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- "Saint-Étienne en D1, c’est six points d’assurés pour nous". Ainsi parlait l’entraîneur lyonnais de l'époque au début du championnat.
- "On a pris quatre points puisqu’ils devaient nous en prendre six" lui répondra logiquement son homologue stéphanois à l’issue de ce derby...


La feuille de match
Vendredi 14 avril 2000 - Championnat de France de D1 - Stade Gerland
31e journée: OL 0-0 ASSE
Spectateurs: 39.218 - Arbitre: M. Sars

OL:   Coupet - Carteron, Laville, Fournier, Violeau (Govou 83e) - Laigle, Dhorasoo, Delmotte, Malbranque - Anderson, Vairelles. Entraîneur: Bernard Lacombe
ASSE: Alonzo - Potillon, Kvarme (Llacer 46e), Mettomo, Wallemme - Pédron, Sarr (Carotti 64e), Guel, Sablé - Aloisio, Alex. Entraîneur: Robert Nouzaret

L'avant match*
Seulement 1.200 petites places, voilà ce que les dirigeants lyonnais nous avaient "généreusement" accordé. Ainsi, la tribune supérieure du virage sud, au-dessus des supporters stéphanois était quelque part à l’image de l’intelligence lyonnaise: vide ! Outre cet événement à l’arrière mauvais goût de scandale, le président Bompart fit part de son mécontentement au président Aulas quant au prix prohibitif des places: 100F ** ! Monsieur Aulas ne doit guère peser au sein de son comité de gestion puisque ce dernier aurait refusé de revoir à la baisse les tarifs. La grande classe, en somme mais les Lyonnais nous y avaient habitués...
Heureusement, Canal eut le bon goût de diffuser ce match pour les malheureux, dont moi, empêchés d’aller à Gerland.

Magnifiques tifos lyonnais: un rectangle bleu, un rectangle blanc, un rectangle rouge, un rectangle bleu... Original ! Décidément les Gones, y a des efforts à faire avant d’arriver au protège-tibia des Gagas. L’étendard brandi par les supporters verts rappelait d’ailleurs à leurs voisins et néanmoins ennemis le chemin... le long chemin... le très long chemin... qui leur restait à parcourir avant d’espérer atteindre le palmarès des Foréziens***: la double étoile à cinq branches, symbole des dix titres de champion de France.
Ce que signalait Robert Nouzaret dans une interview à France Football: "Au niveau du palmarès, j’ai peur que Lyon attende longtemps avant de rattraper Saint-Étienne".


Le parcage stéphanois à Gerland, chaud bouillant !

Les faits du Match
Après les tifos, les ballons, les petites phrases assassines, le derby rhônalpin tant attendu par toute une région pouvait enfin commencer.
Dès la première minute, le rythme était donné: sortie d’Alonzo dans les pieds d’Anderson. Certains esprits chagrins n’ayant pas bien vu le match ont pu avancer que cette première minute résumera les 89 qui suivront.

Pourtant les Verts ne sont pas venus pour faire de la figuration et à la troisième minute, le Brésilien Alex, qui avait réussi à déborder côté droit, est malheureusement signalé hors-jeu. Le match allait en fait se résumer à cela: attaques stéphanoises enchaînées par des contre-attaques lyonnaises. A ce petit jeu, c’est l’ASSE qui s’expose le plus mais c’est dans ses habitudes et c’est tant mieux. A la 9e, Alonzo sort de sa surface fort à propos pour dévier de la tête une relance lyonnaise. Deuxième duel face à Anderson, deuxième victoire.


Alonzo vs Anderson: le duel du match (photo le Progrès)

Les Verts accélèrent et José Aloisio lancé par Pédron s’infiltre dans la surface, mais Carteron dévie la balle en corner (12e).
Cinq minutes plus tard, Sonny Anderson, toujours sur un contre, voit sa frappe détournée magistralement par la main gauche d’Alonzo ! Là, on commence à se dire qu’il ne peut rien nous arriver, tant Alonzo est serein. Hélas, dans la minute qui suit, Guel, comme il sait si bien le faire, nous vendange une occasion: il tricote à n’en plus finir dans la surface, ce qui laisse tout loisir à Delmotte de revenir.

Et puis c’est la 20e minute et le pseudo hors-jeu de Lionel Potillon. Dommage, parce que le but d’Alex qui avait suivi était superbe en plus d’être valable. Merci M. Sars, ça fait quand même cinq points sur l’ensemble de la saison (cf. le scandaleux Auxerre-ASSE de l'automne dernier) !
Les Gones déclareront que si le juge de touche n’avait pas levé son drapeau, Alex n’aurait jamais marqué parce qu'ils s'étaient arrêtés de jouer. D’une part, c’est faux, d’autre part, Lacombe aurait du leur enseigner une règle essentielle dans le foot: des deux types, celui qui a le drapeau et celui qui a le sifflet, c’est l’usage de l’instrument du deuxième qui prévaut.

Passons... Jérôme Alonzo continue d’être impérial: à la 24e, suite à un corner de Laigle, il se couche sur le ballon, devant sa ligne avec Anderson en embuscade. 4/4 ! Trois minutes plus tard, un but de Vairelle est logiquement refusé, cette fois: non seulement Carteron qui était sorti du terrain revient et fait action de jeu mais Vairelles lui-même revient également d’une position de hors-jeu.


