Coordinateur sportif d'un SC Bastia attendu dans le Chaudron en décembre pour boucler la phase aller du championnat de L2, l'ancien entraîneur stéphanois Frédéric Antonetti, qui fêtera cet été ses 64 ans, s'est confié à Corse-Matin. Extraits.

"Je n’étais pas programmé pour revenir au Sporting, j’avais envie de profiter de la vie parce que lorsqu’on est entraîneur, on ne profite pas vraiment. Et puis j’ai rencontré Claude Ferrandi et la passion l’a emportée sur la raison. On aurait pu mieux faire cette dernière saison et on travaille pour. Je veux qu’à terme on se situe en Ligue 1 à la 10^e place. Ne me demandez pas quand on y arrivera, je ne sais pas !

La nouvelle politique n’a été décidée qu’il y a un an et avec cette 8^e place de L2, on prouve que cette politique tient la route, avec la moitié d’un effectif qui venait de divisions inférieures. On a un entraîneur-formateur qui a fait jouer ces jeunes dans des proportions rarissimes. Notre équipe était la deuxième plus jeune du championnat. C’est une fierté. Mais cette politique sportive est la seule qui peut réussir dans un club comme le nôtre.  

Benoît Tavenost fait progresser les joueurs, on les a vu prendre une autre dimension. On a la chance de l’avoir, il a les qualités pour évoluer à très haut niveau et on aura un problème pour le conserver dans quelques mois. Après son expulsion contre Pau, je l’ai soutenu parce que la passion nous fait faire des choses impensables parfois. Je ne vais pas lui jeter la pierre : je l’ai fait avant lui !

Avant, il y avait 3 rentrées d’argent : 40 à 45% avec le public, le sponsoring, 30% de droits TV et 30% environ de trading. Il faut peut-être que le trading augmente de 10% par rapport à la perte des droits TV. Ma mission est de garder la compétitivité avec moins de moyens. On a baissé les salaires de ceux qui arrivent de 50% par rapport aux années précédentes. L’idéal, c’est d’avoir dans le groupe, 70% qui représentent un actif. Les joueurs intransférables, ça n’existe pas mais on ne va pas accepter la moindre offre.

Baisse des droits TV, avertissement de la DNCG... Ça fait partie des embûches. Quand je parle de passion, on a la chance d’avoir la famille Ferrandi qui a assuré la trésorerie, qui a avancé l’argent. Ce n’est pas un Etat, ce n’est pas un fonds de passion, ce ne sont pas des milliardaires. De nouveaux investisseurs au Sporting, c’est pour solidifier. Si on repère des joueurs à 500 000 € - on en a 7 ou 8 dans le viseur – qui peuvent valoir selon moi 5 à 6 M€ dans 2 ou 3 ans mais que nous n’avons pas les 500 000 €, est-ce que 10 investisseurs peuvent mettre 50 000 € ?

Mes axes de développement sont l’équipe première, car qui n’a pas de présent n’a pas d’avenir, l’équipe réserve avec Manu Giudicelli, la cellule de recrutement qui est fondamentale avec les applis Skillcorner, pour les données athlétiques de 70 pays, et Eyescout pour les images. On se partage 12 pays, que nous suivons. Dernier axe : les infrastructures. Il nous faudrait un autre terrain pelousé à Borgo. Mon équation, c’est faire aussi bien voire mieux avec moins d’argent. C’est passionnant.

Je pense avoir laissé de bons souvenirs partout où je suis passé. Je peux téléphoner à Nice, Rennes et Saint-Etienne parce que se sont des clubs qui ont gardé des gens que je connais [à l’ASSE Loïc Perrin et Laurent Huard, ce qui a facilité le prêt d’Aiki ces 5 derniers mois, ndp2]. Mais il ne faut pas se tromper. L’an passé on a payé des joueurs qui n’ont pas joué, il ne faut plus que ça arrive [Ayman n’a joué que 158 minutes pour Bastia, ndp2].

On sera obligé de vendre 1 à 3 joueurs. Selon combien on les vend. Il faudra les compenser, pour améliorer l’équipe sur la densité athlétique. Il y aura peut-être 6 ou 7 arrivées, pas forcément pour l’équipe première. Sans parler des départs automatiques de fin de contrat. Pour avoir 18 joueurs majeurs et 8 à développer. Mon modèle, c’est celui du Barça."