Son csc dans le derby a hanté ses nuits, aujourd'hui il en sourit

06/11/2025
bookmark bookmark
share share

Dans son autobiographie Derrière le masque parue il y a 3 semaines aux éditions des Paraiges (une maison messine, forcément), l'ancien défenseur stéphanois Sylvain Kastendeuch (62 ans) revient sur le malheureux derby du 15 septembre 1990 (0-1). 

"Avec mon partenaire en défense centrale, l'ancien Havrais Jean-Pierre Cyprien, des automatismes sont déjà en place. En cette soirée de septembre 1990, nous contenons ainsi, sans difficulté notable, les attaques de l'Olympique Lyonnais. Chaque tacle, chaque coup d'épaule, chaque duel gagné font rugir le Chaudron vert. Plus de 30 000 personnes poussent derrière nous comme un seul homme. Un régal. Dans ces moments-là, vous vous sentez porté, transporté.

J'ai toujours été sensible aux ambiances de stade. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les joueurs ne sont pas des robots enfermés dans leur concentration. Il faut savoir faire abstraction de ce qui nous entoure, ne pas se laisser déborder par l'environnement, mais l'ambiance d'un match compte pour beaucoup en matière d'adrénaline et de stock d'énergie. Le soutien d'un public, ce sont les quelques forces supplémentaires qui peuvent manquer parfois au bout de l'effort et ainsi faire basculer les choses. C'est un moteur, un carburant, un plaisir. On s'en imprègne au plus profond de soi.

Comme ce soir à Geoffroy-Guichard, entre fumigènes et chants ininterrompus qui dans un grondement sourd s'envolent si haut dans le ciel stéphanois. Profitant d'une accalmie sur le terrain, je plante un instant mes poings sur les hanches, relève les yeux en direction des tribunes tracées à la verticale, et tout minuscule, je savoure le vertige de l'événement. Notre équipe a la mainmise sur le match. Dans un combat de boxe, on nous donnerait sans contestation possible l'avantage aux points. Mais il s'agit de football, et dans le football, les coups portés ne rapportent aucun point. Seuls importent les buts inscrits qui secouent les filets.

Toujours 0-0, le chrono défile, le public se frustre. Et nous avec lui. Il y a quelque chose de désolant au spectacle d'une équipe qui s'épuise à tourner en rond autour de l'adversaire sans parvenir à atteindre la cible. C'est ce qui nous arrive. On cherche, on cherche, mais on ne trouve pas. On tente, on tente, mais il manque toujours une poussière, quelques centimètres, un détail, pour débloquer la situation. Dans pareil cas de figure, le sort se veut perfide. Il finit rarement par vous sourire. Plus sûrement, il vous assassine.

A la 80ème minute, l'OL déploie une contre-attaque sur le côté gauche. Au bout du mouvement, l'attaquant Ali Bouafia expédie un centre dans notre surface de réparation. Aucun danger manifeste, pas vraiment de menace. Objectivement, j'ai le temps d'analyser la trajectoire du ballon avant de pouvoir l'intercepter et de relancer. Sur un terrain, c'est une situation que j'ai eu à gérer un milliard de fois depuis la catégorie poussin. Sauf que rien ne se passe comme prévu.

En fin de trajectoire, le ballon me tombe dans les pieds et je suis incapable d'un autre geste que celui de cafouiller un malencontreux plat du pied face au but qui trompe notre gardien, Gilbert Cecccarelli. But lyonnais. CSC. Geoffroy-Guichard se fige dans un lourd silence glacial. Moi, le ciel me dégringole sur la tête. Seul retentit au loin la clameur des supporters de l'OL ayant effectué le rapide déplacement entre les deux villes.

Je suis abattu, prostré. K.O. à l'intérieur et surtout pas fichu de m'expliquer les raisons de cette bévue. Les gestes de mes coéquipiers accourus pour me réconforter sont inutiles. Je n'entends rien de leurs paroles, je n'accroche aucun mot, aucun regard, aucune tape dans le dos. Tout me glisse dessus. Je suis seul. Seul avec ma détresse dans un état proche de la sidération.

Dix minutes plus tard, le coup de sifflet final s'abat sur moi comme un coup près impitoyable. Nous avons perdu LE match à ne surtout pas gâcher. Je prends sur moi la responsabilité de cette défaite pareille à une infamie. C'était mon premier derby. Et voilà, je me suis loupé. Ce but contre mon camp me hantera, me poursuivra longtemps. Comme une malédiction. Je sais par l'ancien gardien Joël Bats que le club lyonnais a pendant longtemps utilisé la vidéo de ce but piochée sur YouTube pour motiver ses troupes à l'approche du derby contre le voisin stéphanois.

Aujourd'hui j'en souris. Aujourd'hui j'y parviens. Le propre de la résilience est non seulement de vouloir rapidement rebondir mais surtout d'y parvenir. Accepter l'échec lorsqu'il se présente, en tirer des leçons, puis tourner la page et se projeter vers les prochaines échéances en gardant la tête froide. Les jours suivant ma boulette, je m'efforce donc de relever le menton, sans me cacher. J'ai commis une erreur, soit, mais la priorité maintenant est de ne pas dilapider, à cause d'une seule erreur, le capital confiance qui est le mien depuis ma signature ici.

Au sein du groupe, mes partenaires continuent de croire en moi, en l'aide que je peux apporter. Je l'en remercie, le vestiaire se montre solidaire, irréprochable à mon endroit. Aux yeux de Christian Sarramagna, mon crédit reste d'ailleurs entier. Cette saison-là, je marque à trois reprises et l'entraîneur ne m'écarte pas une seule fois du 11 de départ. Le derby aura constitué un accroc regrettable, mais ce n'était qu'un accroc justement rien de bien plus condamnable qu'un fâcheux accident de parcours."

Potins
07/11 16:47
Dumont s'émerveille de la confiance de son groupe
07/11 08:30
L'ASSE et Estac ne boxent pas dans la même catégorie ?
07/11 07:14
Sainté mieux armé que Troyes pour monter selon Batlles
06/11 18:01
Charbonnier charbonne toujours
06/11 17:44
Horneland parle défense...
06/11 17:11
Les Troyens ne lâchent rien
06/11 13:15
Son csc dans le derby a hanté ses nuits, aujourd'hui il en sourit
06/11 07:44
Ustaritz va retrouver les Verts
06/11 07:14
Sainté pour l'éternité
05/11 23:30
Le Kop Sud fermé pour les réceptions de Nancy et Bastia
Articles
06/11/2025
L'ASSE, d'une génération à l'autre
04/11/2025
Jelnivo pour perdre l'Étoilico
30/10/2025
Dylan Durivaux : "L’ambiance, à Bauer, elle est super !"
30/10/2025
Jelnivo pour faire des Pau cassés
29/10/2025
Une bonne réponse
27/10/2025
Jelnivo à l'envers pour écraser les Haut-Savoyards
27/10/2025
Nicolas Usaï : "Chaque équipe aura envie de réagir"
26/10/2025
Quelque chose est cassé
25/10/2025
Horneland, le choix d’un effectif restreint
24/10/2025
Mate ces stats après 10 journées !

Partager