Ancien ailier international de l'ASNL, Olivier Rouyer nous a accordé un sympathique entretien avant le match qui opposera Sainté à Nancy ce samedi soir à Geoffroy-Guichard.
Olivier, tu as eu l'occasion de jouer une vingtaine de fois contre les Verts lors de ta carrière. Quelles images fortes reviennent spontanément à ta mémoire à l’évocation de ces confrontations ?
L'image la plus forte, c'est quand on a reçu les Verts en décembre 1976, quelques mois après leur finale de Coupe d’Europe des Clubs Champions et quelques mois avant leur match contre Liverpool. A cette occasion, Marcel-Picot a attiré plus de 30 000 spectateurs, un record d’affluence qui tient toujours et qui n’est pas près d’être battu ! (rires). Ce soir-là, les gens étaient dans les arbres, au bord du terrain, sur la piste, c'était un truc de folie absolue ! On avait été obligé de pousser les gens pour que l'on puisse disputer le match, chose qu'on ne verrait plus maintenant. En plus on a gagné ce match-là 2-0 et les gens n'ont pas bougé. Lorsqu’on a marqué, ils étaient très contents, mais personne n'est rentré sur le terrain. C'était un truc de cinglé ! C’est mon meilleur souvenir de match contre Sainté. Le plus mauvais, c’est le jour où Michel a eu une fracture de la malléole lors d’un match à Geoffroy-Guichard [le 8 août 1978, victoire des Verts 3-2 grâce à un doublé de Bernard Lacombe et un but de Dominique Rocheteau, ndp2]
Tu l’avais d’ailleurs porté avec le kiné nancéien pour l’évacuer de la pelouse du Stade Geoffroy.
C’est clair qu’il avait un petit peu mal à la cheville quand même… Je crois qu’il s’est blessé sur une prise d'appui. De mémoire, Michel a été indisponible plus de 3 mois suite à cette fracture de la malléole. C’est la plus grosse blessure de carrière je pense.

Quand il a quitté Nancy pour Sainté en 1979, est-ce qu'il t'avait mis dans la confidence avant ? Comment as-tu vécu votre séparation ?
Quand il nous a annoncé son départ, nous on était tous contents pour lui. On était plus ou moins dans l'indiscrétion, mais bon ce n'était pas important. Le problème c'est qu'on perdait quelqu'un avec qui il se passait beaucoup de choses, et pas qu'avec moi, avec certains collègues de l'équipe. On était très proches les uns des autres, et on avait une grosse vie forte dans le milieu du foot, mais forte aussi en dehors du football. Forcément, son départ a été un peu compliqué à vivre et puis après la vie fait qu’automatiquement ça s'arrange, chacun poursuit son bout de chemin, chacun avance dans ses matchs, dans sa carrière. Mais ça n'empêche pas qu'à chaque fois qu'on se revoyait c'était extraordinaire, et que ça perdure encore maintenant. On est resté proches avec Michel. C’est une amitié de plus de 50 ans ! On devait avoir 17 ans la première fois où on s'est retrouvé ensemble à Nancy…
Tu te souviens des matches que t’as joué avec Nancy contre lui ? Notamment la double confrontation en 8e de finale de Coupe de France en avril 1981 ? A l’aller, à Picot, il avait ouvert le score, t’avais égalisé et vous aviez gagné 2-1. Au retour, l’ASSE avait gagné 3-1 et Platoche avait encore ouvert la marque !
Je ne m’en souviens pas du tout, désolé ! (rires) Ma mémoire fuit un peu.
T’as la mémoire qui flanche, tu ne te souviens plus très bien ?
Oui, je suis comme Jeanne Moreau ! (rires)
T’as mémoire est un peu rouillée, Olivier mais tu restes inoxydable !
Ah, c’est gentil ! (rires)
Pour en revenir à Michel, tu l’as revu il y a 2 semaines à Joeuf, sa ville natale, où il a présenté le musée du foot ouvrier et de l'immigration dont l'ouverture est prévue début 2028.
