Après s'être confié à Poteaux Carrés, le défenseur lavallois Pierrick Cros, attendu ce soir à Geoffroy-Guichard, revient sur ses vertes années dans la dernière édition du quotidien Ouest-France. Extraits.

"Les fameux poteaux carrés ne me hantent pas mais je sais que, juste après mon départ du club, ils ont été rachetés pour le musée des Verts. Tout petit, je suis venu à Geoffroy-Guichard. Dans la région, le Chaudron, c’est un passage obligatoire, rien que pour se rendre compte de l’atmosphère. Je me souviens plus particulièrement de l’année 1999-2000, avec le duo assez fantastique d’attaquants brésiliens, Alex et Aloisio, pour l’année de la remontée en Ligue 1. Mais de façon générale, à Saint-Étienne, les résultats des Verts font l’humeur des habitants.

J’ai des amis, avec qui j’échange souvent, qui sont membres des kops dans le Chaudron. Là-bas, le club est dans les préoccupations de tous. Pour vous dire, ma belle-famille n’est pas très foot, mais au moment de la descente, même pour elle, c’était devenu un sujet de discussion. Pour la ville, ça a été vécu comme un drame. Et la ferveur qui l’accompagne, c’est un truc de fou. Tout le monde n’est pas fait pour endurer ça, il faut s’y habituer.

Les supporteurs qui viennent envahir le terrain d’entraînement pour exprimer un mécontentement, les voitures des joueurs parfois dégradées sur le parking, le coach qui est au courant de la moindre sortie de son groupe parce que chacun est reconnu dans les rues. Comme quand certains, à 48 heures d’un match, ont été dans une pizzeria, et que Galtier l’a su et avait dit de faire attention.

Même si je suis d’Aveizieux, à dire vrai, l’ASSE n’était pas ma priorité, et d’autres clubs me voulaient. Il y a beaucoup d’attentes sur un joueur issu du cru, une petite pression de l’environnement. Mais après réflexion, les dirigeants me désiraient vraiment et la proximité avec la famille a joué. Sauf que même si j’habitais seulement à 15 minutes de Sainté, je suis entré à l’internat du centre. Et même après, j’ai gardé mon indépendance en prenant un appartement à 2 minutes du club

J’ai remporté le Mondial de Montaigu avec l’ASSE face à Rennes en 2009, après l’avoir perdu avec l’équipe de France U16 aux tirs au but contre les Anglais, l’année d’avant. J’ai aussi joué en 2011 une finale de Coupe Gambardella perdues aux tirs au but contre Monaco. À cette époque, cela faisait un petit moment que le centre de formation n’avait pas été autant mis en valeur. À mes côtés, j’avais notamment Kurt Zouma, mais en face, les Monégasques, c’étaient Eysseric, Ferreira-Carrasco, Kurzawa ou Appiah qui vient de signer à Sainté.

Dans ma génération des 91-92, il y avait aussi Loris Néry, Faouzi Ghoulam et Idriss Saadi, qui ont aussi réussi à sortir pro à Sainté, ce qui n’a pas été mon cas… Le club était structuré différemment, l’équipe première jouait la Coupe d’Europe, donc c’était compliqué de s’y faire un trou. J’ai fait une apparition en Ligue 1 à Lorient, sur synthétique cette saison-là. Et chez les Verts, j’avais des garçons comme Batlles, Perrin, Aubameyang, Matuidi ou Payet sous les ordres de Christophe Galtier.

J’aurai pu signer à Sainté et être prêté ensuite, cela pouvait être une option, et j’avais eu des échanges avec Niort. Mais finalement ça ne s’est pas fait, je n’ai pas eu ma chance. Alors qu’en mars, Roland Romeyer avait échangé avec le président d’Uzès, et lui avait dit que je n’étais pas libre, car l’ASSE avait l’intention de me faire passer pro. Puis en mai, vu que je n’avais pas de nouvelles pour la suite, j’ai demandé un rendez-vous avec le coach Galtier, et c’est là qu’il m’a dit qu’on n’allait pas me faire de proposition en ce sens.

Je n’ai jamais eu le bonheur de fouler la pelouse de Geoffroy-Guichard comme joueur pro des Verts. J’ai juste pu y faire les échauffements. Mais déjà c’était très impressionnant. Je me souviens que contre des équipes comme Marseille, on ne s’entendait pas parler, même en étant côte à côte, tellement c’était une l’ambiance de feu ! Je me suis forgé un caractère moins gentil après avoir quitté Sainté. J’ai pu depuis recroiser la route de l’ASSE en Coupe de France avec le Red Star et avec Borgo. Deux défaites… J’espère que la troisième fois sera la bonne !"