séléctionnez une date pour un autre éphéméride

D'une mine à l'autre, portrait d'un ch'tit à la moustache élégante et pour qui la fidélité et l'amour du maillot ne sont pas des vains mots...


La saison 1989-1990 set termine en queue de poisson pour l'AS Saint-Etienne.
Alors que les Verts étaient 8e à la mi-saison, ils terminent finalement à une piteuse 15e place. La Coupe de France aura bien apporté quelques satisfactions mais l’élimination en demi-finale à Geoffroy Guichard (0-1 face au futur vainqueur Montpellier) aura constitué une ultime déception pour les supporters stéphanois.

Pour éviter de revivre pareille saison, de nombreux bouleversements interviennent durant la trêve. Tout d’abord, Robert Herbin laisse sa place d’entraîneur à son adjoint Christian Sarramagna. Ensuite, l’effectif est sensiblement remodelé avec notamment l’arrivée d’une prestigieuse charnière centrale Kastendeuch-Cyprien et de la future coqueluche de Geoffroy Guichard, le Tchécoslovaque Lubomir Moravcik.

Le secteur offensif est par contre beaucoup plus stable et seul Dominique Corroyer, l’inamovible capitaine de l’USVA, vient le renforcer.
Dominique Corroyer est né le 25 août 1964 à Denain dans le Nord et a eu la gentillesse de nous accorder une interview en 2006 à l’occasion de ses… 42 ans !


Poteaux Carrés : Dominique, comment êtes vous arrivé au football ?
Dominique Corroyer : Un peu comme tous les gamins. D’abord dans la rue avec les copains et puis à 7 ans j’ai pris ma première licence à Denain. Par la suite, j’ai été repéré dans le cadre des sélections régionales et du concours du jeune footballeur par plusieurs clubs qui m’ont proposé d’intégrer leur centre de formation. J’ai finalement opté pour Valenciennes dont j’ai intégré le centre de formation à 15 ans.


PC : Pourquoi avoir choisi Valenciennes ?
DC : Ce choix s’est fait naturellement dans la mesure où Valenciennes n’était qu’à 15km de chez moi. Et puis c’est un club que j’appréciais. J’étais déjà allé voir des matches à Nungesser.


PC : Ensuite vous gravissez les échelons…
DC : En fait la progression a été très rapide puisqu’à 17 ans je jouais en professionnel. Le club connaissait alors des problèmes financiers et s’est par la force des choses appuyé sur les jeunes du cru.


PC : C’est alors pour vous le début d’un long bail en D2 avec Valenciennes…
DC : En effet. J’ai alors enchaîné 10 saisons avec Valenciennes. Toutes en D2. On est passés par tous les états. Au début, devant 500 spectateurs, avec beaucoup de jeunes, on a découvert la réalité du football. Il a fallu se battre. On a appris le métier en quelque sorte. C’était très différent de ce que peuvent vivre les jeunes pros d’aujourd’hui… Et puis, on a pris de la bouteille et on a fini sur deux bonnes saisons avec Georges Peyroche comme entraîneur.



L'équipe de Valenciennes 1983-84 avec le jeune Dominique Corroyer
(deuxième rang, avec la moustache déjà)


PC : C’est à ce moment là que l’ASSE vous contacte…
DC : Suite à ces deux bonnes saisons j’ai effectivement eu plusieurs touches avec des clubs de D1. Mais quand l’ASSE m’a contacté, le choix était vite fait. En 1976, j’avais douze ans. Saint-Etienne, c’était le club de ma jeunesse.


PC : Vous avez été recruté par Robert Herbin mais c’est Christian Sarramagna qui est au poste d’entraîneur lorsque vous arrivez dans le Forez…
DC : Oui c’est vrai. J’avais rencontré Robert Herbin lorsque j’étais venu visité les installations à Saint-Etienne. Mais cela s’est très bien passé avec Christian Sarramagna. Mon intégration dans le groupe a été bonne également. En revanche, j’ai été surpris par l’individualisme de certains joueurs. Venant de Valenciennes où le professionnalisme était plutôt un amateurisme amélioré, avec une ambiance familiale et beaucoup de solidarité, j’ai découvert un autre monde. Certains faisaient passer leurs intérêts avant ceux du collectif.


PC : Vous pensez à Lubomir Moravcik ?
DC : C’était un bon joueur. Mais je crois qu’il aurait pu apporter beaucoup plus au collectif.



Corroyer à l'ASSE en 1990


PC : Sportivement, cela se passe plutôt bien pour vous. Christian Sarramagna vous fait confiance…
DC : Je n’ai eu aucun problème avec lui. On l’a beaucoup critiqué à l’époque mais, pour moi, les mauvais résultats étaient plutôt dus à un manque de solidarité dans le groupe qu’à l’entraîneur.


PC : Vous parlez de mauvais résultats. Il est vrai qu’à la fin de cette saison 1990-1991 l’ASSE se rapproche dangereusement du bas du tableau. Et c’est vous qui êtes le grand artisan du maintien en scorant aux 35e, 36e et 37e journées.
DC : Marquer des buts j’étais là pour cela. J’ai toujours le sentiment qu’il y avait mieux à faire. Des buts, on aurait pu en mettre plus et bien avant (NDLR: l'attaque des Verts était également consitutée de Tibeuf, Mendy et Witschge).