Tout à fait. J’étais content d’être à ses côtés car ça lui tenait à cœur de s’investir pour ce musée. En plus c’est à Joeuf, dans sa ville natale. C'est extraordinaire. Ça va être un musée magnifique. Ce n'est pas du tout un musée où on va systématiquement accrocher des maillots, etc. Ça va être fantastique, je te garantis que ça va être un truc qu'il faudra absolument aller voir, parce que ça va être quelque chose de flamboyant.
J’irai le voir, promis !
J’espère bien ! Quand Michel a présenté cette idée, quand il l’a exposée aux gens, il a vraiment eu des mots justes, des mots forts. Il a parlé de la famille, de l'immigration, des ouvriers, des gens qui méritaient d'être mis à l’honneur dans ce musée. Je ne vais pas te refaire toute l'histoire, mais là-haut, ce qui s'appelait la vallée de la Fensch, c'était une vallée industrielle : la métallurgie, les mines… c'était chaud. Michel a parlé de l'immigration, puisqu'il en est issu. Une immigration de travailleurs, de gens engagés, avec beaucoup d'Italiens et de Polonais. De nombreuses familles d'ouvriers se sont retrouvées avec des enfants, voire des petits-enfants, qui étaient joueurs de football. A Sainté, vous en avez eu aussi, je pense notamment au regretté Georges Bereta. Un joueur que j’appréciais beaucoup, c’était une référence pour moi.
Un joueur qui a marqué lors du mythique et renversant match retour contre Split dans une ambiance qui a valu à Geoffroy-Guichard son surnom de Chaudron. Sous le maillot de l’ASNL, tu as joué 6 matches dans ce stade et tu les as tous perdus…
Pour être franc, le souvenir qu'on avait quand on venait à Sainté, c'est très clair : à l'époque, on se disait : « ça va être dur, non seulement ils sont fort mais il y a aussi les arbitres… » On savait toujours qu'on jouait à 11 contre 12, on n'était pas les seuls à le penser. Mais c'est normal, parce que Saint-Etienne était l'équipe la plus forte, c'était l'équipe qui faisait vibrer tout le monde. Il n'y a aucun souci là-dessus, on savait que c'était compliqué. Mais bon, on se disait toujours : « si on réussit un coup important à Saint-Etienne, c'est important, on va marquer les esprits ». En fait, Sainté à l'époque, c'est comme quand on allait jouer au Parc des Princes à Paris. Pour moi, c'étaient les deux moments forts de la saison. Jouer contre l’ASSE, c'était particulier. Mais bon, on y allait aussi quelquefois, en se disant : « merde, il faudra qu’on soit vraiment, vraiment très fort parce que ça sera chaud pour nous. »
T’aimais l’ambiance du Chaudron ?
C’était chaud, c’était bien. C’était à la hauteur de tout ce que représentait Saint-Etienne à l'époque. La pression elle était grande, ils savaient nous la mettre, mais c'était cool. C'était fervent mais tellement bon enfant. On ne sentait pas à l'époque une forme d'agressivité ou de pression négative, c'était cool.
Ces confrontations étaient d’autant plus particulières que tu côtoyais de nombreux joueurs stéphanois en équipe de France.
Effectivement j’en côtoyais un paquet. Je pense notamment à Dominique Bathenay, Gérard Janvion, Christian Lopez, Dominique Rocheteau et même Christian Synaeghel. Il y avait aussi les frères Hervé et Patrick Revelli. C’étaient des monuments à l’époque. C’était un évènement de jouer contre tous ces gars-là, comme ça l’est aujourd’hui pour les équipes qui affrontent le PSG et se retrouvent face à des joueurs qui flambent. On se connaissait tous. Après, le match reste le match. Sur le terrain on ne se faisait pas de cadeau pendant 90 minutes. Mais on se respectait et on avait du plaisir à se retrouver en équipe de France.
