Péricard s'est reconstruit

09/11/2021
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Auteur de deux apparitions en pro avec les Verts au printemps 2000 (à Metz et à Strasbourg) et désormais conseiller en stratégie clientèle chez British Telecom, Vincent Péricard (39 ans) s'est confié dans un documentaire diffusé ce soir par la chaîne de la Pravda.

"J’étais à la Juve avec Zidane et Del Piero, j’étais jeune, j’étais fort, j’étais rapide… La vie était belle. Ça s’est passé du jour au lendemain. Une minute j’étais à Saint-Etienne, je jouais mon premier match professionnel et une ou deux semaines après j’étais à Turin. Je signe et je suis dans un nouvel appartement à Turin en une semaine, tout seul. C’était la première fois que je quittais mes parents, mes amis, le cocon familial. C’était carrément impressionnant. Je ne parlais pas italien, j’étais avec des adultes et d’un coup on me demande d’être cette nouvelle personne.

Un soir avec mes deux compatriotes français à la Juventus, on est jeune, on se dit « on fait quoi ce soir ? » On décide d’envoyer un message à la prof qui nous apprend l’italien, juste d’une façon amicale. « Tu fais quoi ce soir, on va boire un verre, tu veux nous rejoindre ? » On ne savait pas que c’était la maîtresse d’un des directeurs de la Juve. Ils étaient ensemble quand elle a reçu le message. C’est ça qui a tout déclenché. Ma carrière a basculé à cause d’un petit message. On a reçu un message d’un des directeurs : « Vous trois, demain matin, dans mon bureau. » On y est allé et après dix minutes il dit « toi tu vas ici, toi tu vas là, Vincent tu vas à Portsmouth. » On n’a même pas eu le temps de dire quelque chose, c’était un ordre.

Ma première saison à Portsmouth s’est bien passée, j’ai mis 9 buts en 31 matches et on a été promus en Premier League. Mais la suite a tourné au calvaire, j’ai eu quatre déchirures à la cuisse gauche et une rupture du tendon d’Achille. Je n’ai joué que six matches en deux ans. Je n’étais plus le même Vincent, je n’avais plus la même rapidité, la même force. Je n’avais plus trop de motivation. Je n’étais plus aussi sérieux aux entraînements, je commençais à penser à d’autres choses.

Quand on est dans cette situation, on a beaucoup de frustration, de colère. Au lieu de trouver un bon moyen de gérer tout ça, on s’échappe dans l’alcool, dans les paris, dans les femmes. Je me souviens qu’à des moments, je me disais « je m’en fous de tout, je vais juste en profiter. » On ne s’entraînait que de 10h00 jusqu’à midi. Après, on avait tout l’après-midi, toute la soirée pour faire ce qu’on voulait. Quand on ne joue pas, on a l’impression de ne plus servir à rien mais on se cache derrière l’argent. Tu te dis « je ne joue pas mais ils vont toujours me payer donc je m’en fous. »

En 2007, contrôlé après un énième excès de vitesse, j’ai déclaré que mon véhicule était conduit par mon beau-père. Pour ce mensonge, la justice m’a condamné à quatre ans de prison ferme. C’était carrément un choc. Je m’étais dit : "j’ai fait un petit mensonge, ils me donnent une amende, mais c’est tout, pas la prison !" Moi, Vincent, je n’ai jamais été un criminel, je n’ai volé, je n’ai jamais tapé quelqu’un. I’m a nice guy ! En Angleterre, il n’y a pas de cellule VIP.

Quand je suis arrivé, mon codétenu disait comment il aimait brûler les maisons. Je me suis dit : « si je lui dis que je suis un joueur de foot et que je suis en prison juste parce que j’ai menti, il va rire et commencer à me taper ! » Une nuit, je ne dormais pas, j’entends du bruit. La personne qui était dans la cellule d’à côté s’est pendue. Je me rappelle, le matin, j’ai fait « Ouah ! » J’ai entendu ça toute la nuit et il s’est pendu, il était mort le matin.  

Au bout d’un mois j’ai bénéficié d’une libération conditionnelle. J’ai retrouvé les terrains avec mon club de Stoke City mais mon bracelet électronique s’est brisé à deux reprises au contact des crampons adverses. J’ai été de nouveau incarcéré. La deuxième fois où je suis allé en prison, je n’ai rien fait, pas d’exercice. J’étais en colère et je me suis laissé aller. Je n’avais plus la force de me battre contre l’injustice. J’ai vraiment l’impression que le système, le club, tout le monde m’a laissé tomber.

Après ça a été la chute jusqu’à la retraite. Je ne voulais pas parler de ça à ma famille, à ma mère car je ne voulais pas qu’elle se fasse du souci. J’étais tout seul dans ma souffrance et dans ma chute. Je tombe en dépression et je joue dans des clubs de troisième division anglaise. Le pire que j’ai connu, c’était à Stoke. Après un match, je suis rentré chez moi, je n’arrivais pas à penser, je voyais tout en noir. Je me suis dit, je vais prendre des cachets pour dormir. Ils disaient d’en prendre un ou deux mais ce soir-là je me suis dit je vais en prendre quatre, cinq, six et si je ne me réveille pas demain matin, tant pis. Si je me réveille tant mieux.

C’est là ou mon corps et mon esprit m’ont faire prendre conscience que j’avais besoin d’aide, que quelque chose devait changer. Ça a été l’évènement qui changé tout dans ma vie. A 29 ans, je joue en sixième division quand je me résous à arrêter ma carrière. Après deux années d’errance je me ressaisis et prend le chemin de l’université. Victime d’une escroquerie, je suis ruiné et doit demander un prêt de l’état pour financer mes études en comptabilité et finances.

Aller à l’université a été l’une des plus belles expériences de ma vie. J’apprécie plus la vie. Je sais ce que c’est maintenant de devoir travailler vraiment pour quelque chose. Je suis plus heureux aujourd’hui que quand j’étais footballeur. Absolument, 100%. Moins riche mais plus heureux parce que je vois que la vie est tellement belle. Il y a tellement de choses à faire, l’engagement avec les gens, c’est plus sentimental. Voir que tu peux réussir encore, pour moi c’est énorme, ça me donne toute la bonté et l’honneur que j’avais perdus au foot car je n’y avais pas réussi.

Le foot, c’est une étape dans la vie mais ce n’est pas toute la vie. Je regarde vraiment ma carrière dans le foot comme une chance qui m’a beaucoup donné. Maintenant, toujours en étant jeune, j’ai 38 ans [ndp2 : 39 depuis le 3 octobre], j’ai encore beaucoup d’années pour vraiment profiter. Ça ne sert à rien d’être triste. C’est un nouveau chapitre qui m’excite beaucoup, qui me rend vraiment content."

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