Furlan traverse une période faste
06/06/2022
Ancienne préparatrice mentale à l'ASSE (de 2004 à 2007), Cécile Traverse a ponctué il y a trois jours sa remarquable série de chroniques dans Ouest-France. Extraits.
"Nous voilà de retour en Ligue 1, avec l’AJ Auxerre… ! Quand je repense à notre arrivée au club trois ans auparavant, et à ce que nous avons vécu ces quinze derniers jours, je me dis qu’il s’agit quand même d’une histoire de fous. Cette montée, j’y croyais presque davantage que Jean-Marc, qui, nous pouvons le dire désormais, était loin d’être à l’aise avec ce parcours du combattant que représentent les barrages. Je n’ai cessé de répéter aux joueurs avec lesquels je travaille que ce match contre les Verts représentait un défi pour nous et une menace pour eux.
Jean-Marc a "martelé" cette idée en insistant sur les différentes ressources que nous possédions pour vivre pleinement ce défi. L’objectif était de leur donner une représentation mentale de l’événement propice à l’expression de leur football. Ces derniers mois, ils ont tricoté un esprit de groupe exceptionnel, qui a décuplé leur envie de réussir pour eux-mêmes mais aussi les uns pour les autres. Quand des hommes s’unissent ainsi, cela devient compliqué pour l’adversaire.
Au coup de sifflet final, je suis passée par toutes les émotions. J’étais très heureuse, évidemment, car j’avais tellement envie qu’ils s’offrent ce cadeau après tant d’engagement et de chemin parcouru. Je me suis également vite inquiétée avec l’envahissement du terrain. Ces images m’inspirent une grande désolation : pourquoi le football que j’aime tant doit-il être entaché de ce genre de moments ? Heureusement, Jean-Marc m’a appelée rapidement pour me rassurer. J’en ai profité pour le féliciter, lui dire à quel point j’étais fière de lui.
Les choses ont tardé à rentrer dans l’ordre. Ils ont dû attendre deux heures dans leur vestiaire, mais je crois qu’ils se sont bien amusés… Ils étaient bien organisés : des bouteilles de champagne avaient été apportées par un membre du club, au cas où. Ils ont chanté, dansé. Ils savent faire ! Puis, j’ai aussi eu un moment où je me suis senti bouleversée, car j’ai pensé à mon papa, décédé en fin d’année. Il rêvait de cette montée. Il ne pensait qu’à ça. J’aurais tant aimé qu’il voit ce match et partage avec nous ce moment comme il le faisait toujours."
Dans le même quotidien, Jean-Marc Furlan rend un bel hommage à sa compagne.
"Cécile me recentre constamment. Comme je le dis souvent à mes joueurs, je n’ai pas de cerveau. Par mon éducation et mon tempérament, je suis un colérique, qui peut tourner barjot, disjoncter et agir sans réfléchir. Ce trait de caractère s’est largement estompé grâce à Cécile. Elle comble mes défaillances et me redonne de la force. Elle m’apporte un équilibre phénoménal. Cécile m’aide énormément dans la gestion de mes équipes. Sa profonde connaissance des footballeurs et sa culture du management sportif m’apportent énormément dans mon rapport aux joueurs.
Je suis un passionné de l’aspect technico-tactique, avec la création des séances d’entraînement et des protocoles de jeu. Mais le foot ne se limite plus à cela. Cécile me complète sur le plan psychologique et humain. Elle m’aide à choisir les thèmes, les mots et le ton à adopter face à mon groupe. Dans chaque effectif, il y a des joueurs en marge, qu’ils soient titulaires ou non. Ce n’est pas une question de performance, mais d’intégration dans un sport collectif. Cécile les repère, leur parle, et m’explique comment parvenir à les intégrer dans une dynamique collective.
Cela fait plus de vingt ans que j’entraîne. Sans Cécile, son écoute, son savoir et sa présence, je n’aurais pas tenu aussi longtemps. Impossible. Je progresse grâce à Cécile. Avant de la connaître, quand un joueur me gonflait, je le prenais en tête à tête et j’étais à deux doigts de lui mettre un taquet dans la figure. Désormais, je prends du recul et je laisse du temps. Il y a quelques jours, ça a chauffé à l’entraînement. Un joueur a pété un câble pour pas grand-chose. Avant, je serais allé à la confrontation et l’aurais engueulé. Là, je suis resté calme sur mon banc et je l’ai convoqué le lendemain. Il s’est excusé. L’incident était clos.
Le jour du match, j'appelle Cécile deux fois. C’est fondamental. Et pour deux raisons différentes. D’abord, avant la causerie, pour qu’elle m’éclaire sur ce que je pourrais éventuellement ajouter dans mon discours. Elle m’envoie souvent une ou deux photographies d’extraits de livres pour élargir mon esprit. Quand tu es entraîneur, tu es collé à ton groupe, le nez dans tes séances d’entraînement. Avoir un regard éloigné et différent, avec une telle largesse d’esprit, ouvre de nouvelles perspectives. En ce sens, Cécile est indispensable.
Je l’appelle de nouveau peu avant le coup d’envoi, quand la tension est à son comble. C’est le staff qui s’occupe de l’échauffement des joueurs. Je les laisse sur le terrain. Je me retrouve seul. C’est un moment de tension extrême. Avoir Cécile au téléphone, ne serait-ce qu’une minute ou deux, me fait un bien fou. Elle comble un immense vide que je ressens.
Je peux comprendre la méfiance de certains membres du club. Lorsque Cécile arrive dans une structure, il arrive que des joueurs soient sur la défensive parce qu’elle est ma compagne. Il faut laisser du temps pour qu’elle montre ses compétences et convainque tout le monde de l’apport phénoménal de son travail. Nous avons connu de nombreux joueurs méfiants à l’origine qui continuent à l’appeler des années plus tard et ne veulent surtout pas la lâcher.
Contrairement à ce qu’on peut penser, nous n’échangeons absolument pas sur notre travail respectif. En rien, je ne lui pose des questions sur ses entretiens avec les joueurs. À l’inverse, elle ne s’immisce jamais dans le contenu des séances et le choix de l’équipe alignée. Chacun respecte sa bulle de travail. Cécile peut simplement m’orienter dans la manière de m’exprimer avec certains joueurs, mais sans jamais trahir leur intimité.
En France, je pense que nous sommes en retard sur la préparation mentale. J’ai travaillé avec Neal Maupay à Brest. Il est ensuite parti en Angleterre et m’a dit : "Coach, là-bas, on a deux préparateurs mentaux et on est obligé d’aller le voir une fois par mois." En France, encore très peu de joueurs s’intéressent à l’aspect mental de leur performance, ce qui est fort dommage vu la pertinence de ce domaine dans l’optimisation de leurs compétences sur le terrain. D’ailleurs, lorsque j’étais à Troyes, j’imposais aux jeunes joueurs du groupe d’aller voir Cécile. Blaise Matuidi a adoré. Des années plus tard, quand il a écrit son livre, il a consacré plusieurs pages à ce travail réalisé avec Cécile."

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