C’est l’occasion de revenir sur le fameux but victorieux que tu as marqué au Parc des Princes le 23 février 1977 contre l’Allemagne (championne du monde et d’Europe en titre à l’époque). Tu étais titulaire dans une équipe comprenant une majorité de joueurs déjà verts ou en devenir : il y avait Platoche bien sûr, mais aussi Gérard Janvion, Patrick Battiston, Christian Lopez (capitaine), Dominique Bathenay, Christian Synaegel et Bernard Lacombe, remplacé à la pause par Patrick Revelli. Ton pion, magnifique, t’a fait connaître aux yeux du grand public. Comment as-tu vécu ce moment incroyable ?
A partir du moment où tu marques avec le maillot de l'équipe de France, il y a quand même une joie supplémentaire. Il y a les deux fils qui se mettent à se toucher, et là tu es un fou, il y a quelque chose qui se passe. C'est phénoménal. Le fait de marquer en équipe de France déjà, c'est quelque chose de fantastique, c'est quelque chose de différent de la vie en club. Parce que le club c'est tous les jours, c'est tout le temps, mais l'équipe de France, c'est le maillot bleu, c'est le maillot avec le coq ! Tu marques contre l'Allemagne, mais que ce soit l'Allemagne ou un autre, la joie elle est la même. C’est fantastique ! Moi je me rappelle, j'ai été comment dire… Dans un semi-coma de bonheur ! (rires)
Tu as réussi ce soir-là là où les Verts ont échoué à Glasgow le mercredi 12 mai 1976. Sauvé par les poteaux carrés à Hampden Park, Sepp Maier s’est incliné, comme ses coéquipiers Franz Beckenbauer ou encore Karl-Heinz Rummenigge. On fête cette saison les 50 ans de l’épopée des Verts, comment l’as-tu vécue à l’époque ?
A fond, comme tout le monde ! J’étais évidemment derrière eux les soirs de Coupe d’Europe. La France était verte. Ça ne se discutait même pas, c'était clair. Moi je me rappelle, j’étais à l’armée, on regardait les matchs entre nous au Bataillon de Joinville. C'était extraordinaire ! Tu ne faisais pas la gueule parce que tu étais avec les Stéphanois, qui réussissaient un parcours en Coupe d'Europe absolument sensationnel. Je pense qu'à l'époque sincèrement, on n'avait pas les mêmes divergences entre les clubs. Maintenant il y a beaucoup plus d'agressivité, de comportements complètement débiles. Je n’ai pas besoin de m'étendre là-dessus.
A la grande époque des Verts ça n'existait pas tout ça, au contraire ! Tout le pays à l’unisson était derrière l’ASSE les mercredis soir et vibraient devant les exploits européens des Verts. Il faut se rappeler quand même que les Verts ont descendu les Champs-Élysées, alors que ce n'était pas l’équipe de France ou le Paris Saint-Germain. Imagine un peu maintenant si Marseille défilait sur les Champs, ce serait le bordel ! Alors bien sûr que tout le monde va dire : « mais qu'est-ce qu'il nous dit comme conneries lui ? » Mais quand on revoit ces images-là, 50 ans après, on se dit : « Ils vivaient dans un monde de bisounours. » Ils vivaient en fait dans un monde qui était tolérant, dans un monde qui était ouvert, qui était tout ce qu'on veut.
Y’a des mecs, ils ne vont rien comprendre quand ils vont voir ces images-là. T’es Stéphanois, t'as perdu en finale, et tu descends les Champs-Élysées. C’est pas extraordinaire ? Moi quand je vois les photos de Rocher, Herbin, et tous les joueurs dans des voitures décapotables…. Je te dis, tu fais un truc comme ça maintenant, mais tu prends des cailloux ! Tout le monde était vert, et puis je pense que comme l'épopée rémoise était déjà trop derrière nous, là on se retrouve avec Sainté. Ce qu’ils ont fait, c'est topissime. Tout le monde s'est éclaté, on s'est éclaté avec eux, on était très fiers des Stéphanois, sans aucun problème !
