Comme il l'avait fait dans Le Progrès, sur Poteaux Carrés et dans So Foot, le défenseur valenciennois Mathieu Debuchy est revenu sur ses vertes années dans une interview mise en ligne aujourd'hui sur la chaîne youtube de Sainté Inside.

"Voir partir Jean-Louis Gasset, c’était forcément une grosse déception pour moi, pour pas mal de joueurs, pour l’équipe en général. Jean-Louis, il était incroyable. Il a le cœur sur la main, c’est quelqu’un de très humain, à l’écoute, qui dialogue, qui discute, qui prend des nouvelles de ta famille, de plein de choses en dehors du foot. C’est des petits détails mais c’est important pour une personne déjà, pour un footballeur ensuite. Par contre, fallait bosser. Si tu lui faisais à l’envers une fois, il savait te recadrer. Ça ne l’a pas empêché après certains matches de pousser une énorme gueulante ou le lundi à la reprise. On en a pris des gueulantes dans le vestiaire. Mais au-delà de ça, c’est quelqu’un qui est adorable. Il sait faire la part des choses entre le foot, la famille. Il a ce côté humain car ça arrive d’avoir des coups de moins bien. T’arrives en début de semaine, t’as un truc qui arrive dans ta vie perso qui ne va pas forcément bien, lui est capable d’en discuter avec toi. S’il sent que t’es pas bien, de dire « vas-y, rentre chez toi, va te reposer, va gérer ton problème et tu reviens demain, ça ira mieux. » C’est des petits détails mais ça t’apporte beaucoup. T’as envie de le lui rendre sur le terrain, forcément ! C’est obligatoire.

Ghislain, pour moi, honnêtement, c’était la suite logique. Ça n’a pas marché mais pour moi Ghislain était capable de prendre cette équipe de Saint-Etienne. Quand j’ai marqué le but de la victoire à Nîmes, je l’ai embrassé pour lui apporter mon soutien. On ne savait pas que c’était son dernier match. On savait qu’il était en position délicate. Pour moi, à l’issue de la rencontre, je me dis que c’est possible d’aller avec lui dans une spirale positive, on espérait pouvoir enchaîner les bons résultats. Pourquoi ça n’a pas marché avec Ghislain ? Il y a eu une préparation aux Etats-Unis qui était sympa mais difficile aussi. Il y a eu des conditions délicates avec la chaleur. Je pense que Ghislain n’a pas eu assez de temps pour avoir des résultats et rester à la tête de cette équipe. Je ne me souviens plus au bout de combien de temps il a été remercié [après 10 matches, dont 8 journées de L1 et 2 matches d’Europa League, ndp2]. Je pense qu’on ne lui a pas laissé assez de temps. Je pense qu’il y avait moyen d’inverser cette tendance et que ce match à Nîmes était peut-être un déclic. Malheureusement je crois que son sort était scellé avant.

Le départ de Rémy Cabella a fait mal. C’est un joueur qui apportait beaucoup. C’est un joueur qui peut faire des différences, qui peut t’apporter un déclic dans un match. Il peut te faire basculer une rencontre. Le fait de perdre un joueur de cette qualité, ça joue forcément. Comment on a accueilli la nouvelle de l’arrivée de Claude Puel ? Je ne peux pas parler à la place d’autres joueurs mais on en a discuté entre nous, entre quelques joueurs. On était déçu du départ de Ghislain, ça nous a fait mal. Ghislain, perso, c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. C’est dans la même lignée que Jean-Louis, c’est lui qui dirigeait les séances d’entraînement. Il était au cœur du truc, c’est lui qui imposait aussi sa patte. C’était logique qu’il reprenne l’équipe.

Quand Claude Puel est arrivé, on s’est dit que tous les compteurs étaient remis à zéro, que chacun allait devoir redoubler d’efforts pour faire partie de cette équipe. C’est ce qui se passe quand un nouveau coach arrive. On connaît aussi la façon de manager de Claude Puel. Moi je l’ai connu au LOSC pendant pas mal d’années, c’est lui qui m’a lancé en pro. De suite on a vu qu’il y’avait une différence avec la méthode de Jean-Louis et Ghislain. Il y a des joueurs qui ont besoin d’avoir un coach qui soit présent, qui échange au quotidien ou en tout cas très souvent. D’autres joueurs n’ont pas besoin de ça pour performer le week-end. Dans le vestiaire, il y en peut-être ou ou deux, mais on était tous unanimes par rapport à Jean-Louis.

Pendant un an, j’ai revu à Saint-Etienne le même Claude Puel que j’avais connu à Lille. Un fou de travail qui a des méthodes bien précises, qui sait où il veut aller, qui aime prendre des décisions parfois tranchées. C’est le Claude Puel que j’ai connu au LOSC, déterminé. Après une année ça a changé un peu car on lui a fait remonter quelques infos. Moi, avec mon vécu et mon statut au club, je l’ai sollicité plusieurs fois pour discuter, pour échanger. Je pense que c’est quelque chose qui manquait au groupe, aux joueurs. Je pense qu’il écoute et que c’était mieux les derniers mois. Il s’est ouvert davantage, il était plus à l’écoute.

Vu de l’extérieur, Ruff dégage ce côté fermé, t’as l’impression que tu ne peux pas l’aborder mais je pense que c’est une carapace, il se protège. C’est un monde qui n’est pas évident, surtout quand t’es sollicité, que t’es en équipe de France. C’est beau, c’est une très belle vie, mais il a aussi des côtés plus difficiles. Parfois il faut se protéger et je pense que Ruff en avait plus besoin que certains joueurs. Mais c’est un mec adorable. Moi je l’ai connu en sélection et dès que je suis arrivé à Sainté, c’est le premier qui est venu me voir. On a sympathisé très rapidement, on était proches. Ça m’a fait mal de le voir partir comme ça. Le coach a décidé de mettre Steph sur le banc et de faire jouer Jessy, ça c’est un choix que tu respectes. Après, moi je ne suis pas Steph, c’est lui qui a réagi comme il le voulait. C’est un grand garçon, c’est son choix. Je l’ai quelques fois au téléphone, tout va bien. Il est épanoui. C’est dommage que son histoire avec Sainté se soit finie comme ça. C’était un grand gardien du club.

Quand Wahbi est revenu, ça a fait du bien à cette équipe. Le choix du coach d’écarter certains joueurs a été assez soudain et ça a pesé un peu dans le début de saison dernière, dans l’atmosphère, dans l’ambiance. Ce n’était pas assez serein pour aborder de la meilleure des façons le championnat. On a fait remonter des messages par moment. Après, le patron c’est le coach. Apprendre mon départ trois jours avant le dernier match de la saison, ça a été assez brutal. J’aurais aimé avoir cette conversation avec le coach un mois ou un mois et demi avant. Parfois dans le football il y a des choses incompréhensibles. Parfois ça tient à la décision d’une personne. C’est comme ça, il faut l’accepter, on n'est que de passage sauf Loïc."