ODO déplore la descente de l'ASSE et égratigne KSV
03/10/2025
Dans un entretien accordé à Top Mercato, Olivier Dall'Oglio revient longuement sur son aventure stéphanoise en égratignant KSV. Extraits.
"Après Saint-Etienne, vu comme cela s’était passé avec les nouveaux dirigeants, j’ai regardé de suite les matches des Verts après mon départ. Je voulais voir l’évolution. Parce que je leur avais dit un certain nombre de choses, y compris dès la montée. On avait longuement parlé sur le recrutement et je voyais bien tout au long de l’été, qu’il allait nous manquer des choses. J’ai insisté et évoqué les problèmes qu’on rencontrerait. Donc quand on m’écarte en décembre, j’accepte parce que je n’ai pas le choix, et je regarde comment ça se passe. Et puis je constate. C’est malheureux parce que l’ASSE ne doit jamais descendre. Il y a eu des erreurs, notamment dans le recrutement.
Il y avait des limites, c’est évident. En tant que nouvel entraîneur, Eirik Horneland arrive avec ses idées et sa fraîcheur, tout en devant adhérer aux demandes des dirigeants. Ils voulaient du jeu vers l’avant, mais ça, on le veut tous. Les trois-quarts des entraîneurs veulent ça, veulent jouer au foot, marquer beaucoup de buts. Mais, c’est trop facile de voir le foot comme ça. Moi je voyais aussi les conséquences potentielles pour le club, pour son avenir, pour ce qu’une descente amène chez les salariés. Donc s’il faut modifier ses propres idées pour sauver le club, il ne faut pas hésiter. C’est ce que j’ai fait.
Ce qui peut être surprenant quand on est un dirigeant d’un certain niveau, c’est de penser que tout va se passer très vite, qu’un garçon qui arrive de Nouvelle-Zélande (Ben Old, ndlr) ou d’Autriche (Augustine Boakye, ndlr), en étant très jeune, va être immédiatement performant. On sait qu’on va être en difficulté d’entrée car beaucoup d’éléments doivent se mettre en place. Et pendant ce temps-là, on ne gagne pas. On sait qu’on devrait être meilleur plus tard, mais en attendant on n’avance pas.
Il n’y avait pas de souci avec le projet Kilmer, les jeunes, la data, mais il faut prendre en compte l’aspect humain dans l’arrivée des recrues. C’est ce que j’avais demandé : un ou deux joueurs d’expérience et on ira certainement plus vite pour les intégrer et on prendra des points. C’est là que ça a coincé. Et c’est vraiment dommage. Car il y a la descente, et l’ASSE ne devrait pas être en L2. Ce club ne doit pas être en danger pour descendre. Là, il fallait être patient avec une urgence de résultat, c’était incompatible.
La data est un bon outil mais il ne peut pas se substituer à tout le reste. On a trouvé Ben Old en Nouvelle-Zélande. J’ai eu l’occasion de beaucoup voyager, je suis allé en Nouvelle Zélande et je connais la difficulté des 25 heures d’avion et du décalage horaire pour un athlète de haut niveau. Lui était international, donc cela voulait dire que sur septembre, octobre et novembre, il avait des allers-retours à faire en Nouvelle-Zélande.
Et encore, quand sa sélection joue dans son pays, ça va, mais on peut rajouter des matches à Vanuatu ou dans d’autres îles à plusieurs heures d’avion. Il fait son match, il revient et il faudrait qu’il soit très efficace avec l’ASSE ? Non, il va se blesser ! Ça n’a pas loupé. Il a été absent six mois. C’est un être humain, pas un robot. Et Ben Old est ultra sérieux, hyper carré, c’est un bon joueur. Mais il faut prendre ces éléments là en compte pour comprendre le terrain.
C’est un des manques de la saison. On monte avec un groupe qui n’a pas survolé la L2, on passe de justesse les barrages. Quand on arrive en L1, on n’a plus nos leaders qui ont permis au club de monter et qui ont tenu les six mois avec moi comme Anthony Briançon ou Thomas Monconduit. Ces garçons-là ne sont plus là ou plus considérés. Il faut aussi remplacer les leaders de vestiaire. On revient sur l’aspect humain d’un groupe. On avait pris Yunis Abdelhamid qui s’est retrouvé esseulé, qui a été aussi en difficulté ensuite sur le terrain. C’est ce que je lui avais dit : “occupe-toi déjà de toi parce que tu ne pourras pas tout gérer.”
