Cessons de fermer des tribunes, ça ne sert à rien !

10/06/2022
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Historien spécialiste du supportérisme radical et auteur du livre Ultras, les autres protagonistes du football, Sébastien Louis a accordé une longue et intéressante interview au Télégramme. Extraits.

"Les violences sont montées d’un cran, notamment lors de Saint-Étienne - Auxerre ? Cette violence en France était plus importante avant. Dois-je rappeler PSG - Hapoel Tel Aviv, où un supporter parisien est abattu par un policier en 2006 et PSG - OM, où un supporter parisien trouve la mort car lynché par d’autres fans du PSG en 2010 ?

Aujourd’hui, on a plus d’images, donc on a l’impression qu’il y a plus de violences. Les images de fumigènes lancées contre le président de Saint-Étienne sont impressionnantes. Mais lors d’Angleterre - Russie, en 2016, j’ai vu des charges dans le stade qui auraient pu provoquer un mouvement de foule tragique à la fin du match et que les médias n’ont pas relayées.

Le plus important est de parler des problèmes d’organisation et d’encadrements des foules sportives. Nous voyons des dispositifs mis en place par des amateurs. Si on prend les deux derniers incidents, à Geoffroy-Guichard et au Stade de France, on voit aussi un problème de mise en place du dispositif de sécurité.

Pour Auxerre - Saint-Étienne, comment se fait-il qu’il y ait des supporters sur le terrain quelques secondes après le dernier tir au but ? À l’étranger, pour des matchs de play-offs, les dispositifs de sécurité sont bien plus importants pour empêcher d’envahir le terrain. Lors de Dresde - Kaiserslautern, match de barrage en 2.Bundesliga, on a eu des jets de fumigènes mais pas un spectateur sur le terrain.

En France, on a un problème d’expertise. Quel est le rôle de la DNLH (Division nationale de lutte contre le hooliganisme) cette saison ? Pourquoi les préfets décident de tout ? De plus, l’État a décidé de confier des missions de sécurité à des entreprises privées. Le problème, c’est que ces gens ne sont pas assez formés. La fonction de référent supporter, qui est chargé de faire le lien entre les ultras et le club, est très importante, mais dans certains clubs, ils sont bénévoles.

Si on veut des résultats, il faut des moyens, repenser le modèle économique, former les stadiers. De plus, les autorités utilisent encore les sanctions collectives (match à huis clos, fermeture de tribune…), alors qu’en Grande-Bretagne, cela n’a jamais fait partie de l’arsenal pour lutter contre la violence car c’est inefficace.

Selon moi, le retrait de points doit être une des dernières sanctions utilisées. Il faut savoir taper au portefeuille des clubs, et surtout envisager des sanctions financières qui soient reversées dans un pot commun qui puisse alimenter un fonds pour la sécurité dans les stades et former des spécialistes. Il faudrait une grille bien claire pour les amendes et arrêter d’en donner pour des fumigènes, distinguer le côté festif du côté violent, avoir une lecture fine des événements. Cessons de fermer des tribunes, ça ne sert à rien.

On a eu 135 arrêtés préfectoraux cette saison interdisant les déplacements de supporters, parfois pour des raisons ubuesques. Lors de Lens - Nantes, la raison invoquée était la mobilisation des forces de l’ordre pour un vide-greniers, un salon du Manga et une rencontre internationale de cerfs-volants dans la région. C’est un problème car les forces de l’ordre ont besoin d’être sur le terrain et d’avoir ces situations de tensions pour être prêtes en cas d’incident. En Angleterre, il n’y a jamais d’interdictions de déplacements, et quasiment pas en Allemagne. C’est une politique bien plus intelligente car cela permet au dispositif d’être évalué en permanence. La violence sera toujours présente, mais l’idée, c’est comment faire pour éviter qu’il y ait des affrontements.

Il faut avoir une approche en amont, ça permet de baisser les tensions. Lors du derby de Vienne, la police locale avait décidé d’encadrer le cortège de 2 000 fans du Rapid avec un dispositif léger, la police n’avait pas mis ses casques. Et une fourgonnette diffusait un message qui disait ce qui était autorisé et ce qui ne l’était pas. En Suède, il y a trois référents supporters par club. À Copenhague, les stewards sont bien payés, formés chaque année aux premiers soins, à l’évacuation des foules en cas d’incidents. Tout ça, ça manque en France. C’est un chantier, mais qui nécessite des investissements et surtout des moyens humains."

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