André Laurent fracasse Larqué

26/05/2023
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Dans son autobiographie Des buts à ma vie parue ce mois de mai aux éditions Abatos, André Laurent revient sur la fin de son aventure à l'ASSE. Extraits.

"Lorsque j’ai pris en main le destin de l’ASSE, le club était exsangue. Nous avons surmonté la crise de la caisse noire, ramené et installé le club en première division, nous avions une bonne équipe et des joueurs de valeur sur le terrain et les finances étaient saines. Tous ceux qui avaient fui et avaient refusé d’agir à l’heure du naufrage peu à peu réapparurent pour critiquer et même tenter de détruire ce que nous avions construit. Ces protagonistes, qui se cherchaient un chef, le trouvèrent en la personne d’Yves Guichard.

Une campagne de dénigrement débuta et s’amplifia au fil des mois : des tags insultants apparurent sur les murs de la ville et aux abords de mon usine, que mes clients trouvaient avec consternation lorsqu’ils venaient en visite professionnelle. Des prospectus diffamatoires étaient diffusés dans ma cité et près de ma société, sans compter les lettres et les appels téléphoniques anonymes que je recevais. Ce fut une période particulièrement navrante et difficile à vivre pour mes proches et moi.

C’est alors que Jean-Michel Larqué apparut dans ce complot aux côtés d’Yves Guichard, mettant à son service son positionnement de journaliste connu dans les médias nationaux, se vantant de sa supposée connaissance du management d’un club de football professionnel. Les amateurs de football ont sans doute en mémoire ce numéro de l’émission dominicale Téléfoot où je fus littéralement attaqué en dépit de toute bonne foi.

A l’occasion de notre demi-finale de Coupe de France contre Nantes qui se déroulait l’après-midi même, le magazine avait déplacé ses caméras et ses équipes sur la pelouse de Geoffroy-Guichard. J’étais entouré de Thierry Roland, Pascal Praud et Jean-Michel Larqué, qui était en quelque sorte juge et partie, inadmissible entorse à la déontologie journalistique. Ce dernier n’a cessé de porter des jugements infondés et mensongers.

L’odieux guet-apens était en place et les protagonistes disposés à me mettre le plus possible en difficulté devant la France entière du football. Alors que je m’attendais à ce que l’on parle avant toute chose de la demi-finale et de la progression du club, je me suis en réalité retrouvé pris dans un véritable traquenard. Un procès uniquement à charge m’a été réservé. L’extrait de l’émission est toujours visible sur internet et chacun pourra se faire son opinion…

Avec le recul, bien sûr, je me dis que j’aurais dû, face à ce mélange des genres malsain, cette attaque frontale et intéressée, me lever, balancer ma chaise et quitter le plateau. Sur le coup, je me suis surtout attaché à garder ma dignité. Mais je finis alors de comprendre que mes heures à la tête du club étaient sans doute comptées. Je crois que les joueurs avaient tous ressenti ce qui était en train de se tramer mais ils ne pouvaient pas totalement imaginer le plan machiavélique ourdi par Jean-Michel Larqué et Yves Guichard.

Lors d’une conférence de presse, le président de Casino Georges Plassat annonça purement et simplement que son groupe n’accepterait de renouveler son contrat de sponsoring qu’à la condition que le président Laurent démissionne… C’est pourtant la même personne qui, trois ans auparavant, avait déclaré devant les mêmes médias que Casino conditionnerait la permanence de son partenariat à ma présence à la tête du club… Je fus donc contraint de démissionner, à mon corps défendant.

Comme ils l’avaient programmé, Yves Guichard s’installa dans le fauteuil de président et Jean-Michel Larqué revêtit le costume de directeur sportif. Le nouveau président avait annoncé dans la presse vouloir constituer une « dream team ». Malgré un recrutement clinquant, avec Laurent Blanc en tête d’affiche alors que la charnière Kastendeuch-Cyprien avait pourtant fait ses preuves, l’échec de cette nouvelle équipe dirigeante fut évident.

Les deux personnages à l’origine du putsch avaient surestimé leurs capacités. L’un parce qu’il était le fils Guichard, qu’il se sentait des droits sur le club, alors que tout avait bien fonctionné dans sa vie sans avoir trop d’efforts à fournir. L’autre parce qu’il pensa qu’avoir été un bon joueur lui suffirait à réussir dans une fonction éloignée du terrain. Pas plus que sa très courte expérience d’entraîneur au PSG, ce passage à la direction sportive de l’ASSE ne restera dans les mémoires.

Les deux hommes se sont rapidement déchirés. La presse fit état des tensions apparues entre eux et rapporta ces propos tenus par Yves Guichard, à propos de Larqué : « Il n’a pas le courage d’affronter les choses, il est fuyant. Il n’aborde jamais les sujets en face. J’ai commis une erreur avec lui. Larqué m’a trahi. » Dans ce contexte, la tâche s’est immédiatement avérée trop ardue pour eux. Et ils s’enfuirent dans un même mouvement, très rapidement. Le club rechuta. En 1995, il a fini à la 18e place et n’a dû son salut qu’à la relégation administrative de l’OM. La saison suivante, il retrouva la deuxième division. Retour à la case départ…

Ce scénario catastrophe était véritablement à pleurer. Ou comment détruire en quelques mois le travail courageux et rigoureux d’une dizaine d’années d’investissement sans faille. Du jour au lendemain, ils m’avaient contraint à quitter cette institution que j’aimais tellement et que j’avais mis tant d’années à redresser. Je peux le dire maintenant, j’ai connu au terme de cette belle aventure une période de dépression, même si personne ne s’en est aperçue autour de moi.

Pour éviter de trop souffrir, j’ai pris un certain nombre de décisions qui visaient à me tenir à l’écart de ce que l’on m’avait retiré. Je me suis alors dit que je ne passerais plus devant le stade Geoffroy-Guichard. J’habite pourtant à quelques kilomètres de là. Je l’y suis tenu pendant deux ans. Je n’ai plus lu la presse sportive. Et je décidai également de ne plus me rendre au stade pour assister à un match. Je n’ai dérogé à certaine ligne de conduite qu’à une seule reprise.

Je ne sais plus pourquoi mais toujours est-il que ce soir-là les Verts s’étaient inclinés. Après la rencontre, un salarié de Casino m’a lancé : « Alors, vous êtes content, ils ont perdu… » Peu de temps après, Jean-Michel Larqué est passé devant moi. Et là, je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire : « Bravo, bien joué », accompagnant le geste d’applaudissement à ces paroles. J’avais tellement d’amertume à ce moment. Et là, il me répondit avec morgue : « Je serai encore là dans dix ans alors qu’on aura oublié jusqu’à votre nom. »

L’histoire donne souvent tort aux hommes qui sont trop sûrs d’eux et qui oublient le nom de ceux qui ont creusé le puits alors qu’ils profitent désormais de son eau. Depuis cette date, et cela fera bientôt 30 ans, je n’ai plus jamais remis les pieds à Geoffroy-Guichard pour assister à un match."

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