Mais il y avait un tel besoin de gérer le groupe, que Yunis a pris à coeur tout ça, même trop. Les joueurs expérimentés de talent que j’avais demandé, auraient permis à tout le groupe de souffler un peu en se reposant sur eux. La sociologie d’un vestiaire est très importante. Et il faut le faire comprendre. Et tout le monde n’est pas prêt à l’entendre. Des choses se passent aussi entre joueurs dans le vestiaire, sans intervention de l’entraîneur. Et si cela ne se fait pas, ça sera compliqué sur le terrain. Sur le terrain, on voit quand une équipe est cohérente.
On n’a pas vu souvent Ivan Gazidis à Saint-Etienne. Les dirigeants n’étaient pas là constamment. Les échanges se faisaient avec les personnes autour de lui. On n’avait peut-être pas la même vision sur l’importance de certains détails qu’on vient d’évoquer dans la construction d’un effectif. Je n’ai pas ressenti une attention particulière par rapport à ça. Je voulais récupérer Cardona par exemple que je connaissais bien, que j’avais eu en L2, dont je savais quantifier l’apport. Mais ce n’était pas dans leur plan. Et ça a fini par le devenir, puisqu’ils l’ont recruté au mercato hivernal après mon départ de l’ASSE.
Je ne devais pas être trop loin de la vérité quand même. Mais cela s’est fait car le club était dans une grande difficulté, alors qu’on pouvait l’anticiper. Il nous fallait aussi un milieu de terrain en plus. Il le fallait encore après mon départ. Sauf que lors du premier match d’Horneland, l’ASSE gagne 3-1 contre Reims. La victoire peut amener différents niveaux d’analyse. Le résultat et la prestation. J’ai vu le match. Reims était en très très grande difficulté. Je pense que la conclusion a été : “on n’a pas besoin de recruter un milieu supplémentaire”. Sauf que derrière, on a bien vu qu’il y avait un creux dans ce secteur de jeu.
L’ASSE a plus dépensé cet été pour la saison en Ligue 2 que pour entamer la saison de Ligue 1 sous mes ordres en août 2024. Ils ne pouvaient pas se louper une deuxième fois. Après, j’ai entendu des choses un peu bizarres comme “maintenant c’est le vrai projet Kilmer qui se met en place”. Ah bon, j’avais compris que c’était avant, moi. On comprend aussi que quand il y a de nouveaux investisseurs, ils veulent tout maîtriser. Petit à petit, ils écartent du monde. Cela peut aussi se comprendre. Ce qui est regrettable, c’est qu’il y a une descente au bout et que là il faut remonter. Ce qui est intéressant maintenant, c’est de réussir à construire pour la L1 dès maintenant tout en étant en L2 et en accrochant l’objectif de la montée. Il faut déjà trouver l’ossature pour ça.
L’intelligence d’Auxerre a été de garder cet effectif solide et les garçons les plus forts étaient aussi les leaders : Jubal, Perrin, etc. Il y a des choses qui dépassent parfois les entraîneurs. Des décisions se font entre joueurs. Quand j’arrive à Saint-Etienne et qu’on monte, les gens me disaient : ‘Vous aviez 5% de chances de monter, qu’est-ce que vous avez fait pour que ça marche ?' À un moment donné, cela peut vous dépasser.
J’ai exprimé mes idées, mes concepts et ce qu’on devait mettre en place pour réussir, mais ce sont les joueurs qui se sont appropriés tout ça et les leaders ont décidé qu’il fallait être plus rigoureux, plus exigeants. Une forme d’auto-régulation du vestiaire. L’entraîneur fait sa part du boulot, mais les joueurs décident aussi du court terme. Quand on prend Cardona en L2, je savais que la mentalité était top et qu’il suivrait l’élan. Le déclic, ce sont les joueurs entre eux qui se sont donnés cet objectif de la montée.