En 1984, on était moins fiers d’eux. C’est d’ailleurs cette année-là, le 6 avril, que tu as gagné le seul match de ta carrière à Geoffroy-Guichard mais avec Strasbourg. Tu auras marqué 4 buts dans ta carrière contre les Verts, le dernier d’entre eux à la Meinau d’une reprise de volée le 4 août 1981.
Merci pour cette vidéo ! Après avoir mis ce but, je reviens à hauteur du rond central. Michel est en face de moi. Il me regarde d’un air de dire : « tu ne te fous pas de ma gueule ?». Et moi je le regarde et je lui dis : « ben écoute, je suis désolé. » Je me rappellerai toujours avoir fait ce geste avec les deux bras qui s'écartent, l’air de dire : « excuse-moi, mais bon, qu'est-ce que tu veux, c'est comme ça ! ». Ça nous a fait beaucoup rire. Tu vois, ça au moins je m’en souviens, ma mémoire ne flanche pas complètement ! (rires)
Je vais maintenant évoquer un moment plus douloureux pour toi. Un derby qui s’est déroulé le 24 février 1985…
Non, non, on ne va pas en parler. C’est pas beau !
C’était à Gerland, chez les vilains…
Non, non, on ne va rien dire du tout ! Ça je m’en souviens mais je n’ai pas envie d’en parler (rires)
Tu peux compter sur moi pour le faire alors !
C’était un truc de merde de notre part. Je crois qu’on a perdu 5-0.
5-1, Laurent Fournier a sauvé l’honneur à la 90e. Enfin, sauver l’honneur, façon de parler. Vous avez pris une sacrée dérouillée, Monsieur Rouyer !
(Rires). Une horreur. Hou là !
Sur asse-online, l’ancêtre du site Poteaux Carrés, Robert Herbin nous avait confié que c’était son pire souvenir d’entraîneur. Tu as joué la saison d’après sous les ordres d’un autre Robert qui connaîtra plus tard l’ASSE : Nouzaret. Quels souvenirs gardes-tu de cette expérience de deux ans dans la banlieue de Saint-Etienne ?
C’était pour le moins contrasté. J’ai vécu 2 ou 3 petits trucs sympas pendant ces 2 saisons, mais pour le reste... Je suis passé là-dedans complètement anonyme, même déçu de beaucoup de choses. Je ne vais pas revenir là-dessus, parce que je n'ai pas envie de faire du mal aux gens…. Je m'attendais à quelque chose de plus fort, une plus grande expérience, je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Pourtant il y avait Larios, Lacuesta, des anciens de Sainté. Mais je ne sais pas, on n'a pas eu le bon feeling, ça a été une galère. C'étaient aussi les débuts de Bruno Genesio et Rémi Garde à Lyon mais on est passé à travers. En tout cas, moi, je suis passé à travers pendant ces 2 saisons. C’était pas cool, cette expérience à Lyon, d'ailleurs j'ai arrêté ma carrière professionnelle dans la foulée.
T’aurais été mieux chez nous, non ? T’as jamais eu l’opportunité de porter le maillot vert ?
Si ! L’année après le départ de Michel à Saint-Etienne, j’ai failli le rejoindre. Saint-Etienne avait contacté Nancy, les Verts voulaient me recruter. Mais le président de l’ASNL n’a pas voulu. Il a réclamé un millions de francs, une sacrée somme à cette époque ! Le président Rocher n'a pas voulu. Moi je n’ai pas su ça sur le moment mais un peu après. Et ça m'avait mis en colère. Ça m'a mis terriblement en colère, et ça avait été chaud entre le président et moi.
T’es vert de ne pas avoir été Vert !
