Bafé sera partagé

10/11/2024
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Formé chez les Verts mais retourné vivre en banlieue, Bafé Gomis (39 ans) s'est confié à Ouest-France avant d'assister ce soir au 125e derby de l'histoire. Extraits.

"Ce que je deviens depuis mon départ du Japon en fin de saison dernière ? Je deviens un papa de trois enfants, un mari et un passionné de football. J’habite à Lyon. Je me laisse encore un temps de réflexion avec ma famille pour prendre ma retraite ou non, car je reçois encore pas mal de sollicitations.

J’ai failli être formé au Stade Rennais. J’avais mon cousin qui jouait à Rennes, et je devais le rejoindre, mais j’ai fait un tournoi avec l’ASSE une semaine avant, et ils ont décidé de ne plus me laisser repartir et de faire les choses assez vite avec mes parents. Ils ont su les convaincre que Saint-Etienne était le bon endroit pour moi. Mais ça ne m’a pas empêché de trouver ma femme à Rennes. Comme quoi le destin ! Dans les années qui suivent ma retraite, même si ce n’est pas encore définitif, je voudrais venir m’installer en Bretagne, dans une maison en bord de mer. 

La place des Verts dans mon cœur aujourd’hui, elle est énorme. Tout ce dont on a parlé avant ne se serait pas réalisé sans l’ASSE. Saint-Étienne, c’est le club qui m’a accueilli à 13 ans, qui m’a fait grandir en tant qu’adolescent jusqu’à devenir un homme et qui m’a fait épouser la carrière de footballeur. J'ai rejoint l'OL à l’issue de la saison 2008-2009, les supporters stéphanois m'en ont voulu. Leur mécontentement était justifié. Je le savais en signant. C’est notre mentalité en France, on est très chauvins.

Avec les revenus qu’étaient les miens à l’époque, c’était difficile pour Saint-Étienne de faire face à cette offre de l’OL. Je pense que c’était plutôt un cadeau du ciel que Lyon vienne m’acheter dans le Forez. Moi, j’étais content de signer à Lyon et, 15 ans après, je ne regrette pas du tout ce choix. C’était important pour moi, pour ma carrière et pour Saint-Étienne. Encore aujourd’hui, je ne pense pas qu’une équipe comme Saint-Étienne puisse se permettre de ne pas vendre un de ses joueurs formés pour la somme de 15 M€. C’était une grande somme à l’époque.

Toutes ces critiques venues des supporters de Saint-Etienne, bien sûr, c’était compliqué. Mais, en même temps, ça reste du football. C’était une progression sportive pour moi, j’allais me frotter aux grands d’Europe parce que Lyon jouait la Ligue des champions et le titre chaque année. C’était l’équipe à battre tous les ans, comme le PSG aujourd’hui. J’ai beaucoup appris à l’OL, ce qui m’a permis de voyager sereinement après, avec un bagage.

L'ASSE a essayé de me faire revenir en 2012 ou 2013 et après mon passage en Arabie saoudite (2018-2022). Malheureusement, j’aurais voulu et je pense que j’aurais pu les sauver de cette relégation en Ligue 2, mais, en toute humilité, je ne me voyais pas rentrer dans un stade où mes enfants allaient entendre toutes les sortes de noms d’oiseaux…

La panthère pour célébrer mes buts, elle est née d’un petit clin d’œil à Salif Keïta, qui était le premier joueur africain à venir jouer et à réussir en Europe. Puis après, c’est devenu plus une célébration à moi. Un symbole qui m’a suivi et qui rappelle mes années à l’ASSE. Elle est même rentrée dans le jeu FIFA, cela veut dire que c’est une célébration réussie. J’ai été une panthère à Saint-Étienne, puis je suis devenu un lion à l’OL.

Mes 5 saisons passées à l’OL, c’était magnifique, enrichissant. C’était pour moi la découverte de la Ligue des champions. On sait tous qu’on a la chance de faire ce magnifique métier, mais tout le monde n’aura pas la chance de jouer et d’entendre cette musique. C’est immense de jouer contre le Real Madrid ou Liverpool. Je me souviens encore de cette demi-finale perdue contre Bayern Munich en 2010… J’aurais voulu pouvoir faire partie de l’histoire du foot français en emmenant l’OL en finale, mais, malheureusement, on a échoué.

Dans le football, on apprend à être patient. J’ai eu la chance d’avoir une forte relation avec Claude Puel. Il savait en me prenant que j’avais des qualités, mais aussi des manques. C’est normal quand tu viens de l’AS Saint-Étienne, qui n’a pas l’exigence du haut niveau au quotidien. C’est ce qu’on a travaillé, même si cela a pris du temps. Après, il m’a donné le temps de jeu qu’il m’avait promis, avec la réussite qu’on connaît.

Vous aviez marqué et offert la victoire à Lyon contre Sainté lors de mon premier derby avec l’OL. Ce n’était pas évident, mais il faut faire le boulot et surtout respecter l’institution qui a cru en moi en m’achetant. C’était dur de revenir à Geoffroy-Guichard, devant le public qui m’a vu éclore, mais je devais faire mon métier. C’est la façon de montrer aussi, sans avoir de rancune, du respect pour l’équipe qui t’a formé. J’espère que l’ASSE formera d’autres attaquants, parce que je trouve qu’elle ne le fait plus assez actuellement.

Ce sont deux équipes en difficulté qui vont s’affronter ce dimanche. À domicile, Lyon n’a pas gagné beaucoup de matches, mais Saint-Étienne voyage mal. Un derby, ça ne se joue pas, ça se gagne, comme ont dit. Les Stéphanois vont venir avec l’humilité qu’on leur connaît, mais aussi avec les valeurs qu’ils ont : l’entraide et la solidarité. Ils auront leur mot à dire. Lyon va se présenter avec son armada offensive : Cherki, Lacazette, Fofana, Mikautadze. Ils voudront briser le verrou stéphanois.

L’ASSE est passée sous pavillon canadien cet été, je pense que ce rachat est une très bonne chose. Ivan Gazidis est un bon dirigeant. J’aime beaucoup comment le groupe procède avec ce projet, comment il communique. Les nouveaux dirigeants ont décidé de faire confiance à Olivier Dall’Oglio et de garder l’ossature de l’an passé. Ils sont aussi en train d’apprendre. Ils donnent la chance à des joueurs de la saison dernière en Ligue 2, et recrutent des jeunes. Il faut être patient, c’est l’apprentissage. Oui, ils ont pris 8-0 contre l’OGC Nice, mais mieux vaut prendre une fois 8-0 que 8 fois 1-0…

Difficile de faire un choix dans ce derby. Je dis souvent que le meilleur gagne, parce que c’est le football. Je suis surtout fier d’avoir joué et défendu ces deux belles institutions, ces clubs importants qui font partie du patrimoine du football français."

 

 

 

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