnny Rep est toujours avec Rensenbrink l'artilleur en chef des Oranje. Avec 3 buts en 6 matches, il emmène son équipe en finale face au pays organisateur. Une seconde finale de Coupe du Monde qu'il ne disputera pas jusqu'au bout, cédant sa place à l'heure de jeu à Dick Nanninga, lequel égalisera pour permettre aux Néerlandais de disputer la prolongation. La dictatoriale Argentine de Mario Kempès l'emportera 3-1 et Rep de pleurer sa 3e finale perdue en 4 ans seulement.


Rep se démène mais échoue encore à conquérir
le titre mondial face à l'Argentine en 1978

Bien que resté à Bastia une année supplémentaire, une année quelconque en réalité, Rep commence à envisager la vie hors de Corse. Pierre Garonnaire et Roger Rocher le recrutent alors pour en faire le buteur de l’ASSE, un club ambitieux encore auréolé de campagnes européennes glorieuses.
Comme tout Hollandais qui se respecte, il aime la France et ce beau pays le lui rend bien mais c'est en signant à Saint-Étienne que Johnny, l’idole des jeunes, le seul, le vrai, entre au Panthéon du football. Arrivé en même temps que Michel Platini, Rep a pour mission de planter ses banderilles, déborder, centrer et ainsi relancer le club. Mission accomplie, ou presque, dès sa première saison: il marque 15 buts.


Rep se venge du PSV en C3 dès son arrivée à Sainté en 1979

Pourtant, son intégration est difficile et ses rapports avec son nouveau coach n'ont rien de cordiaux: "Le plus mauvais entraîneur qui m'a dirigé, c'est Robert Herbin. Ce n'est pas mon ami. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai tout de suite senti que ce n'était pas mon truc. C'est dommage car c'est toujours mieux de s'entendre avec son coach. Il n'y avait pas de feeling entre nous. Vu qu'on ne se parlait jamais, il n'y a jamais eu de consigne de sa part que je n'ai pas comprise. C'est bien simple, il ne me demandait jamais rien." (L'équipe 2015)



La presse sportive saisit vite la portée du recrutement de l'ASSE en 1979

Toujours international au sein des Oranges Mécaniques (42 sélections pour 15 buts), Johnny Rep va construire, n’hésitons pas à l’écrire, son aura et sa maturité à Geoffroy-Guichard. Avec 177 matches au compteur et 61 buts pour les Verts, Rep est notamment sacré Champion de France en 1981, son premier titre depuis la C1 de 1974... et son dernier. Car les finales vont se suivre et se ressembler pour lui. Nous passerons sous silence la finale de Coupe de France perdue 2-1 face à ses ex-coéquipiers de Bastia la même année. Mais pouvons-nous taire la finale de coupe de France de l’année suivante (1982), perdue après un match incroyable contre le PSG (2-2 puis 6-5 aux tab)
En tous cas, mieux vaut garder un bienveillant mutisme sur le disque que notre blondinet pond en 1981: "Hey Johnny (singing in the morning)" que s’appelle la chose. Qu'il repose en paix dans le grenier des disques oubliés. Mais si notre héros du jour inspire toujours des chansonniers aux 21e siècle, toujours est-il qu'il n’avait pas besoin de ce 45 tours pour faire tomber les filles et les garçons.


Johnny Rep et son regard pénétrant vers la neige
qui tombe sur Saint-Etienne...

Avec Platini, Larios, Lacuesta, Zimako et consorts, il constituera une équipe de l'ASSE redoutée de tous, même si, au final, son palmarès en Vert n'aura pas eu l'étoffe qu'il méritait. Emporté comme tant d’autres par l’affaire de la caisse noire en 1983, Johnny Rep retourne au pays: "Le seul regret de ma carrière, c’est d’être parti de Saint-Étienne. C’est la plus grande déception de ma carrière. Sans l’affaire de la caisse noire, j’y vivrais toujours. Saint-Étienne, c’est mon deuxième pays. Mes deux premiers enfants sont français. Ils sont nés ici. Eux aussi voulaient rester. Mais je suis parti comme ça au bout de ma quatrième année, celle de trop. Ce n’était pas terrible."
Hors de question pour lui de couper les citrons à la mi-temps: il signe au PEC Zwolle pour jouer. Puis au Feyenoord Rotterdam (1984-1986) et enfin à Haarlem jusqu’en 1987. Il entraînera ensuite l’improbable club néerlandais d'Omniworld, qui se nomme désormais Almere City FC puis le Texel'94 et enfin le RKSV Pancratius avant de prendre sa retraite en 2008.


Johnny Rep et son épouse dans leur maison
des hauteurs de Sorbiers (photo le Progrès)

Désormais, Johnny Rep sillonne toujours l'Europe mais en camping-car comme de nombreux hollandais: "Aujourd’hui, mon camping-car est mon château". On a pu le voir garé sur le parking de Geoffroy-Guichard à quelques occasions, pour notamment assister à des ASSE-Bastia où il est régulièrement invité à l'initiative de l'un des deux clubs.


Johnny Rep en 2013

Et cette chanson de Mickey 3D au fait, à quoi faisait-elle référence ?
Et bien, à un match de Coupe d'Europe comme l'ASSE en a tant connu. Au premier tour retour de la Coupe de l'UEFA 1979-80, l'ASSE s'impose 3-0 face au Widzew Lodz, trois buts de Johnny Rep. Ce soir d'octobre, la pluie trempe les blousons.

Mais Johnny Rep a marqué (les esprits). C'est bon.