C’est clair ! Attends, tu rigoles, à l'époque tu te retrouves chez les Verts, c'était le top du top ! Jouer à l’ASSE connaissant tout ce que ça représente, et pourvoir en plus rejouer avec Michel, t’imagines ? Jouer avec un ami dans le club phare de France et un peu d'Europe. T’es dans une autre galaxie, dans une autre ambition. Ça change tout !
Descendue en Ligue 2, l’ASSE est hélas très loin de cette galaxie désormais et s’apprête à affronter ton club de cœur, celui de ta ville natale. Tu suis toujours de près l’ASNL ?
Absolument, je regarde leurs matches à la télévision et il m’arrive aussi d’aller à Marcel-Picot. Dans la dynamique de la montée, Nancy a réalisé un très bon mois d’août et comptait 8 points après 4 journées. Depuis l’ASNL n’en a pris que 7… L’équipe manque cruellement de qualités offensives et se fait parfois punir sur les occasions qu’elle concède. Le problème, c'est que Nancy ne possède pas, à mon sens, ce qui manque peut-être à beaucoup d'équipes en Ligue 2, même en Ligue 1 aussi : un joueur qui marque des buts.
On sait très bien qu'en Ligue 2, il te faut un bon gardien et un bon marqueur. A Nancy, le gardien, ça va à peu près, mais il manque clairement un buteur. Actuellement, le meilleur buteur de l’équipe n’en a mis que 3 et c’est un défenseur ! Tu ne peux pas avoir des ambitions si offensivement tu n'as pas un joueur qui fait vraiment la différence. Or on sait très bien qu'il n'y en a pas non plus 50. Je ne sais pas qui est le meilleur buteur de Saint-Etienne actuellement [Zuriko Davitashvili avec 6 buts, ndp2] mais tu ne peux pas avoir 5 mecs qui marquent chaque leur tour.
En général, il faut un mec parce que c'est celui-là sur lequel ça repose. Parce que c'est son année faste, parce que c'est l'année où il est sur les bons coups, où il est au bon endroit au bon moment. Parfois, ça ne s'explique pas, c'est comme ça. Tu prends l'exemple de Dembélé l'année dernière, à partir du mois de janvier, c'était comme ça. C'est ça le problème de Nancy, c'est qu'il manque un vrai buteur.
Inconsciemment, après leur bon début de saison – 2 victoires et 2 nuls sur les 4 premiers matches – les Nancéiens se sont peut-être dit que ça allait bien se passer. Puis deux ou trois contre-performances de suite ont enrayé la machine et tu te retrouves maintenant en galère. Le match de Nancy à Saint-Etienne commence déjà à être hyper important.
On va dire que Nancy fait avec ses moyens, nettement moins importants que ceux de Sainté. Le budget de l’ASSE est 3 fois plus important que celui de Nancy, l’effectif stéphanois a une valeur marchande 7 fois plus forte que celle de son homologue nancéien.
C’est clair que les 2 clubs ne boxent pas dans la même catégorie. Comme tu dis, Nancy fait avec ses moyens, qui sont assez limités. Je trouve qu’il y a quand même une bonne solidarité entre les joueurs. Je ne peux pas dire que les joueurs de l’ASNL ne soient pas généreux. Mais on ne va pas se mentir, ils ne sont pas extraordinaires. De toute façon, pour moi, en Ligue 2, ce n'est pas compliqué, on n'est pas là que pour faire du beau jeu. La Ligue 2, c'est être réaliste. La Ligue 2, c'est une galère sans nom !
Raison de plus, quand tu viens de National, parce que là, c'est encore pire que pire, donc tu te retrouves en Ligue 2, là, tu montes un premier échelon de l'échelle, tu te dis « ça y est, là, on passe dans quelque chose… » Mais c'est exactement pour moi la même galère. Ce n'est pas une qualité de jeu extraordinaire. Je le répète, il faut un mec réaliste devant, un gardien hyper fort derrière. Et puis avoir une zone défensive qui soit solidaire, qui soit agressive. Après, c'est à l’entraîneur de trouver dans le milieu et peut-être sur les côtés, les joueurs qui font, qui apportent quelque chose de supplémentaire.
