Sainté Barthélemy

29/03/2025
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Avocat des Magics Fans et des Green Angels menacés de dissolution par le Sinistre de l'Intérieur, l'excellent Pierre Barthélemy s'est exprimé à la mi-journée à Sainté entouré de représentants des 2 groupes ultras stéphanois lors d'une conférence de presse retransmise par l'AD2S.

"L’objectif va être de démontrer qu’on se trompe sur le dispositif juridique qui est choisi car en fait on se trompe sur le diagnostic. On voit bien que dans le discours il y a deux motivations principales. La première, c’est des problématiques qui seraient nationales. Les groupes de Saint-Etienne sont en quelque sorte les cobayes, les premiers, pour résoudre des problématiques nationales mais absolument pas des problématiques locales. Il y a un problème de ciblage qui est important. Le second problème, c’est qu’il y a une méconnaissance à Paris au sein des services centralisés de l’administration de la réalité de ce que c’est qu’une association de supporters, a fortiori à Saint-Etienne.

Lorsqu’on voit que la première ligne, le premier argument dans les procédures de notification, c’est de dire que ces deux groupes ne sont pas des groupes de soutien à leur équipe, qu’ils ne cherchent même plus à soutenir leur équipe mais prétextent l’AS Saint-Etienne pour s’adonner à la recherche systématique de violence, on est profondément choqués. Moi je ne viens pas des tribunes, je ne suis pas un ultra, et pourtant j’ai été choqué dès la première ligne. Ça m’a profondément choqué qu’on puisse avoir notre pays, notre République, qui écrit ça alors qu’il aurait fallu peut-être 2 coups de téléphone et 5 minutes de travail de terrain pour se rendre compte que ce n’était pas la réalité.

On va démontrer les nombreuses erreurs énoncées dans ces documents. Il est évoqué l’interpellation de Monsieur Dupont ou de Monsieur Michel en disant que ce sont des dirigeants de ces associations. Ce sont des gens que ne connaissent pas les associations. Ils sont allés prendre des fichiers de personnes condamnées à l’occasion de matches de football et ils ont décidé de les répartir dans l’une ou l’autre des associations. Cela montre une absence totale de travail préparatoire.

On va démontrer, et c’est fondamental en matière de dissolution administrative, que ces dissolutions ne sont pas nécessaires. L’administration doit démontrer que cette mesure est indispensable pour assurer la sauvegarde de l’ordre public à l’occasion des manifestations sportives de l’AS Saint-Etienne. Aujourd’hui il n’y a absolument aucun élément. L’ASSE joue entre 35 et 50 rencontres par saison. Si c’était indispensable de dissoudre ces associations, il y aurait des incidents à tous les matches. Des incidents graves, systématiques, structurels. Chacun sait que ce n’est absolument pas le cas.

Les dissolutions ne sont pas nécessaires non plus car en fait elles n’empêchent pas les personnes qui se comportent mal d’aller au stade. On déstructure des associations, on déstructure des structures, mais on  n’empêche absolument pas les membres d’aller au stade ou de continuer de venir aux abords du stade. Cette mesure va détruire ce qui a été construit pendant 33 et 34 ans [les Magics Fans ont été créés en 1991, les Green Angels en 1992, ndp2]. Pas seulement des structures internes mais des interlocuteurs, des partenaires à l’échelle local et nationale. Elle ne va absolument pas écarter des stades les personnes qui se comportent mal.

Ça renvoie à l’échec, à la mauvaise route de la politique nationale en matière de supportérisme ces dernières années, où les mesures collectives priment toujours sur les mesures individuelles. On a par exemple aujourd’hui davantage d’interdictions ou de restrictions de déplacement de supporters donc de mesures collectives que de mesures individuelles d’interdiction de stade. On interdit davantage en nombre les déplacements de supporters que l’on interdit les personnes qui se comportent mal de se rendre au stade.

C’est un échec total qui se double aussi d’un abandon des procédures judiciaires au bénéfice de procédures administratives. Parce que là c’est une dissolution administrative. On n’est pas dans une dissolution judiciaire ou l’association a été condamnée parce qu’elle a eu des comportements contraires au droit pénal. On est dans une mesure qui se veut préventive. Juridiquement, cette mesure dit que la seule solution pour éviter que des incidents se répètent, c’est de dissoudre ces associations. Juridiquement, c’est exactement ce qu’impose le texte. Malheureusement, il n’y a que quelques personnes en France qui pensent que c’est le cas. L’unanimité des spécialistes et même des moins spécialistes démontre que ce n’est pas le cas.