Le contexte de Lucas Stasin, c’était : j’ai 19 ans, je joue dans un club moyen de Belgique, je suis le plus gros transfert de l’histoire du club et je deviens l’avant-centre de ce club mythique. Bah mentalement, même s’il est costaud, c’est dur. C’est dur parce qu’il y a une attente du public et de tout l’environnement du club. Et on ne regarde pas s’il a 19 ans ou pas. On veut tout, tout de suite. Ils ont besoin aussi d’acquérir de la confiance, de s’habituer au rythme des matches et des entraînements. Nous, les coaches, on le sait bien ça.
Un autre exemple : quand on prend Cardona en L2. Top mentalité, je le connais bien, je sais qu’il a besoin de s’approprier son nouvel environnement. Ses 4 premiers matches ne sont pas bons. Ses premiers entraînements ne sont pas bons. Mais il fallait le laisser sur le terrain. Quand je le mets encore titulaire à Angers, au club on me regarde de travers. Et il a le déclic, il marque un doublé. C’est important de bien connaître les joueurs, leur caractère. Encore plus dans les clubs avec un effectif limité. Quand vous êtes à Chelsea, le latéral n’est pas bon, vous en prenez un autre. Nous, on doit travailler différemment. On doit peut-être mieux communiquer, aussi vis-à-vis du public pour leur faire comprendre ça.
Le joueur est un humain, pas une machine. Il faut arriver à le comprendre. Et dans les clubs, tous ne le comprennent pas. À Saint-Etienne, on l’avait pris en compte mais cela avait du mal à se mettre en place. Je voulais même qu’il y ait un suivi régulier, pas juste quand un nouveau joueur arrive sur les premières semaines. Un joueur ne parlera pas ouvertement à son entraîneur car c’est un aveu de faiblesse. Même si moi je suis sensibilisé à ce sujet, pour eux c’est compliqué. Souvent, ils attendent d’être vraiment mal pour en discuter avec le coach. Il faut installer ces structures. Sur le plan humain, on a encore beaucoup de travail dans le foot.
À Saint-Etienne, Horneland arrive avec sa fraîcheur et le premier match contre Reims est spectaculaire. Tout le monde s’enflamme, et trois matches après, ça ne va plus car c’est trop offensif. Les idées, on les a. Moi je les ai. Mais je n’ai pas envie que Montpellier descende. Même chose à Saint-Etienne. Donc je m’adapte. Cela implique de laisser de côté quelques convictions. Les difficultés que j’ai eues à l’ASSE, je savais que mon successeur les aurait. Il n’y a pas de surprise. On vous dit qu’il faut changer de système, il y a beaucoup de conseillers dans ces moments-là. Je voulais voir parce qu’on pouvait se demander si c’était seulement de ma faute, que je n’y étais pas arrivé, tout ça est possible. Et on voit la suite… Les travers sont les travers. Pour tous les coaches. Quand je prends la succession de Laurent Battles à l’ASSE, j’ai eu les mêmes problèmes que lui. Après, on a réussi à monter. J’ai aussi profité de ce qu’avait fait Battles. Après on dit ‘ouais Dall’Oglio a fait monter Sainté', mais Laurent a bossé aussi.
Moi à Sainté, j’ai vu Djylian N’Guessan. Il a du talent, c’est évident. Mais il n’était pas prêt pour la Ligue 1. C’est un 2008. Il venait d’avoir 16 ans. Mais pour le conserver, on lui a promis la Ligue 1. Là, il y a une vraie réflexion à avoir. Même chose pour Mathis Amougou. C’est un garçon hyper sérieux, il n’y a pas de souci. Chez nous, c’était un peu le chouchou mais moi je lui disais : “Je ne vais pas te chouchouter”. Alors, on le protège quand même un peu, mais lui avait l’ambition de jouer en Ligue 1 à 17 ans. Mais je lui disais qu’il fallait me montrer qu’il pouvait, et pas que sur une séance, sur quelques semaines au moins. Ce n’est pas un métier facile footballeur. On peut faire la liste de tous ceux qui ont joué en sélection U17 avec la France et qui ont joué au mieux en L2 ou National. Ce n’est pas si simple, il faut durer."

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