Les joueurs de Nancy savent qu’actuellement ils sont dans la galère. À eux d'être solidaires et à eux d'être combatifs, d'être bien organisés. Je pense qu'ils sont cohérents. Et là, je fais confiance à Pablo Correa pour remettre les idées bien en place. Alors, je ne dis pas qu'il faut mettre le bus devant, mais en tout cas, il faut être bien organisé. Et ne pas refuser le jeu, ne pas refuser d'aller dans le camp adverse et de poser quelques problèmes. On le sait, Nancy va devoir se battre pour le maintien cette saison.
Est-ce qu'il y a un ou deux joueurs qui sortent un peu du lot à Nancy ?
Aucun ne m’a tapé dans oeil. Si je suis entraîneur d'une équipe adverse ou recruteur d'un club, j’aurais bien de la peine à désigner un joueur nancéien en disant : « celui là il me le faut, il m’intéresse. »
Je suppose que tu suis de beaucoup plus loin l’ASSE que l’ASNL. Que peux-tu nous dire sur la saison des Verts, quels sont ses points forts ses points faibles à tes yeux ?
Je te le confirme que je suis les Verts de beaucoup plus loin que Nancy. Je suis les résultats, je lis les comptes rendus. Je ne vais pas dire de conneries parce que je n'aime pas ça, mais je ne vais pas t’inventer des choses sur des joueurs de Saint-Etienne. Je suis surpris que l’ASSE ne domine pas la Ligue 2. Ils ont déjà perdu 4 ou 5 matches. Leur défaite à la maison contre Guingamp m’a interpellé. Le week-end d’après, j’ai regardé le match nul de Nancy au Roudourou. Guingamp ne m’a pas fait forte impression contre l’ASNL.
Quand les nouveaux dirigeants ont débarqué à Sainté, ça va bientôt faire 18 mois maintenant, je me suis dit que l’ASSE avait de bonnes chances de se maintenir en Ligue 1. Je m’étais dit : « le club va se stabiliser, ça va être bien. » Vu les moyens financiers dont dispose désormais le club, je pensais que les Verts allaient s’en sortir mais ils sont descendus. Quand j’ai vu arriver l’entraîneur un peu exubérant Eirik Horneland, je me suis posé des questions. J’ai lu ce que l’on disait de lui, qu’il allait apporter des trucs nouveaux.
Je ne sais pas si j'ai vu vraiment des choses nouvelles dans le jeu de Saint-Etienne. Mais bon, je m'attendais à plus de stabilité et de maîtrise, à plus d’équilibre et de régularité. Un club comme Saint-Etienne doit arrêter de faire le yoyo, de monter et de descendre. Les Verts étaient descendus en 2022 suite à leur barrage contre Auxerre, ils sont remontés en 2024 après leur barrage franchi à l’arrache contre Metz, la saison dernière malgré l’arrivée d’un puissant actionnaire ils sont descendus. Ça fait un peu tache.
Je m'attendais à plus de stabilité, franchement. Je suis un petit peu déçu parce que ce n'est pas trop le cas. Pour être clair, et en plus avec un petit début de championnat qui n'était pas trop mal, moi, je voyais Saint-Etienne tranquille premier avec, allez, sans déconner, on va dire 6 ou 7 points d'avance sur le deuxième. Et puis, badaboum, ce n'est pas du tout le cas. Bon, tant mieux pour le suspense, mais il faut qu'ils se méfient. Parce qu'imagine qu'ils ne rectifient pas le tir contre Nancy, par exemple….