PC : Vous aviez signé pour deux saisons. La seconde a été perturbée pour vous…
DC : J’ai souffert d’une pubalgie qui m’a éloignée des terrains d’octobre à mars. Ensuite, j’ai essayé de finir la saison du mieux possible mais avec l’intention de partir ensuite. Pourtant, je me suis beaucoup plu dans la région. Mais je ne prenais plus de plaisir à partir à l’entraînement donc le moment était venu de tourner la page.



Seconde saison avortée pour Corroyer à Saint-Etienne


PC : Après 48 matches (pour 9 buts) chez les Verts, vous retournez alors à Valenciennes…
DC : VA venait de monter en D1, c’était donc l’occasion pour moi de continuer à jouer à ce niveau. Malheureusement les choses avaient beaucoup changé. De nouveaux dirigeants avec des moyens financiers plus importants avaient fait venir des "noms", des joueurs avec un état d’esprit de mercenaires. Le départ de Francis Smerecki après seulement trois journées a scellé mon sort. Je n’ai plus joué que des bouts de match. Et puis en point d’orgue à cette situation sportive difficile est venue l’affaire OM-VA…


PC : S’ensuit une rétrogradation et une saison très difficile à nouveau en D2…
DC : Ce fut très dur. Le club traînait comme un boulet cette affaire. Il y avait des pressions, des menaces. Nos hôtels étaient sous protection policière…



Retour à VA en 1993


PC : Sportivement, VA doit faire face à une deuxième rétrogradation consécutive…
DC : Effectivement. J’ai alors pris la décision de partir jouer en National à Rouen. Sportivement tout s’est très bien passé. Sous la direction de Patrick Parizon, avec des joueurs comme Olivier Quint et Jean-Pierre Orts, on a fini au pied du podium. Pour ma part j’ai inscrit trente buts en autant de matches.


PC : Malheureusement, le club doit déposer le bilan à la fin de cette saison…
DC : Oui. Et c’est ce qui m’a décidé à repartir en National avec Valenciennes. Mes trente buts m’avaient permis d’avoir des possibilités avec plusieurs clubs de D2 mais le challenge de reconstruire avec VA était intéressant. Bizarrement, à cause de pépins en défense, j’ai joué quasiment toute la saison au poste de libéro…



Corroyer (à gauche) à Rouen en 1995


PC : C’est également cette année là que vous avez connu votre première expérience en tant qu’entraîneur…
DC : Le club était en liquidation judiciaire. Le président m’a alors demandé de reprendre l’équipe pour les dix derniers matches de la saison. On a enchaîné neuf victoire pour une seule défaite avec des jeunes comme Laurent Leroy, Daniel Moreira, Laurent Dufresne ou Carl Tourenne. On a fini troisièmes ce qui n’a malheureusement pas permis d’éviter la rétrogradation.


PC : Comment avez-vous poursuivi votre carrière d’entraîneur depuis ?
DC : L’année suivante, j’ai entraîné les 18 ans nationaux de Valenciennes pendant un an. Les conditions n’étaient pas très favorables dans la mesure où seule l’équipe première comptait à cette époque. J’ai ensuite entraîné Béthune durant trois ans, de 2003 à 2006. Le club venait de descendre de CFA2 en DH, il y avait tout à reconstruire. Beaucoup de boulot mais une expérience très enrichissante sur le plan humain. Avec une équipe composée essentiellement de jeunes du club, nous avons réussi de bonnes choses en gagnant notamment la Coupe de la Ligue du Nord. Les problèmes financiers du club ont fait que cette expérience à Béthune est dorénavant terminée. Malheureusement, je n’ai appris cette situation que tardivement et n'ai donc pas eu l’opportunité de trouver un nouveau club dans la foulée.


PC: Pour conclure Dominique, y-a-t-il un moment particulier de vos deux ans à Saint-Etienne dont vous aimeriez nous parler ?
DC : Ce qui aurait pu faire pencher la balance du côté positif, c'est le derby qu'on perd 1-0 à Geoffroy Guichard sur un but de Sylvain Kastendeuch contre son camp. Durant ce match, j'ai effectué une reprise de volée aux vingt mètres qui s'est écrasée sur le poteau avant de retomber dans les bras de Rousset. Marquer dans un match aussi important, notamment pour les supporters, aurait été une grande joie.



Dominique Corroyer en 2012

...


Depuis cette interview, les choses ont bien changé pour Dominique Corroyer. Après un passage à Marly (62), il entraîne la NES Boué Etreux (02) à partir de 2007 puis l'US Escaudain (59).
En parallèle, il crée en juillet 2007 des stages foot-vacance dans la banlieue de Valenciennes. La première édition réunit 80 enfants et l'évènement obtient un succès grandissant dans le Nord-Pas de Calais à tel point qu'en 2013, le VAFC devient partenaire officiel de ces stages.

Puis en aout 2011, Dominique Corroyer se reconvertit en ouvrant "Patachips" dans le centre de Valenciennes. Associant bar et restauration, cette friterie diffuse les grands événements sportifs sur écrant géant pour le plus grand bonheur de l'ancien buteur stéphanois: "Avec ma femme Christelle, nous sommes associés. Avec ses vingt ans d'expérience en restauration et mes connaissances à Valenciennes, on forme comme une équipe où je serais à l'attaque et Christelle en défense !"

Fidèle au Nord, Dominique Corroyer ne l'est pas moins à sa moustache et au foot: "Je pense qu'à un moment, ça va me manquer. J'ai toujours mes diplômes d'entraîneur, alors si l'occasion se présente..."

Merci à Dominique Corroyer du temps qu’il a bien voulu nous consacrer.