José Aloisio sans solution sur le front de l'attaque (photo l'Équipe)

Le rythme est soutenu et les Verts dominent désormais les débats. Les Lyonnais se contentent de défendre,  comptant sur l’adresse d’Anderson. Et flûte ! Encore une barre de Pédron ! On devrait agrandir ces satanées cages ou bien inventer des montants qui ne soient ni carrés, ni ronds. Pfiou ! Et ça fait seulement une demi-heure de jeu...

Après un superbe une-deux entre nos deux attaquants carioca, Delmotte commet un véritable attentat sur Aloisio qui filait au but. Certes, il n’était pas en position de dernier défenseur mais un carton jaune, ce n’est pas cher payé, d’autant que la position avancée de Coupet ne laissait aucune chance à Aloisio de manquer le cadre. Le coup franc qui suivra, tiré par Pédron, passera au-dessus des buts...

Les cartons pleuvent: Mettomo et Pédron sont avertis coup sur coup pour des fautes sur Anderson (34e et 36e). Rien à redire.
Avant la pause, nouveau duel entre Anderson et Alonzo, la frappe du premier passe à côté de la cage du deuxième qui s’était avancé, bouchant parfaitement l’angle. Ouf! Mi-temps. Je vais boire un coup et je reprends !

A la pause, Llacer a remplacé Kvarme. Les Verts semblent partis avec les mêmes intentions offensives: 48e, frappe d’Alex sur une remise d’Aloisio qui échoue dans les bras de Coupet. Attaques stéphanoises immanquablement suivies de contres lyonnais, décidément, les mi-temps se suivent et se ressemblent.
Et les Verts se prennent même à bien défendre, à l’image de Potillon qui dégage en corner ce centre de Delmotte sur Anderson (52e) ou qui "déporte" avec plein de sang-froid Anderson dans la surface qui du coup ne peut ajuster son tir (74e).


Delmotte échoue de peu devant le but stéphanois (photo le Progrès)

Les frappes non cadrées s’enchaînent: Julien Sablé, suite à un coup franc de Pédron (69e), Carteron (72e), Carteron (75e)... Et quand elles le sont, il y a ce damné Alonzo qui fait toujours des misères à Anderson (80e). Et puis il y a aussi Guel qui se troue (73e): complètement démarqué, il loupe complètement son centre, à moins que se ne soit un tir... étonnant ! "Ma grand-mère l'aurait marqué ce but", citation ô combien célèbre de moi-même dans mon canapé ! Et encore à la 86e alors qu’Aloisio lui avait offert un véritable caviar. "Ma grand-mère dans dix ans l'aurait marqué ce but", entend-on encore du fond de mon canapé !

Le jeune Govou**** manquera lui aussi une belle occasion pour les Gones (89e), suite à un superbe mouvement collectif. Et puis, dans l’ultime minute des arrêts de jeu, la frappe d’Anderson sera arrêtée en deux temps par Alonzo, magnifique! Ça fait combien au total: un truc comme 7-0 pour Alonzo contre Anderson ?

Merci les gars, ce derby était excellent, malgré une absence évidente de buts.

Le Saviez-vous ?
- L'ASSE finira cette très belle saison à la 6e place. Pas mal pour un promu ! L'OL, lui, terminera 3e, à 9 points du champion monégasque.

- Deux joueurs lyonnais rejoindront l'ASSE dans le futur. Il s'agit de Steed Malbranque et Patrice Carteron. Le premier ne laissera pas de trace indélébile, sinon un "j'ai pas encore tout compris ce qui s'est passé mais je m'en fous un peu" dans l'histoire stéphanoise (2 mois à l'été 2011), le second deviendra le capitaine adoré de tout le peuple vert.

- C'est en fait à l'issue de cette saison 1999-00 que Patrice Carteron sera viré comme un malpropre de son club lyonnais, alors qu'il avait pourtant été élu par deux fois meilleur latéral droit de D1 en trois saisons sous le maillot lyonnais. De vilaines rumeurs dont nous ne nous ferons bien sûr pas écho (*tousse*) rapportent qu'il aurait fricoté avec non pas la femme mais la maîtresse du président du club. Mais cela ne nous regarde pas, même si ça nous fait bien marrer encore longtemps après les faits présumés.
Au départ, le transfuge lyonnais est mal accepté. Il sera même prêté en mars 2001 au club anglais de Sunderland et reviendra en août, en D2, où il fera alors l'unanimité. Frédéric Antonetti qui a tenu à le faire revenir, lui conseillera juste de travailler, lui assurant que l'amour du public vert lui viendrait tout naturellement. Ainsi sera-t-il. L'ASSE deviendra l'équipe des guerriers et des Pat: Patrick Guillou sur le côté gauche et Patrice Carteron sur le côté droit. Il sera le Capitaine Courage d'un club qui remontera finalement en D1.

- Un seul joueur lyonnais avait évolué à l'ASSE dans le passé: Grégory Coupet bien sûr, qui y avait même été formé, portant le maillot vert de 1993 à 1997. Citons également l'entraîneur, Bernard Lacombe, très vilain mais néanmoins stéphanois en 1978-79

- Ce derby est le 84e de l'histoire. Et ce n'est alors que la 9e fois qu'il se termine sur un score vierge.


Coupet et Potillon, deux copains adversaires
le temps d'un soir (photo Progrès)

* Texte d'époque rédigé par une certaine Joséphine ASSE, du fond de son canapé stéphanois.
** Toujours cette vieille monnaie. 100F correspondent à 15€. Cela peut prêter à sourire, mais à l'époque, ce prix était élevé pour un sport encore à peu près populaire.
*** Chemin accompli à 70% depuis...
**** A l'époque, il l'était !