Le Ministère doit démontrer que cette mesure est proportionnée c’est-à-dire qu’il doit démontrer qu’il n’y a aucune mesure alternative, intermédiaire, qui serait moins attentatoire aux libertés fondamentales mais qui permettrait tout autant de préserver l’ordre public. En déstructurant ces groupes, on va rendre beaucoup plus complexe la structuration, l’organisation de la sécurité, de l’animation et même de la vie locale, de la vie sociale à Saint-Etienne ou dans ses tribunes.

Mais surtout, il y a une quantité de mesures intermédiaires. Notamment l’Instance Nationale du Supporterisme, rattaché au Ministère des Sports, a développé toute une série d’outils qui ne sont pas mis en place. Par exemple le policier référent supporters visiteurs, un policier dédié, un interlocuteur dédié spécialiste qui doit permettre d’éviter ces tensions et ces incidents. Aujourd’hui, il n’est toujours pas déployé à l’échelle nationale car on n’a pas 50 000 € à mettre pour financer du matériel pour ces policiers…

Dernier point, crucial, l’absence totale de mesures individuelles. Dans l’arrêté ministériel d’interdiction de déplacement des supporters du Paris Saint-Germain à Saint-Etienne, il est écrit qu’il n’y a aujourd’hui que 2 interdictions administratives et 6 interdictions judiciaires de stade contre les supporters de Saint-Etienne. Sur la saison dernière, il n’y a eu que 24 interpellations à l’occasion de toutes les rencontres disputées par l’ASSE. On est entre 20000 et 40 000 personnes qui viennent à chaque rencontre. Vous multipliez ça par le nombre de rencontres, vous divisez par le nombre d’interpellations.

On est sur des épiphénomènes et sur une absence totale de volonté d’identifier individuellement les quelques personnes qui créent ces incidents. Tant qu’il n’y aura pas ces efforts faits par l’Etat, par la justice, par la police, d’aller identifier ceux qui créent ces incidents, déstructurer les organes, les partenaires, les interlocuteurs ne résoudra absolument aucun problème. C’est exactement ce que nous allons plaider. On ne va pas le plaider par artifice juridique ou par effet de manche. On va le plaider parce que c’est une conviction profonde partagée par tous les acteurs qui maîtrisent ce sujet.

Quand on suit toute la communication qui est faite, qui démarre en octobre 2024 juste après le changement de ministre de l’intérieur, il y a tout un narratif qui est sorti et ce ne sont que des considérations d’ordre national. Le nombre de forces de l’ordre mobilisées, le fait que les stades seraient des zones de non droit. Quand on suit toutes les interviews qui ont été très nombreuses sur le sujet… La caisse de résonnance médiatique du football est toujours une opportunité politique pour qui veut se faire entendre ou donner l’illusion d’agir.

Ça n’a jamais été un seul élément ou argument avancé par rapport à Saint-Etienne et à ses groupes de supporters. Il y a 3 villes qui ont évoquées par rapport à la communication ministérielle depuis octobre. C’est Paris, Marseille et Lyon, en disant que ça mobilisait 50% des forces de l’ordre sur les matches de football le week-end. Le fait que Saint-Etienne sorte du chapeau, de nulle part, comme ça, après 5 ou 6 mois de narratif purement national et sans lien avec des considérations propres aux Magic Fans et aux Green Angels, ça interpelle nécessairement.

Le soutien reçu est hors norme. J’ai reçu en 10 jours plusieurs milliers d’attestations et de messages de soutien de partout. Dans le football, dans d’autres sports mais aussi par des élus, par des parlementaires de tous les départements, par vos confrères aussi. Je n’ai jamais vu ça ! Le soutien est unanime. Je n’ai même pas reçu un mail de quelqu’un qui dit « comment pouvez-vous défendre ces gens-là. » Je crois que j’ai des cernes sous les yeux qui montrent le temps passé à ouvrir mes mails (sourire). Je n’ai jamais assisté à une telle unanimité, à un tel volume de soutien."

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