Ce samedi soir, le kop sud sera fermé. Krishen Sud ne devrait-il pas être quant à lui enfermé ? Le président américain de l’ASNL en est venu aux mains avec le compagnon de la présidente du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle en mars dernier lors d’un match de Nancy contre Boulogne. Il est spécial ce dirigeant, nan ? Si ?
Je ne sais pas, je ne le connais pas. Je l'ai vu… En tout cas, ce n'est pas le genre de président qui me plaît, ça c'est clair. Même si, bien sûr, le monde change, même si les mentalités changent, j’ai quand même un petit peu de mal, quand tu as un Américano-indien et un Chinois américain à Nancy, propriétaires du club. Il y a quelque chose qui me gêne. Parce que c'est Nancy, c'est pas Saint-Etienne. Que tu aies des étrangers qui arrivent à Sainté, ça m'interpelle moins. Saint-Etienne, ça a quand même une histoire assez fantastique. Et puis, il y a Lyon à côté donc le bassin est intéressant.
Mais tu sais, quand tu viens à Nancy... Je suis dégueulasse parce que je ne vais pas faire de la publicité à ma ville, mais le réseau économique, le monde économique à Nancy ne sont pas énormes. Nous, on en parlait tout à l'heure au sujet de Michel, on a perdu tout ce qui était notre sidérurgie, les mines, la métallurgie et tout ça. La Lorraine est une région en grosse difficulté. C'est juste ça qui m'interpelle. Je ne dis pas que c’est Byzance dans le bassin stéphanois mais l’ASSE est un club prestigieux, attractif. Même s’il y a un vrai public à Nancy, les supporters stéphanois sont nettement plus nombreux et on en trouve partout en France.
Mais quand même, quand je vois la gouvernance à l'ASNL, parfois, ça t'interpelle. Tu te dis : « merde, le mec, il habite Minneapolis, il arrive à Nancy et il gueule dans la tribune. Le football il ne sait même pas ce que c'est. » Tu te de dis : « je suis dans un drôle de monde ». Je suis toujours assez sceptique. En plus, c'est un mec qui a mis 15 millions. Ce n'est pas non plus n'importe quoi. Parfois, c'est un peu surprenant. Si c'est l'évolution, je ne veux pas être non plus vieux con et dire que ce n'est pas la bonne. Tant mieux, mais perso ça interpelle.
Parce que si tu reprends du début, c'est pour ça que le club s'est retrouvé en National. Parce qu'ils ont mis des gens à la tête qui faisaient n'importe quoi, qui voulaient faire leur business. Bon, là il faut que tu m’arrêtes. Je vais être désagréable ! (rires) A Saint-Etienne, j’ai l’impression vu de loin que ça a l’air différent. Tanenbaum est milliardaire canadien qui s’intéresse beaucoup au sport et s’y implique depuis longtemps. Et Gazidis a travaillé pour le Milan AC et Arsenal.
Ton petit pronostic pour le match de ce samedi soir ?
La raison du cœur me dit que Nancy peut accrocher le match nul à Saint-Etienne. Le score, je ne sais pas. J'y crois fermement, durement. Mais là, c'est le supporter du club qui parle. Autrement, théoriquement, il y a une vraie différence entre Saint-Etienne et Nancy. Théoriquement, Saint-Etienne doit gagner. Normalement, il n'y a pas de contestation. En tant que supporter et désireux que mon club puisse avoir une petite bouffée d'oxygène, j'ai envie qu'il fasse match nul.
Vu le nom du bar très connu que tu gères à Nancy, Le Pinocchio, je me demande si tu as menti durant notre échange ?
(Rires) Parfois je mens mais je ne t’ai pas menti. C’est pour ça que je ne t’ai pas vraiment répondu sur l’équipe de Sainté, ses qualités, ses défauts, etc. Je ne la connais pas suffisamment. Je n'ai pas menti. Mon nez ne va pas grandir, je reste serein ! (rires)
Merci à La Rouille pour sa disponibilité

Potins